La Fête des Lumières : Une Tradition Séculaire, entre Foi et Modernité
Chaque année, début décembre, Lyon devient le théâtre d’un spectacle unique au monde : la Fête des Lumières. Cet événement, qui mêle ferveur religieuse, innovation artistique et effervescence populaire, attire des millions de visiteurs et projette la ville sur la scène internationale, mais connaissez vous les origines de cette fête ?
La Fête des Lumières trouve ses origines dans une promesse faite à la Vierge Marie en 1643. En pleine épidémie de peste, les échevins de Lyon s’engagent à honorer la Sainte Vierge si l’épidémie prend fin. Depuis, chaque 8 septembre, jour de la Nativité de Marie, un cortège solennel se rend à la basilique de Fourvière pour renouveler le « Vœu des Échevins ».
1852, la première année des lumières
Mais c’est en 1852 que le 8 décembre s’impose comme une date clé. Ce jour-là, la ville doit inaugurer la statue de la Vierge sur la chapelle de Fourvière, une œuvre du sculpteur Joseph-Hugues Fabisch. En raison de conditions météorologiques capricieuses, les festivités sont initialement annulées. Toutefois, les Lyonnais, refusant de renoncer à cet événement attendu, illuminent spontanément leurs fenêtres avec des lumignons, marquant ainsi le début d’une tradition.
Il faut noter qu'à cette époque les bougies ont un coût bien moins élevées qu'au Moyen-Âge et permet donc d'être populaire.
La Naissance d’une Fête Populaire
Depuis cette nuit de 1852, les Lyonnais illuminent leurs fenêtres chaque 8 décembre. Progressivement, cette coutume devient une fête populaire. En 1989, sous l’impulsion de la municipalité de Michel Noir, la fête prend un nouvel élan avec des mises en lumière de monuments. En 1999, elle s’étend sur quatre jours, devenant la « Fête des Lumières », un événement à la fois artistique et touristique.
Un Événement Artistique et International
Aujourd’hui, la Fête des Lumières est une véritable vitrine de la création contemporaine. Les plus grands concepteurs de lumières, venus de France et du monde entier, transforment la ville en un immense musée à ciel ouvert. Des lieux emblématiques comme la place Bellecour, la colline de Fourvière, le parc de la Tête-d’Or et la cathédrale Saint-Jean accueillent des œuvres éphémères alliant innovation, poésie et technologies avancées.
En 2019, la fête a attiré 1,8 million de visiteurs, dont de nombreux étrangers, principalement venus d’Europe, mais aussi du Moyen-Orient. Elle est aujourd’hui considérée comme l’un des plus grands rassemblements festifs au monde, aux côtés du Carnaval de Rio ou de l’Oktoberfest.
Une Fête Résiliente et Évolutive
Malgré des interruptions marquantes, comme en 2015 après les attentats de Paris ou en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19, la Fête des Lumières a su préserver son esprit. Ces moments difficiles ont ravivé l’attachement des Lyonnais à leurs traditions, qui illuminent leurs fenêtres en signe d’hommage ou de solidarité.
En 2021, la fête a signé son retour, avec des œuvres spécialement conçues pour les enfants et les familles, reflétant l’approche inclusive de la nouvelle municipalité écologiste. Chaque édition témoigne d’un subtil équilibre entre respect des traditions, innovations artistiques et enjeux contemporains.
Un Rayonnement Culturel et Touristique
Véritable joyau culturel, la Fête des Lumières incarne la richesse patrimoniale et la créativité lyonnaises. Elle est aussi le reflet de la résilience d’une ville qui, malgré les épreuves, continue de célébrer la lumière comme un symbole d’espoir, de communion et de beauté.
Rendez-vous chaque décembre, en général la première semaine de décembre, pour une expérience unique où la lumière transcende l’obscurité et rassemble des millions de cœurs autour de ce qui fait la singularité de Lyon.
Charles VII a-t-il trahis ou abandonné Jeanne d'Arc ?
Quelques éléments de réponses.
Charles VII et Jeanne d'Arc , peinture du XVIIe, portraits probablement repris du monument au pont des tourelles ( détruit à la révolution française ) . Actuellement au musée archéologique et historique à Orléans.
Charles VII a été un roi complexe et encore relativement méconnu, voir méprisé, aujourd'hui, il était dans une situation relativement difficile à la limite de l'exode et de la chute du royaume de France, en effet même l'île-de-France, dont le royaume était légataire et originaire, était occupé par les Anglos-Bourguignons.
Charles VII est dans cette lignée de roi totalement désavoué aujourd'hui, l'accusant de tous les maux. Pourtant son règne est loin d'être mitigé, au contraire il est peut-être même miraculeux au vu de la situation où il s'est trouvé en 1422.
Après la capture de la Pucelle le 23 mai 1430 à Compiègne, il a été souvent dit que Charles VII n'a strictement rien fait pour la libérer. S'il n'existe pas de trace historiquement irréfutable d'une tentative de libération et de négociation pour sa libération par le roi, il y a tout de même des faisceaux d'indices qui démontrent le contraire.
Contexte
Tout d'abord le départ de Jeanne d'Arc du château de Sully-sur-Loire vers Compiègne reste assez mystérieux, il est assez difficile de savoir si elle est partie en prenant congé du roi, donc avec son autorisation, ou de son plein gré sans l'accord, tacite ou non, de Charles VII.
