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- Catégorie : Seine-et-Marne - 77
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Château de By, Rosa Bonheur
Situé à Thomery, en lisière de la forêt de Fontainebleau, le Château de By n'est pas une simple demeure historique. C'est le "domaine d'une artiste", un lieu façonné par et pour Rosa Bonheur, figure majeure de la peinture animalière du XIXe siècle. Acquis en 1859, ce château est devenu le théâtre d'une vie hors du commun, mêlant art, féminisme avant l'heure et passion dévorante pour la nature. Depuis 2017, le château a été racheté par Katherine Brault. Elle a entrepris un immense travail de restauration et d'inventaire. Le lieu est désormais ouvert au public en tant que musée et chambres d'hôtes, et a reçu le label "Maison des Illustres". Contrairement à de nombreux musées, les objets n'y sont pas sous vitrine, mais laissés "dans leur jus", restituant l'âme de l'artiste.

Le château de By, plus connu aujourd’hui sous le nom de château de Rosa Bonheur, est à la fois une demeure seigneuriale de la Renaissance et le refuge créatif où la grande peintre animalière a ancré les quarante dernières années de sa vie. Niché à By-Thomery, en lisière de la forêt de Fontainebleau, il est devenu son véritable sanctuaire intime, un lieu où se confondent vie quotidienne, ateliers de travail et souvenirs personnels.
Un havre à la lisière de Fontainebleau
Situé dans le hameau de By-Thomery en Seine-et-Marne, le château domine un parc arboré qui prolonge naturellement la forêt voisine et isole la demeure du tumulte parisien. Cette situation à la fois retirée et proche de Fontainebleau a offert à Rosa Bonheur un cadre idéal pour observer les animaux, travailler en paix et recevoir collectionneurs, amis artistes et personnalités de son temps.
De domaine seigneurial à maison d’artiste
Ancien domaine seigneurial dont les origines remontent au XVe siècle, le château de By a été profondément remanié aux XVIIe et XVIIIe siècles avant de devenir, en 1859, la propriété personnelle de Rosa Bonheur, acquise grâce au succès de son tableau « Le Marché aux chevaux ». En faisant de ce château sa résidence principale et son atelier, l’artiste transforme une demeure nobiliaire en véritable maison d’artiste, entièrement organisée autour de sa création.
Le sanctuaire intime de Rosa Bonheur
À By, Rosa Bonheur crée un univers clos où tout – de l’immense atelier baigné de lumière à la ménagerie et au pavillon peint avec ses proches – reflète ses passions, ses combats et sa liberté de femme artiste. L’atelier, resté intact après sa mort, ainsi que son laboratoire photographique et ses pièces privées, offrent aujourd’hui encore une plongée rare dans l’intimité de son travail et de sa vie quotidienne.
Un lieu de mémoire vivant
L’héritage de Rosa Bonheur a été préservé par Anna Klumpke, puis par les propriétaires actuels qui ont choisi d’ouvrir le domaine au public sous la forme d’un musée, d’une maison d’hôtes et d’un lieu de création contemporaine. Visites guidées, expositions comme « Rosa Bonheur intime » et programmation culturelle font du château un sanctuaire vivant, où l’intimité de l’artiste dialogue avec les enjeux artistiques et féminins d’aujourd’hui.
De la maison du "Bigre" au Château d'Artiste
L'histoire du lieu remonte bien avant l'arrivée de la peintre. Le nom "By" trouverait son origine dans le mot "bigre", un vieux terme désignant un garde forestier ou un paysan chargé de collecter les essaims d'abeilles pour le compte du roi.
Les origines : Le corps de logis principal date du XVIIe siècle et servait à l'origine de rendez-vous de chasse.
L'achat : En 1859, lassée de la curiosité des Parisiens qui envahissent son atelier de la rue d'Assas, Rosa Bonheur achète le domaine pour 50 000 francs grâce au succès commercial de ses toiles.
L'objectif : Elle cherche à fuir les mondanités pour se consacrer entièrement à son art et à l'étude des animaux dans un cadre préservé.
2. Une Architecture Éclectique
Rosa Bonheur ne se contente pas d'habiter les lieux ; elle les transforme. Si le corps principal conserve son style classique avec un toit brisé et des chaînages en brique, l'artiste y adjoint des éléments singuliers.
L'influence néogothique : Elle fait construire une aile en retour au style étonnant, rappelant les chalets balnéaires de la côte normande, avec des briques polychromes et des colombages.
L'Atelier : C'est le cœur de la maison. Construit spécifiquement pour elle, ce vaste espace est éclairé par une grande verrière, indispensable pour peindre ses toiles monumentales.
3. Une "Arche de Noé" à Thomery
Ce qui distingue le Château de By des autres demeures d'artistes, c'est la présence littérale des modèles vivants de l'artiste. Rosa Bonheur transforme le parc de 3 hectares en une véritable ménagerie.
Les pensionnaires : On y trouvait des moutons, des bœufs, des chevaux, des biches, des sangliers, et fait plus incroyable, un couple de lions apprivoisés qui circulaient parfois en liberté dans la maison.
Le quotidien : Rosa partageait son temps entre la peinture, les soins aux animaux et de longues promenades en forêt de Fontainebleau.
Note historique (Ajout pertinent) : Pour travailler auprès de ces animaux et se déplacer aisément, Rosa Bonheur avait obtenu une "permission de travestissement" officielle de la préfecture de police, l'autorisant à porter le pantalon, chose interdite aux femmes à l'époque sans raison médicale ou professionnelle. Le document source mentionne d'ailleurs qu'elle "s'habille en homme et fume le cigare".
4. L'Atelier : Un voyage dans le temps
L'atelier de Rosa Bonheur est un cas unique de conservation. Il est resté figé dans le temps depuis la mort de l'artiste le 25 mai 1899.
L'atmosphère : On y trouve des animaux naturalisés (têtes de cerfs, oiseaux), des ébauches aux murs, et ses objets du quotidien (blouse, bottines, palette).
L'œuvre inachevée : Sur l'un des chevalets trône encore La Fenaison, le tableau sur lequel elle travaillait avant de mourir et qu'elle n'eut pas le temps de terminer.
5. Une vie sociale choisie et prestigieuse
Bien que retirée du monde, Rosa Bonheur recevait des hôtes de marque qui faisaient le déplacement jusqu'à Thomery.
L'Impératrice Eugénie : Elle vint en 1864, puis en 1865 pour remettre en main propre la Légion d'honneur à Rosa Bonheur, faisant d'elle la première femme artiste à recevoir cette distinction.
Buffalo Bill : Le célèbre cow-boy américain vint lui rendre visite en 1889. Rosa peignit son portrait et reçut en cadeau un costume d'indien, encore conservé au château.
6. L'Héritage féminin : De Nathalie à Anna
La vie au château fut marquée par une sororité exceptionnelle.
Nathalie Micas : Amie d'enfance et compagne de vie, elle géra l'intendance et inventa même un frein pour chemin de fer (expériences de mécanique mentionnées dans le parc) jusqu'à sa mort en 1889.
Anna Klumpke : Cette peintre américaine devint la confidente, la biographe et la légataire universelle de Rosa. C'est elle qui sauva l'héritage en désintéressant la famille biologique par la vente d'études, permettant de conserver le château et son contenu intacts.
7. Le Château aujourd'hui
Le document d'origine mentionne que la propriété fut conservée par les descendants de la sœur d'Anna Klumpke, la famille Sorrel-Déjerine.