Blanche de Navarre ou Blanche d'Évreux, née en 1333 , décède en 5 octobre 1398. Elle est la fille de Philippe III de Navarre et de Jeanne de France, reine de Navarre. Les comtés de Longueville et d'Évreux lui furent légués.
La reine douairière se retira à Neaufles-Saint-Martin près du Château de Gisors, mais refusa des secondes noces avec Pierre Ier de Castille, déclarant alors : "Les reines de France ne se remarient point." Par la suite elle se fait relativement discrète, une de ses rares apparitions à la cour de France c'est lors de l'entrée d'Isabeau de Bavière à Paris, qu'elle organisa, Blanche conserva l'estime de Jean II le Bon. Elle fut inhumée avec Jeanne de France, sa fille morte à l'âge de 21 ans en 1371. Son tombeau ainsi que celui de Jeanne est profané en 1793, ses restes dans une boîte en plomb jetés en pâture.
Blanche de Navarre (1331-1398) : Un destin entre ombre et lumière
Reine éphémère de France en 1350, épouse d’un roi vieillissant et témoin des tumultes dynastiques et politiques de son époque, elle se démarque par sa beauté, sa sagesse, et son rôle dans les affaires royales et diplomatiques.
Une princesse au cœur des stratégies matrimoniales
Née vers 1331, Blanche est la troisième fille de Philippe III de Navarre et de Jeanne II de Navarre, souverains d’un royaume convoité par les grandes maisons européennes. Dès son jeune âge, Blanche est impliquée dans des projets matrimoniaux stratégiques, témoignant des ambitions politiques de ses parents. Promesses et alliances se succèdent : fiancée en 1335 à André de Viennois, puis en 1340 à Louis de Male, héritier des comtes de Flandre, et enfin à Pierre de Castille en 1345. Aucun de ces projets n’aboutira, soit par décès prématuré des promis, soit par des revirements politiques.
Une reine éphémère au destin bouleversé
En janvier 1350, Blanche est promise à Jean, duc de Normandie et futur Jean II le Bon, mais c’est finalement Philippe VI de Valois, son père, qui tombe sous le charme de la jeune princesse. Décrit comme subjugué par sa beauté, le roi, alors âgé de 57 ans, l’épouse à Brie-Comte-Robert. Ce mariage, marqué par la peste noire qui ravage le royaume, ne dure que quelques mois : Philippe VI meurt le 22 août 1350, laissant Blanche enceinte de leur fille posthume, Jeanne, née en mai 1351.
Le choix du veuvage et un rôle diplomatique crucial
Veuve à 19 ans, Blanche de Navarre refuse de se remarier, malgré les insistances du pape Clément VI, qui envisage une union avec Pierre Ier de Castille pour renforcer les liens franco-castillans. Sa réponse, célèbre dans les annales, aurait été : « Les reines de France ne se remarient point. » Dès lors, elle se retire dans son douaire de Neaufles-Saint-Martin, près de Gisors, où elle élève sa fille et s’implique dans les affaires familiales et royales.
En 1354, elle joue un rôle diplomatique majeur en réconciliant son frère, Charles II de Navarre, avec le roi Jean II le Bon après l’assassinat de Charles de La Cerda. Elle intervient également lors du conflit entre Charles V et son frère en 1364, négociant sa neutralité lors du siège de Vernon.
Une figure de la cour sous Charles VI
Sous le règne de Charles VI, Blanche retrouve une place d’importance à la cour. En 1385, elle accueille Isabeau de Bavière, la future reine, et lui enseigne les usages de la cour française. Trois ans plus tard, elle organise la somptueuse Joyeuse Entrée d’Isabeau à Paris et assiste à son couronnement. Après ces cérémonies, Blanche se retire définitivement à Neaufles-Saint-Martin, où elle meurt le 5 octobre 1398. Son corps est inhumé dans la nécropole royale de Saint-Denis, mais son tombeau sera profané en 1793 lors de la Révolution française.
Un héritage discret mais présent
Bien que Blanche de Navarre soit une figure mineure dans l’historiographie royale, elle reste un témoin précieux des dynamiques politiques et des bouleversements sociaux de son époque. Sa figure est également présente dans la culture populaire, notamment dans Les Rois maudits de Maurice Druon, où elle apparaît comme une actrice des drames qui façonnèrent la France médiévale.
Ainsi, Blanche de Navarre, surnommée « Belle Sagesse » par ses contemporains, symbolise une femme de pouvoir et d’intelligence, naviguant avec habileté entre les écueils d’un siècle de crises.
sources : Église Abbatiale de Saint-Denis et ses Tombeaux, notice historique et archéologique, Paul Vitry et Gastron Brière - Tous les Rois de France par Jean-Charles Volkmann - Wikipédia - sources diverses - Tourisme 93