Les visages de la Sainte-Chapelle de Saint-Germain-en-Laye, Basilique de Saint-Denis et de la Sainte-Chapelle de Paris

une des clés de voûte de la Basilique de Saint-Denis qui ressemble fortement au personnage de la Sainte-Chapelle mais peut-être récent.

Une des particularités de la Sainte-Chapelle de Saint-Germain-en-Laye, de la Sainte-Chapelle de Paris et de la Basilique de Saint-Denis est d'avoir en clef de voûte des visages représentant probablement la famille royale de l'époque, en l'occurence la famille royale de Saint-Louis. Si l'identification des visages n'est pas aujourd'hui totalement élucidée par un manque de représentation, on a cependant des indices parfois concordants.

 

Historique
source : source sur place, documentation diverses, Salomon Reinach, La Sainte Chapelle du Château de Saint-Germain-en-Laye,

 

La Sainte-Chapelle Palatine de Saint-Germain-en-Laye, fut probablement édifiée en 1238, soit une dizaine d'années avant la Sainte-Chapelle de Paris ( 1248 ).En dehors de son architecture novatrice pour l'époque, elle bénéficie également de clefs de voûtes avec des visages de la famille royale.


Salomon Reinach fut d'ailleurs l'un des premiers  à s'y intéresser vraiment, il était alors Conservateur du Musée des Antiquités Nationales ( ancien nom du Musée de l'Archéologie Nationale). Il est le premier,  à ma connaissance, à avoir identifié l'une des têtes des clefs de voûtes, en l’occurrence celle dite de Saint-Louis. Avec les moyens et les connaissances de l'époque, dont les siennes étaient déjà très en avance sur son temps.

Aujourd'hui cette identification plausible de la famille royale reste néanmoins une théorie.

En effet le visage de Saint-Louis ne ressemble pas beaucoup à ceux qui pourraient le représenter dans d'autres endroits , comme les statues et croquis. Mais il faut constater que ces représentations qui ont des points communs parfois, n'ont pas toujours été réalisés de son vivant ou quelques années plus tard. Cela ne préjuge par forcément d'une discordance importante avec la réalité, mais il est difficile d'en connaître exactement sa valeur puisqu'aucun portraint de Saint-Louis ne nous ai parvenu à ce jour sans qu'il y ait un doute. Pour autant il est assez certain que de son vivant il y en ai eu, ces représentations sont-elles fidèles à ces éventuels portraits ? difficile à dire aujourd'hui.

En tout état de cause si le portrait réalisé sur cette clé de voûte est conforme à l'original, si c'est bien Saint-Louis qui est représenté, on aurait un visuel assez proche probablement de la réalité tant les traits sont fins et différents des autres clé de voûtes de la Sainte-Chapelle.

  

Sur la gauche une statue probablement du XIIIe ou début XIVe siècle, aujourd'hui au musée de Cluny à Paris, et sur la droite un croquis du XVIIe probablement repris des fresques du Couvent des Cordelières de l'église de Sainte-Claire l'Ourcine, fondée par Marguerite de Provence devenue veuve et continuée par leur fille Blanche ( aujourd'hui disparue , détruite au XIXe et au XXe pour mettre à la place l'Hôpital Broca ). Si on enlève la barbe la ressemblance entre les deux est assez frappante. On est cependant assez loin de celle de la clé de voûte de Saint-Germain-en-Laye, sauf éventuellement au niveau du nez et de la partie haute. Néanmoins l'âge devait être différent, 20 à 24 ans pour la Sainte-Chapelle et peut-être entre 40 et 56 ans environ pour les deux derniers, on peut donc imaginer une évolution liée à l'âge...si bien évidemment l'une de ses représentations est fidèle à la réalité.

 

Le moulage réalisé à la demande d'Eugène Millet est atroce, grossissant d'une manière extrême le visage par un gros nez, une grosse joue et un sourire bien trop marqué par rapport à l'original. Il serait nécessaire d'en refaire un autre, plus proche de la réalité que de montrer fièrement cette horreur, au moins pour garantir une certaine fiabilité par rapport à l'original bien mieux travaillé.


Selon les études aujourd'hui sur le sujet, voir le personnage mis en avant comme Saint-Louis représenterait également son défaut congénitale du muscle sterno-cléido-mastoïdien, qui l'obligerait à pencher sa tête et l'enfoncer dans ses épaules. En regardant de profil et de face la clef de voûte, on ne peut pas dire que ça soit très flagrant, on pourrait faire le même constat avec l'autre portrait dit de  Robert d'Artois.
 

