Lixus à Larache : Un joyau historique du Maroc

Lixus, située à Larache au Maroc, est un site archéologique majeur dans l'histoire de la région. Avec ses origines remontant à l'époque phénicienne, Lixus a été témoin de l'évolution de plusieurs civilisations au fil des siècles. Cet article vous plongera dans l'histoire fascinante de Lixus, en mettant l'accent sur cinq aspects clés de ce site historique. Moins connu que Volubilis, Lixus doit son intérêt par un paysage maritime, les ruines du palais, son amphithéatre antique unique au Maroc et également son industrie du poisson qui à l'époque est l'une des plus grandes du monde occidental médittéranéen.

palatial palais de Lixus

Elle fut une ville florissante, se distinguant par son art de vivre. Les habitants, économiquement dynamiques, ont accumulé des richesses et ont connu une ascension sociale. Cette prospérité s'est reflétée dans leur mode de vie raffiné, caractérisé par l'importation d'objets de luxe tels que des meubles et des bijoux en or, en argent et en bronze, ornés de pierres précieuses et de pâte de verre. Les Lixitains étaient également habiles dans la création de bijoux et d'accessoires en utilisant divers matériaux, notamment des os d'animaux.

L'activité de pêche et l'industrie de salaison de poisson jouaient un rôle central dans l'économie de Lixus. La pêche, pratiquée depuis des temps préhistoriques avec des techniques rudimentaires, ainsi que la collecte de coquillages, étaient principalement destinées à la consommation alimentaire. En revanche, l'industrie de salaison de poisson et l'extraction de la pourpre à partir du murex remontent à l'époque phénicienne. Ces activités ont connu un développement considérable à l'époque romaine, lorsque la cité est devenue le plus grand complexe industriel spécialisé dans la salaison de poisson et la production du garum, une sauce très prisée dans tout l'Empire romain.

Par ailleurs, les habitants de Lixus avaient développé diverses activités artisanales pour répondre à leurs besoins quotidiens. La métallurgie du fer, du plomb et du bronze leur permettait de fabriquer des armes, des poids, des couteaux et des couperets. Le travail de la pierre était indispensable pour la création de meules utilisées pour moudre le blé...

 

 

 

Situation géographique

basilique judiciaire Lixus

La colline de Tchoummich, autrefois le site de la ville antique de Lixus, se dresse comme un promontoire atteignant une altitude de 85 mètres, situé à environ 4 km de la côte. Du sommet de cette colline, on peut profiter d'une vue panoramique sur la vaste plaine marécageuse où le fleuve Loukkos serpente avant de se jeter dans la mer. Le paysage s'étend également jusqu'aux hauteurs de Raqqada, à la ville de Larache, ainsi qu'à l'estuaire du fleuve et à l'océan. À l'ouest de la colline, sur la rive gauche du Loukkos, s'étendaient jadis de vastes salines, dont seules quelques-unes subsistent aujourd'hui. Cette position stratégique, offrant un contrôle visuel sur les environs, en plus d'être un endroit escarpé facile à défendre, peut expliquer pourquoi la colline de Tchoummich a été choisie pour la fondation de la colonie phénicienne. De plus, les lieux présentaient des avantages en termes de port.

Selon des études géomorphologiques visant à reconstituer le paysage ancien de la basse vallée du Loukkos, il semble qu'un golfe se soit formé dès l'époque phénicienne et a perduré jusqu'à l'époque romaine, s'étendant sur une grande distance vers l'intérieur. Selon cette reconstitution, le promontoire de Tchoummich apparaît comme une presqu'île faisant face à un autre promontoire (Sidi Mbarek) que certains identifient à l'île où, selon les sources antiques, l'autel ou le temple d'Hercule aurait été érigé. Ainsi, le port antique de Lixus devait se trouver au pied de la pente sud ou sud-est de la colline de Tchoummich.

Les origines phéniciennes de Lixus :

Lixus a été fondée par les Phéniciens au VIIe siècle av. J.-C. en tant que colonie commerciale importante. Les Phéniciens, connus pour leur expertise en navigation et leur commerce florissant, ont établi Lixus comme un avant-poste stratégique pour leurs activités en Méditerranée occidentale.

La prospérité romaine à Lixus

bracelet collier verre romain applique meuble bronze epoque romaine Lixus

Bracelet en verre et bronze d'un meuble.

Au IIe siècle av. J.-C., Lixus est devenue une cité prospère sous la domination romaine. Les Romains ont développé le commerce, l'agriculture et l'architecture à Lixus, construisant des infrastructures telles que des thermes, des temples et des villas luxueuses. La ville a connu une période de prospérité économique et culturelle remarquable.

