Histoire 

 

Enclos du Temple , 1450

Enclos du Temple, Tour du Temple, en 1450, reconstitution de Fédor Hoffbauer au XIXe.

La Maison du Temple, initialement située à l'extérieur de Paris c'est à dire en dehors des fortifications de Philippe-Auguste, fut édifiée avant 1170 avec probablement un premier donjon carré, tour César, tandis que la tour du Temple fut onstruite par les Templiers à partir de 1212, pendant le règne de Saint-Louis, à l'intérieur des fortifications de la Maison du Temple qui était alors au milieu de vastes cultures qui s’étendaient à proximité de la place de Grève. La tour du temple se situerait aujourd’hui en face de la mairie du 3ième arrondissement de Paris et en partie dans le square du Temple Elie-Wiesel. La Tour du Temple est connue pour avoir été la dernière demeure de Louis XVI avant qu'il ne soit guillotiner sur la Place de la Concorde en face de l'Hôtel de la Marine.

 

 

Historique & Histoire 
source : source sur place, documentation diverses,  source principale du texte : Magasins Pittoresque, Bibliothèques Spécialisées de Paris pour quelques sources numériques retravaillées par montjoye.net, photos prises au Musée Carnavalet, wikipédia pour quelques dates

 

Templier à la Tour du Temple

Templiers à Paris, Tour du Temple, gravure du XIXe ou début du XXe.

 

L’ordre du Temple fut fondé en Palestine en l’année 1118 pour la défense du saint sépulcre ; comme tous les ordres militaires et religieux, il dérivait de Cîteaux ; il tenait de saint Bernard sa régie, qui était l’exil et la guerre jusqu’à la mort. Les Templiers ne devaient jamais refuser le combat ; ils juraient de ne point donner de rançon, «de ne céder ni un pouce de terre ni un pan de mur. » Les templiers étaient juges dans leurs causes ; il leur était défendu de payer tribut à aucune puissance ; ils étaient libres de n acquitter aucun droit ni péage. Un grand nombre de serviteurs, de familiers et de gens condamnés, vivaient au Temple en toute sûreté ; les marchands jouissaient de la franchise du lieu. Les maisons de l’ordre avaient droit d'asile, et la protection des Templiers, qui s’étendait en Angleterre et en Irlande, en Espagne et Portugal, en Italie et Sicile, était toute-puissante.

1170,  fin de construction de l'enclos du Temple. C'est probablement de cette époque que date la tour César qui fut probablement le premier donjon de la Maison du Temple avant d'être remplacée par la Tour du Temple.  La puissance des Templiers s’exprimait aussi par sa construction en dehors de Paris intra-muros de l’époque, démontrant ainsi une certaine indépendance et qu’ils avaient également la force militaire nécessaire à leur propre défense, d'autant qu'ils étaient sous les ordres  du Pape qui était en réalité leur seul "chef" en dehors de Dieu. Avant de partir à la troisième croisade pour conquérir Saint-Jean d'Acres à la tête des chevaliers du Temple, Philippe-Auguste fit déposer dans la tour ses trésors, et cette coutume fut suivie par Saint Louis et ses successeurs.

La tour fut construite par les Templiers à partir de 1212, d'autres avance une date plus tardive de 1240,  pendant le règne du Roi Saint-Louis, Louis IX. C'est le le frère Hubert, trésorier de l’ordre, et bientôt l’enclos, défendu par de hautes murailles flanquées de tourelles, qui fut semble t'il le commanditaire de la construction de la tour.  

C'est en réalité un donjon qui permettait d'assurer la défense de la forteresse mais surtout de conserver en lieu sur les trésors du roi de France et des Templiers. N'oublions pas que les Templiers ont été les inventeurs à grande échelle de la "Lettre de Change" qui permettait à toute personne détennant cette lettre des Templiers d'être payé quel que soit l'endroit.

L’Enclos constituait la maison cheftaine de l’ordre du Temple en France et le siège de la banque de l’ordre dans ce pays. Dans une certaine mesure c’est l’ancêtre de la Banque de France puisque très tôt, sous Philippe-Auguste, le trésor royal fut conservé dans la Maison du Temple sous bonne garde Templière. Philippe Auguste bâtit un système comptable et fiscal, ancêtre de la Chambre des comptes, où les agents royaux venaient trois fois l’an déposer les revenus de la Couronne.

