La bataille d'Azincourt, qui eut lieu le 25 octobre 1415, est l'un des affrontements les plus célèbres de la guerre de Cent Ans entre l'Angleterre et la France. Ce conflit épique se déroula près du village d'Azincourt, dans le nord de la France, et s'acheva par une victoire écrasante des Anglais dirigés par le roi Henri V contre une armée française pourtant bien plus nombreuse. Cette bataille marque un tournant décisif dans l’histoire médiévale européenne et symbolise à la fois la puissance des archers anglais et les défauts de la stratégie militaire française de l'époque.

 

Bataille d'Azincourt 1415

 Bataille d'Azincourt qui illustrait la chronique d'Enguerrand de Monstrelet. Le Château est probablement celui de Tramecourt aujourd'hui détruit mais remplacé par un plus récent. La physionomie du terrain représentée n'est guère ressemblant à la réalité, les archers Anglais étaient entourés d'arbres et non de roches. source document 1 et 2

 

Contexte historique et motivations

La guerre de Cent Ans (1337-1453) trouve son origine dans des querelles de succession pour le trône de France, mais elle est aussi motivée par des enjeux économiques et territoriaux. Au début du 15e siècle, le roi Henri V d’Angleterre, déterminé à revendiquer des terres en France et à rétablir le contrôle sur certaines parties de son royaume, décide de reprendre les hostilités. En 1415, il débarque en Normandie avec une armée composée de chevaliers, d’hommes d’armes, et surtout d’archers armés de longs arcs, qui s’avèreront essentiels pour la victoire.

Henri V espérait initialement s'emparer de la ville de Harfleur. Bien que les Anglais aient réussi à capturer la ville après un long siège, cette campagne a épuisé leurs troupes et leurs ressources. Henri décida alors de se retirer et de rejoindre Calais, qui était sous contrôle anglais, pour s’y réapprovisionner et rentrer en Angleterre. Cependant, son mouvement fut observé par les Français, qui décidèrent de rassembler une armée pour l'intercepter.

La composition et la tactique des armées

Les forces anglaises étaient composées d'environ 6 000 hommes, dont 5 000 archers équipés de longs arcs gallois, un atout majeur dans la stratégie militaire d’Henri V. Ces archers, positionnés en avant et sur les flancs, étaient capables de tirer des flèches à une cadence rapide, ce qui leur donnait un avantage décisif. L'armée anglaise était réduite et affaiblie, mais la discipline des troupes, la stratégie défensive d’Henri V, et la capacité de ses archers allaient jouer un rôle déterminant.

L'armée française, elle, était bien plus nombreuse, avec environ 12 000 à 15 000 hommes, dont beaucoup de nobles et chevaliers lourdement armés. Cependant, cette armée manquait d'organisation, et la hiérarchie parmi les chefs de guerre français était confuse. Plusieurs nobles français considéraient la bataille comme une occasion de prouver leur bravoure et leur honneur personnel, une mentalité qui s’avèrera désastreuse. En outre, les Français ne se méfiaient guère des Anglais, qu'ils considéraient comme affaiblis et inférieurs en nombre.

Le déroulement de la bataille

Le 25 octobre 1415, les deux armées se retrouvèrent face à face près du village d'Azincourt, dans une plaine boueuse bordée de forêts. Henri V choisit le terrain avec soin : les archers anglais construisirent des pieux en bois, disposés en avant de leurs positions pour freiner l’avancée de la cavalerie française. Cette disposition obligeait également les Français à attaquer de front, réduisant leur capacité de manœuvre.

Les Français décidèrent d'engager leurs chevaliers lourds dans une charge frontale, malgré la boue qui ralentissait leurs mouvements. Lorsque les troupes françaises avancèrent, les archers anglais commencèrent à tirer des volées de flèches. Les chevaliers français, entravés par leurs lourdes armures et le terrain difficile, furent incapables de se protéger efficacement des tirs massifs et précis des archers anglais. Les rangs français se désorganisèrent rapidement, créant un chaos parmi les soldats.

La première vague française fut presque annihilée par les flèches, et ceux qui parvinrent à atteindre les lignes anglaises furent accueillis par des hommes d'armes prêts au combat rapproché. D'autres vagues de renforts français essayèrent de percer les lignes anglaises, mais se heurtèrent aux mêmes difficultés. Dans la mêlée, beaucoup de chevaliers français tombèrent, incapables de se relever à cause de la boue et du poids de leur armure. Les archers anglais, armés de haches et de dagues, se jetèrent sur eux pour les capturer ou les achever.

La défaite française et ses conséquences

À la fin de la journée, l'armée française était dévastée, et le champ de bataille était jonché de cadavres. Les pertes françaises sont estimées entre 6 000 et 10 000 hommes, dont une grande partie de la noblesse française, parmi lesquels plusieurs ducs, comtes, et hauts dignitaires. En comparaison, les pertes anglaises furent minimes, variant entre 100 et 500 hommes. La victoire anglaise d’Azincourt est due en grande partie à la stratégie brillante d’Henri V et à l’efficacité des archers, qui avaient su exploiter le terrain et tirer avantage de la confusion et de la désorganisation des Français.