SONY DSC                                                      Portraits dit de Saint-Louis à la Sainte-Chapelle de Saint-Germain-en-Laye

                               le moulage à gauche en plâtre et à droite la clef de voûte originale...vous pourrez remarquer la différence importante et la qualité de  reproduction qui est mauvaise.


                                Blanche de Castille                                 

de gauche à droite, portraits présumés : Robert d'Artois, Blanche de Castille ( voir ma remarque ci-dessous ) selon certains ouvrages aujourd'hui, Marguerite de Provence et Mahaut de Brabant.

Il est très peu probable que le visage soit celui de Blanche de Castille, tout d'abord parce qu'on a clairement un visage d'homme puis les cheveux sont mi-long, plutôt rare pour une femme à l'époque. Il faut aussi noter que si la Sainte-Chapelle est terminée en 1238, Blanche de Castille est déjà décédée depuis trois ans environ. Les femmes sont rarements représentées en cheveux mi-long, mais plutôt avec un voile ou cheveux long selon notamment si elles sont rentrées dans les ordres ou simplement veuves par exemple. Salomon Reinach semblait plutôt penser à Robert d'Artois, ce qui serait plus logique en effet et il est probablement dans le vrai. Le fait qu'elle soit en opposition sur la clé de voûte de Marguerite de Provence ne signifie par forcément une opposition liée à leur relation , il est vrai difficile. 

Le fait également que les personnages se font face n'engage en rien qu'ils soient les époux, par exemple à l'église de Champigny-sur-Marne, construite du XIIe ou XIIIe, les probables époux s'opposent sur la même clef de voûte. On remarquera déjà un fort soucis du détail et une qualité de travail important, la différence notoire se fait au niveau des épaules qui sont inexistantes sur cette petite église à la différence de la Sainte-Chapelle.


 



clé de voûte de l'église de Champigny-sur-Marne, à la différence de la Sainte-Chapelle de Paris ou Saint-Germain, il n'y a pas les épaules, par ailleurs elles sont sur la même clef de voûte. Elles ont été réalisées probablement plus tardivement à la fin du XIIe ou début XIIIe. Elles représentent probablement le seigneur de Champigny et sa femme.
 

Dans  l'église de Nogent-sur-Marne - Saint-Saturnin, les personnages eux ne comportent ni cou, ni épaules mais sont sur la même clef de voûte en opposition, et leurs représentations semblent plus symbolique par un manque cruel de détail, même si il n'est pas interdit de penser que les têtes furent très largement endommagées par le temps. On notera l'accentuation des yeux prononcées par un deuxième trait  pour Champigny-sur-Marne et Nogent-sur-Marne, ce qui n'est pas le cas à Saint-Germain-en-Laye. Pour autant il est probable que les clefs de voûtes de Nogent-sur-Marne soient plus ancienne que celles de Champigny-sur-Marne, car les nez sont assez proche de ce qu'on peut retrouver notamment, par exemple, sur une cuve baptismale à Corbeny, datée probablement du XIIe.
 



clés de voûtes de l'église de Nogent-sur-Marne

 

Il faut remarquer également que la basilique de Saint-Denis et la Sainte-Chapelle de Paris comportent également des têtes en clef de voûte dont les différences avec celles de Saint-Germain-en-Laye semblent importantes.

Il faut également dater les nefs et donc leur probable mise en place des clefs de voûtes avec personnages. Vers 1238 pour la Sainte-Chapelle de Saint-Germain-en-Laye, 1248 pour la sainte-chapelle de Paris et plus tardivement vers 1260 pour la Basilique de Saint-Denis. Pour celles de Nogent-sur-Marne ça serait donc plutôt début XIIe et Champigny-sur-Marne , fin XIIIe.

Clé de Voûte de la Basilique de Saint-Denis et celle de la Sainte-Chapelle de Paris ( photo de droite ou en bas ). Celle de Paris serait identifiée comme Philippe, fils de Saint-Louis, ce qui est tout de même assez étrange au vu du visage efféminé.


 

Photographies

Clef de voûte de la Sainte-Chapelle de Saint-Germain-en-Laye

 

Clef de voûte de la Basilique de Saint-Denis

 

Clef de voûte de la Sainte Chapelle de Paris


Recherche sur le site