Agnès Sorel, la première favorite du roi

visage agnes sorel

Le visage de la dame de Beauté, gisant à Loches.

Agnès Sorel était une femme française du XVe siècle, célèbre pour avoir été la maîtresse du roi Charles VII. Elle est considérée comme la première favorite royale de l'histoire de France. Son charme et son intelligence ont fasciné le roi, qui l'a surnommée "Dame de Beauté". Agnès Sorel a également été connue pour son rôle dans la fin de la guerre de Cent Ans entre la France et l'Angleterre. Malheureusement, elle est décédée prématurément à l'âge de 28 ans, probablement empoisonnée. Sa vie a inspiré de nombreux artistes et écrivains à travers les siècles.

 Née en 1422, Agnès était la fille de Jean Soreau, seigneur de Fromenteau, une petite ville située dans le département de l'Indre-et-Loire. On sait peu de choses sur sa jeunesse, mais il est probable qu'elle ait été élevée dans l'entourage de la noblesse locale.

En 1443, Agnès Sorel fut présentée à la cour de Charles VII. Elle devint rapidement l'une des favorites du roi et s'installa dans le Château de Chinon, où elle résida pendant plusieurs années. Elle était connue pour sa beauté ravageuse, avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus perçants, et elle était souvent habillée de manière provocante, portant des robes décolletées qui exposaient sa poitrine.

La relation entre Agnès Sorel et Charles VII était largement connue à l'époque, bien qu'elle fût officiellement considérée comme une conseillère de confiance et une amie proche du roi. Cependant, il est clair que leur relation était bien plus intime que cela. Agnès a rapidement pris une place prépondérante dans la vie de Charles VII, et elle est devenue une véritable force politique à la cour.

Agnès Sorel a également été impliquée dans plusieurs projets artistiques importants de l'époque. Elle a notamment commandé la construction d'une chapelle dédiée à la Vierge Marie, dans laquelle elle a été enterrée après sa mort. La chapelle de Saint-Ours à Loches est considérée comme l'un des exemples les plus importants de l'architecture gothique flamboyante en France.

Le 9 février 1450, Agnès Sorel est morte subitement à l'âge de 28 ans. Les causes de sa mort restent incertaines, bien que les dernières investigations semblent confirmer qu'elle ait été empoisonnée. Charles VII était inconsolable à la mort d'Agnès, et il a été rapporté qu'il a assisté à son enterrement vêtu de noir de la tête aux pieds. Sa mort a eu un impact significatif sur la cour de Charles VII, et elle est restée dans les mémoires comme l'une des femmes les plus fascinantes et influentes de son temps.

Voici une chronologie des événements clés de la vie d'Agnès Sorel :

  • 1422 : Agnès naît à Fromenteau, en Touraine, France.
  • 1444 : Elle rencontre le roi Charles VII lors d'une partie de chasse et devient rapidement sa maîtresse.
  • 1449 : La Dame de Beauté accompagne le roi lors de la campagne militaire pour la reconquête de la Normandie, qui sera un succès. Elle y est très active en organisant des soupes populaires pour les troupes françaises.
  • 1450 : Elle donne naissance à une fille, Charlotte de Valois. Cette naissance hors mariage est un scandale à l'époque, mais le roi reconnaît l'enfant comme légitime.
  • 1453 : Ellee est victime de la jalousie des courtisans du roi, qui l'accusent de comploter contre lui. Elle est forcée de se retirer à Jumièges, un couvent normand où elle meurt quelques mois plus tard, probablement empoisonnée.
  • 1454 : Agnès Sorel est inhumée dans la chapelle du château de Loches, où sa tombe est encore visible aujourd'hui.

Il est important de noter que les dates précises de certains événements de la vie d'Agnès Sorel ne sont pas connues avec certitude, car peu de documents historiques ont été conservés.

 

L'inventrice du décolleté

 

Agnès Sorel, la première favorite de l'histoire de France, est connue pour avoir révolutionné la mode en inventant le décolleté épaules nues. Elle demeure à jamais la favorite la plus importante de nos rois, étant la première à avoir occupé ce rôle de manière durable et influente. Auparavant, les maîtresses des souverains étaient considérées comme de simples passades plus ou moins discrètes. Agnès Sorel a su s'imposer à vingt et un ans en tant que femme la plus importante de France, avec un port altier et des traits délicats qui ont su séduire le roi Charles VII.