Il était entouré de hautes murailles crénelées, renforcées de distance en distance par des tourelles. Ce système défensif était complété par une tour carrée, dite tour de César, et par un imposant donjon appelé Grande Tour (la tour du Temple). L’ensemble comprenait comme toutes les commanderies templières une église (l’église Sainte-Marie-du-Temple), des bâtiments conventuels pour loger les moines-soldats, de vastes écuries et des annexes. Les Templiers possédaient les rues entières et la totalité du quartier entourant l’enclos.

Sous le règne de Louis VII, ces dépendances du manoir ne tardèrent pas à se couvrir de constructions.

En 1300, dans l’émeute des monnaies, Philippe le Bel lui-même avait profité de la protection des Templiers. Ce souvenir ne l’empêcha pas de faire prononcer par le pape Clément V, en présence du quinzième concile général tenu à Vienne, le 21 mars 1343, la suppression de l’ordre des Templiers, dont le développement l'inquiétait et dont il convoitait les immenses richesses ; celles-ci comprenaient déjà, au commencement du douzième siècle, plus de neuf mille domaines rapportant ensemble cent douze millions de livres.

En 1312, l’ordre du Temple fut dissous et ses biens en France furent attribués aux chevaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (dits Hospitaliers). Néanmoins, même si Philippe le Bel avait ordonné de procéder à la remise des biens aux Hospitaliers depuis le 28 mars 1313, l'enclos était omis puisque Louis X, son fils, refusait encore de le rendre pour en faire le douaire de la reine Clémence de Hongrie. Ses bâtiments subirent de nombreuses modifications.

Après l’arrêt de Philippe-le-Bel, les Templiers qui se trouvaient en France furent arrêtés et furent mis à mort après un simulacre de justice. Avant la fin même du procès qui leur était intenté, le grand maître Jacques Molay et le visitateur de France furent brûlés vifs sur un bûcher, dans une petite Ile de la Seine, entre le pont Royal et l’église des frères ermites de Saint-Augustin, au bout de l'actuelle île derrière  la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Le premier chef d’accusation, le reniement, reposait sur une équivoque, comme on l’a prouvé depuis. « Ainsi, dit Michelet, l’ordre qui avait représenté au plus haut degré le génie du moyen Age mourut d’un symbole mal compris. » Les biens des Templiers, qui devaient primitivement être employés à la délivrance du saint sépulcre, passèrent aux hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, et ceux-ci en donnèrent quittance, en 1317, aux administrateurs royaux.

La maison du Temple devint alors la maison provinciale du grand prieuré de France ; on y renferma successivement le trésor, l’arsenal et les archives de l’ordre. On n’entendit plus parler de cet édifice, si ce n’est pendant la guerre de Cent-Ans et pendant les batailles de la Ligue, où l’on se disputa souvent la possession du Temple.

L’église, bâtie au XIIe, remarquable par ses vitraux ainsi que par les mausolées des chevaliers, était desservie par six religieux conventuels de l’ordre qui étaient à la nomination du grand prieur. Cet édifice, que le grand prieur Jacques de Souvré fit restaurer en 1667, était construit sur le modèle de Saint-Jean de Jérusalem.

Une rotonde environnée de colonnes précédait l’entrée de la nef ; des galeries de cloître en formaient les côtés. Sur le maître-autel, avec balustrade et grille de feu était une Nativité peinte par Suvée. Dans le chœur on voyait le mausolée en marbre noir d’Amador de la Porte, grand prieur en 1640; dans la chapelle du nom de Jésus, un cénotaphe de Philippe de Villiers do l’Isle-d’Adam, grand maître de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, mort à Malte en 1531, et les tombeaux de nombreux prieurs, commandeurs des chevaliers de Malte. Dans la nef se trouvait le tableau de Philippe de Champagne, les pèlerins d'Emmaüs.  Ces richesses ont été détruites pendant la révolution.

 

 

Gravure de Claude Chastillon vers 1610

1667, l’enceinte médiévale qui entourent l’enclos sont rasés au profit d’hôtels particuliers et de maisons locatives occupée principalement par des artisans. L’ancien rempart avait été remplacé par une élégante muraille surmontée d’une galerie décorée de colonnes.

Jacques de Souvré fit encore élever, en 1667, en avant du vieux manoir, l’hôtel du Grand Prieur qui a été démoli en 1853, et dans lequel son successeur Philippe de Vendôme donnait les soupers célèbres où l’abbé de Chaulieu, surnomme l'Anacréon du Temple, égayait toute une société épicurienne par son esprit et ses chansons.