Lixus et l'ère des Vandales

Au Ve siècle de notre ère, Lixus a été envahie par les Vandales, un peuple germanique. Cette période a été marquée par des troubles et des conflits, et Lixus a perdu une grande partie de sa splendeur passée. Néanmoins, la ville a continué d'exister en tant que centre régional d'importance stratégique.

Lixus sous le règne des Omeyyades

Au VIIIe siècle, Lixus a été intégrée dans l'Empire Omeyyade. Sous la dynastie omeyyade, la ville a regagné de l'importance et a été fortifiée pour protéger les côtes marocaines contre les invasions. Les Omeyyades ont apporté des améliorations à Lixus, notamment la construction d'une grande mosquée.

La redécouverte de Lixus

Après des siècles d'oubli, Lixus a été redécouverte par des archéologues au début du XXe siècle lors du concordat français. Des fouilles ont été entreprises pour mettre au jour les vestiges de l'ancienne cité. Des découvertes remarquables ont été faites, notamment des mosaïques, des sculptures et des inscriptions qui témoignent de la richesse culturelle de Lixus à travers les âges.

Lixus à Larache est un site d'une importance exceptionnelle dans l'histoire du Maroc. Il incarne l'héritage phénicien, romain, vandale et omeyyade, offrant un aperçu précieux de l'évolution de la région au cours des siècles. Les vestiges archéologiques de Lixus permettent aux visiteurs d'explorer les ruines des anciens temples, des bains publics, des ruelles pavées et d'autres structures qui témoignent de la grandeur passée de cette cité antique. Aujourd'hui, Lixus est un site touristique important, où l'histoire se mêle à la beauté naturelle de la région, offrant aux visiteurs une expérience inoubliable et une fenêtre sur le passé fascinant du Maroc.

 

 

 

Historique & Histoire 

 

 Lixus (en berbère : ⵍⵉⴽⵙⵓⵙ - Liksus), en arabe : ليكسوس) est une ville antique fondée par les Phéniciens au xiie siècle av. J.-C.1,2,3,4,5 Elle est située à proximité de la ville actuelle de Larache au Maroc, sur la rive droite de l'oued Loukkos. Lixus est certainement une des cités les plus anciennes d'Afrique du Nord à en croire les sources anciennes (Pline l'Ancien) ; selon ces dernières, Lixus aurait été fondée à la fin du xiie siècle av. J.-C., bien avant Carthage et Cadix. Ses ruines occupent la colline connue actuellement sous le nom de "Tchoummich", qui dérive de "Tchimmis" ou "Tuchumus", nom qui désignait le site à l'époque médiévale. Contrairement à l'idée bien reçue, ce nom n'a rien à voir avec le nom "Maqom Shamsh" (ville du soleil) qui apparaît en néo-punique sur des monnaies antiques frappées au ier siècle av. J.-C. par une ville non encore identifiée. La première installation est donc fondée sur une colline dominant un estuaire, situation topographique très recherchée des Phéniciens. 

Bien que les sources antiques attribuent la fondation de la cité de Lixus au XIIe siècle av. J.-C., les fouilles archéologiques ne remontent pas au-delà du VIIIe siècle av. J.-C., révélant ainsi une occupation pré-phénicienne du site par une cité indigène antérieure à l'établissement du comptoir phénicien. Les couches les plus anciennes du site révèlent une période pré-phénicienne marquée par la présence de poteries locales de type graffito, présentant des similitudes frappantes avec des séries découvertes dans le nord du Maroc et dans le sud de la péninsule ibérique datant de l'âge du Bronze6. Ces découvertes comprennent des structures domestiques construites localement, une porte mégalithique donnant sur une route bordée de tombes7, ainsi qu'un armement en bronze comprenant une épée de type Ballintober datant de la période de l'âge du Bronze tardif atlantique (1300-1150 av. J.-C.)8. Cela corrobore les indications du Pseudo-Scylax, qui décrit dans son Périple la cité phénicienne de Lixus voisine de celle des Libyens.

