Jeanne d'Arc à Vaucouleurs
Entre le 11 et 13 Février 1429, Jeanne d'Arc part vers Chinon
Première partie, Jeanne d'Arc se rend à Vaucouleurs et tente de convaincre Robert de Baudricourt de la laisser partir vers Chinon
C'est probablement entre le 11 février et le 13 février 1429, très certainement le 13 février, que Jeanne d'Arc part de Vaucouleurs en direction de Chinon. En effet selon Poulengy ils sont partis le dimanche des Bures, la fêtes des bures ou des brandons se déroulait le premier dimanche du Carême. C’est à Vaucouleurs que Jeanne d’Arc rencontre Robert de Baudricourt capitaine de Vaucouleurs, deux fois dans le Château et au moins deux fois dans la ville de Vaucouleurs sur une période de 8 mois environ.
La première rencontre avec le capitaine se situerait vers le 13 mai 1428 pendant l’Ascension, donc vers la mi-mai, et le deuxième en Janvier 1429, ce qui casse le mythe disant que Jeanne avait très rapidement convaincu Baudricourt de sa mission, ce qui n'est manifestement pas le cas. Entre ces deux rencontres, il y eut cependant plusieurs entrevues entre Jeannette et Robert de Baudricourt, probablement fortuites à Vaucouleurs.
Elle part avec une escorte composée d'un homme de confiance de Baudricourt, Jean de Metz, du messager du roi alors sur place, Colet de Vienne, de Bertrand de Poulangy, écuyer de Baudricourt, d'un archer et de deux servants.
Jeanne d'Arc doit alors avoir environ 17-18 ans lors de son départ de Vaucouleurs. Selon certaines théories, totalement infondées , Baudricourt aurait accepté d'envoyer Jeanne à Chinon à cause de sa supposée lignée royale. Il est pourtant évident, au vu des évènements, que si de lignée royale elle était , Baudricourt n'aurait sûrement pas attendu aussi longtemps avant d'accepter, et en outre à la première rencontre il ne l'aurait pas aussi vivement renvoyée chez ses parents.
La porte de France à Vaucouleurs, c'est d'ici qu'elle est partie, photo prise le 6 janvier 2012. Cependant la porte que nous pouvons voir aujourd'hui ne date pas de son époque, celle que nous voyons serait de 1733-1734, seul son emplacement semble à peu près certain. Bizarrement sur la plaque commémorative, il est indiqué que Jeanne d'Arc est partie le 23 février 1429, il y a encore un doute aujourd'hui sur son arrivée et départ de Vaucouleurs surtout au début du XXe, aujourd'hui il semblerait que la date de départ soit plutôt vers le 11 - 13 février 1429 ( voir en bas de page ).
Articles connexes. Château de Chinon - Jeanne d'Arc - âge de Jeanne - Robert de Baudricourt - Château de Vaucouleurs
Informations
- Adresse : 15 rue Jeanne d'Arc 55140 Vaucouleurs
- Google Maps : Carte
- Téléphone : 03.29.89.51.82
- Email : contacttourisme-vaucouleurs.com
- Sites : Facebook et http://www.tourisme-vaucouleurs.com
- Heures d'ouvertures & Visites :
Du Lundi au Vendredi : 9h30 - 12h00 et 14h00 - 18h00
Samedi : 10h00 - 12h00
Visite du Musée Jehanne d'Arc et des Lieux Historiques sur demande
Dessin de Dascher, début XXe siècle, Baudricourt lui donne une épée avant son départ vers Chinon.
Le premier contact vers le 13 mai 1428 avec Robert Baudricourt tourna court assez rapidement
Le capitaine de la place la renvoyant manu militari vers son père. On peut évidemment s'étonner qu'elle ait pu l'approcher, mais c'est oublier cependant son cousin Durant Laxart** , dont on parle rarement, qui est un personnage important de la réussite de Jeanne à convaincre le capitaine de Vaucouleurs de lui laisser un sauf-conduit et une lettre de recommandation. Par ailleurs le capitaine de Vaucouleurs est tenu d'administrer ses sujets, il ne peut donc sauf raison valable refuser une rencontre avec Jeanne . C'est un peu comme si le maire d'un village refusait de rencontrer un citoyen, il est normalement tenu de la recevoir, surtout que Jacques d'Arc ,son père, n'est pas un inconnu dans les environs.
