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La dite bataille de Montepilloy est l'une des dernières batailles à laquelle la pucelle de Lorraine participe activement.·
Après avoir pris et repris les villes comme Crépy en Valois, la Ferté-Milon, Saintines, Béthizy-Saint-Pierre, Longueuil, La Boissière et d'autres villes et villages, Charles VII ne cherche pas forcément l'affrontement direct avec le Duc de Bedford qui est à quelques Km à Senlis. Mais le Duc de Bedford tente mettre l'armée du roi dans une posture fâcheuse et essaye de reprendre Crépy-en-Valois, ce qu'il ne réussit pas. L'objectif était peut-être de provoquer les armées du Roi de France et de le pousser à la faute fatale..comme à Azincourt ou Crécy.
Le château de Montépilloy est sous possession anglaise depuis 1422, mais on ne sait pas dans quelle condition, ni le capitaine qui occupe peut-être la place, il ne semble pas avoir joué un rôle majeur en dehors d'un usage de point d'observation sur la plaine.
Les deux camps vont en réalité s'observer et essayent de placer leur armée sans prendre de risque. Ce qui est gênant pour Bedford c'est la situation politique, les négociations ont repris entre le roi de France et le Duc de Bourgogne, dont les éléments de ses derniers sont actifs dans l'armée Anglaise. Cette méfiance est accentuée notamment par la désertion, volontaire et ordonnée, à Orléans des troupes Bourguignonnes pendant le siège de la ville, facilitant alors la prise des « Tourelles » par la pucelle. Les relations entre le Duc de Bourgogne et le Duc de Bedford n'ont jamais vraiment dépassé une entente cordiale dont les intérêts étaient parfois convergents.
De plus Bedford, qui le décrit très bien dans sa lettre envoyée au roi d'Angleterre, se méfie de la présence, même symbolique, de Jeanne dans les rangs du Roi. Tout d'abord parce que les soldats anglais sont effrayés de cette "putain" comme ils aiment l'appeler, mais aussi parce que depuis que la pucelle d'Orléans est présente les anglais vont de déconvenue en déconvenue.
Extrait de la lettre du Duc de Bedford au Roi Henry VI d'Angleterre en Mai 1434 :
« Tout prospérait pour vous jusqu'au siège d'Orléans, installé par un mauvais conseiller ; Dieu sait qui ! Il me semble alors que la main de Dieu envoya un coup terrible à votre peuple, juste après la mauvaise aventure survenue à votre cousin Salisbury* que Dieu l'absolve. ../.. On a eu tort de croire en la Pucelle, ce disciple du démon, ce suppôt de l'Enfer ; on a eu tort d'en avoir peur » [source : Livre 3 ]

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Château de Montepilloy, on voit au centre le donjon et un peu plus à droite le châtelet d'entrée, vu du champs de bataille près de Fourcheret, on comprends aisément sa situation stratégique...mais on comprends moins son absence relative des chroniques sur la bataille ( voir plus bas quelques explications à ce sujet )
* il décède au siège d'Orléans vers le 3 novembre 1428 après avoir reçu un boulet en plein visage.
Chronique de la Bataille de Montepilloy
Quelques jours avant la rencontre, Charles VII fait envoyer Ambroise de Loré, chevalier et futur gouverneur de Lagny sur Marne, et Xaintrailles accompagnés de 15 à 20 cavaliers surveiller les troupes du Duc de Bedford.
Ils les aperçoivent au loin sur le « grand chemin de Paris à Senlis », provoquant sur leur passage un nuage de poussière visible à des km. Un messager prévient Charles VII de l'avancée des troupes Anglos-Bourguignonnes. Après un second message permettant d'affiner l'évolution du Duc de Bedford et d'Henri Beaufort, le roi fait mettre en place l'armée. Les troupes passent entre Baron et la Nonette en direction de Senlis et s'arrêtent dans les champs entre Montepilloy et très probablement Borest / Fourcheret.
Une partie des troupes françaises sont probablement passées ici entre Baron et Montepilloy un peu plus loin sur la droite. Il est difficile à dire si ils ont suivis les chemins ou traversés complètement les champs, tout dépends si la moisson était finie ou pas car on était en plein dans cette période.
Je mets ces deux villages dans la bataille car nécessairement ils ont été actifs car totalement en plein lieu de la bataille selon les chroniqueurs.
Fourcheret , est en plein champs à mi-chemin entre Borest et Montepilloy, avait à l'époque une ferme fortifiée, qui a été d'ailleurs quelques siècles plus tard le premier endroit de parachutage d'armes pour la « France Libre », le 12 juin 1943, en Picardie pendant la seconde guerre mondiale. La Ferme existe encore aujourd'hui et la porte donnant sur la route avec assommoirs tranche assez avec la dimîère dans l'enceinte.
Fourcheret, son ancienne entrée avec assommoir, on constate les contreforts typiquement Normands (·« D'ailleurs, contrairement à la méthode bourguignonne et champenoise, ces contreforts normands anciens, dans les constructions monumentales, sont élevés en assises basses, régulières, de même hauteur que celles composant les parements des murs et se reliant parfaitement avec elles » Viollet le Duc ), comme d'ailleurs à la Ferme de Drugy.
Borest sur les bords de la Nonette est également un lieu intéressant avec sa tour, transformée par la suite en pigeonnier, sa chapelle du XIIe aujourd'hui ruinée, son église Saint-Martin du XIIe mais reconstruite dans son ensemble vers le XVe. La situation stratégique de Borest, à la fois sur l'ancienne route de Nanteuil et sur la Nonette, rends difficilement concevable que l'armée du Roi de France ne s'y soit pas installée en partie mais c'est un lieu probablement trop petit pour que ça soit signalé dans les récits des chroniqueurs.
Village de Borest avec les restes de l'église, ainsi qu'un ancien Pigeonnier au vu de l'importance de ce dernier, les propriétaires devaient avoir des terres importantes.
Pendant cette période, selon Jean Chartier, le Roi de France est à Baron.
14 août : Mise en place et premières escarmouches
Alerté par ses éclaireurs de l'avancée de Bedford vers Paris, Charles VII déploie son armée dans les champs entre Montepilloy et les villages de Borest et Fourcheret.
De son côté, le duc de Bedford choisit une position défensive redoutable. Il contourne Senlis et s'installe près de l'abbaye de Notre-Dame-de-la-Victoire. Son armée est protégée sur les flancs et à l'arrière par des haies, des bois et des marais. En front, il fait planter des pieux aiguisés devant ses archers, une tactique anglaise classique et redoutable. Ce positionnement ingénieux lui assure le ravitaillement depuis Senlis et oblige les Français à attaquer à découvert.
La journée se termine par de violentes escarmouches, sans qu'aucun camp ne prenne l'avantage. La nuit venue, chacun se retire, et les Anglais en profitent pour renforcer davantage leurs défenses avec des fossés et des chariots.
Le donjon du château de Montepilloy, qui dominait la plaine, un point d'observation stratégique étonnamment absent des chroniques de la bataille.

Le carré rouge en haut à gauche à côté de Notre Dame de la Victoire, il s'agit du pont de Villémétrie. J'ai repris les écrits des chroniqueurs, mais l'incertitude prévaut au sujet du positionnement des armées dans les "champs " de Montepilloy. Cependant militairement parlant on constate, grâce à une carte de 1711 d'Hallate, qu' il y a plusieurs chemins menant à Senlis partant de Baron : l'un en passant par Fourcheret et l'autre en passance par Borest, on peut donc supposer assez justement, mais sans preuve historique, que les troupes du roi de France ont contrôlée en partie ces deux axes avec à l'avant garde Jeanne d'Arc ainsi que le Duc d'Alençon et probablement d'autres capitaines ( Etienne de Vignole dit La Hire, Gilles de Rais etc ).