Lixus jouissait d'une réputation prestigieuse dans l'Antiquité et était mentionnée dans les sources gréco-romaines comme une ville légendaire où deux des exploits d'Hercule auraient eu lieu. En effet, c'est à Lixus qu'Hercule aurait vaincu Antée et cueilli les pommes d'or du jardin des Hespérides, défendu par un redoutable dragon10. Sur un plan plus concret, Lixus a connu un essor économique et commercial significatif. Les habitants de Lixus auraient largement exploré la côte atlantique de l'Afrique jusqu'au golfe de Guinée. Des sites éloignés tels que l'île de Cerné, peut-être l'une des îles Purpuraires près d'Essaouira, étaient en réalité des comptoirs lixites, fréquentés également par des Phéniciens de la côte ibérique. Lixus s'est peuplée de Phéniciens, de Cananéens et d'Égéens, certains d'entre eux se mélangeant aux Berbères libyens autochtones, donnant ainsi naissance à une nouvelle société punique en Afrique du Nord.

Contrairement à de nombreuses autres villes maurétaniennes, Lixus a conservé son autonomie et n'est pas tombée sous le contrôle carthaginois. La cité n'a pas adopté les dieux de Carthage, tels que Ba'al Hammon et Tanit, largement vénérés en Tunisie, dans une partie de l'Algérie, ainsi qu'en Sardaigne, en Sicile et à Malte. D'après les témoignages fournis par les monnaies, Lixus possédait son propre dieu poliade, représenté sous les traits d'un personnage généralement jeune et imberbe portant une tiare conique avec un cordon, parfois muni d'une double hache sur certaines séries rares. Il s'agit probablement de Chosour ou peut-être de Milqart, qui était le protecteur de la ville de Lixus et le dieu de la fertilité et de l'abondance.

La période du royaume maurétanien sous le protectorat romain, de 25 av. J.-C. à 39/40 apr. J.-C., a été une période de prospérité nouvelle pour Lixus. Le port était très actif et exportait du bois de thuya, du blé, des raisins et surtout des produits de la mer, tels que le thon et les condiments à base de poisson fabriqués dans de nombreuses industries spécialisées. Pendant cette période, la cité s'est agrandie avec la construction de nouveaux quartiers résidentiels fortement influencés par l'urbanisme hellénistique.

Suite à l'assassinat du dernier roi de Maurétanie, Ptolémée, en 39/40, le pays a été annexé par l'Empire romain après deux années de campagnes militaires. Claude a accordé à Lixus le statut de colonie romaine10, la distinguant ainsi des autres cités de la nouvelle province de Maurétanie tingitane, qui étaient presque toutes des municipalités de droit latin ou pérégrin.

Lixus a développé ses infrastructures à l'époque romaine et a étendu son enceinte au-delà des limites maurétaniennes, en direction de la rivière Loukkos. Des maisons à péristyle (comme la Maison des Trois Grâces, la Maison d'Hélios, la Maison de Mars et Rhea) ainsi que des thermes ont été construits, ornés de magnifiques pavements en mosaïque. À partir du IVe siècle, la situation a sensiblement changé et la faiblesse de l'administration impériale a conduit à un repli de la cité derrière une nouvelle enceinte construite en hâte. Des fortifications ont été érigées à proximité de Lixus pour défendre la vallée du Loukkos contre d'éventuelles incursions maures. Ce nouvel aménagement était également en accord avec la décision de Dioclétien d'évacuer la majeure partie de la Tingitane et de concentrer les forces militaires sur le détroit de Gibraltar.

Il semble que le christianisme se soit développé dans la région de Lixus. Les dernières industries liées aux activités maritimes ont cessé leurs activités dans les années 430, ce qui correspond à l'invasion des Vandales venus d'Espagne voisine. À partir de ce moment, la cité de Lixus a lentement décliné, survivant en tant que communauté christianisée parmi les vestiges d'une époque plus glorieuse mais révolue. Lorsque les premières troupes musulmanes ont atteint les côtes atlantiques à la fin du VIIe siècle, elles ont découvert une agglomération chrétienne coexistant avec les vestiges de l'Antiquité. Le califat omeyyade de Damas y a établi des éléments militaires issus des tribus nord-arabiques des Banu Qays. À cette époque, une mosquée et des bains ont été découverts non loin de l'ancienne acropole. Cependant, le destin de l'antique Lixus était scellé. Elle devait disparaître au profit de la nouvelle ville de Larache, qui s'est développée de l'autre côté du Loukkos. Lixus antique est devenue Choummich ou Tchoummich médiévale, un nom et un toponyme qu'elle porte encore aujourd'hui. Il semble que la ville, qui était initialement un petit centre urbain d'environ quatre hectares situé dans une nouvelle enceinte, se soit développée à partir du XIe siècle pour atteindre 14 hectares, avant d'être définitivement abandonnée vers le XIVe siècle.