Cependant Perceval de Cagny, chroniqueur du Duc d'Alençon, donc assez bien informé et relativement proche en général de la réalité historique dans sa chronique, y consacre un chapitre entier preuve s'il en est que ça lui a marqué l'esprit, en voici un extrait :
« Comme la Pucelle se partit du Roy »
« le ( date inconnue, mais Jeanne écrit une lettre le 28 mars à la ville de Reims, elle y est donc au moins jusqu'à ce jour-là ) jour de mars ( 1430 ), le roy était en la ville de Sully sur Loire, la Pucelle qui avait vu et entendu tout le fait et la manière que le roy et son conseil tenaient pour le recouvrement de son royaume, elle, très mal contente de cela, trouva manière de se départir d'avec eux ; et sans que le roi ne le sache elle pris congé de lui, elle fit semblant d'aller se ressourcer, et sans se retourner s'en alla à la ville de Lagny-sur-Marne, parce que ceux de la place faisaient bonne guerre aux Anglais de Paris et d'ailleurs. »
Ce n'est pas la première fois que Jeanne fait faux bond, il faut se rappeler comment, avec la complicité de son "cousin" Durant Laxart*, elle avait menti à ses parents pour partir à Vaucouleurs. On peut aussi se poser la question si Perceval de Cagny ne cherche pas dans ce chapitre à « cautionner » sa capture en insistant sur sa rébellion, il semble en tout cas ne pas chercher à minimiser ses faits d'armes et sa victoire notamment du côté de Lagny dans les champs de Vaires-sur-Marne, toujours dans le même chapitre, ce qui est étonnant pour quelqu'un qui chercherait à minimiser son action :
« Elle sut leur venue ( des bourguignons avec Franquet d'Arras ), fit monter ses gens à cheval, et alla à leur rencontre malgré leur nombre supérieur, entre la dite place et , elle ordonna à ses gens de se jeter sur leurs rangs. Ils y trouvèrent peu de résistance, et de trois à quatre cents Anglais trépassèrent. La venue de la Pucelle fit grande rumeur et grand bruit à Paris, et dans d'autres places opposées au roi. Après cet exploit, la Pucelle passa le reste de son temps jusqu'au mois de mai, à Senlis, à Crépy-en-Valois, à Compiègne et à Soissons. » Historiquement parlant le chroniqueur du Duc d'Alençon est dans le vrai, l'est-il totalement sur la « fuite » de la Pucelle ? Difficile à dire, mais la réaction de la Pucelle d'Orléans semble conforme à son caractère habituel.
Lors de la Praguerie, Charles VII a été particulièrement vindicatif, voir rancunier, et expéditif pour ceux qui lui ont désobéit. Charles VII a d'ailleurs été très souvent à cheval sur son autorité, mais il pardonnait cependant assez facilement à celui qui se soumettait à son règne, excepté pour la Praguerie.
C'est un élément important du caractère de Charles VII, si éventuellement il y a eu désobéissance de Jeanne comment a-t-il réagit lors de sa capture ? Comment ses proches l'ont ressenti ? On a peu d'information à ce sujet. L'autre question qui revient souvent, a-t-elle été trahie par des proches du roi ?
On a une réaction de l'entourage du roi de Bourges, Regnault de Chartres qui dans une lettre adressée aux habitants de Reims estime ( selon l'analyse de Jean Rogier ) : « il donne son avis sur la prise de la Pucelle devant Compiègne : elle ne voulait croire conseil, ainsi faisait tout à son plaisir ». Cette lettre de Regnault de Chartres a cependant disparu, seul Jean Rogier en a fait un maigre compte-rendu. Le contexte est simple, Regnault de Chartres est chancelier du Royaume de France, mais aussi un proche de la Trémoille , personnage au rôle ambigu avec les Bourguignons, conseiller et favori du roi, mais aussi de Guillaume de Flavy, capitaine de Compiègne et du château de Nesles, dont il a des liens familiaux.
*Durant Laxart a souvent été considéré comme son oncle, car Jeanne elle-même le désignait comme telle, mais c'est en fait le mari de sa cousine.
Les réactions connues de Charles VII
Charles VII par Jean Fouquet, actuellement au musée du Louvre, retravaillé en IA.
Il est souvent mis à la trappe quelques témoignages et faits contemporains au Roi qui mettent sérieusement en doute la théorie selon laquelle Charles VII aurait abandonné la Pucelle et n'aurait eu aucun, ou presque, regret de sa perte.
Le débat à ce sujet existe encore aujourd'hui même si la majorité des historiens, exepté probablement Régine Pernoud bien plus neutre, actuels et passés, semblent vouloir le clore, sans autre forme de procès, estimant ne pas avoir de pièces justificatives sur ce sujet. Pourtant l'Averdy a fait un travail remarquable, peut-être critiquable, mais dont l'analyse n'est pas en défaut.
Il est notamment l'un des premiers à soumettre l'idée que Charles VII a probablement tenté de payer la rançon. Jean de Luxembourg reçoit notamment une lettre de l'Université de Paris, à une date indéterminée, dont la teneur vigoureuse est la suivante :
« comme on dit aucuns des adversaires soy vouloir efforcier de faire ( libérer la Pucelle ) et appliquer à ce tous les entendemens par toutes voyes exquises, et qui pis est, par argent ou rançon »
Pierre Cauchon, l'évêque de Beauvais est encore plus vindicatif et menace, entre les lignes, le Duc de Bourgogne et Jean de Luxembourg :
« Combien que la prise d'icelle femme ne soit pareille à la prise de Roy, Princes et autres gens de grand estat, lesquels toutes voies, se prins estoient, ou aucun de tel estat, le Roy pourrait avoir en baillant au preneur dix mille frans, selon le droit, usage et coutume de France »
L'Averdy démontre assez justement qu'il était relativement impossible au roi de France de libérer la Pucelle par la voie des négociations habituelles, de ce qu'on appellerait aujourd'hui une prise d'otage de guerre.