C'est la date selon Perceval de Cagny. La date très précise provient du fait qu'étant le chroniqueur du Duc d'Alençon il est particulièrement informé vu que ce dernier était présent au côté de la Pucelle. On peut penser que ce jour-là Charles VII est toujours à Baron et que ces troupes sont plus en avant.
- Les forces en présence·
Selon Monstrelet les français étaient bien plus nombreux mais Perceval de Cagny, en général plus neutre mais du côté français, semble dire le contraire. Il est probable que ces chiffres incertains soient liés au renfort fraîchement débarqué, amené par l'évêque Henri Beaufort appelé « Cardinal d'Angleterre », de 3 à 4 mille hommes.
Les Bourguignons sont présents, avec selon Enguerrand de Monstrelet, entre 600 à 800 hommes dont : Seigneur de l'Isle d'Adam, Jean de Croy, Jean de Créquy, Antoine de Béthune, Jean le Fosseux, le seigneur de Saveuse, Messire Hue de Lannoy, Jean de Brimeu, Jean de Lannoy, Messire Simon de Lalaing, Jean, Bâtard de Saint-Pol, selon le chroniqueur la troupe est renforcé en adoubant des Chevaliers preuve s'il en est que les Bourguignons attachent de l'importance au probable affrontement.
Les Français :La Pucelle, le Duc d'Alençon, le Comte de Vendôme, les maréchaux et autres capitaines sont présent. Le roi de France serait lui à Baron selon le chroniqueur Jean Chartier, quelques jours avant la « Bataille de Montepilloy ». On peut noter la présence également des écossais qui auront fort à faire contre les Picards du côté Anglais.
Perceval de Cagny
"Le dimanche XIIIIe jour du mois d'août ensuivant, la Pucelle, le Duc d'Alençon, le conte de Vendosme, les mareschaulx et autres cappitaines accompaigniez de VI à VII mil combatans, furent à l'heure de vespres logiés à une haye aux champs près Montpillouer"
On peut le traduire ainsi : le dimanche 14 août ( 1429 ), la Pucelle, le Duc d'Alençon et le Comte de Vendôme, les maréchaux ( surement Gilles de Rais et consort ) et autres Capitaines accompagnés de 6000 à 7000 combattants , furent à l'heure de vêpres ( situé en général entre 17h et 19h ) installés en ligne dans les champs près de Montepilloy.
Il est logique que selon la situation géographique du « champ » de bataille, les troupes combattantes utilisaient régulièrement les haies ou tout autre élément naturel, voir artificiel, pour se protéger en plaine. On a le même type de situation à Vaires-sur-Marne, à côté de Lagny-sur-Marne, où les troupes de Franquet d'Arras ont été obligées de se cacher dans les « haies » car la bataille se passait dans la plaine des champs du village, ou peut-être dans la prairie de Vaires-sur-Marne, pour se protéger des assauts de la Pucelle accompagnée de 400 combattants environ.
Il est peu probable qu'une armée se mette en ligne en plein champs sans chercher à s'entourer d'éléments défensifs, même sommaire, surtout en connaissant l'habileté légendaire des archers Anglais à tailler en pièce la chevalerie et l'infanterie
Chronique de la Journée
Le Duc de Bedford contourne Senlis et prends la direction de Notre Dame de la Victoire, pour cela il traverse un petit pont qui permet le passage uniquement de un à deux chevaux selon Jean Chartier.
Ce pont est très probablement, à mon avis et selon mes recherches sur le terrain, celui du petit hameau actuel de Villemétrie, il porte le « doux » nom de Pont du ruisseau Saint-Urbain ou Turbin. On remarque qu'il a été remanié mais que ces fondations ont plusieurs siècles. Il ne permet en effet pas à plus d'un cheval ( ou deux ) de passer et il est probablement le seul passage à l'époque dans les alentours de la Nonette et de Notre Dame de la Victoire à pouvoir faire passer l'armée.
Prévenu, probablement un peu tard, de l'avancée des troupes Anglos-Bourguignonnes, Charles VII tente de les empêcher d'avancer plus et de faire attaquer ceux qui ont déjà franchis le pont. Malheureusement pour les troupes françaises le gros de l'armée est déjà positionnée. Selon Enguerrand de Monstrelet, le « Duc de Bedford prit position en un fort lieu, s'adossant par derrière et sur les côtés à de fortes haies d'épines ». « Au front de l'armée il disposa les archers, en bon ordre, tous à pieds, ayant chacun devant eux leurs pieux aiguisés, fichés en terre ».
Notre Dame de la Victoire aujourd'hui, malheureusement c'est une propriété privée .
En effet si on parcourt Villemétrie et Notre Dame de Victoire, une partie est en une faible hauteur et l'arrière entouré de marécage, de la Nonette, d'un bois celui d'Ermenonville, rendant très difficile tout passage ou attaque par l'arrière. Le seul point permettant un affrontement direct étant les champs de Montepilloy. En cas de visite il faut savoir que derrière Notre-Dame de la Victoire il y a un camp de Tir rendant périlleux certaines parties de la forêt.
Le positionnement du Duc de Bedford est ingénieux, il empêche les français de venir vers Senlis, les obligent en cas d'attaque à se mettre à découvert dans les champs, il coupe la route de Senlis vers Crépy-en-Valois, du moins la portion entre Senlis et Montepilloy, et neutralise toute attaque surprise par l'arrière, pour finir il profite du ravitaillement de la ville de Senlis et d'eau en abondance.
En définitive il y aura avant la tombée de la nuit, nous sommes au mois d'Août donc très lumineux tard le soir, des escarmouches assez violents mais qui ne permet à aucun parti d'en prendre l'avantage. Selon Perceval de Cagny « il fut fait des prisonniers de part et d'autre ; du côté Anglais, le capitaine d'Orbec et 10 à 12 autres y trouvèrent la mort, il y eut des blessés des deux côtés. La nuit vint, et chacun se retira dans son camp » Le capitaine d'Orbec est probablement celui d'Orbec dans le Calvados, ce dernier avait prêté serment au roi d'Angleterre en 1420.
Pendant la nuit les anglais vont renforcer leurs positions avec des « pieux, en creusant des fossés, en mettant leurs charrues devant eux, la rivière protégeaient leurs arrières » selon la description de Perceval de Cagny. Cette technique de mettre leurs charrues devant eux a été judicieusement utilisée à Orléans pendant la bataille des Harengs le 12 février 1429, mettant en déroute les Français et les Ecossais, où le comte de Dunois a failli trépasser.
Par contre la grande question est celle du château de Montepilloy, aucun élément pour le jour du 14 août ne permet d'affirmer que les Anglais, ou les Français, l'utilisent ce jour-là malgré qu'il soit hautement stratégique puisqu'il permet, en théorie, du haut Donjon de voir l'ensemble du champ de bataille.