On peut se référer au témoignage, dans le procès de réhabilitation , de Bertrand de Poulengy, écuyer du roi , qui est un témoin visuel et auditif de la première rencontre avec Robert de Baudricourt :
"Jeanne vint à Vaucouleurs vers la fête de l'Ascension de Notre-Seigneur. Je la vis parler au capitaine Robert de Baudricourt. Elle lui disait: « Je suis venu à vous de la part de mon Seigneur, pour que vous mandiez au dauphin de se bien tenir et de ne pas cesser la guerre contre ses ennemis. Avant la mi-carême le Seigneur lui donnera secours. De fait, le royaume n'appartient pas au dauphin, mais à mon Seigneur. Mais mon Seigneur veut que le dauphin soit fait roi et ait le royaume en commande. Malgré ses ennemis le dauphin sera fait roi, et c'est moi qui le mènerai au sacre. » Robert lui dit « Quel est ton Seigneur? » Et elle dit: « Le roi du Ciel ! ».
Après cette entrevue, Jeanne s'en retourna au logis de son père, avec son cousin Durand Laxart, de Burey-le-Petit." ( il s'agit probablement du village de Burey en Vaux situé à quelques Km de Domrémy, sans certitude cependant )
Durand Laxart semble connaître Robert de Baudricourt. Il est d'ailleurs fortement convaincu de la mission de Jeanne et doit avoir pour elle une réelle affection, car sinon comment expliquer qu'il ait financé lui même les différents voyages?
Ce n'est pas l'unique rencontre de Jeanne et Baudricourt dans cette année 1428, puisque le témoignage visuel de Catherine, femme de Henri le Roger Charon à Vaucouleurs, en fait état dans le procès de réhabilitation :
"Jeanne a demeuré environ trois semaines dans notre logis. En plusieurs fois, elle fit parler ai sire Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, pour qu'il la menât où était le dauphin. Sire Robert refusa, un jour, j'aperçus le capitaine Robert qui venait chez nous en compagnie de messire Jean Fournier, notre curé. Ils virent Jeanne à part. Ensuite j'interrogeai Jeanne et elle me raconta ce qui s'était passé. Le curé avait apporté son étole; et, en présence du capitaine, il l'avait adjurée, disant: « Si tu es chose mauvaise, va-t'en; si tu es chose bonne, approche. » Pour lors Jeanne se traîna vers le prêtre et resta à ses genoux. Toutefois elle disait que le curé n'avait pas bien fait, vu qu'il la connaissait, l'ayant ouïe en confession.
Comme Robert n'était pas disposé à la conduire au roi, Jeanne me dit: « Bon gré, mal gré, il faut que j'aille trouver le dauphin. Ne savez-vous pas la prophétie qui dit que la France sera perdue par une femme et sera relevée par une pucelle des marches de Lorraine? » Je me rappelai cette prophétie et demeurai stupéfaite. Le désir de Jeannette était bien fort; le temps lui pesait comme à une femme enceinte, parce qu'on ne la menait pas vers le dauphin. Depuis lors, beaucoup d'autres et moi eûmes foi en elle. "
La ferveur et la persuasion de Jeanne, Catherine l'exprime assez bien quand elle dit : "Le désir de Jeannette était bien fort; le temps lui pesait comme à une femme enceinte, parce qu'on ne la menait pas vers le dauphin. Depuis lors, beaucoup d'autres et moi eûmes foi en elle. "
Ce qui peut paraître aujourd'hui surprenant sur l'audition de Jeanne par Robert de Baudricourt ne l'est pas vraiment en réalité, Jeanne est tenace et semble convaincue de sa mission. On peut remarquer aussi que le curé Jean Fournier en question ne semble pas encore convaincu et Jeanne n'est pas particulièrement en confiance avec lui, ce qui explique probablement en partie les assourdissants silences du curé de Domrémy notamment après la capture de Jeanne.
Crypte de l'ancienne église , où Jeanne d'Arc est venue prier pendant ses séjours à Vaucouleurs. La statue est probablement celle devant laquelle Jeanne venait prier. Elle a été retrouvée enfouie dans la terre non loin de l'église.