La présence d'une mosquée sur le site de Lixus, sur l'acropole, indique qu'à un moment donné entre l'arrivée de l'islam au VIIIe siècle dans cette partie du Maghreb (sous Musa ibn Nusayr al-Lakhmi) et le XIVe siècle, il y avait une importante communauté musulmane qui a ressenti le besoin de construire un lieu de culte, aussi modeste soit-il. Cependant, la présence de céramiques ne peut être datée qu'entre le XIIe et le XIVe siècle.

 

 

Monuments de la ville antique

Les Thermes et l'amphithéâtre

amphitheatre

Le seul amphitheatre antique au Maroc.

Le quartier est composé de l'amphithéâtre et des thermes publics.

L'amphithéâtre de Lixus demeure l'unique édifice de spectacle mis au jour dans un site antique du Maroc. Son arène abritait les combats de gladiateurs et des fauves.

Les thermes publics sont composés d'un vestibule, d'une grande salle froide ornée d'une mosaïque géométrique représentant le dieu Océan, ainsi que des salles tièdes et chaudes et des piscines. Ces thermes d'époque romaine étaient également richement ornés avec des peintures murales et du marbre.

Les deux édifices ont été construits durant la seconde moitié du Ier siècle après J.-C. et ont été abandonnés, transformant tout le secteur en cimetière à partir de la fin du IIIe siècle après J.-C.

Ruines de fabrique de garum

thermes romain

les thermes romains juste à côté de amphithéâtre.

Quartier industriel

C'est un complexe industriel spécialisé dans la fabrication des salaisons de poisson. Il est situé dans la partie basse du site, à proximité du fleuve et de l'emplacement présumé du port fluvial de la cité. Il est composé de 10 usines et 150 bassins (cuves de macération du poisson), capable de produire jusqu'à 1 million de litres de sauces de poisson par campagne de pêche, ce qui en fait l'un des plus grands complexes industriels du genre dans tout le bassin méditerranéen. La fondation de ce complexe remonterait au Ve siècle av. J.-C., mais les données archéologiques datent ces usines du Ier siècle av. J.-C., puis agrandies durant l'époque romaine, et elles ont continué de fonctionner jusqu'au Ve siècle apr. J.-C.

Le garum est un produit dérivé de cette industrie, fabriqué à partir des entrailles et du sang des poissons, notamment des thonidés, macérés avec du sel. C'était une sauce très prisée durant l'Antiquité.

complexe industriel

Complexe palatial

Il s'agit d'un ensemble architectural composé d'un palais et de ses annexes, d'un temple, de thermes avec palestre, d'une villa d'époque médiévale et d'une mosquée. Les monuments d'époque antique datent du règne du roi Juba II et de son fils Ptolémée, mais le quartier a été transformé et réorganisé à l'époque romaine. Situé au sommet de la colline, les vestiges représentent toutes les époques que le site a connues, des Phéniciens jusqu'au XIVe siècle, date de l'abandon de Lixus au profit de la nouvelle ville de Larache. En plus de ces ensembles, le site renferme également des enceintes de différentes époques, des citernes pour le stockage de l'eau potable, les restes d'un aqueduc, des maisons d'époque maurétanienne et des nécropoles.

colonne palais palatial romain

Quartier résidentiel

evolution urbaine de Lixus

Panneau affichage sur le site mis en place en 2019

Il s'agit d'un ensemble de demeures situées au sommet de la colline, à l'exception d'une maison qui se trouve dans la partie basse du site. Composé de maisons romaines à péristyles, spacieuses et richement décorées, il témoigne de l'aisance dans laquelle vivaient les propriétaires des usines de salaisons et des fermes de l'hinterland de la ville. Ces maisons sont ornées de mosaïques géométriques et figurées, de peintures murales, de thermes privés et d'objets d'une très grande valeur artistique. Toutes les mosaïques découvertes dans les années 1950 sont actuellement exposées au musée archéologique de Tétouan, situé à 100 km de Lixus. Les mosaïques figurées représentent des thèmes mythologiques tels que Mars et Rhéa Silvia, Hélios, Eros et Psyché, les trois grâces, le cortège bachique, etc.

La mosaïque du dieu Océan découverte dans les années soixante est restée sur place. Pour des raisons de conservation, elle a été couverte en 2001, puis redécouverte et restaurée in situ en 2020.

 

 

Les Nécropoles de Lixus

tombe maure berbere

Au cours de son histoire, la ville de Lixus a été entourée de nombreuses nécropoles témoignant de différentes époques et cultures. À ce jour, les tombes de l'époque maurétanienne (ou préromaine) découvertes indiquent l'existence d'au moins deux nécropoles à proximité immédiate de la ville, l'une à l'ouest et l'autre à l'est.