15 août 1429
Le matin du 15 août, l'armée française se met en ordre de bataille. Jeanne d'Arc, accompagnée du duc d'Alençon, se place à l'avant-garde. Face à des Anglais solidement retranchés qui refusent le combat en plaine, elle tente une action audacieuse. Selon le chroniqueur Perceval de Cagny, « quand la Pucelle vit qu'ils ne sortaient pas, elle vint avec son étendard en main se mettre à l'avant-garde et s'avança assez pour venir frapper aux fortifications des Anglais. » Son but est clair : provoquer ses ennemis, qui la haïssent, pour les attirer hors de leurs défenses. C'est une manœuvre psychologique finement jouée, mais les Anglais ne tombent pas dans le piège. De nouvelles escarmouches éclatent, mais le front reste figé. Pendant ce temps, le roi Charles VII observe la situation depuis Montepilloy, probablement depuis le château. Prudent et se souvenant des défaites passées, il constate l'impasse et le risque d'une attaque frontale. Il ordonne le retrait vers Crépy-en-Valois en fin de journée.

Les forces françaises, selon ·Jean Chartier, sont composées de plusieurs groupes : celui de Jeanne d'Arc, le Batârd d'Orléans ( Comte de Dunois ), La Hire, Albret et autres capitaines, ils sont clairement à l'avant garde des autres formations qui sont les suivantes : Duc d'Alençon et le Duc de Vendôme - Duc de Bar - Gilles de Rais et Jean de Brosse ( Maréchal ) - Grasville et Jean Foucault ( futur capitaine de Lagny sur Marne, que Jeanne reverra notamment à la Bataille de Vaires-sur-Marne )pour les troupes d'Archers ( non visible sur la carte )- Charles VII, La Trémoille ">Trémoille et le Duc de Bourbon qui sont ·à Montepilloy ce jour. Vous remarquerez que le Duc d'Alençon et le Duc de Bar sont signalés sur la carte sur deux endroits différents, il s'agit des descriptions de Perceval de Cagny et de Jean Chartier , les deux chroniqueurs peuvent avoir raison dans le sens que les troupes ont surement bougé pendant cette journée. Noté que les positions ne sont pas forcéments exactes, sauf pour le groupe du Roi et celui de Jeanne d'Arc, les autres n'ayant pas de détails il est difficile d'en savoir plus mais ils étaient nécessairement entre Baron et Montepilloy selon les descriptions des chroniqueurs, les archers étaient probablement vers l'avant en partie. Le petit [ ? ] en bas est une troupe d'arrière garde, sous le village de Baron et du côté de Paris, pour protéger les troupes d'une contre attaque par l'arrière mais on ne sait pas qui était le capitaine.·
Jeanne d'Arc entre en scène, alors que le 14 août rien ne permet de dire qu'elle soit intervenue, Perceval de Cagny ainsi que Enguerrand de Monstrelet raconte la chose suivante.
Dès le matin, le plus tôt possible, Jeanne ainsi que le Duc d'Alençon vont à la messe, d'après le récit de Perceval de Cagny. Si le village de Baron est peut-être le lieu où elle pria, on n'en est pas sûr d'autant que le Roi s'y trouve déjà, les historiens locaux prennent souvent de belles libertés avec l'histoire. Précision importante Enguerrand de Monstrelet dit que les capitaines et les hommes les plus experts sont à l'avant-garde alors que le Roi se trouve plus en arrière à Baron et que l'arrière garde protège les arrières du côté de Paris.
On peut penser, vu son intervention future dans la journée, que Jeanne d'Arc se trouve donc devant, d'autant que le chroniqueur ne parle absolument pas du Roi sur la prière du matin. Il est possible donc qu'elle ait priée à Fourcheret où Borest ,qui ont tous les deux des lieux de cultes, bien plus en avant que Baron, d'autant qu'elle aimait dormir le plus proche possible des endroits où la bataille allait être menée, on a pu le voir dans le passé à Orléans, cependant cela reste une supposition pas une affirmation.
En tout état de cause les choses commencent à devenir sérieuses de part et d'autres. Les Anglais bien campé dans leurs positions et de l'autre les Français vont tenter de les pousser dehors.
Perceval de Cagny raconte qu'il y eut de grandes escarmouches, dont d'ailleurs Enguerrand de Monstrelet fait part également, il raconte à ce sujet un épisode entre les Picards et les Ecossais du côté français. Je suppose que cet affrontement se passe le 15 août mais il pourrait s'agir du 14. En tout cas le Duc de Bedford remercie les Picards de la forte résistance et de la lutte acharné qu'ils vont livrer contre les Ecossais. Il passa plusieurs fois devant leurs rangs et leur dit ceci, d'après Monstrelet : « Mes amis, vous êtes de très bonnes gens, vous avez soutenu grand faix pour nous ; ce dont nous vous remercions très grandement ; et nous vous prions, s'il nous vient quelque affaire, que vous persévériez en votre vaillance et hardiesse. »
Selon Monstrelet, toujours très mesquin envers Jeanne, il relate pour le 15 août « on voyait Jeanne la Pucelle, ayant toujours divers sentiments, tantôt voulant combattre ses ennemis et tantôt non ». Le chroniqueur est assez vicieux dans ses propos, qui sont peut-être véridique, mais la façon dont ils les annoncent est assez pernicieux puisqu'il donne l'impression que Jeanne est dans une situation où elle change d'avis régulièrement et qu'elle est instable émotionnellement en disant qu'elle a « divers sentiments ».
Perceval de Cagny, certes du côté français, explique lui par contre que Jeanne a un rôle particulièrement important, voilà ce qu'il écrit : « quand la Pucelle vit qu'ils ne sortaient pas, elle vint avec son étendard en main se mettre à l'avant-garde et s'avança assez pour venir frapper aux fortifications des Anglais. En cette attaque il eut plusieurs morts de part et d'autres », très clairement elle cherche à les provoquer sachant la haîne des Anglais envers la Pucelle.
Les deux chroniqueurs, Cagny et Monstrelet, semblent donc attester que Jehanne est particulièrement active même si leur vision de la situation et de son action est assez différente. Si Jean Chartier ne parle pas du rôle direct de Jeanne il explique en des termes assez clairs que la bataille fut rude « ·Tout ce jour il eut de grandes escarmouches, tellement que les Français venaient main à main, combattre à pied et à cheval sur les fortifications des Anglais. Tous les Anglais attaquaient à pieds et à cheval aux champs, en déboutant les Français, il y avait souvent des morts et des prisonniers de parts et d'autres».
On comprend assez bien le dilemme de Jeanne d'Arc, qui tente par tous les moyens de faire sortir les Anglais de leur barricade ; Ce qu'Enguerrand de Monstrelet veut faire passer pour de la lâcheté ou d'émotions incontrôlées, Perceval est plus neutre en expliquant qu'elle approche d'assez près des lignes ennemis, ce qui est une preuve de courage manifeste, mais n'arrivant pas à les sortir de leurs positions, on comprends aisément qu'elle ne pouvait rester longtemps dans une situation largement périlleuse.
La Pucelle semble en tout cas avoir conscience que sa présence soit pour les Anglais un outrage, cette volonté de provoquer en passant avec son étendard et les conspuant de sortir est une forme d'humiliation assez finement joué mais que les Anglais auront déjoué tout aussi finement.
Le Roi ce jour du 15 août va à Montepilloy, donc on peut penser qu'il fut au château pour observer l'ennemi. Si le château n'est pas souligné par le chroniqueur De Cagny, il précise bien cette fois-ci « le Roi fut tout ce jour à Montepilloy », alors que précédemment il précise, comme Jean Chartier, qu'il est à Baron et que l'armée est à côté de Montepilloy. Il est en compagnie du Duc de Bar, le comte de Clermont et d'autres capitaines. Le donjon de Montepilloy est parfait pour observer les évolutions des armées si il existait encore dans son intégralité, mais rien ne permet de dire qu'il fut actif et que le donjon était présent.
