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Manoir Angenardière
L'Angenardière, un manoir du XVe siècle, est un joyau architectural du village de Saint-Cyr-la-Rosière, situé dans la vallée de la Rosière. Bien qu'il ait été construit à des fins résidentielles, il conserve toujours des éléments défensifs impressionnants qui rappellent les citadelles médiévales imprenables, tels que des douves, un pont-levis, des tours à mâchicoulis et des meurtrières. L'Angenardière est sans aucun doute l'un des plus remarquables exemples de manoir percheron. L'Angenardière : Le Joyau Renaissant du Perche
Dominant fièrement la vallée de la Rosière, le manoir de L'Angenardière se dresse comme l'un des témoins les plus fascinants de l'architecture percheronne. Situé sur la commune de Saint-Cyr-la-Rosière, cet édifice incarne la transition architecturale charnière de la fin du XVIe siècle, époque où la noblesse locale cherchait à allier le confort résidentiel au prestige des attributs militaires d'antan.

Carte postale colorisée.
Denis Gouyon est le propriétaire du manoir de l'Angenardière, « le plus séduisant du Perche ».
Le manoir de l'Angenardière, il domine la vallée de la Rosière. Pour s'y rendre, il suffit de prendre la direction du Theil et de chercher le chemin de l'Angenardière, qui se trouve à environ 500 mètres de la petite chapelle du pèlerinage de Clémancé, sur le flanc de la colline. Malgré l'état médiocre du chemin, il mène à une imposante demeure seigneuriale. Tout comme la Normandie, la région du Perche faisait partie des revendications anglaises qui ont déclenché la guerre de Cent Ans. Ainsi, entre 1425 et 1431, après la victoire des Anglais sur les troupes de Charles VII à la bataille de Verneuil, la région ainsi que les terres de seigneurie de La Rosière-en-Saint-Cyr ont subi les assauts répétés de l'ennemi. Les Anglais n'ont été définitivement chassés du Perche qu'en 1449.
Informations Touristique :
propriété privée, visite des extérieurs autorisée. Ouvert lors de certaines journées du patrimoine.
L'Héritage d'un Compagnon d'Henri IV
L'histoire de la bâtisse est indissociable de celle de son commanditaire, Pierre de Fontenay. Ce gentilhomme, compagnon d'armes du roi Henri IV, lance la construction de sa résidence dans le dernier quart du XVIe siècle.
Le contexte est important : le Perche, longtemps meurtri par la guerre de Cent Ans et les revendications anglaises (les Anglais ne furent chassés qu'en 1449), voit ses seigneurs reconstruire leurs domaines. Cependant, contrairement aux châteaux féodaux primitifs, L'Angenardière est conçu avant tout comme un lieu de vie agréable, bien que son bâtisseur n'ait pas souhaité rompre totalement avec la tradition guerrière de ses ancêtres.
Une Architecture Hybride : Entre Forteresse et Plaisance
L'Angenardière frappe le visiteur par sa dualité. Le corps de logis rectangulaire, coiffé de tuiles et élevé sur deux niveaux, présente une silhouette massive. Il est flanqué de tours circulaires coiffées de toits en poivrière, dont la base est percée de meurtrières, rappel direct des citadelles imprenables du Moyen Âge.
L'illusion défensive est entretenue par plusieurs éléments :
Les tours à mâchicoulis : La plus imposante des tours, véritable donjon symbolique, abritait en réalité des cheminées, prouvant que sa fonction était autant domestique que dissuasive.
L'enceinte et les douves : Le manoir s'inscrit dans un plan quadrangulaire protégé par de profonds fossés secs et un mur d'enceinte aveugle, percé d'archères, évoquant les forteresses du XIVe siècle.
Pourtant, la Renaissance italienne a laissé son empreinte. Perpendiculairement au logis, une aile étroite abrite une magnifique galerie à l'italienne. Cette succession d'arcades apporte une élégance et une légèreté qui contrastent avec l'austérité des murailles. De plus, le mur d'enceinte fut abaissé tardivement à environ 8 mètres de hauteur, probablement pour permettre aux résidents de profiter de la vue sur le bocage environnant.
Curiosités et Évolutions Intérieures
Outre le logis principal, le domaine possède un colombier circulaire remarquable, intégré à l'angle des communs. L'intérieur révèle la richesse du seigneur des lieux : plus de mille boulins (niches pour les pigeons) y sont aménagés. Une ingénieuse échelle tournante permettait jadis d'accéder à chacun de ces nids pour l'entretien et la récolte.
Au XVIIe siècle, le manoir subit d'importants remaniements intérieurs pour accroître son confort. La modification la plus notable fut l'installation d'un grand escalier à volées droites orné de balustres en bois, desservant les étages jusqu'aux greniers.
De la Ruine à la Résurrection
L'histoire moderne de L'Angenardière aurait pu être tragique. Saisi comme bien national durant la Révolution française en 1795 (son propriétaire, le seigneur Tiercelin, ayant choisi l'exil), le domaine fut vendu avec ses 10 hectares de terres pour 72 500 livres.
Bien que classé monument historique dès 1925, le manoir sombre peu à peu dans l'oubli et la décrépitude au XXe siècle. En 1964, lorsque M. et Mme Gouyon s'en portent acquéreurs lors d'une vente aux enchères, le constat est alarmant : la toiture d'une grosse tour s'est effondrée et l'ensemble menace ruine.
S'ensuit alors un chantier de restauration titanesque qui s'achèvera en 1968. Avec l'aide d'artisans locaux, les nouveaux propriétaires ont consolidé les charpentes, reconstruit le mur d'enceinte sud-est, rouvert les arcades de la galerie Renaissance et supprimé les cloisons parasites du XIXe siècle pour redonner au manoir ses volumes originels. Ces efforts furent récompensés par une inscription complémentaire aux monuments historiques englobant les douves et les façades des communs.
Source : Fichier PDF "Angenardière", Éditions Atlas, Collection "Châteaux Passion" (Encyclopédie Châteaux Guerriers et Forteresses), 2004. et Ouest France