C'est quelque chose qui me semble à mon avis tout à fait logique, comment Jean de Luxembourg et le Duc de Bourgogne auraient-ils pu prendre le risque de libérer la Pucelle vu les lettres assez directes de l'Université de Paris, de Pierre Cauchon, du Duc de Bedford et du Roi d'Angleterre.
Il faut admettre qu'on est pas seulement dans une affaire de rançon et de captivité, mais bien dans une affaire politique, judiciaire, d'influence et religieuse.
Jean de Luxembourg est peut-être avide d'argent, ce qui est reste à prouver, mais il a fait trainer le plus longtemps possible avant de la donner aux Anglais, capturée en Mai c'est seulement vers le mois de Novembre qu'elle fut définitivement rendu a Cauchon, qui fait d'ailleurs parti du Conseil du Roi d'Angleterre. Il a attendu bien évidemment le paiement de la totalité de la rançon, preuve s'il en est que la confiance n'est pas de mise et qu'il n'était pas si pressé de la donner malgré les menaces...Pierre Cauchon a d'ailleurs fait plusieurs déplacement pour s'assurer de la loyauté des Bourguignons et de Jean de Luxembourg, à ce jeux là il était peut-être le plus motivé.
Pierre Sala, a été au service de Charles VIII vers 1480, il obtient des informations de Guillaume Gouffier chambellan de Charles VII : « depuis il plait à dieu d'ordonner les choses, cette sainte pucelle fut prise et martyrisée par les Anglais : dont le roi ( charles VII ) fut grandement triste, mais qu'il ne pouvait y remédier » [ L21 – P253
- Le pape Pie II dans son récit sur la Pucelle décrit la réaction du roi [ L11 – Tome V – P518 ]
Carolus ets vivirginis obituma cerbissime tulit ,non tamen sibi ipse defuit, multa per se, multa per duces suos,non solum adversus Anglos,verum et adversus Burgundos prælia gessit digna memoratu, quæ fortasse huic operi inseremus» qui peut se traduire de la manière suivante : « le roi d'un goût amer appris la perte de la vierge » la suite n'a pas été traduit par Ayroles, très probablement parce que la traduction est difficile voir impossible.
* en latin le terme « cerbissime » se traduit par « acrimonie » qui veut dire « mauvaise humeur » ou « amer ».
- Valeran Varanius ( appelé aussi Valerand de la Varanne, docteur en théologie de l'Université de Paris ) écrit un poème publié en 1516 sur la pucelle, selon Dufresne de Beaucourt l'ensemble des écrits du poète sont « vraisemblables », sans pour autant pouvoir apporter une preuve irréfutable sur les sources du poète.
De gestis Johannæ virginis Francæ egregiæ bellatricis libri quattuor versu heroico (Paris, Jean de La Porte, 1516) est un poème épique en vers héroïques retraçant l’histoire de Jeanne d’Arc, depuis sa naissance jusqu’à sa mort. Composé de plus de trois mille hexamètres dactyliques répartis en quatre livres, il s’inspire des actes du procès de Jeanne d’Arc, découverts dans la bibliothèque de l’abbaye Saint-Victor, tout en y intégrant des éléments mythologiques. L’œuvre est dédiée à Charles de Hangest, évêque de Noyon, et à Georges II d’Amboise, archevêque de Rouen.
Mais c'est l'apport d'une phrase qui transparait du roi qui a toute son importance :
« Tout ce que nous avons pu faire, par les armes et l'épée, nous l'avons tenté »
Cette phrase seule n'expliquerait rien, mais c'est la présence du Comte de Dunois, de la Hire ainsi que de Gilles de Rais dans la proche banlieue de Rouen, à Louviers, qui met en lumière certains faits. Elle permet de se poser des questions sur leurs présences aussi loin en profondeur dans les terres soumises à l'Angleterre et si proche de la capitale Anglaise dans le nord de la France.
Après la capture à Compiègne, le transfert entre Jean de Luxembourg et les Anglais qui est finalisé à Arras après le paiement en plusieurs fois de la rançon, L'université de Paris, au service des Bourguignons et des Anglais, est très inquiète. Pierre Cauchon fait faire un détour de plusieurs centaines de Km à la Pucelle pour la faire venir à Rouen...pourquoi faire un détour si long et périlleux, si il n'y a pas de risque, sachant qu'on est en territoire contrôlé par les Anglais, même si ce n'est pas très homogène.
Extrait d'une lettre de l'Université de Paris :
« doubtons moult que par la malice et subtilite des mauvaises personnes, vos ennemis et adversaires, qui mettent tout leur cure, comme l'en dit, à vouloir délivrer icelle par voyes exquises, elle soit mise hors de votre subjection par quelque manière »
Charles VII pouvait-il faire plus ?
Libérer la Pucelle par voie militaire aurait été périlleux, Compiègne était encerclée, les armées Anglo-Bourguignonnes très présentes en Picardie et les négociations pour une paix avec le Duc de Bourgogne étaient toujours d'actualité.
Charles VII avait dissous l'armée au châteaude Gien après l'échec de Paris, réorganiser une armée, prendre le risque d'attaquer en Normandie directement aurait été très risqué et d'une efficacité douteuse. Il faut aussi prendre en compte les faits suivants :
- L'Université de Paris était aux mains des Anglais et surtout du Duc de Bourgogne, impossible d'intervenir malgré la présence de prélats du côté français.
- Il a été souvent évoqué que Charles VII n'a pas fait appel au Pape, mais le Pape Martin V, de Rome, était relativement affaiblit. Certes le Grand Schisme d'Occident était terminé en 1417-1418 après le concile de Constance, mais son pouvoir était fragile, il pouvait à tout moment être déposé. Il meurt par ailleurs en février 1431, le lendemain le procès publique débute pour Jeanne. Il faut rappeler que les relations entre le Pape de Rome, à l'instar d'un Antipape d'Avignon, et la royauté française était fragile. Eugène IV est intronisé Pape le 11 mars 1431, le procès a très largement débuté et ses relations avec le roi d'Angleterre sont plutôt bonne alors qu'avec le roi de France c'est la méfiance réciproque qui prédomine.
