Bataille de Cravant

 

Bataille de Cravant

 

Du 30 juillet au 31 juillet 1423

 

En  1423, bâtard de La Baume, du côté de Charles VII, avait pris Cravant, mais ce fut de courte durée. En effet Claude de Beauvoir de Chastellux, au service du duc de Bourgogne et des Anglais, repris Cravant et lorsque Tanneguy du Chastel voulut se réfugier dans la ville il se retrouva fort dépourvu. Il reste un doute sur le donjon, en effet le bâtard de La Baume aurait réussi à garder le donjon en perdant cependant la ville.

Il assiégea Cravant sur les hauts du village et avait renforcé le pont sur l’Yonne pour éviter toute tentative d’approvisionnement ou de renfort.

Charles VII envoya alors John Stuart Denley à la rescousse, qui avait débarqué à La Rochelle en 1421 dans le cadre de la Auld Alliance ou Vieille Alliance, ainsi que le maréchal Amaury de Sévérac. C’est donc environ 14000 à 15000 homme qui assiègent Cravant pendant plusieurs semaines.

Les assiégés réussissent à demander de l’aide à la duchesse douairière et cette dernière demande à Jean de Toulongeaon, maréchal de Bourgogne, de réunir une armée et de retrouver les autres troupes Bourguignonnes, tout ce beau monde se réunirent à Auxerre. C’est donc environ 2000 Bourguignons qui vont finalement rejoindre les troupes Anglaises de Salisbury et Suffolk qui sont également environ 2000 et qui étaient stationnées à Vincelles.

Le 30 juillet les troupes Anglo-Bourguignonnes prennent la direction de Cravant. Ils trouvent les français sur les hauteurs de Cravant, ce qui rend quasiment impossible la levée du siège.

Les troupes Anglo-Bourguignonnes stationnent donc derrière le pont de l’Yonne que les français avaient bloqué.

Le 31 juillet, deux veuglaires ( environ 150kg ) sont « menés devant cravant pour faire lever le siège par les ennemis du duc » de Bourgogne.

Puis les Anglais attaquent le pont, contre toute attente les Français finissent par rompre et une partie des troupes Anglo-Bourguignonne réussissent à passer le pont.

Les Français et Ecossais qui étaient sur les collines de Cravant font l’erreur de descendre et laissèrent leurs positions en hauteur.

Voyant les troupes franco-écossaises sans défense arrière, Claude de Beauvoir de Chastellux lance une contre-offensive par l’arrière. Pris en tenaille et malmenée les français quittent les lieux.

Etonnamment les Ecossais décident de rester, il est difficile de savoir s’ils l’ont fait par orgueil, courage,  par ordre de John Stuart ou simplement parce qu’ils n’ont pu quitter le champ de bataille. En tout état de cause, les Ecossais se font massacrer, John Stuart perd un œil et se fait capturer. Il sera délivré contre une rançon.

Les pertes sont importantes, environ 4500 français et écossais vont périr sur place, majoritairement les écossais ( environ 3000 ).

 

 donjon de cravant

Le donjon du Château de Cravant, témoin de la bataille.

 

Quelques Points :

 

La bataille de Cravant fut l’objet d’une chronique par Jean de Wavrin qui semble être physiquement présent lors de cette bataille.[i]

Quelques jours avant la bataille, Monstrelet fait état d’une ordonnance sur un ordre de bataille adopté par les Anglo-Bourguignons entre le Maréchal de Bourgogne Jean de Tourlangeon et les comtes de Salisbury et ceux de Suffolks. Il s’agit d’une ordonnance qui va notamment permettre la coordination des troupes Anglaises et Bourguignonnes afin de mieux coordonner leurs forces. Cette ordonnance sera suivie à plusieurs reprises dans certaines batailles[ii], les dispositions seront en particuliers de rester dans les rangs, sous peine d’être exécuté, et de descendre de cheval pour combattre à pied si nécessaire.