Charles VII voyant qu'il n'y avait pas de possibilité de faire sortir les Anglais de leur tanière, il décide de rentrer le jour même sur Crépy-en-Valois. Charles VII a surement en tête les défaites de Crécy ou d'Azincourt, il est d'une nature assez prudente et préfère, comme le Duc de Bedford, ne pas prendre le risque d'une lourde défaite.
La Pucelle, ainsi que le Duc d'Alençon, décide de revenir et dormir sur leur lieu de campement initial. Jeanne n'a donc pas dormi à Montepilloy comme le veut la tradition locale, on le sait d'ailleurs avec certitude avec la phrase suivante de Cagny :
16 août 1429
Au matin, Jeanne d'Arc et ses troupes, qui avaient campé sur place, constatent que l'armée anglaise se replie également vers Senlis et Paris. La confrontation est terminée. Elles rejoignent alors le roi à Crépy-en-Valois.

« Le Mardi, bien matin, ils se reculèrent sur Montepilloy et ils y restèrent jusqu'à Midi environ, jusqu'à que des nouvelles leurs apprirent que les Anglais retournaient à Senlis et droit à Paris », elle part alors pour Crépy-en-Valois. De Cagny indirectement indique la position de Jeanne d'Arc qui ne pouvait être à Baron en effet le terme de reculer, on peut penser par rapport au champ de Bataille, signifie qu'elle était positionnée bien devant donc probablement à Fourcheret ou Borest voir dans les alentours entre Barbery et Mont-l'Evêque qui pour ce dernier village me semble cependant trop proche de Notre Dame de la Victoire.
Conclusion
Lac Notre Dame de la Victoire
Jeanne d'Arc a eu un rôle majeur dans cet affrontement, mais pas décisif, il est évident qu'au vu des positions des uns et des autres, l'issue était incertaine pour les deux parties et sa présence semblait ne pas pouvoir changer grand-chose. J'ai mis cette bataille dans les "victoires" car le terme de défaite me semblait pas juste, on devrait parler plutôt de statu quo, cependant on notera que Charles VII récupère Senlis quelques jours après. Le mot "bataille" souvent utilisé dans le cadre d'affrontement massif n'est pas cependant impropre à la description de l'évènement.
D'autant qu'en deux jours les pertes sont assez importantes pour des escarmouches, sans préciser le nombre de morts de part et d'autres, Enguerrand estime à 300 morts le bilan des hostilités, sans compter les blessés qui ne devaient cependant pas être forcément nombreux puisqu'on parle d'exécutions sur place.
Certains récits actuels d'historiens disent qu'elle eut un rôle mineur ou qu'elle fut désavouée par le Roi, rien aujourd'hui dans les écrits ne permet de le dire ; ça serait même plutôt l'inverse.... Mais pour comprendre la bataille il faut s'y rendre.
On note cependant qu'elle est toujours présente à l'avant-garde avec le Duc d'Alençon et la Hire ( ?) et que son rôle n'a pas encore été modifié, le refus de Charles VII d'aller plus en avant dans la lutte est surement plus une raison logique de la situation qu'une volonté de désavouer Jeanne ou de ne pas vouloir se battre pour des raisons politiques. Il est sur le terrain , mais se rends à l'évidence, de plus il sait qu'il ne peut rester longtemps, n'ayant pas de grandes villes près de Montepilloy pour permettre le ravitaillement aisément alors que le Duc de Bedford est dans une situation bien plus enviable et a judicieusement choisi son emplacement, il est clairement avantagé géographiquement et bénéficie d'un terrain favorable pour ses archers.
Quand on observe l'environnement géographique sur place on comprend assez vite le choix de Charles VII de repartir sur Crépy-en-Valois, c'était la solution la plus sûre et la moins coûteuse en homme, Jeanne s'y résigna probablement avec sagesse sans qu'on sache réellement ses intentions. On peut penser aussi que le roi, assez prudent de nature, commence à infléchir sa volonté d'en découdre avec les Anglos-Bourguignons dans cette période.
La question du château de Montepilloy et de son absence, qui semble invisible aux yeux des chroniqueurs, est assez étrange et mérite quelques éclaircissements. J'avais du mal à comprendre le fait qu'il soit totalement absent dans les écrits, alors qu'au vu de l'importance tactique c'était un château indiscutablement nécessaire pour défendre Senlis et lors de la dite « bataille de Montepilloy ». Cet oubli des trois chroniqueurs principaux pouvait s'expliquer soit par la destruction, soit par l'inutilité du château militairement parlant, voir un oubli qui parait cependant peu probable d'autant que l'un des chroniqueurs parle de la présence de Charles VII et de Jeanne d'Arc à Montepilloy sans préciser à aucun moment le « castel » .
Mais l'explication se trouve peut-être dans le condensé et instructif monographie de Jacques Harmand de 1979. En effet selon lui, le château a été détruit vers 1430 :
« Vers 1430, les Anglais qui avaient occupé la place ( depuis 1422 environ ), grevèrent lourdement Senlis et sa région ; ils pendirent les députés qui leur avaient été envoyés pour traiter de la capitulation ; aussi lorsqu'ils se furent retirés les Senlisiens et les gens du roi démolirent le château » Il reste très prudent sur cette histoire, en parlant d'un légende locale qui peut avoir un fondement réel mais sans preuve tangible.
L'autre explication, plus plausible à mon avis, selon Jacques Harmand pourrait avoir été la destruction volontaire de Montepilloy, alors appelé pendant une période « Mont aux Pillards », car trop faible pour offrir une belle résistance aux Anglais mais suffisamment intéressant comme base de replis et de logistique pour les voleurs et autres brigands de grand chemin très fréquents en période de guerre.
C'est d'autant plus vrai que sur la carte de la capitainerie d'Hallane de 1711 on remarque que le village de Montepilloy se trouve à la croisée des chemins de Borest, Fourcheret, Crepy-en-Valois, Baron, Senlis, Bargery etc un axe donc central intéressant pour qui veux contrôler les alentours.
Le problème de Montepilloy était probablement le fait qu'il avait une grande tour défensive, haute et stratégique, mais affublée de faibles défenses relativement anciennes ( châtelet ) et insuffisantes contre une armée.
La dernière explication serait la destruction par Henri IV, mais noté nulle part comme il était souvent coutume de le faire pendant les guerres de religion, réfuté logiquement par Jacques Harmand.

Cette pancarte sur l'église de Montepilloy, en face du château, est malheureusement erronnée. Aucun élément ne permet de dire qu'elle y a dormi, on sait juste qu'elle est venue à Montepilloy très tôt le matin du 16 août pour repartir vers midi, supposer que son campement serait dans la cité semble être une extrapolation peu sérieuse et infondée. Par ailleurs on ne peut pas parler de succès, mais plutôt d'un statu quo, aucun partie n'ayant pris vraiment le dessus...Ces pancartes célébrant le 500ième anniversaire , comportant régulièrement des erreurs ou imprécisions, participent·fâcheusement à accentuer le flou sur la vie et le trajet de la Pucelle.