- La « Pragmatique Sanction de Bourges » limite, par décision de Charles VII le 7 juillet 1438, le pouvoir du Pape en France tout en s'assurant de la loyauté du clergé français. Cette pragmatique Sanction alors sous Eugène IV rend impossible un procès de réhabilitation sous son règne, la tâche sera nettement facilité par la suite avec Nicolas V que Charles VII va soutenir notamment contre l'antipape Félix V. Preuve s'il en est que la relation entre le pape et le roi de France est très tendue et relativement très compliquée.
Toujours facile de dire plusieurs siècles plus tard, il aurait du faire ceci ou cela.
Quelles solutions s'offraient alors au roi de Bourges ?
- Le paiement d'une rançon
Impossible ou très difficile, ni Jean de Luxembourg, ni le Duc de Bourgogne en aurait pris le risque, quel que soit à mon avis la somme avancée, la pression de l'église et des Anglais était très forte, voir menaçante. Le roi d'Angleterre menaçait même Jean de Luxembourg de représailles économiques, penser que seul l'argent importait à Jean de Luxembourg est assez étrange d'autant qu'on en sait relativement peu sur lui. Rappelons que payer une rançon astronomique peut aussi desservir les troupes royales, l'argent était le nerf de la guerre.
- Tenter de soudoyer les gardiens, soldats Anglais ou habitants de Rouen.
Là encore difficile, d'autant que seul Pierre Cauchon et le capitaine de Bouvreuil pouvaient donner une autorisation de visite. Ça aurait pu être faisable probablement au château de Beaulieu-les-Fontaines. De plus après l'affaire de Ricarville en 1432, on constate que les Rouennais sont plutôt du côté Anglais, il ne faut donc pas attendre de la part des habitants une quelconque aide ou alors très isolée.
- Faire une opération « commando » pour la libérer
Encore fallait-il connaître ses déplacements, ses lieux de détentions qui évoluaient constamment après le Château de Beaulieu-les-Fontaines, puis après Arras jusqu'à Rouen. On peut voir encore aujourd'hui que libérer par la force une prise d'otage est souvent périlleux, difficile et se termine souvent dramatiquement....la mort de l'otage Denis Allex lors de l'assaut et de deux agents de la DGSE démontrent que les films "portés disparus" et "rambo" sont des fictions, si il existe des libérations de prise d'otage qui se termine "bien" cela reste de l'ordre de l'exception.
Lors du procès à Rouen la ville n'aurait pu être prise en quelques jours sans la complicité éventuelle d'un traitre parmi les Anglais ou la population Rouennaise, ce qui arriva en 1432 mais se soldera par un échec à cause principalement d'un manque de coordination. Un siège militaire aurait pris plusieurs semaines, voir plusieurs mois, de plus le risque d'une contre attaque des armées Anglaises lors du siège aurait rendu l'expédition très hasardeuse, voir suicidaire, au vu de la situation.
Quelques illustres otages qui ont eu des fins diverses pendant la guerre de Cent-Ans
Jean d'Orléans n'a pu être libéré que 32 ans après sa capture par les Anglais. Il est le cousin du roi.
Le maréchal Jean II le Meingre ( dit Boucicaut ) capturé à Azincourt , il est mort en captivité, les Anglais ayant toujours refusé de le libérer.
Charles d'Orléans capturé à la Bataille d'Azincourt le vendredi 25 octobre 1415 est resté 25 ans à la prison de Londres, il ne doit sa liberté que par le paiement de la somme astronomique de 220 000 livres (110 000 selon Régine Pernoud ) ( soit 220 fois plus que la Pucelle d'Orléans ), il est le cousin germain de Charles VII.
Le 19 septembre 1356, Jean le Bon est battu et fait prisonnier à la bataille de Poitiers, il n'est libéré que 4 ans plus tard après une rançon d'un million d'écu, somme astronomique pour l'époque, après d'infames tractation et chantage. Lors de son retour il crée le Franc le 5 décembre 1360 dans le but de payer les Anglais.
On peut voir que libérer une prisonnier pendant la guerre de Cent-Ans, n'est pas aussi évident et que c'est plus facile à dire quelques siècles plus tard qu'à faire.
Il est vrai qu'il a été reproché au roi de ne pas avoir tout fait pour les faire libérer plus tôt ( Jean et Charles d'Orléans ), mais là aussi en était-il capable avant ? Bien sûr les esprits chagrins peuvent toujours dire qu'il fallait en faire encore plus...
La présence du Comte de Dunois, La Hire et Gilles de Rais à Louviers ville proche de Rouen.
Si leur présence ne résout rien et ne prouve rien, elle fait cependant parti de ces faisceaux d'indices concordants d'une éventuelle tentative de libération. Il est relativement évident que c'est une présomption, mais d'autant plus crédible qu'il s'agit des plus proches compagnons de la Pucelle.
Soulignons qu'aucun de ces compagnons n'ont fait état d'une quelconque intervention à ce titre...peut-être parce qu'elle n'était pas très glorieuse surtout après l'échec de la désastreuse « bataille du Berger » pendant l'été 1431.
Chronologie
Décembre 1429, La Hire prends la ville de Louviers aux dépends des Anglais. La ville est à peine 28km de route, donc sept lieues environ, soit à peu près 1 journée de cheval de Rouen.