 

Lettre du Maréchal de Tourlangeon au duc de Bourgogne :

 Hier, avant huit heures du matin, nous arrivâmes devant la ville de Cravant en la compagnie de Mgr le comte de Salisbury et Mgr de Suffolk, qui avaient  avec eux une assez belle et gente compaignie, et  d'autres vos sujets environ quinze cents hommes, et là, trouvâmes nos ennemis en bataille d'une part  de la rivière d'Yonne, qui étaient six mille et sept  cents combattants, et nous de l'autre côté de la rivière.

 Et là fut l'escarmouche qui dura bien trois heures, et environ midi gagnâmes sur eux la rivière à pied, où nous entrasmes jusqu'à la sainture, et se neut que grâce à mon seigneur la journée fut nôtre. Et  y fut pris le connétable d'Ecosse, le comte de Vendôme, le sieur de Gamaches, le neveu dudit connétable.

 Messire Emery de Sévrac, maréchal du Dauphin, et messire Robert de Loyre, morts en la place, comme disent ceux qui les ont visités, et plusieurs autres jusqu'au nombre de mille hommes. Et la chasse qui a duré à Mailly-le-Châtel qui s'est rendu prestement, et à Bazarnes. Et aussi sur la place qu'ils avaient prise pour combattre sont morts, par les rapports des hérauts, bien quinze cents hommes.....et y estaient de votre pays les bannières qui s'en suivent, c'est à savoir.... Monseigneur le comte de Joigny, messire Renier (Régnier), monseigneur de Cormarin, monseigneur de Nostain et messire Jacques de Villiers ont mis très grant paine et diligence que la chose se soit si bien conduite et mise à exécution à votre honneur . [iii]

Par la suite le village de Toucy fut aussi totalement ruiné, le village disparu sous les cendres.

 

Quelques personnages de la Bataille de Cravant

 

Antoine de Vergy ( 1375 -1439), Comte de Dammartin, chevalier, maréchal de France. Il est le fils de Jean III de Vergy et de Jeanne de Chalons. Il fut blessé en 1419 lors de l’assassinat de Jean sans Peur.

Il se rallia aux Anglais et fut élevé à la dignité de maréchal de France en 1422, par le roi d’Angleterre Henri V qui avait pris le titre de régent de France pendant la maladie de Charles VI.

Vergy fut nommé chevalier de la Toison d’Or en 1430 par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et fait gouverneur de Bourgogne, de Champagne et de Brie. Il participe à la bataille Cravant et prit part à la bataille de Bulgnéville.

Garin de Fontaine qui avait participé à la tentative de prise de Fresnay-le-Vicomte, en novembre 1422, à la bataille de Baugé dont il était capitaine de la place, ainsi qu’à la défaite d’une troupe anglaise à Neuville-Lalais en fin d’année 1422, meurt à Cravant.

Hugues de Chabannes, fils d’Antoine de Chabannes, meurt aussi à Cravant.

Robert de Loré, cousin d’Ambroise de Loré, capitaine à la solde de Tanneguy du Châtel.

Jean du Bellay, Xaintrailles et une quarantaine de gentilshommes furent faits prisonniers. [iv]

Il est a noté que des proches de Perrinet Gressard, fameux routier qui résista à la  Charité sur Loire contre Jeanne d'Arc - Histoire & Parcours, furent aussi présent puisqu’on retrouve quelques siècles plus tard une inscription sur une église parlant de la bataille de Cravant dans l'église de Saint-Révérien dans la Nièvre.[V]

 

Histoire généalogique de la maison de Chastellux

 

Tanneguy Duchâtel, poursuivi par les comtes de Salisbury et de Suffolk, s'était retiré du côté de Cravant, place que Charles VII regardait comme une des clefs de la Bourgogne, et dont le bâtard de la Baume s'était récemment emparé. Tanneguy fut bien surpris en trouvant cette place occupée par Claude de Beauvoir qui s'y était renfermé avec les sires de Boligneu, d'Usselot, de Digoine, de Presles, de Chandio et environ quatre cents hommes. Le roi ordonna donc à Jean Stuart, connétable d'Ecosse, qui venait de recevoir trois mille de ses compatriotes, d'aller renforcer la Baume et Duchâtel; et au maréchal de Sévérac, de traverser la Loire pour se joindre à eux.