Pour ma part l'absence totale du château de Montepilloy dans la bataille, en dehors de la présence courte à Montepilloy sans autre précision de Charles VII, accompagné de quelques capitaines, le 15 août et de Jeanne d'Arc, en compagnie du Duc d'Alençon, dans la matinée du 16 août peut s'expliquer par le fait que le château était inutilisable, voir inhabitable, mais peut-être possédait-il un point de vue suffisant ( Donjon encore présent ? ) pour observer le champ de bataille surtout si l'ensemble de la colline était déboisée ce qui est très fort probable. D'autant que les Anglais ne semblent pas avoir cherché à ( re ? )prendre le château et l'ont même carrément ignoré en s'arrêtant net à Notre Dame de la Victoire en contrôlant peut-être uniquement la route entre Montepilloy et Senlis, ce qui prouve que pour eux il était hors d'état usage et n'était plus une menace pour Senlis.... Bien sûr on peut penser que les français y étaient déjà le 14 août, voir avant puisque que le roi est déjà à Baron avant ce jour, mais ce n'est pas relaté par les chroniqueurs. Une autre indication peut suggérer que le donjon n'était plus présent dans toute sa hauteur, c'est l'envoi par Charles VII d'éclaireurs pour suivre la route du Duc de Bedford y compris aux abords de Senlis, aurait-il été nécessaire de le faire si la tour existait encore ? Difficile à dire.
Cependant une chronique écrite vers 1460 par Lefèvre de Saint-Rémi, conseiller du Duc de Bourgogne, fait référence à la tour sans pour autant parler d'un usage quelconque. Mais le fait que le chroniqueur en fasse référence laisse supposer qu'elle existait encore à ce moment là :
"à deux lieues près de Crespy-en-Valois, et là étaient le duc d'Alenchon, la dite Pucelle et pluiseurs aultres capitaines. Le régent ( Duc de Bedford ) qui désirait la bataille contre les Français, approcha d'eux jusques à une abbaye quy s'appelle La Victoire, laquelle n'est point loing d'une tour qui s'appelle Mont-Espilloy, et là arriva environ my aoust l'an mil 1429". C'est à ma connaissance le seul texte parlant de la tour sur la bataille de Montepilloy.
Il est probable, donc pas certain, que le château fut fortement endommagé avant 1429, même si il existe un certain flou à ce sujet, d'où son absence lors de la « bataille de Montepilloy ».
Sources principales : chroniques de Jean Chartier, Enguerrand de Monstrelet et Perceval de Cagny
[1] Jean Mesqui, La fortification dans le Valois du XIe au XVe. Bulletin Monumental 135 , 1977 et Notes sur le Château de Montepilloy, Bulletin Monumental 137-IV, 1979
[2] Jacques Harmand, Le château de Montepilloy, Bulletin Monumental 137-II, 1979
[3] Livre·
[4] Perceval de Cagny, Tome IV, Jules Quicherat, page 21
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Château de Beaulieu les Fontaines, Prison de Jeanne d'Arc

Situé à 38km de Compiègne, dans le canton de Lassigny, Beaulieu les Fontaines est un petit village aujourd’hui connu pour avoir été l’un des endroits de captivité de Jeanne d’Arc, après sa capture à Compiègne le 23 mai 1430. Elle y fut enfermée vers le 28 mai sur une période probable de minimum 2 mois et au maximum de 3 mois et demi environ.
CB
Voir aussi
Château de Beaulieu les FontainesInformations
- Adresse : MFR du NOYONNAIS - 9, rue du château - 60310 Beaulieu les fontaines
- Google Maps : Carte
- Téléphone : 03 44 43 40 16
- Email :
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- Site : http://www.mfrbeaulieu.com
- Heures d'ouvertures & Visites : Le château appartient aujourd'hui à une école de formation par alternance : Les Maisons Familiales Rurales. Il n'est donc pas ouvert en visite libre sauf pour les Journées du Patrimoine et sur demande. Cependant l'accueil est très sympathique et un coup de fil sympa avant votre visite devrait vous permettre d'ouvrir les portes du château sans coup férir, mais uniquement hors périodes de vacances scolaires. Je tiens à remercier l'école pour l'accueil. Le village a organisé en 2012, lors des Journées du Patrimoine, une manifestation locale avec comme thème Jeanne d'Arc et un marché médiéval.
De taille modeste, il est alors entouré de douves ou fossés de 12 mètres de larges et pas loin de deux mètres de profondeur aujourd'hui ( sûrement plus avant ), d'un châtelet d'entrée avec pont-levis, d'un donjon octogonal d'une hauteur de 20 mètres environ ( peut-être plus ) qui est probablement du XIIIe car très courant à l'époque, d'une chapelle, d'un cellier qui semble dater du début XIIIe également et d'au moins une tour. Avec la montée en puissance des canons, un ouvrage avancé protégeait le châtelet d'entrée avec peut-être une contre- escarpe en terre à certains endroits, construit à une date indéterminée ( logiquement au XVIIe). L'ensemble du château possédait 12 canons .
Elle est probablement dans un premier temps enfermée dans le donjon octogonal dans un étage ou dans un des bâtiments du château. Il faut préciser que Jean d'Aulon, son intendant et l'un de ses plus proches compagnons qui la suit depuis Chinon jour et nuit, est enfermé avec elle également. Mais il semble qu'il n'y reste pas longtemps , en effet lors de son témoignage au procès de réhabilitation, il dira la chose suivante :
« Dit aussi il qui parle, lequel, par l’espace d’un an entier, par le commandement du roy nostre dit seigneur, demoura en la compaignie de ladicte Pucelle », sachant qu'elle rencontre le roi à la fin du mois de mai 1429, que Jean d'Aulon la rencontre quelques jours plus tard à la demande du Comte de Dunois et que le roi lui demande de la suivre avant son départ pour Poitiers, on peut considérer qu'il n'est plus avec elle probablement début Juin 1430 environ. On est sûr également qu'il est libéré rapidement puisqu'on le retrouve en 1431.
Selon Perceval de Cagny, Jeanne reste à Beaulieu entre trois et quatre mois. Perceval de Cagny est un chroniqueur du Duc d'Alençon, le témoignage de la captivité de Jeanne à Beaulieu-les-Fontaines vient sûrement de Jean d'Aulon. En effet Jean d'Aulon et la Pucelle ont une discussion au château de Beaulieu qui est relatée par le chroniqueur :
« Ceste poure ville de Compiengne que vous avez moult amée, à ceste foiz sera remise ès mains et en la subjection des anemis de France. » Et elle lui répondit :
Ses autres compagnons, capturés à Compiègnes également, sont libérés également après paiement d'une forte rançon. Pierre d'Arc, ( ou du Lys ) son frère, est prisonnier du Bâtard de Vergy, il ne peut se libérer qu'en vendant l'héritage de sa femme. Il est possible que ça soit pour cette raison qu'il va feindre de reconnaître Jeanne des Armoises comme sa sœur, pour essayer de se refaire une santé financière. Cependant financièrement il va s'améliorer par la suite, grâce au Duc d'Orléans en 1443 [ L8 – 284 ] qui lui offre la jouissance d'une île.
On peut cependant être assez surpris que Jean de Luxembourg n’ait pas cherché à éloigner d'avantage Jeanne d'Arc de Compiègne, car à une journée de cheval de la ville il n'était pas impossible d'avoir un plan pour récupérer la prisonnière. On peut supposer aussi que les Bourguignons espéraient un dénouement rapide de l'affaire par le paiement d'une rançon proportionnelle à la capture de Jeanne, comme il a été pour les autres prisonniers et qu'un éloignement était à ce moment-là peu opportun, d'autant que Compiègne est assiégée. On peut donc penser qu'à ce moment là le sort de Jeanne d'Arc n'est pas totalement scellé .