Le 26 décembre 1430, Gilles de Rais rejoint La Hire à Louviers. Jeanne est enfermée à Rouen depuis un jour ou deux. Il faut remarquer que Gilles de Rais est dans les environs depuis quelques temps déjà. Sa présence est attestée par une quittance donnée à son écuyer Roland Mauvoisin alors capitaine de Princay pour l'achat d'un cheval « moreau, sellé et bridé » pour la somme de 260 écus. Ce cheval était acheté pour Michel Machefer, écuyer. [ L20 – P 103 ].
Jean de Dunois, Bâtard d'Orléans, rejoint La Hire à Louviers. Le 14 mars 1431 il reçoit une quittance de 3000 livres que Charles VII avait ordonné le 12 mars 1431. 2000 Livres devaient amener des « gens d'armes » en la compagnie de Dunois et 1000 Livres pour le Pont de Meulan du côté de Cergy mais proche de Château Gaillard. [ L21- P255 ]
Une nouvelle lettre le 2 avril 1431, ordonne de payer à Dunois 1200 Livres et la quittance est au 20 juin 1431.
Les Anglais tentent de reprendre la ville le 13 avril 1431, mais ils sont repoussés. [ L20 – P 103 ].
30 mai 1431, la Pucelle est brûlée vive sur la place du Marché à Rouen.
A la mi-août les Anglais font une vaste offensive contre les troupes françaises à Louviers, qui se solde par la défaite de ces derniers à la Bataille du Berger, La Hire est capturé et enfermé au Château de Dourdan.
La Cathédrale Saint-Jean de Lyon est également la primatiale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Étienne. C'est le siège épiscopal de l'archidiocèse de Lyon. Elle possède un double statut : celui de cathédrale et de primatiale, en raison du titre de « primat des Gaules » conféré à l’archevêque de Lyon.
Située dans le cinquième arrondissement de Lyon, au cœur du quartier médiéval et Renaissance du Vieux Lyon, elle constitue un élément emblématique de la ville. Durant le Moyen Âge, elle appartenait à un vaste ensemble ecclésial, le groupe cathédral, comprenant notamment les églises Saint-Étienne et Sainte-Croix, détruites lors de la Révolution française, ainsi que la manécanterie, encore existante aujourd’hui.
À l'origine, l’église était dédiée à saint Étienne, tandis que son baptistère honorait saint Jean-Baptiste. Cependant, comme souvent, le nom du baptistère a fini par s’imposer pour désigner l’ensemble de l’édifice. La première cathédrale, mentionnée dans les sources sous le nom de maxima ecclesia (« grande église »), fut construite par Patient. La seconde, édifiée au IXᵉ siècle par Leidrade, était plus vaste.
L’édifice actuel, fruit d’un projet s’étalant sur trois siècles (1175-1480), reflète la transition architecturale entre le style roman et le style gothique. Trois archevêques ont marqué son évolution : Guichard de Pontigny lança la construction en style roman ; Jean Belles-mains amorça la transition vers le gothique, bien que les techniques en soient encore balbutiantes ; enfin, Renaud de Forez transforma le projet, profitant des avancées techniques, pour lui donner son aspect actuel. Contraintes géographiques (entre colline et rivière) et rivalités politiques au Moyen Âge ont limité l’espace disponible pour la construction, ce qui explique les dimensions modestes de l’édifice, ainsi que son ornementation, moins riche que celle des cathédrales du Bassin parisien.
Au fil des siècles, la primatiale a subi de lourds dégâts : lors des guerres de Religion en 1562, puis pendant la Révolution française et le siège de Lyon en 1793. Restaurée au XIXᵉ siècle, elle bénéficie d’un nouvel élan sous la direction de l’architecte Tony Desjardins, qui cherche à lui redonner un aspect médiéval sublimé, fidèle à l’esprit gothique du XIIIᵉ siècle. Ses travaux incluent des ajouts comme des flèches et un relèvement de la charpente, mais certaines modifications, vivement critiquées, restent inachevées.
Au XXᵉ siècle, les restaurations se poursuivent, mais les conflits mondiaux les interrompent. En septembre 1944, le retrait des troupes allemandes provoque des sabotages endommageant gravement les vitraux. Leur remise en état, ainsi que des travaux sur les façades et l’intérieur, occupent la seconde moitié du XXᵉ siècle et le début du XXIᵉ.
Classée monument historique en 1862, la primatiale fait partie depuis 1964 du premier secteur sauvegardé de France. En 1998, elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en raison de son emplacement dans le site historique de Lyon.
Lieu de culte majeur et paroisse du Vieux Lyon, la cathédrale demeure un symbole de l’identité liturgique lyonnaise, marquée par l’attachement au rite lyonnais. Cette spécificité explique, entre autres, qu’elle ait été la dernière cathédrale française à s’équiper d’un orgue, en 1841, et la modestie relative de cet instrument.
Enfin, la primatiale est une attraction touristique prisée pour sa localisation, ses événements, notamment durant la fête des Lumières, et son horloge astronomique du XIVᵉ siècle, restaurée en 2021.
Chronologie de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Lyon
IVe-VIe siècles : Premières églises chrétiennes à Lyon
IVe siècle : La ville de Lyon, alors appelée Lugdunum, est un centre religieux important de la Gaule romaine. C’est à cette époque que l’archevêché de Lyon s’installe sur la colline de Fourvière, où se trouvait la première église chrétienne dédiée à Saint-Jean-Baptiste.
VIe siècle : Le siège de l’archevêché est déplacé de Fourvière à la rive droite de la Saône, dans la basse-ville. Une première cathédrale dédiée à Saint-Jean-Baptiste est construite sur le site actuel. Celle-ci est probablement une basilique paléochrétienne, bâtie sur les ruines d’anciens édifices romains.
IXe-XIIe siècles : Développement du site et influence romane
IXe siècle : Sous l’impulsion des archevêques lyonnais, notamment Leidrade (archevêque de 798 à 814), la cathédrale est agrandie. Cette période marque également l’affirmation du rôle de Lyon comme centre religieux majeur.