Fille de petite noblesse, Agnès Sorel était la dernière demoiselle d'honneur de la reine de Sicile lorsqu'elle est arrivée à la Cour de France. Elle était rémunérée dix livres par an, une somme dérisoire qui ne lui permettait même pas d'acheter un cheval de qualité médiocre. Pourtant, elle a su charmer le roi Charles VII, qui l'a remarquée grâce à l'entremise de son favori Brézé. Rapidement, elle devient la meilleure cliente du célèbre marchand international Jacques Cœur, grâce à son goût pour les robes à traîne de huit mètres de longueur. Son invention du décolleté épaules nues a fait sensation et a été rapidement imitée par toutes les femmes.

 

Les secrets de la Dame de Beauté 

Agnes Sorel dessin anonyme copie sur Jean Fouquet

D’après Jean Fouquet — Scan from Jean Fouquet - das Diptychon von Melun, GemäldegalerieBerlin, 15 septembre 2017–7 janvier 2018, ISBN 978-3-7319-0565-3, p. 176-177, cat. n° 5

Elle vient de Naples où elle a exercé la fonction de demoiselle d'honneur auprès d'Isabelle d'Anjou, la reine de Sicile. C'est grâce à cette dernière qu'Agnès a pu se procurer ses recettes de beauté précieuses et très confidentielles. Les femmes italiennes ont cette particularité d'exprimer un charme chaleureux, lumineux, odorant et subtil. Agnès, d'une beauté naturelle remarquable, sait jouer de ses atouts féminins pour charmer son entourage. Elle a su redonner vie à la morne cour de la reine Marie en la transformant en un lieu animé et joyeux. Âgée de quarante-trois ans, mariée depuis vingt ans et mère de quatorze enfants, Agnès séduit Charles VII par sa blondeur juvénile, ses décolletés, ses courbes savamment mises en valeur, ainsi que ses regards bleus comme le ciel. Elle règne en maître sur le cœur du souverain et lance de nouvelles modes. Les hennins vertigineux qu'elle arbore lui confèrent une allure de fée absolue. Elle ose même porter des robes transparentes et des décolletés plongeants. Chaque dame de la cour, à l'affût de ses innovations audacieuses, tente de l'imiter, malgré la désapprobation des abbés qui sont choqués par tant d'impudence et d'impudeur. Pour mettre en valeur son front délicatement bombé, Agnès s'épile les sourcils et la racine des cheveux, une technique facilement reproductible. Mais comment expliquer la translucidité et la roséité de sa peau ? Les curieuses et les envieuses se posent la question.

Agnès Sorel avait recours à différentes recettes pour préserver sa beauté, mais elle gardait jalousement le secret de ses onguents de jouvence. Elle utilisait notamment une crème contre les rides à base de bave d'escargot, de pétales d'œillets rouges, de cervelle de sanglier, de fiente de chèvre, de vers de terre vivants et de sang de loup. Elle appliquait également chaque soir une pommade précieuse et huileuse composée de crème fraîche, de pétales de roses, de nénuphars et de fleurs de fèves, cuite longuement au bain-marie. Agnès Sorel faisait également des masques de miel et des bains de camomille et d'huile d'amandes douces pour entretenir sa chevelure dorée.

Jacques Cœur, riche marchand et membre du Conseil du roi, était un fidèle fournisseur des merveilles orientales dont Agnès Sorel était friande. Il lui rapportait des étoffes de prix, des bijoux et des parfums, notamment des concentrés de roses poivrées de musc ou de cannelle, enrichies de santal ou de jasmin. Agnès Sorel aimait également les pierres rares, telles que les diamants taillés, les saphirs, les émeraudes et les rubis.

Malgré les demandes insistantes de ses rivales, Agnès Sorel gardait secrète la composition de ses potions et de ses parfums. Elle était la seule à connaître leur formule exacte, un secret bien gardé qui contribuait à sa légende de "Dame de Beauté".

 

Le dauphin, futur Louis XI, et la favorite, une relation houleuse au bord de l'assassinat

roi louis XI

Louis XI

La fuite d'Agnès dans le lit du roi

Dans les pièces de la maison royale, le dauphin Louis XI, épée à la main, poursuivait Agnès pour la tuer. Elle n'avait d'autre choix que de se réfugier dans le lit du roi, une situation que le dauphin avait précisément voulu éviter. Charles VII, indigné par le comportement de son fils, proposa à Agnès le domaine de à Beauté-sur-Marne, en bordure sud du bois de Vincennes. Agnès, quant à elle, devint la favorite du roi, surnommée « Dame de Beauté », un titre qui lui va comme un gant.