Le Duc de Bourgogne par ses engagements est tenu de livrer au roi d'Angleterre, pour une somme maximale de 10 000 écus, les prisonniers qu'il aurait capturés sur le territoire Anglo-Bourgignon... la messe est dite, bien que pour la somme de la rançon, cette « dicelle femme ne soit pas pareille à la prise de Roy, princes et autres gens de grand état », cette phrase est intéressante car elle démontre parfaitement que Jeanne, aux yeux des Anglo-bourguignons, n'est ni de sang royal ( voir la non affaire Jeanne d'Arc ) et n'a pas un statut réel, mais symboliquement elle représente une plaie pour Bedford.
Le problème de la rançon pour les Bourguignons devient plus complexe avec l'arrivée de l’Église, également sous la pression anglaise, qui veut faire condamner Jeanne pour hérésie avec une première lettre envoyée par le vicaire général de l'inquisition de France, le frère Martin, qui réclame dès le 26 mai la « femme nommée Jeanne que les adversaires du Royaume appelaient la Pucelle ../.. soupçonnée véhémentement de plusieurs crimes sentens hérésie » . Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, vient lui-même avec 6000 livres devant Compiègne pour payer une partie de la rançon à Jean de Luxembourg et 200 à 300 livres pour le Bâtard de Wandonne, qui de simple archer devient Capitaine de Nesle et de Beaulieu-les-Fontaines jusqu'à la mort de Jean de Luxembourg.[T1-Quicherat] [L8-284]. Pierre Cauchon propose encore en plus 10 000 écus du roi d'Angleterre, ce qui fait pas loin de 16000 écus, ce qui en temps de guerre est une somme conséquente.
En clair on se retrouve sur un problème quadripartite en pleine guerre de Cent-Ans : les Anglais, les Bourguignons , l'Eglise de la région alors contrôlée par le Duc de Bedford et de l'autre les Français. C'est dans ces conditions que Jeanne est donc enfermée au Château de Beaulieu-les-Fontaines , dont le capitaine est peut-être Jacotan Estobert.
La tentative d'évasion de Jeanne d'Arc
On ne connaît pas grand-chose de la disposition du château de Beaulieu-les-Fontaines et il est difficile aujourd'hui d'imaginer où fut enfermée dans un premier temps la Pucelle de Lorraine, d'autant que le donjon ou la tour maîtresse a été détruit sans laisser de traces (à ma connaissance il n'existe pas de gravure ou document de ce château ). Il est en tout cas certain qu'elle est relativement bien traitée par les Bourguignons, au point d'ailleurs qu'ils la laissent faire sa ou ses prières à la Chapelle du château, ce qui ne sera pas le cas à Rouen.
C'est un fait qu'elle réussit à déjouer la surveillance de ses gardes en les enfermant dans la pièce ou la prison. Elle serait passée entre « deux pièces de bois », peut-être les solives de l'étage, mais pour les déplacer (ou passer entre), il faut pouvoir démonter une partie du plancher sans éveiller les soupçons des gardiens, ce qui parait quand même assez invraisemblable sans négligence ou complicité dans le château.
C'est en essayant probablement de sortir qu'elle va se faire voir du « portier », elle dira alors au procès le 15 mars 1431 qu'elle s'était alors dit lors de l'évènement : "Je vois qu'il ne plaît pas à Dieu que j'échappe aujourd'hui". Elle n'était pas enfermée, à mon avis, dans une tour mais bien dans le Donjon au centre du château, car si elle avait voulu s'échapper d'une tour d'enceinte, elle serait sortie alors directement par le fossé ce qu'elle va tenter de faire à Beaurevoir.
« qu'elle dist la manière comme elle cuida eschaper du chastel de Beaulieu, entre deux pièces de bois : respond qu'elle ne fut oncques prisonnière en lieu qu'elle ne se eschappast voulentiers ; et elle estant en icelluy chastel, eust confermé ses gardes dedans la tour, n'eust été le portier qui la advisa, et la recontra »
Il est incroyable par ailleurs qu'elle parle du portier de la tour et non du château. Cependant au vu du plan du XIXe, il est plausible que la forteresse de plaine possédait deux entrées : celle qui menait au village qui est plus petite ( un poterne ? ) et l'autre avec le pont-levis qui est l'entrée principale.

Au sujet de l'entrée avec pont-levis, il est normalement relevé la nuit mais peut-être s'est-elle échappée la journée ? Mais je doute fort qu'elle se soit extirpée du donjon pour ensuite se diriger crânement vers la sortie principale...
Dans un château , il y a deux ou trois personnes qui sont nommés par le seigneur : le Bayle : qui a un rôle principalement administratif, juridique et de gestion; le Capitaine qui a un rôle proche du Bayle, mais qui normalement s'occupe de la garnison et de la protection militaire de l'ensemble et enfin le Portier qui est le garant des sorties et des entrées du château, c'est donc de ce dernier que Jeanne d'Arc parle. Mais être « portier » ne veut pas dire forcément que c'est lui qui fait la sentinelle à l'entrée, c'est plus une fonction qu'il gère et surtout une responsabilité .


Jeanne, après ce coup fameux, est enfermée dans une cellule plus exiguë et mieux surveillée, qui est peut-être celle que nous connaissons aujourd'hui. Même si je n'ai aucune idée des éléments qui peuvent affirmer que c'est bien cet endroit, j'ose imaginer que les fouilles qui ont pu être faites à cette époque ont démontrées qu'il n'y avait aucun doute. Après mon voyage en Picardie et en Normandie, j'ai été étonné de constater que d'autres châteaux comportaient ce même type de cellule dans un châtelet d'entrée, je pense notamment à Saint-Valery sur Somme qui possède le même type de cachot dans l'entrée de la citée médiévale, ce cachot en question aurait peut-être servi à enfermer Jeanne pendant quelques heures.
Par contre ce qui est étrange aussi, c'est le dispositif de la pièce avec peut-être un siège, voir une étagère, pour une prison de l'époque ça me parait très confortable. Les prisonniers étaient rarement dans des conditions de vie agréable mais cela dépendait de leurs moyens financiers.
Il est possible que cette étagère servait de double emploi en cas de siège ou d'utilisation en prison. De toute façon en temps normal, ce type de cachot était utilisé pour des temps relativement courts, souvent avant d'être jugé. En tout cas la disposition actuelle du « cachot » ne se prête pas vraiment à un élément défensif . Mais rien ne dit que cette pièce n'a pas été totalement modifiée ultérieurement sans prendre en compte le cachot d'origine et que la reconstruction du XVIIe ne soit pas faussée.
Après sa tentative, elle est probablement rapidement transférée au château de Beaurevoir qui, lui, est bien plus éloigné de Compiègne , mais surtout possède un donjon bien plus imposant, une meilleure fortification et une surveillance accrue plus fiable. Mais ça ne l'empêchera pas de presque réussir, une nouvelle et dernière fois, à s'évader en manquant de peu de se tuer. Ce qui dénote de sa part une farouche volonté de s’enfuir et une certaine intelligence alliée à une vivacité d'esprit pour y parvenir.

Chapelle de Jeanne d'Arc construite en 1930 . Elle est très raffinée et semble avoir été faite avec minutie.