XIe siècle : Une reconstruction de la cathédrale est entreprise dans le style roman. Les vestiges de cette époque incluent des fragments d’architecture et des éléments décoratifs visibles dans la crypte actuelle.
1175 : L’archevêque Guichard de Pontigny lance le chantier de reconstruction de la cathédrale dans le style gothique, influencé par les édifices d’Île-de-France. Ce chantier marque le début de la cathédrale que l’on connaît aujourd’hui.
XIIIe-XVe siècles : Épanouissement gothique
XIIIe siècle : Le chantier principal de la cathédrale gothique débute véritablement. La construction de la façade occidentale, de la nef et du chœur progresse sur plusieurs décennies.
1225-1250 : Le chœur, partie la plus ancienne encore visible, est achevé. Sa conception respecte le style gothique rayonnant, avec de grandes baies vitrées et des voûtes croisées d’ogives.
XIVe siècle : La construction se poursuit avec la réalisation des transepts et de la façade.
1308 : Le mariage royal entre Philippe le Bel et Jeanne de Bourgogne est célébré dans la cathédrale, marquant son importance politique et religieuse.
La célèbre horloge astronomique, l’une des plus anciennes d’Europe, est installée au cours de ce siècle. Conçue pour calculer des données astronomiques complexes, elle devient l’un des trésors de l’édifice.
XVe siècle : La construction s’achève après trois siècles de travaux. La façade occidentale, ornée de ses magnifiques rosaces et de son portail richement décoré, est finalisée vers 1480.
XVIe-XVIIe siècles : Guerres de religion et transformations
1562 : Lyon est touchée par les guerres de religion. La cathédrale subit des pillages de la part des troupes protestantes menées par le baron des Adrets. De nombreux trésors et œuvres d’art sont détruits.
XVIIe siècle : La cathédrale retrouve son prestige sous l’influence de l’Église catholique et du mouvement de la Contre-Réforme. Des travaux de restauration et d’embellissement sont entrepris. La liturgie lyonnaise, réputée pour sa spécificité, s’y développe avec éclat.
XVIIIe siècle : Décadence sous la Révolution
1779 : Une rénovation mineure est réalisée pour moderniser certains éléments. Cependant, des conflits internes au chapitre cathédral affaiblissent la gestion de l’édifice.
1793 : Pendant la Révolution française, la cathédrale Saint-Jean est saccagée. Elle est transformée en entrepôt et subit des dommages importants, notamment la destruction des sculptures de la façade et des trésors liturgiques.
XIXe siècle : Restauration et renouveau
1802 : Avec le Concordat de Napoléon Bonaparte, la cathédrale est rendue au culte catholique. Cependant, elle reste dans un état de grande détérioration.
1844-1862 : Une vaste campagne de restauration est entreprise sous la direction de l’architecte Pollet. Les parties endommagées sont réparées, et la façade est restaurée dans un esprit néogothique, fidèle à son style d’origine.
1859 : La cathédrale accueille le cardinal Louis-Jacques-Maurice de Bonald pour le concile provincial de Lyon, soulignant son rôle spirituel dans la région.
XXe siècle : Résilience et modernité
1905 : Avec la loi de séparation des Églises et de l’État, la cathédrale devient propriété de l’État français. Elle est classée monument historique.
1944 : Pendant la Seconde Guerre mondiale, la cathédrale échappe de peu à la destruction lors de la libération de Lyon. La communauté locale s’efforce de protéger l’édifice des bombardements.
1970 : Une nouvelle campagne de restauration est lancée, visant à consolider les structures et à nettoyer les façades noircies par la pollution industrielle.
XXIe siècle : Préservation et mise en valeur
2002 : Le pape Jean-Paul II visite la cathédrale Saint-Jean lors de son passage à Lyon, renforçant l’importance spirituelle de l’édifice pour l’Église catholique.
2013 : Une nouvelle restauration de l’horloge astronomique est réalisée, lui rendant son éclat et ses fonctionnalités.
2020-2023 : Des travaux de rénovation sont entrepris pour adapter la cathédrale aux normes contemporaines de conservation. Des efforts sont également faits pour améliorer l’accessibilité et valoriser l’histoire de l’édifice auprès des visiteurs.
Titre et dédicace
La primatiale de Lyon est dédiée à deux saints : saint Jean-Baptiste, cousin de Jésus, prophète et martyr, et saint Étienne, l’un des premiers diacres de l’Église et martyr. Cette double dédicace s’explique par le fait que la cathédrale reprend celle de l'ancien baptistère voisin, autrefois consacré à saint Étienne.
Outre son rôle de cathédrale, c’est-à-dire le siège de l’évêque (lieu de la cathèdre), Saint-Jean est également primatiale des Gaules. Ce titre lui confère un rang symbolique au-dessus des autres cathédrales françaises des quatre provinces ecclésiastiques de 1079 : Lyon, Rouen, Tours et Sens. Cette prééminence repose sur trois éléments :
L’ancienneté de l’adoption du christianisme à Lyon.
Le martyre de nombreux chrétiens célèbres dans la ville.
L’importance théologique des écrits de saint Irénée, figure majeure de l’Église primitive.
Cependant, ce statut de primauté a été contesté à certaines époques, notamment au Moyen Âge. Les habitants de la presqu’île prétendaient que l’église Saint-Nizier avait été la première cathédrale de Lyon. Ces affirmations, documentées dans des textes des XIIᵉ et XIIIᵉ siècles, furent considérées comme historiques au XIXᵉ siècle, bien qu’il s’agisse en réalité de falsifications destinées à appuyer les revendications d’autonomie des bourgeois de la presqu’île vis-à-vis du chapitre de Saint-Jean.