La nécropole occidentale, située à l'extérieur de l'enceinte et dominant l'estuaire de l'oued Loukkos, occupait toute la zone ouest. À partir du 4e siècle avant J.-C., elle aurait été utilisée, comme le prouvent récemment la découverte de deux tombes à caissons à l'ouest des usines de salaison. Le rite funéraire observé dans ces tombes était l'inhumation, couramment pratiqué dans les nécropoles contemporaines du nord du Maroc. Cependant, le mobilier funéraire se distingue par la présence d'éléments céramiques importés, dont une kylix à figures rouges de tradition grecque. Une tombe en forme de chambre rectangulaire, construite avec de grandes dalles taillées et présentant une architecture mégalithique, appartient également à cet espace funéraire. Cette tombe, dont la date de construction reste incertaine, témoigne de l'importance accordée par certains habitants de Lixus à l'enterrement de leurs morts. L'utilisation de cette nécropole occidentale a perduré jusqu'au début du 1er siècle après J.-C., comme en témoigne la découverte d'hypogées similaires à celles de Gades en Espagne. Ces tombes contenaient des ossements brûlés, indiquant que les habitants de Lixus avaient adopté à cette époque tardive le rite d'incinération, probablement sous l'influence de leurs contacts avec les Romains, déjà très présents.

La nécropole orientale, quant à elle, abrite le monument funéraire le plus imposant sur le plan architectural, connu localement sous le nom d'"Al Kantara". Il s'agit d'une chambre rectangulaire semi-enterrée de plus de 5 mètres de long, construite et couverte avec d'énormes dalles et blocs de pierre. En raison de ses dimensions et de son architecture mégalithique, ce monument a probablement été érigé pour un habitant de Lixus de haut rang social. Bien que sa présence au 1er siècle avant J.-C. soit confirmée par les monnaies de Lixus et de Tingi qui y ont été retrouvées, la date de sa construction demeure inconnue. Selon les archives des archéologues travaillant sous le protectorat espagnol, 32 autres tombes ont été découvertes dans cette nécropole. L'une de ces tombes a livré une boucle d'oreille en or portant le symbole de "Tanit" (ou Tennit), un symbole fréquemment gravé sur des stèles votives à Carthage.

Concernant l'époque romaine, deux nécropoles ont été identifiées jusqu'à présent. La première, datant du 1er siècle après J.-C., se trouve dans la partie orientale du site, en contrebas de l'amphithéâtre. Les monuments funéraires qui y ont été explorés sont deux columbaria, comprenant chacun un ensemble de niches destinées à abriter les défunts. Ces monuments, réservés à des familles spécifiques, sont les seuls de leur genre visibles et conservés au Maroc. Ils témoignent également de l'introduction à Lixus de nouvelles formes architecturales funéraires liées à la romanisation. Cependant, cette nécropole a rapidement été abandonnée en raison de l'extension de la ville dans cette zone.

La deuxième nécropole, datant au moins du 4e siècle après J.-C., a été établie dans la partie sud-ouest du site, où se trouvait la nécropole du 4e millénaire avant J.-C. Les sépultures découvertes montrent que les habitants de Lixus étaient alors complètement christianisés, comme en témoigne la position dorsale des squelettes.

Outre la colline de Tchoummich, la nécropole la plus ancienne et la plus importante reste celle découverte près du village de Raqqada, à 1,5 km au nord-ouest de Lixus. Utilisée entre le 6e et le 4e siècle avant J.-C., puis de manière restreinte au 2e siècle avant J.-C., cette nécropole était réservée à l'enterrement de certaines familles privilégiées qui ont choisi de s'éloigner de la ville. La plupart des défunts de cette nécropole étaient d'origine autochtone, comme en témoigne la position semi-fléchie imposée aux corps, une tradition protohistorique que l'on retrouve également dans la nécropole contemporaine d'Azib Slaoul, près de Ksar el Kébir, ainsi que dans toutes les nécropoles dites "phéniciennes" découvertes dans la région de Tanger. Ce qui rend cette nécropole particulièrement importante, c'est la richesse et la somptuosité du mobilier funéraire : parures en or et en argent de tradition phénico-punique, vases à parfum en pâte de verre polychrome, vases en bronze exceptionnels tels que les plats à une seule anse importés de Chypre et uniques en Méditerranée occidentale jusqu'à présent.

Vidéo sur Lixus

 

sources : wikipedia, affiches sur place, musée de lixus

 

Photographies & Photos


Recherche sur le site