Sur la gauche une pierre de la Tour des Champs du château de Bouvreuil à Rouen, dernier lieu de captivité de Jeanne d'Arc. Elle fut achetée par un musée américain à New-York et offert le 14 juillet 1935 à Beaulieu les Fontaines. Au centre le puit du cellier, les briques trahissent sa modification au cours du XVIIe, mais peut-être existait-il à l'époque de Jeanne. Les pierres qui forment un carré au dessus proviennent à mon avis du puits extérieur. Sur la droite un beau reste de la fortification et du fossé.
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La lettre de Boulainvilliers
- I - 6 Janvier 1412
- II - Quels sont les témoignages , au XVe, sur l'âge de Jeanne d'Arc
- IV - Jeanne la Pucelle
Introduction
La lettre de Perceval de Boulainvilliers, écrite le 21 juin 1429, a fait couler beaucoup d'encre notamment sur son authenticité , les raisons de son élaboration et surtout la date étrange et les événements survenus lors de la naissance de Jeanne.
Le gros point noir au début de cette lettre n'est pas vraiment l'auteur et la date d'écriture, mais plutôt à qui elle était destinée. En effet Jean Marie Visconti est mort depuis fort longtemps en mai 1412. Je ne vais pas m'étendre sur le personnage et la famille Visconti, famille connue pour des activités douteuses et cruelles. Par contre on peut remarquer que la date de décès coïncide par le plus curieux des hasards avec celle de l'année supposée de la naissance de Jeanne.
Bien évidemment on pourrait se dire qu'au vu des moyens de communication de l'époque, Perceval de Boulainvilliers pourrait ne pas être au courant. C'est fortement impossible puisque le 17 février 1424 Charles signe un traité avec le successeur de Jean Marie Visconti qui est Philippe Marie Visconti son frère, soit seulement 5 ans avant la lettre. Dans son tome V, Quicherat donne une explication simple, le Jh aurait été confondu avec Ph, il s'agirait alors bien de Philippe Marie de Visconti, n'ayant pas pour l'instant pu voir le document original en question, je ne peux pas me prononcer,
Mais il est vraiment improbable qu'il s'agisse d'une erreur, car Philippe Marie et Jean Marie Visconti sont les oncles de Charles VII et du frère emprisonné à Londres, comment peut-on imaginer qu'ils n'en connaissent donc pas le prénom ? Un simple problème donc de transcription du latin en français en est donc peut être l'origine.
On sait encore moins qui est le commanditaire de la lettre, Boulainvilliers ? le Roi ? une personne proche du Roi ? ça reste un mystère.
Le contenu de la Lettre sur la naissance de Jeanne d'Arc
Je fais abstraction du début de la lettre qui est une succession de formules de politesse pour le Duc de Milan, pour passer directement au sujet de la naissance de Jeanne :
« Elle est née dans un petit village appelé Domremy, au bailliage de Bassigny, en deçà et sur les confins du royaume de France, sur le fleuve de Meuse, non loin de la Lorraine. Elle est issue, on le sait, de parents justes et simples. C'est dans la nuit des Épiphanies, durant laquelle les gens ont coutume de commémorer avec plus de joie les actes du Christ, qu'elle entre dans la lumière de cette vie mortelle, et, chose merveilleuse, tous les paysans de l'endroit sont saisis d'une joie inconcevable.
Ignorant la naissance de la jeune fille, ils courent çà et là, demandant ce qui est arrivé de nouveau. Une joie nouvelle s'était fait sentir dans le cœur de quelques-uns. Que dirai-je de plus ? Les coqs, comme se faisant les hérauts de cette joie nouvelle, éclatent en chants inusités, inouïs. Battant leurs corps de leurs ailes, pendant presque deux heures, ils semblent présager l'événement d'une chose nouvelle »
On est là face à un texte assez étrange, qui ressemble plus il faut le dire à une campagne politique tendant à démontrer le merveilleux de la naissance de Jeanne... malgré comme il le dit « Ignorant la naissance de la jeune fille » les habitants du village sont pris d'une folle joie ... C'est d'autant plus étrange que ce n'est pas corroboré par aucun témoignage dans les procès. Un autre point contestable et qui permet d'affirmer dans un sens que Boulainvilliers ne connaît pas la date de naissance de Jeanne, c'est qu'à aucun moment il ne parle de son année de naissance et de son âge précis.
Cependant un point essentiel sur l'âge de Jeanne d'Arc est écrit par Boulainvilliers, ce que d'ailleurs les adeptes du complot ne relèvent jamais...
" Quand elle eut accompli ses douze ans,elle eut sa première révélation"
puis quelques lignes plus tard :
"De semblables apparitions se sont produits à plusieurs reprises et se renouvellent, soit de jour, soit de nuit. La jeune fille garde le silence ; elle ne découvre ses pensées à personne, sinon à son curé seulement, et elle reste dans ces perplexités durant un laps de temps d'environ cinq ans."
En faisant une addition simple : 12 + 5 ans, on arrive à l'âge de 17 ans, indirectement donc Boulainvilliers donne cet âge.
Ce simple calcul, à priori à la portée de tous, aurait du mettre la puce à l'oreille des complotistes...mais soit ils ne savent pas calculer, soit ils omettent volontairement de le dire. Si on prends la thèse des fabulateurs de la théorie international du complot, vu qu'elle aurait selon eux environ 23 ans lors de son arrivée à Chinon, il faudrait donc rajouter donc 5 ans aux événements ce qui entre en contradiction avec un grand nombre de situation.
Jeanne d'Arc née au Royaume de France ou ailleurs ?
On remarque aussi que pour Boulainvilliers , Domremy est bien en territoire français :
"Elle est née dans un petit village appelé Domremy, au bailliage de Bassigny, en deçà et sur les confins du royaume de France, sur le fleuve de Meuse, non loin de la Lorraine."
Un certain journaliste qui se veut sérieux dans son enquête, explique que ce tintamarre pourrait venir en fait de la venue de Paris d'un convoi en donnant un bébé à Jacques d'Arc et Isabelle Rommée. On peut évidemment se poser la question, mais rien dans le texte ne permet de l'affirmer, Perceval de Boulainvilliers à aucun moment ne fait ce type de référence ou allusion, il s'agit purement d'une invention fantaisiste du journaliste.
De plus comment motiver une visite royale en plein hiver, à plus de 400 km avec plus de 10 jours de route sans aucune trace nulle part ? en plus dans un territoire proche des ennemis du Duc d'Orléans qui alors était décédé.
Dans une lettre d'exemtion d'impôts, donné à Château-Thierry le 31 juillet 1429, des villages de Greux et Domremy, Charles VII estime en tout cas qu'elle est native de Domremy et personne ne met en doute sa naissance ou sa filiation :
"Charles, par la grâce de Dieu, roi de France. Au bailly de Chaumont, aux élus et commissaires commis et àc ommettre à mettre sus et imposer les aides, tailles, subsides etsubventions audit bailliaige, et à tous nos autres justiciers et officiers, ou à leur lieutenants, Salut et dilection. Savoir vous faisons que, en faveur et à la requeste de nostre bien aimée Jehanne la Pucelle, et pour les grands, haults, notables et profitables services qu'elle nous a faits et fait chaque jour aurecouvrement de notre seigneurie,
Nous avons octroyé et octroyons la grâce spéciale, par ces présentes, aux manants et habitants des villes et villages de Greux et Domrémy, au dit bailliaige de Chaumont-en-Bassigny, dont la dicte Jehanne est native, qu'ils soient dorénavant francs, quittes et exemps de toutes tailles, aides, subsides et subventions mises et à mettre au dict bailliaige."