Elle arrive à convaincre la population de Vaucouleurs :
Une ville de Vaucouleurs tellement convaincue que c'est en partie le village qui va payer ses vêtements et une épée ( ce qui est cher pour l'époque ), c'est d'autant plus remarquable que la situation économique de la ville et des villageois est très probablement précaire, toujours selon le témoignage de Catherine :
"Les gens de Vaucouleurs lui firent faire une tunique, des chausses, des guêtres, un éperon, une épée et tout un équipement. Un cheval lui fut acheté, et Jean de Metz, Bertrand de Poulengy, Colet de Vienne, avec trois autres, la conduisirent au lieu où était le dauphin. Je les ai vus monter à cheval et s'en aller."
C'est un point essentiel également de Jeanne, elle réussit à persuader Baudricourt pour - à mon avis - plusieurs raisons : elle est tenace, elle est honnête et curieusement personne ne semble dire qu'elle est folle, aucun témoignage ne doute de sa sincérité . Il y a une réelle ferveur quasi populaire d'une partie de la population de Vaucouleurs pour Jeanne. Le fait qu'elle était selon certains la fille d'Isabeau de Bavières* n'entre pas du tout en compte, c'est son caractère et très probablement sa force de conviction, mais aussi le fait qu'elle soit pieuse qui ont fait la différence. Par ailleurs si c'était vraiment la fille d'Isabeau de Bavières le capitaine de Vaucouleurs n'aurait sûrement pas attendu presque un an avant d'accepter, cela ne va donc pas du tout dans le sens de la conspiration complètement farfelue sur de nombreux points.
Si Baudricourt accepte de lui donner le laissez-passer et une recommandation au roi, c'est donc grâce à l'accumulation de plusieurs faits en plus de ceux cités ci-dessus :
- Un nombre important de personnages proches de Baudricourt semblent convaincus par Jeanne.
- Il n'a pas à financer le voyage, ou très peu , c'est la population et ses compagnons de route qui ont payé le voyage.
- Il n'avait rien à perdre, bien au contraire, le fait d'accepter sa requête n'était pas en soi préjudiciable. Les croyances religieuses de l'époque ont certainement dû jouer dans sa décision, si elle était vraiment le messager de Dieu, ne prenait-il pas le risque, en lui refusant le sauf-conduit, d'aller contre la volonté de Dieu ?
- Il ne faut jamais perdre à l'esprit que la ferveur chrétienne est sans commune mesure avec notre époque, que toute la vie était régie par l'Eglise et que la croyance de Dieu dépassait largement nos croyances actuelles. Ce point est d'une importance capitale, oublier cette situation c'est se méprendre et faire fausse route. Là où nous voyons parfois le mensonge et l'ignorance, à l'époque seul Dieu donnait réponse à tout.
- Puis en définitive rappelons que Jeannette vit dans une période incertaine, de guerres incessantes et de misères à la fois sociales et économiques. Ces périodes sont souvent propices aux héros, tel Duguesclin parti de rien, qui en est un parfait exemple et qui est loin d'être le seul.
Jeanne prend d'ailleurs un risque important, en clair elle risque sa vie, surtout dans ces petits villages.
En effet elle peut être accusée de sorcellerie, ou d'être possédée par le Malin ( en clair d'être folle ) et d'être une hérétique. C'est un "détail" souvent oublié par les détracteurs de Jeanne ou des "complotistes", c'est cependant un élément important à ne pas négliger. Ce qui est également surprenant, c'est que, où qu'elle aille à l'époque , il n'y a pas de témoignage d'une éventuelle folie ou d'une quelconque volonté de manipuler ou de mentir ressenties par les personnes qui l'entourent, et ça il faut dire que c'est assez surprenant.
Une enquête faite par les Bourguignons dans les villages de Vaucouleurs, Domrémy et les alentours n'avait rien donné.
Aucune trace d'une tentative de manipulation ou de folie ce qui gêne particulièrement Pierre Cauchon. Dans le procès il semble que plusieurs témoignages, même si cela n'est pas identifié comme tel dans le procès, pourraient venir de personnes ayant changé entre-temps de camp ( du côté Français vers les Anglais ), ce qui appuie encore plus la valeur de l'enquête. Il faut rappeler que la ville de Vaucouleurs fut prise en 1429 par les Bourguignons, même si Baudricourt en reste capitaine.