Depuis le 20 décembre 2020, l’archevêque de Lyon est Olivier de Germay.
Evènements et Personnalités
Conciles œcuméniques
Premier concile de Lyon (1245)
Date : Juin-juillet 1245.
Contexte : Ce treizième concile œcuménique se tient dans la primatiale encore inachevée. Le pape Innocent IV consacre le maître-autel pendant le concile.
Raison : Innocent IV réside à Lyon (1244-1251) sous la protection de l’archevêque Philippe Ier de Savoie, fuyant la menace de l’empereur Frédéric II. Les frais du concile sont entièrement pris en charge par l’archevêque de Lyon.
Deuxième concile de Lyon (1274)
Date : Mai-juillet 1274.
Contexte : Le quatorzième concile œcuménique réunit environ 1 500 délégués, sur un total de 8 000 visiteurs, dans une ville qui compte à peine 12 000 habitants.
Objectif : Le pape Grégoire X cherche à réconcilier les Églises latines et grecques. Les délégués grecs y professent la foi catholique.
Événements marquants : La présence d’une délégation tatare venue pour le baptême, ainsi que la mort de saint Bonaventure, qui avait joué un rôle clé dans le concile.
Visites pontificales
Innocent IV (1244-1251)
Contexte : Le pape Innocent IV s’installe à Lyon pour échapper à Frédéric II. Sa présence marque fortement la ville et la primatiale.
Jean XXII (1316)
Événement : Le pape Jean XXII (Jacques Duèse) est couronné à la primatiale.
Contexte : Ce couronnement à Lyon, et non à Rome, est motivé par des raisons politiques liées à la succession du trône de France.
Pie VII (1804 et 1805)
Premier passage (1804) : En route pour le sacre de Napoléon à Paris, le pape Pie VII fait une halte à Lyon.
Dates : 19-21 novembre 1804.
Activités : Accueilli par une foule immense, il célèbre une messe à la primatiale, bénit la foule place Bellecour et reçoit des délégations au palais archiépiscopal.
Retour (1805) : En avril, lors de son retour vers Rome, il s’arrête à Lyon du 16 au 20 avril.
Acte notable : Il restaure le culte dans la chapelle Saint-Thomas de Fourvière, renforçant la dévotion à Notre-Dame de Fourvière.
Jean-Paul II (1986)
Date : 5 octobre 1986.
Événement : Le pape visite la primatiale pour rencontrer 900 malades venus de toute la région. Un tiers de l’espace de l’édifice est spécialement aménagé pour les accueillir. La visite se termina par un concert de Jean-Michel Jarre, Lyon étant sa ville natale, réunissant pas loin de 800 000 spectateurs, c'est d'ailleurs le premier concert où il utilisa la Harpe Laser.
Autres visiteurs notables
Saint Louis (1248 et 1271)
1248 : Le roi Louis IX, en route pour la septième croisade, rencontre le pape Innocent IV à Lyon.
1271 : Après son décès à Tunis, son corps est temporairement accueilli dans la primatiale avant d’être transféré à la basilique Saint-Denis.
Mariage d’Henri IV et de Marie de Médicis (1600)
Date : 17 décembre 1600.
Événement : Le mariage est célébré à la primatiale par un légat du pape, après l’annulation du mariage précédent d’Henri IV avec la reine Marguerite.
Napoléon Ier et Joséphine (1805)
Contexte : L’empereur et l’impératrice sont reçus par le cardinal Joseph Fesch à la primatiale pour la fête de Pâques.
Architecture
L'intérieur de la cathédrale : entre splendeur architecturale et innovations techniques
Découvrez les merveilles architecturales de cette cathédrale exceptionnelle, où chaque espace reflète un mélange subtil de styles romans et gothiques, témoins des évolutions et innovations de plusieurs siècles.
La nef et les bas-côtés : une harmonie de styles
La nef offre un panorama saisissant, avec ses travées sexpartites et la lumière colorée qui joue sur les piliers, filtrée par les vitraux. Construite entre 1200 et 1210, la voûte témoigne d’un savoir-faire ancien mais audacieux. Les travées sont soutenues par des piles alternant supports "forts" et "faibles", permettant une transition fluide entre l’architecture romane et gothique. Les hautes verrières ajoutées ultérieurement adoptent un style rayonnant : leurs lancettes sont surmontées de roses polylobées. Ce détail, caractéristique du XIIIe siècle, apporte une luminosité unique et renforce la grandeur de cet espace central.
Le chœur et l'Abside : entre tradition et modernité
Le chœur et l'Abside dévoilent une complexité architecturale fascinante. L'abside polygonale, à sept pans, est dotée de niveaux d'élévation distincts. Le sanctuaire combine des arcs pendants romans, un triforium inspiré des cloîtres et un clair-étage gothique illuminé par des baies aux formes élégantes. Initialement, Guichard avait envisagé une voûte en cul-de-four, mais les plans ont évolué sous l’influence de Jean Belles-Mains. Ce dernier a introduit une galerie à loges pour répondre aux défis structurels imposés par les contreforts romans, moins adaptés aux voûtes gothiques. Ces loges, voûtées en berceau brisé, témoignent d’un mélange d’audace technique et de calculs précis pour optimiser lumière et stabilité.
Le transept : un carrefour architectural
Le transept, conçu comme un lien entre le chœur roman et la nef gothique, illustre une transition architecturale remarquable. L’ajout de rosaces monumentales aux extrémités nord et sud est une innovation majeure du XIIIe siècle, marquant la première apparition de ce type de vitraux au sud de la Loire. Ces rosaces imposèrent un rehaussement de la voûte, permettant de maximiser la lumière tout en accentuant l’esthétique rayonnante. Un second architecte, probablement actif dans les années 1230-1240, introduisit des galeries intérieures et un décor épuré au clair-étage, influencé par l'architecture cistercienne.
