Château de l'Aubraye

écrit aussi Aubraie

 

 La propriété de la famille Clemenceau depuis la fin du XVIIIe siècle est l'Aubraie ou Aubraye, une élégante gentilhommière datant du XVIe siècle. Son architecture, très soignée, intègre les acquis de la Renaissance. Cette demeure a remplacé un ancien Château féodal et en a conservé les tours d'angle ainsi que les douves dans lesquelles se reflètent ses vieux murs de pierre. Il s'agit d'une grande dame de l'histoire, liée à des hommes illustres. Sa magnificence est rehaussée par la présence du Tigra, un joyau de la rivière qui la borde.

Le château de L’Aubraie, surmonté d'une toiture en tuiles, possède des corniches ornées de motifs en losanges. L'un de ses bâtiments servait à percevoir les redevances dues deux fois l'an, à Noël et à Pâques, par les vassaux des seigneurs de L'Aubraie. La famille de Suzannet, qui possédait la seigneurie et le château de Saint-Hermine, a également été propriétaire de L’Aubraie. Après plusieurs héritages, le château est finalement acquis par Jean Joubert, notaire à La Réorthe, lorsque la famille Marcillac émigre pendant la Révolution.

 

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La famille Clemenceau est originaire du Bas Poitou et peut se vanter d'avoir un ancêtre qui a fondé la première imprimerie élue du diocèse de Luçon, près des Moutiers-sur-le-Lay. Leur descendance a fourni des avocats aux parlements de Poitiers et de Paris, ainsi que des ecclésiastiques, des médecins et des chirurgiens. Paul Clemenceau, apothicaire de confession protestante, a été anobli sous le règne de Louis XIII et est devenu seigneur du Coulombier à Mouchamps. Cette propriété est restée dans la famille jusqu'à notre époque, Pierre-Paul Clemenceau, l'arrière-grand-père du "Tigre", ayant été maire de Mouchamps en 1792 et ayant occupé les fonctions d'élu sous-préfet et de Montrégu. Il a également siégé au Corps législatif sous l'Empire.

Georges Clemenceau, également connu sous le nom de "le Tigre", était une grande figure du radicalisme et un fervent républicain. Tout au long de sa carrière politique, il est devenu le "premier flic de France" et plus tard le "Père la Victoire". Cependant, il était paradoxal qu'il soit né dans une terre vendéenne viscéralement catholique où les combats tragiques entre les "blancs" et les "bleus" ont laissé un souvenir vivant. Bien que son père, le docteur Benjamin Clemenceau, ait été un homme de science considéré comme "le sans-culotte", Georges Clemenceau aurait pu être un "blanc" car sa famille paternelle avait été anoblie sous le règne de Louis XIII.

Georges Clemenceau a passé une grande partie de son enfance à L'Aubraie, une vieille demeure appartenant à sa famille maternelle. Bien qu'il soit resté profondément attaché à cet endroit tout au long de sa vie, il a choisi d'être enterré dans un petit bois près du manoir du Colombier, à Mouchamps, un autre domaine de ses ancêtres. Dans un discours prononcé en 1906, il a exprimé son amour pour son pays natal en disant : "Aucun spectacle des contrées et des hommes, aucune grâce de la terre, aucune splendeur du ciel, aucun champ de la plus grande histoire n'a pu mordre en mon cœur sur l'amour du pays natal. Le charme m'avait pris, le charme m'a gardé...".

Dans son livre Les plus forts (1898), Clemenceau décrit L'Aubraie comme ayant succédé à "un primitif donjon de rapine et de guerre". La forteresse féodale a été construite au XIIe siècle et son premier seigneur connu était Nicolas Suriette, qui épousa Marguerite d'Appelvoisin en 1370. Marguerite était la fille du seigneur de Bois-Chapeleau et issue de la grande lignée des châtelains du Puy du Fou. Dans les premières années du XVIIe siècle, Renée Suriette, une lointaine descendante, apporta la terre de L'Aubraie et son château, reconstruit peu de temps auparavant, à son époux, François de Sanzay, baron de Baulle.

Plus tard, le médecin Paul-Benjamin Clemenceau, originaire de Mou-champs, épouse la fille de Jean Joubert, Marie-Thérèse Gabrielle, et s'installe à L’Aubraie où naît leur fils unique, Benjamin Clemenceau. Celui-ci deviendra médecin et maire de La Réorthe pendant plusieurs années, avant d'avoir six enfants, dont Georges, qui deviendra célèbre, et Albert, avocat qui s'engagera avec son frère pour la révision du procès Dreyfus. Le château, construit entre 1575 et 1577 sur les ruines d'une forteresse féodale, présente des tours d'angle avec des meurtrières, ainsi qu'une tour ronde dans la basse-cour. Les douves sont traversées par un ancien pont-levis menant à une poterne crénelée.

Malgré sa résidence à L’Aubraie, Benjamin Clemenceau n'a pas abandonné le manoir du Colombier à Mouchamps, où il possédait des domaines. En 1885, il a remplacé la passerelle reliant Mouchamps à Rochetrejoux par un pont qui porte aujourd'hui son nom. Benjamin Clemenceau a été enterré dans le bois du Colombier, que sa famille a donné à la commune de Mouchamps en 1922. Son fils Georges a été enterré à ses côtés en 1929.

 

 

 

 

 

 

 

 

sources : à partir de la Fiche Atlas

 

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