Cette défaite fut un choc pour la noblesse française et fragilisa davantage le royaume de France, déjà affaibli par des luttes internes et des querelles politiques. Henri V utilisa sa victoire pour renforcer sa position en France, et elle lui permit de négocier des conditions de paix favorables quelques années plus tard, lors du traité de Troyes (1420). Ce traité stipulait qu’Henri V épouserait Catherine de Valois, la fille du roi Charles VI de France, et serait reconnu comme l’héritier du trône français après la mort de ce dernier.

Impact et héritage de la bataille

La bataille d'Azincourt eut des répercussions durables. Elle illustre le déclin de la chevalerie lourde face aux nouvelles tactiques militaires et l'importance croissante des troupes d'infanterie et des armes à distance, comme l'arc long anglais. En France, cette défaite précipita un mouvement de réforme militaire et mit en évidence la nécessité d'une meilleure coordination des troupes.

Sur le plan symbolique, Azincourt est devenue un symbole de bravoure pour les Anglais et un événement traumatique pour la France. Elle est souvent représentée dans la culture populaire comme un triomphe de l’intelligence militaire et du pragmatisme face à l’arrogance et à l’impulsivité. Le dramaturge anglais William Shakespeare immortalisa cette bataille dans sa pièce Henri V, où il fait prononcer au roi un discours vibrant sur la « bande des frères », mettant en avant la solidarité et l’héroïsme des soldats anglais.

La a bataille d’Azincourt représente une victoire historique pour les Anglais, acquise grâce à une stratégie habile, une maîtrise des armes modernes, et une utilisation intelligente du terrain. Elle souligne aussi les faiblesses de la chevalerie française par un manque d'organisation et de discipline bien plus importante chez les Anglais.

 

Lieu précis de la bataille ]

Maréchal Boucicaut

Le vendredi 25 octobre 1415 ,  l'une des défaites les plus lourdes du Royaume de France,   militairement mais aussi du point de vue sucession dans la lignée royale. Elle signe le glas d'une chevalerie toute puissante  dont l'armée française était le porte-drapeau.

C'est plus de 50000 soldats, chevaliers et arbalétriers qui feront face à seulement  12 000 hommes environ du côté anglais, Chevaliers, archers et fantassins. La ferveur, la volonté d'en découdre et l'esprit guerriers des français feront qu'ils seront en partie aveuglés par la réalité du terrain. Ils tomberont dans un sérieux guet-apens bien maitrisé sur le moment par les anglais.

Plusieurs points vont jouer en défaveurs des chevaliers :

  • Ayant subit une forte pluie toute la nuit précédente, la terre est boueuse et les chevaliers français, les plus exposés aux intempéries car placés au bas de la colline où l'eau ruisselait sans interruption, perdent en rapidité, puissance et agilité. Cela d'autant plus que les anglais étant en hauteur, la pente boueuse ne permettait pas aux chevaliers d'avancer aisément.
  • Le soleil dans les yeux, comme à Crécy, ils auront le plus grand mal à voir leurs ennemis sans être éblouis.
  • Les arbalètes ne sont pas totalement opérationnelles. Ils n'ont pas pu protéger efficacement les cordes, détendues par la pluie. Leur emplacement hasardeux (massés derrière les chevaliers, les mettant dans l'impossibilité de tirer....) trop éloigné et mal placé n'a pas pu permettre de couvrir les chevaliers. Cependant à leur décharge, la désorganisation de l'armée et l'indiscipline des chevaliers a fait qu'ils n'ont pas pu prendre part efficacement au combat.
  • Le longbow anglais, grand arc de bois d'if d'une longueur variant de 1,60 m à 1,90 m, est considéré comme la forme de l'arc la plus aboutie : d'une force de traction pouvant dépasser les 70 kgs, il avait une portée pratique de 30 m en tir tendu et une portée maximale de 270 m en tir parabolique. Les archers, entraînés dès l'enfance et rompus au combat en formation groupée, étaient capables, en début d'action, de décocher jusqu'à 6 flèches visées à la minute et 10 à 12 flèches avec une précision réduite en tir parabolique à la minute.  En clair, lorsque la quatrième flèche était tirée, la première arrivait sur les assaillants ....
  • Erreur tactique, en envoyant par vague entière les chevaliers au massacres. Poussant les moins téméraires à ce déluge de flèches,  les chevaux étaient au bout de leur forces et mettaient en péril ceux déjà tombés à terre en tombant eux-mêmes, sur le terrain rendu glissant par la boue. Par ailleurs en étant en rang serrés par vague entière , ils permettaient aux archers non seulement une meilleure précision, mais en plus lorsqu'un Chevalier tombait, il entrainait les autres dans sa chute.

En réalité les chevaliers n'ont presque pas combattu, ils  ont été laminés avant même d'avoir pu faire quoi que ce soit.  Selon certaines études ,notamment celles du CNRS, c'est presque 1 million de flèches qui auront été tirés par les 5000 archers anglais dans la première demi-heure  ( un demi millions pour la bataille de Crécy ).

 

Texte revu et corrigé par Richard PARRINELLO, merci pour son aide.

 

 


Lors de la bataille d'Azincourt, plus de 6000 français sont tués, on a seulement gardé aujourd'hui 500 noms ( principalement des nobles, chevaliers, proche de la famille royale ). Sur cette carte il y a "seulement" donc 8% des combattants tués à cette bataille. Elle permet de connaître d'où ils viennent.

 

 

 


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