Les chapelles latérales : lieux de dévotion et d’art
La cathédrale abrite huit chapelles latérales, chacune portant une identité forte.
Côté méridional : La chapelle des Bourbons, chef-d'œuvre du gothique flamboyant, se distingue par ses clefs pendantes et sa décoration raffinée. À l’entrée de la nef, la chapelle Saint-Raphaël conserve aujourd’hui des sculptures restaurées, tandis que la chapelle Saint-Sacrement abritait autrefois le cœur de Saint Vincent de Paul.
Côté septentrional : La chapelle du Sacré-Cœur, unique par sa longueur (une travée et demie), et la chapelle des fonts baptismaux, sous laquelle repose le tombeau des archevêques de Lyon, sont les points forts. D'autres chapelles, comme celle dédiée au curé d'Ars, témoignent des évolutions architecturales et spirituelles.
Une prouesse esthétique et technique
Les parements intérieurs de l'abside, réalisés en choin et marbre, reflètent une recherche esthétique sophistiquée. Les architectes ont su jouer sur les textures et les illusions : l’utilisation d’orthostates verticaux donne une impression de pierre massive et continue. Le triforium du chœur, inspiré des galeries de cloîtres, propose une alternance harmonieuse de colonnes et motifs, contrastant avec la sobriété plus classique de l'abside.
HIstoire de la Cathédrale
La Cathédrale Saint-Jean de Lyon : Une Histoire Fascinante à Travers les Âges
La cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Lyon, joyau architectural et spirituel, porte en elle des siècles d’histoire complexe, marquée par des constructions successives, des conflits religieux et politiques, ainsi que des prouesses techniques. Voici un voyage à travers les étapes clés de son édification, depuis ses origines jusqu'à sa forme actuelle.
Avant l’actuelle cathédrale : Une histoire de « maxima ecclesia »
Avant d’être appelée cathédrale, ce qui signifie « église de l’évêque », les églises principales de chaque diocèse étaient simplement qualifiées de domus divina ou de maxima ecclesia. Lyon, une des premières villes de Gaule à posséder un tel édifice, s’est illustrée dès l’Antiquité tardive par son rôle central dans l’organisation ecclésiastique.
La première grande église, bâtie en 469 par l’évêque Patient, portait déjà le nom de Saint-Jean-Baptiste, tandis que le baptistère adjacent était dédié à Saint-Étienne. Cet édifice, décrit comme majestueux par des contemporains comme Sidoine Apollinaire, comprenait une façade tournée vers l’est, un triple portique et une riche décoration de marbre. Cependant, il subit des dommages importants lors des invasions sarrasines au VIIIᵉ siècle.
La reconstruction carolingienne par Leidrade
Au début du IXᵉ siècle, sous l’impulsion de l’empereur Charlemagne, l’évêque Leidrade, un Bavarois nommé pour restaurer l’Église lyonnaise, entreprit la reconstruction de Saint-Jean. Ce projet s’inscrivait dans une vaste réforme spirituelle et architecturale. Leidrade dota l’église d’un cloître, forma un clergé cathédral et fit enrichir l’édifice de reliques prestigieuses.
Sous son mandat, l'église devint un véritable centre de vie religieuse et spirituelle, ornée de mosaïques remarquables qui servaient à éduquer les fidèles en illustrant des scènes bibliques. Ces ornements symbolisent une étape clé où l’Église cherchait à affirmer son pouvoir spirituel à travers l’art.
La cathédrale actuelle : entre conflits et innovations techniques
La construction de la cathédrale actuelle débuta à la fin du XIIᵉ siècle, sous l’archevêque Guichard de Pontigny. Ce projet de grande envergure marqua une rupture avec l’ancien complexe épiscopal mérovingien. Cependant, il fut entaché par des tensions entre l’archevêque et le chapitre des chanoines, qui ne s’entendaient pas sur l’orientation et l’emplacement du nouvel édifice.
Le défi de l’emplacement : La colline de Fourvière, située à l’ouest, semblait être l’endroit idéal pour une extension. Cependant, les chanoines s’y opposèrent pour préserver une ancienne nécropole chrétienne où ils souhaitaient être inhumés. Finalement, la construction se fit vers l’est, sur les terrains alluvionnaires instables de la Saône, ce qui nécessita des travaux de renforcement du sol à l’aide de pieux et de remblais.
Les défis d’un chantier homotopique
L’érection de la nouvelle cathédrale devait se faire sans interrompre le culte dans l’ancienne structure. Cette superposition des chantiers donna lieu à un édifice hybride, où des parties de l’ancienne église cohabitaient temporairement avec les nouvelles constructions gothiques.
Un accident majeur survint au XIIIᵉ siècle lorsque le terrain meuble sous l’abside s’affaissa, causant d’importantes fissures dans les murs. Ces désordres architecturaux marquèrent durablement l’histoire de la cathédrale, nécessitant des réparations jusqu’au XXᵉ siècle.
Un édifice marqué par son époque
Malgré ces aléas, la cathédrale Saint-Jean devint un lieu emblématique. Elle accueillit des événements historiques majeurs, comme les deux conciles de Lyon (1245 et 1274) et le couronnement du pape Jean XXII en 1316. Le chantier s’étala sur plusieurs siècles, chaque archevêque ou doyen y apportant sa contribution. Ainsi, la tour nord, dite Saint-Thomas, fut achevée bien avant la tour sud, de la Madeleine, faute de financement équivalent.
Les matériaux utilisés, notamment des pierres de choin provenant du forum romain, témoignent d’un recyclage intelligent et durable dans un contexte de rareté des ressources.