Départ de Jeanne de la ville de Vaucouleurs, le grand voyage
Elle part vers le 11-13 février 1429 de Vaucouleurs
Jeanne d'Arc lors de son départ de Vaucouleurs, selon une étude très complète d'Adrien Harmand qui l'a dessinée selon les descriptions de l'époque et selon les vêtements que l'on pouvait porter en 1429 environ, montage entre le dessin réalisé par Adrien Harmand et une de mes photos. La couleur de ses vêtements devaient sûrement être de noir et de gris, comme lors de sa venue à Chinon. La robe était probablement de gros gris noir, un houseaux noir et un chaperon noir... telle était la tenue au Moyen-Âge des cavaliers, on le sait également grâce aux descriptions qu'on a de sa rencontre avec le "Dauphin" Charles.
La dernière rencontre avec Baudricourt, Jeannette lui dira :
« Au nom de Dieu, vous tardez trop à m'envoyer, car, aujourd'hui, le gentil Dauphin a eu, assez près d'Orléans, un bien grand dommage, et serat-il encore menacé de l'avoir plus grand si vous ne m'envoyez bientôt vers lui (4). »
13 février 1429
la date du 13 février est donnée par Jean de Metz, au procès de réhabilitation ( tome II Quicherat page 437 )"Là-dessus, munie d’un sauf-conduit de Charles, duc de Lorraine, Jeanne s’en fut parler à ce seigneur, et je l’accompagnai jusqu’à Toul. Elle rentra peu après à Vaucouleurs; et, le premier dimanche de carême que nous appelons le dimanche des Bures, — il y aura, ce me semble, vingt-sept ans de cela au carême prochain, — Bertrand de Poulengy et moi, avec nos deux servants, Colet, envoyé du roi, et l’archer Richard, nous partîmes pour la mener au roi, alors à Chinon." Le dimanche des Bures en 1429 est le 13 février. Il faut noter qu'à l'époque on identifiait une date principalement par rapport au calendrier chrétien : fêtes religieuses principalement, d'autant que la nouvelle année commence à Pâques et non comme aujourd'hui au 1er janvier.
Le greffier de la Rochelle semble aussi valider cette date. Au vu de son écrit qui n'est pas à mettre en doute, la précision de son texte , même si sa source est "inconnue" cependant, et le recoupement qu'on peut faire sur d'autres évènements est de nature à donner du crédit au greffier. Un greffier ,sachant donc lire et écrire, ne fait en général, comme aujourd'hui, que retranscrire le plus précisement les faits qu'on lui rapporte. Sa position au moyen-âge est relativement importante vu le peu de nombre de personnes sachant lire et écrire. Selon Quicherat le greffier de l'Hôtel de Ville de la Rochelle est contemporain à la Pucelle, en clair son récit a été écrit entre l'arrivée à Chinon et sa mort à Rouen.
"Item le XXIII° jour dudit mois de febvrier, vint devers le Roy nostre seigr, qui estoit à Chinon, unne Pucelle de l'aage de XVI à XVII ans, née de Vaucouleur en la duché de Laurraine, laquelle avoit nom Jehanne et estoit en habit d'homme "
Sachant que selon Polangy le voyage dura 11 jours " Pendant les onze jours que dura le voyage, nous eûmes bien des angoisses" ( voir procès réhabilitation, Quicherat tome II page 454 ) la date du 11-13 février est la plus crédible. De plus si on compte la période du procès de Poitiers on tombe logiquement dans cette date ( voir la page sur Chinon ).
Les historiens actuels, les plus sérieux en tout cas, semblent aussi l'accréditer dans ses alentours voir catégoriquement au 13 février 1429 : Histoire et dictionnaire de Jeanne d'Arc
Les personnages ayant suivis Jeanne lors du périple entre Vaucouleurs et Chinon sont :
Jean de Metz, écuyer et homme de confiance de Baudricourt, et un servant.
Bertrand de Poulengy, écuyer, et un servant
Colet de Vienne, messager du Dauphin Charles
Richard, un archer