La muse du roi

Tandis que la cour dansait pour les beaux yeux d'Agnès, le roi réorganisait ses finances et poursuivait la conquête de son royaume en reprenant la Guyenne et la Normandie aux Anglais. Agnès, de son côté, se languissait de son royal amant et partit le rejoindre à Jumièges, près de Rouen, en plein hiver, alors qu'elle était enceinte de six mois. Hélas, elle succomba à une dysenterie, qui fut considérée comme un empoisonnement. Le roi, effondré, fit ériger deux magnifiques tombeaux de marbre, l'un à Jumièges pour son cœur, l'autre à Loches pour son corps.

 

Morte mais vite remplacée par Antoinette de Maigne-lais, la cousine germaine

Après un deuil sincère mais bref, le roi remplaça Agnès dans son cœur par sa cousine germaine Antoinette de Maigne-lais, l'ancienne nourrice des trois fillettes d'Agnès. Cependant, elle ne fit pas illusion très longtemps, Antoinette se contente surtout d'entourer le roi d'un essaim de jolies filles délurées «qui se pavanaient vêtues comme des reines.» A la mode d'Agnès.. Antoinette de Maignelais était une noble française, maîtresse du roi  puis du duc de Bretagne François II . Elle est née vers 1430 et est morte le 5 novembre 1470 . Elle était la cousine germaine d’Agnès Sorel et a remplacé cette dernière en tant que favorite du roi après la mort soudaine d’Agnès en 1450 .

 


La mort suspecte d'Agnès Sorel

Un autre évènement, moins important pour l'histoire de France, mais de premier ordre pour Charles VII donc roi, est sa rencontre avec Agnès Sorel. Elle devient la première maîtresse officielle, dite favorite du roi. Alors qu'auparavant elles étaient cantonnées dans des rôles subalternes et cachées, Agnès Sorel consciemment ou non va changer cette réalité, grâce au roi.

Cela ne se fait pas sans heurt : notamment Louis, le dauphin, futur Louis XI fils du roi, voit dans cette relation une honte et machination contre la reine, sa mère. Au point qu'il sera soupçonné de l'avoir fait assassinée.

Vers 1449 et 1450, Charles VII poursuit sa reconquête de la Normandie grâce à son cousin le Comte Jean de Dunois - Bâtard d'Orléans. Début de janvier 1450, Agnès Sorel va rejoindre le roi alors qu'elle est enceinte de 7 mois. Elle s'arrête au Mesnil-sous-Jumièges, fatiguée à cause d’un hiver particulièrement rude et un voyage difficile.

Elle tombe alors gravement malade. Après avoir accouché d'un prématuré, elle meurt le 9 février à 6 heures du soir d'un 'flux au ventre' selon les propres termes du médecin. Ses testamentaires sont Etienne Chevalier, Jacques Cœur, et son médecin (également celui du roi) Robert Poictevin. Ce qui va occasionner des représailles sévères et des doutes sur les testamentaires. En effet très rapidement des rumeurs d'empoisonnement vont vite circuler.

 

L'affaire Jacques Coeur

 
Jacques Cœur est accusé mais vite innocenté, probablement que Jacques Cœur fut l'un des seuls amis sincères mais aussi intéressants d'Agnès Sorel, il n'avait aucune raison et aucun intérêt de l'assassiner...bien au contraire serais-je tenté de dire. Même si d'importantes dettes d'Agnès Sorel pouvaient faire penser l'inverse, pour Jacques Cœur, sa mort ne pouvait que signifier le non-paiement des arriérés.
Le dauphin est lui aussi suspecté, mais n’est jamais inquiété en définitive.

Antoinette de Maignelais, sa cousine, était présente également. Elle devient quelques temps après la maîtresse temporaire du roi. Le médecin, Poictevin, est lui aussi peut-être coupable, puisque le plus proche de la reine à ce moment là et le seul à administrer les 'remèdes' de l'époque. D'autres personnages sont suspectés, comme Guillaume de Gouffier, valet du roi, et présent également.

L'enfant, une fille, meurt quelques jours après. Un enfant prématuré avait peu de chance de survie à cette époque.

Agnès Sorel probablement Empoisonnée !

Au départ les doutes sur un empoisonnement, lors des études faites entre 2004 et 2005 portaient plutôt sur l'arsenic. Mais nulle trace ou infinitésimal, en revanche, une dose importante de mercure fut trouvée, 1000 fois supérieure au dosage connu alors de l'époque et depuis l'antiquité.

