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- Catégorie : Hauts-de-Seine - 92
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La Vallée-aux-Loups, la Maison de Châteaubriand
Nichée au cœur du Val d'Aulnay à Châtenay-Malabry, la Vallée-aux-Loups n'est pas une simple demeure : c'est une œuvre en soi, façonnée par l'imaginaire de François-René de Chateaubriand. Épargné par l'urbanisation, ce domaine conserve l'atmosphère intime d'une maison de campagne du début du XIXe siècle. Aujourd'hui propriété du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, le site est labellisé « Maison des Illustres » et « Jardin Remarquable ».

- Informations : site officiel
I. Un refuge contre la colère impériale
L'histoire du domaine bascule en 1807. Chateaubriand, de retour de Terre sainte, publie dans le Mercure de France un article qui provoque la fureur de Napoléon. Contraint de s'éloigner de Paris, l'écrivain acquiert pour 20 000 francs cette propriété isolée, alors une simple maison de brasseur construite par un certain André-Arnoult Acloque.

Les Œuvres nées dans la Tour Velléda
Cette petite tour de brique, isolée dans le parc, était le sanctuaire de travail de Chateaubriand. Il s'y enfermait pour écrire loin de l'agitation de la maison principale. C'est ici qu'ont été composés ou achevés des textes majeurs :
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Les Martyrs (1809) : C'est de l'héroïne de cette épopée, la druidesse gauloise Velléda, que la tour tire son nom.
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L'Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811) : Le récit de son voyage en Orient.
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Les Aventures du dernier Abencérage (1826) : Une nouvelle inspirée par son passage à Grenade.
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Mémoires d'outre-tombe : C'est surtout dans cette tour qu'il entame la rédaction de son chef-d'œuvre (alors appelé Mémoires de ma vie), y écrivant les premières pages qui retracent sa jeunesse et son lien avec l'Histoire.
II. Une architecture aux trois visages
L'aspect actuel de la demeure est le fruit d'une sédimentation historique curieuse, témoignant de trois époques distinctes :
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Le corps central (XVIIIe siècle) : La maison originelle d'Acloque, que Chateaubriand modifie en ajoutant un portique néoclassique soutenu par deux cariatides en marbre blanc et des colonnes de marbre noir.
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L'aile Montmorency (Début XIXe) : Après la vente forcée de la maison en 1816 (suite à la ruine financière de l'écrivain), le duc Mathieu de Montmorency acquiert le domaine. Il adjoint une aile de style « troubadour », flanquée d'une tour cylindrique coiffée en poivrière.
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Le Pavillon (1860) : Plus tardive, cette extension cubique en brique et pierre fut érigée par la famille de La Rochefoucauld.
Le saviez-vous ? L'escalier intérieur à double branche, installé par l'écrivain dans le vestibule, proviendrait d'un brick anglais démâté. Il témoigne de l'attachement viscéral du Malouin pour la mer.
III. Le Parc : Un voyage immobile
Pour l'auteur d'Atala, le parc est un « paysage imaginaire » où chaque arbre est un souvenir de voyage. Il y plante des essences rapportées de ses périples ou offertes par des proches :
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Les cèdres du Liban évoquent l'Orient de l'Itinéraire.
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Les catalpas et cyprès chauves rappellent l'Amérique et la Louisiane.
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Un magnolia, cadeau de l'impératrice Joséphine elle-même.
Au fond du parc se dresse la Tour Velléda. Ce petit édifice en brique, qui aurait été construit à l'origine pour accueillir Marie-Antoinette, servit de cabinet de travail et de bibliothèque à Chateaubriand. Il la baptisa du nom de la druidesse gauloise de son épopée Les Martyrs.
IV. L'Arboretum et les trésors botaniques
Le domaine s'étend aujourd'hui bien au-delà du jardin de l'écrivain. Le site inclut l'Arboretum de la Vallée-aux-Loups (issu des anciennes pépinières Croux), qui abrite une collection botanique exceptionnelle. La pièce maîtresse en est le Cèdre bleu pleureur de l'Atlas. Planté en 1895, cet arbre est un "monstre" végétal unique au monde résultant d'une mutation naturelle. Avec sa ramure couvrant près de 700 m², il a été élu « Arbre de l'année » en 2015.
V. Une maison vivante
Au XXe siècle, sous l'impulsion du Dr Le Savoureux qui y installe une maison de santé en 1914, la Vallée-aux-Loups redevient un salon littéraire fréquenté par Paul Valéry ou Jean Cocteau. Aujourd'hui, le musée propose :
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La visite des appartements meublés (chambre de Chateaubriand, salon de Mme Récamier).
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Des expositions temporaires et des ateliers d'écriture.
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Un salon de thé, « Les thés brillants », pour prolonger l'expérience romantique.