 

Gravure d'Israël Silvestre, Israël excudit. cum priuilegio Regis. Veües et Perspectiue de l'Eglise, et de la Cour du Temple,

Gravure d'Israël Silvestre, Israël excudit. cum priuilegio Regis. Veües et Perspectiue de l'Eglise, et de la Cour du Temple, voir ici . Document de la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, entièrement retravaillé par monjoye.net. On remarquera que l'enceinte médiévale à disparue, que l'ensemble semble déjà abandonné, probablement vers 1650. La tour césar sur la gauche à perdue son toit plat au profit d'un toit pointu et probablement d'un arasement de la dite tour.

1764, Un tableau peint par Michel-Barthélemy Ollivier montre le grand salon du palais de l’Hôtel du Prieur du Temple, alors occupé par le Prince de Conti, lors d'une visite du jeune Mozart.

1765, le prince de Conti donna asile au Temple, qui était inviolable, à l’auteur du Contrat social et d’Emile, menacé d’une lettre de cachet.

Le duc d’Angoulême fut le dernier grand prieur. Son père, le comte d’Artois, renouvela, dit-on, dans l’hôtel du Temple les soupers «lu prince de Vendôme.

En 1781, le bailli du Temple, Alexandre-Charles-Emmanuel de Crussol, fit élever la Rotonde sur les dessins de François-Victor Perrard de Montreuil.

 

Révolution Française

 

Louis XVI fut détenu clans la grande tour du Temple, du 14 août 1792 au 21 janvier 1793 date à laquelle  Louis XVI quitte la tour du Temple pour l’échafaud installé place de la Révolution ( actuellement place de la Concorde ).

Marie-Antoinette, Madame Élisabeth et Marie-Thérèse de France, depuis duchesse d’Angoulême, y furent ainsi prisonnières. Louis XVII y succomba après avoir été quasiment abandonné dans la prison, très probablement maltraité par les révolutionnaires.

2 août 1793, Marie-Antoinette est transférée à la Conciergerie.

10 mai 1794, après 21 mois de séjour à la tour du Temple, Madame Élisabeth monte à son tour à l’échafaud.

8 juin 1795, Louis XVII meurt dans son cachot, on sait avec certitude que le coeur retrouvé est bien le sien aujourd'hui malgré toutes les thèses les plus farfelues.

18 décembre 1795, Marie-Thérèse de France (après trois ans et quatre mois de séjour à la tour du Temple) fut échangée contre quatre commissaires livrés à l’ennemi par Charles-François Dumouriez.

1796, église Sainte-Marie-du-Temple est détruite ainsi qu’une grande partie des pierres tombales et œuvres funéraires.

On enferma encore dans ce sombre édifice lus vaincus du camp de Grenelle ; puis les conspirateurs Brottier, Duverne de Presles. Montlosier; les proscrits du 18 fructidor avant leur déportation à Sinnamary; l’Anglais Sidney-Smith, le défenseur de Saint-Jean d’Acre, qui y resta deux ans; enfin, après la découverte de la conspiration contre le premier consul, Moreau, Georges Cadoudal, les frères Polignac, et Pichegru qui s’y étrangla.

La tour du Temple a été abattue en 1811 par ordre de Napoléon ler en 1808, qui trouvait « qu’il y avait trop de souvenirs dans cette prison-là. » Quant à l’hôtel du grand prieur, il devint, en 1810, une caserne de gendarmerie.

1811, la Temple fut restauré pour servir de ministère des cultes.

1811, les alliés y établirent leur quartier général, et l’année suivante, la cavalerie prussienne campa dans l’enclos et les jardins.

Enclos du Temple, l'hôtel du grand prieur et l'égliseEnclos du Temple, l'hôtel du grand prieur 

1816, Louis XVIII fit don de l'hôtel à Louise-Adélaïde de Bourbon-Condé, abbesse de Remiremont, qui fit élever une chapelle expiatoire dont l’entrée était rue du Temple. Celle princesse établit sous sa direction un couvent de Bénédictines qui exista jusqu’en 1848. A cette époque, les religieuses abandonnèrent l’hôtel du Temple, qui fut rattaché au domaine national.

Enfin, en 1854, le Temple fut démoli, le sol nivelé, et il ne resta plus sur l’ancien enclos que la rotonde du Temple et les boutiques des revendeurs, au milieu des rues Cafarelli, Dupetip-Thouars, de la Petite-Corderie, Perrée, Dupuis, etc., qui forment le quartier du Temple.

 

Photographies & Photos

Recherche sur le site