Le sel mercure était utilisé à l'époque comme vermifuge, en effet Agnès Sorel souffrait d'une ascaridiose. Une infection parasitaire intestinale, un vers blanc qui peut faire de 2cm à 25cm ! Mais le mercure était aussi utilisé pour des accouchements difficiles et douloureux.

La présence importante de mercure fut également mise en doute, car à l'époque pour conserver le corps, on pouvait l'embaumer en partie avec du mercure pour sa conservation. Mais il semble bien qu'une surdose de mercure soit à l'origine de sa mort, surdose probablement pas accidentelle car à l'époque cette méthode était couramment utilisée et bien maitrisée.

Déroulement de l'enquête de Philippe Charlier

En 1450, Agnès Sorel, maîtresse du roi Charles VII, est décédée subitement au manoir normand du Mesnil à Jumièges, suite à un "flux au ventre" selon les chroniqueurs de l'époque. Son cœur a été enterré dans l'Abbaye de Jumièges et son corps a été inhumé dans l'église de Notre-Dame de Loches. En 2004, ses ossements ont été exhumés et la même année, une équipe de 22 spécialistes de 18 laboratoires et institutions, coordonnée par le docteur Philippe Charlier, a effectué des analyses sur les restes du corps supposés d'Agnès Sorel.

Il a fallu déterminer si le corps était bien celui de la dame de Beauté

Des scientifiques ont examiné des restes humains pour vérifier s’ils appartenaient à la maîtresse de Charles VII. Ils ont utilisé plusieurs méthodes pour confirmer leur hypothèse. L’analyse du crâne a révélé des caractéristiques féminines et l’analyse des cheveux a montré qu’il s’agissait d’une femme européenne blonde. Malheureusement, aucun ADN nucléaire n’a été trouvé.

Puis ils ont examiné les sutures crâniennes, l’usure dentaire et l’arthrose pour déterminer l’âge de la personne. Ils ont conclu qu’elle avait entre 25 et 30 ans. De plus, la reconstitution du visage à partir du crâne a montré une grande ressemblance avec le gisant d’Agnès Sorel à Loches et son portrait dans une œuvre de Jean Fouquet.

L’âge au moment de la mort a été évalué entre 20 et 30 ans grâce à l’analyse des dents et des sutures crâniennes. L’examen microscopique du cément dentaire a permis de déterminer qu’elle était morte entre 23 ans 9 mois et 27 ans 9 mois. Les historiens avaient précédemment estimé la naissance d’Agnès Sorel entre 1409 et 1425.

L’analyse des dents a également révélé le nombre de grossesses grâce aux anneaux de cément plus larges lors de la gestation. Trois anneaux larges consécutifs ont été identifiés, correspondant à trois grossesses à 18, 19 et 20 ans.

 

Le gisant d'Agnès Sorel

 

Le gisant d’Agnès Sorel est un monument funéraire situé dans l’église Saint-Ours de Loches. Il représente Agnès Sorel allongée sur un large socle de marbre noir. La statue est en albâtre et montre un visage calme et serein. Elle est vêtue d’un surcot bordé d’hermine et ses cheveux sont ceints d’une couronne.

Le tombeau a connu de nombreuses tribulations, particulièrement pendant la Révolution française. Le 2 avril 2005, les restes d’Agnès Sorel ont été replacés dans leur tombeau, réinstallés dans la nef de gauche de l’église Saint-Ours de Loches comme elle le souhaitait dans son testament, et après une cérémonie religieuse, le gisant a été remis sur le tombeau puis scellé à celui-ci.

Le tombeau comportait plusieurs épitaphes, certaines ont disparus, notamment cette très jolie dédicace, qui commence par :

« Dans cette tombe repose une douce et simple colombe, Plus blanche que les cygnes, plus vermeille que la flamme. Agnès la belle demeure maintenant au fond de la terre. »
Actuellement, cette phrase est sculptée tout autour du gisant :

« Ci-gît noble damoiselle Agnès Seurelle, en son vivant dame de Beauté, de Roquesserière, d'Issoudun et de Vernon-sur-Seine, piteuse envers toutes gens et qui largement donnait de ses biens aux églises et aux pauvres, laquelle trépassa le 9e jour de février, l'an de grâce 1450. Priez Dieu pour l'âme d'elle. »

 

 

 

gisant agnes sorel collegiale de Loches

Le gisant d'Agnès Sorel à Loches, une de ses résidences favorites.

 

gisant agnes sorel

agnes sorel gisant tombeau loches

 

 

Sources : panneau à Loches, Fiches Editions Atlas, article  Agnès Sorel, une reine de coeur victime du mercure :Par Nathalie Raulin — 

 


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