Le siége de Cravant fut donc entrepris par une armée composée d'environ quinze mille hommes. Pendant cinq semaines, les Bourguignons le soutinrent avec une constance admirable, malgré le manque de vivres qui les obligea à manger leurs chevaux : enfin, les seigneurs de Chastellux et de Presles trouvèrent le moyen de faire avertir la duchesse douairière de leur position critique. Cette princesse ordonna à Jean de Toulongeon, maréchal de Bourgogne, de rassembler des troupes dans les États de son fils : elles se trouvèrent prêtes les 18 et 20 juillet 1423. Celles du duché se réunirent entre Montbard et Avallon, et celles du comté, entre Châtillon et Chaumont. Elles se rencontrèrent huit jours après, à Auxerre, avec un corps de 6,000 hommes commandés par les comtes de Salisbury et de Suffolk. Il fut convenu qu'elles partiraient ensemble le 29, sur une seule colonne, sous la surveillance de deux inspecteurs généraux ; que l'avant-garde serait composée d'un égal nombre de Bourguignons et d'Anglais ; qu'avant d'arriver au champ de bataille, tout le monde mettrait pied à terre ; que les chevaux resteraient à une demi-lieue en arrière ; que chacun se pourvoirait d'un pieu aiguisé par les deux bouts et éviterait de faire des prisonniers durant le combat. Cette ordonnance fut publiée à son de trompe, et son observation prescrite sous les peines les plus sévères.

Le 30, les deux armées sortirent de Vincelles et marchèrent contre l'ennemi rangé en bataille au-dessus de la montagne qui domine l'Yonne dans une position inexpugnable. On se garda bien de l'y attaquer : les soldats se répandirent dans les prés de la Gravelle, tandis que les Français descendaient au bord de l'eau pour en interdire le passage. On s'observa de part et d'autre : enfin, le lendemain, un corps d'Anglais força le passage du pont, et en ménagea l'accès au reste de l'armée, malgré les efforts désespérés des Français. Le maréchal de Sévérac, écrasé par le nombre, abandonna une partie du champ de bataille, où les Ecossais restèrent seuls pour soutenir le choc. Leur défaite fut complétée par une sortie du sire de Chastellux, qui s'empara du connétable Stuart : c'est ainsi que les Bourguignons demeurèrent victorieux après une journée meurtrière qui leur coûta seize cents hommes, parmi lesquels soixante gentilshommes. Les pertes de l'ennemi furent bien plus considérables ; quatre à cinq mille hommes restèrent sur le carreau ou furent faits prisonniers. ( VI).

 

 

 

 

[i] Marchandisse Alain, « Jean de Wavrin, un chroniqueur entre Bourgogne et Angleterre, et ses homologues bourguignons face à la guerre des Deux Roses »,https://www.cairn.info/revue-le-moyen-age-2006-3-page-507.htm Le Moyen Age, 2006/3 (Tome CXII), p. 507-527. DOI : 10.3917/rma.123.0507.

[ii] Bertrand Schnerb : la bataille rangée dans la tactique des armées Bourguignonnes au début du XVe.

[iii] Histoire de l'Auxerrois, son territoire, son diocèse, son comité, ses baronnies, son bailliage et ses institutions coutumières et municipales / par A. Challe Auteur :  Challe, Ambroise (1799-1883).

[iv] Un Episode de la guerre des Anglais dans le Maine. La bataille de la Brossinière, septembre 1423 , par Jules Le Fizelier : gallica.bnf.fr

[V] : Un souvenir de la bataille de Cravant (1423) à Saint-Révérien (Nièvre) [compte-rendu]

VI : Histoire généalogique de la maison de Chastellux... avec pièces justificatives, par le Cte H.-P.-C. de Chastellux

 

 

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