On ne peut éviter d'en rire un peu, comment un journaliste qui se veut exhaustif, réaliste et objectif, peut-il dans son livre avec un ton très sérieux sortir ce genre d'histoire à dormir debout, comme si la lettre de Boulainvilliers ne manquait pas déjà en elle-même d'étrangeté.
En réalité le journaliste, en parfait commercial pour bien vendre son livre, omet totalement d'expliquer la situation religieuse à cette époque. Le texte fait clairement référence s'il en est à la naissance de Jésus et à la magie des événements.
Dans le livre de Contamine ( L10 ) , l'un des grands spécialistes de Jeanne , celui-ci estime que Perceval de Boulainvilliers aurait pris ses informations sur les rumeurs et histoires sur Jeanne au moment où il écrit cette lettre, en n'inventant rien . Si lui n'invente rien, on peut donc légitimement se poser la question sur ceux qui colportent ces faits.
Une autre phrase est intéressante :
« Elle est issue, on le sait, de parents justes et simples » le « on le sait » démontre par ces trois mots qu'il a une certitude sur ces origines parentales, probablement lié au procès de Poitiers et peut être une enquête à Domremy même. Il y a une tentative sur ce point d'imposer un état de fait irréfutable, cette certitude dans sa lettre n'est pas la seule.
On peut être évidemment aussi surpris de la précision « deux heures », comme si il avait été témoins des faits où qu'il aurait reçu un témoignage d'une personne proche ? Ses frères ? peu probable, ils étaient sûrement trop jeunes pour s'en souvenir. Les parents ? Jusqu'à juin, il ne semble pas qu'Isabelle, la mère de Jeanne, ni le père Jacques se soient déplacés à Chinon. Du procès de Poitiers ? ou des interrogatoires de Chinon, pourquoi pas, mais même le Pape Pie II n'en a pas connaissance, ne serait-ce pas pourtant une date importante dans la religion chrétienne et une preuve de plus que Jeanne est la messagère de Dieu ?
Alors vraiment on peut honnêtement que rester perplexe, d'où tient-il cette information ? De simples rumeurs comme il était coutume à l'époque ?
Quant à la date de naissance de Jeanne du 5 ou 6 janvier, on ne peut qu'évidemment se poser des questions, d'autant qu'elle coïncide comme par enchantement à la date des Rois. Pour ma part si Jeanne était née ce jour-là, un jour important dans l'année des chrétiens, il est fort probable qu'elle en aurait fait mention un jour ou l'autre notamment à son procès, ce qui n'est pas le cas, puisque malheureusement elle ne peut même pas indiquer avec certitude son âge à un an près. Mon avis est que si elle était née le jour d'une fête religieuse importante, vu sa croyance ainsi que celle de sa mère, elle en aurait parlé au procès ou un autre moment, surtout si selon Boulainvilliers il s'agit d'une fête dont « les gens ont coutume de commémorer avec plus de joie les actes du Christ ».
Vu l'imprécision de l'âge de Jeanne notamment par elle-même, vu que le Pape Pie II n'en fait aucunement référence et qu'aucun « historien » contemporain de l'époque n'en parle à aucun moment, la date fournie par Perceval de Boulainvilliers, le ton utilisé et la manière dont le sujet est amené, est sûrement inventée ou créée à partir de sources non fiables ( rumeurs ) pour conduire le lecteur de la lettre à imaginer l'incroyable bénédiction de la naissance de Jeanne.
Ne l'oublions pas, elle est venue libérer la France et doit sacrer Charles comme roi de France, il faut donc crédibiliser le rôle de Jeanne et la rendre plus pure qu'elle ne l'est encore.
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Prison épiscopale de Noyon, où Jeanne d'Arc aurait , selon la légende, été probablement enfermée.
à voir aussi. la Cathédrale de Noyon.
Jeanne d'Arc à Noyon ?
Les archives de la cathédrale ont disparu à la révolution française cependant Charles Gomart, qui a écrit un livre sur Beaurevoir, dit ceci :
" Nous pensons que Jeanne fut transportée du camp de Margny à Beaulieu, que le 22 juin 1430, parce que les registres des délibérations de la chambre du conseil de Noyon rapportent que la duchesse de Bourgogne et le Duc se trouvaient en cette ville, le 22 juin 1430, lorsque que la Pucelle , prise à compiègne, y fut amenée chargée de fers"
Logiquement elle est donc transportée assez rapidement à Beaulieu les Fontaines, probablement à la fin mai, château appartenant à Jean de Luxembourg qu'il avait fait assiégé par ses troupes obligeant le capitaine Jean de Saint-Maure à quitter le château avec sa garnison probablement au début de l'année 1430. De plus une autre légende, encore une, prétends que Jeanne aurait priée sur la route de Beaulieu à l'Eglise d'Elincourt Sainte Marguerite, car selon le diocèse de Beauvais elle aurait pu être enfermée dans le château de Borenglise . Si tel est le cas on est déjà très éloigné de Noyon et ça ne correspond pas à un chemin qui aurait été logiquement utilisé...même si un détour n'est pas exclu pour éviter les embuscades. Cependant cette légende de l'Eglise d'Elincourt n'est pas improbable si on regarde le parcours entre Clairoix et Beaulieu ,en passant par cette église, il fait environ 35km soit aisément une journée de Cheval, donc techniquement faisable sans aucun problème particulier. La prison de Noyon est tenue par l'église, pas par Jean de Luxembourg ou Philippe le Bon, il aurait donc fallu un jugement ou un acte écrit qui autait été probablement réalisé.
Comme on peut le voir une probabilité bien faible, beaucoup de flou, des déductions parfois un peu hasardeuse, mais foncièrement pas impossible mais sans aucune preuve tangible. Si éventuellement elle y était enfermée ça aurait été dans la prison épiscopale , seule prison existante connue, de la ville qui existe encore aujourd'hui derrière la cathédrale.
( j'y reviendrais si j'arrive à affiner mes recherches sur le sujet )
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Les Prisons de Jeanne d'Arc

Après la prise de Jeanne d'Arc par un archer, nom inconnu aujourd'hui, à Compiègne, elle est mise très rapidement en lieu sûr afin de la garder captive.
Voici une carte très précise des endroits où Jeanne d'Arc est passée pendant sa captivité. Un clic sur l'îcone fait apparaître l'information lui correspondant. La carte quoique déjà bien fournie va surement mériter diverses mises à jour.
Il est très difficile de connaître le trajet exact de sa captivité, pour plusieurs raisons :
Il existe peu d'informations, le trajet était tenu secret afin empêcher sa libération. Lors du trajet entre Beaurevoir et Crotoy, puis après entre le Crotoy et Rouen, les étapes ne duraient guère plus d'un jour. Beaucoup de légende, souvent locale à la source inconnue donc pas forcément crédible, indiquent des passages à divers endroits mais dont la probabilité n'est pas toujours évidente, du point de vue géographique et de temps.
En effet un voyage, en plein hiver, dans des conditions difficiles devaient impliquer des arrêts fréquents et un voyage à cheval durait à cette époque guère plus de 50km en temps normal ( météo clémente ), la moyenne était plutôt 30 à 40km en hiver. Par ailleurs les geôliers de Jeanne devaient s'assurer que leurs gîtes d'étapes étaient sécurisés ce qui n'était pas évident à cette époque. Néanmoins l'entièreté du trajet se fait dans des territoires contrôlés principalement soit par les Anglais ou les Bourguignons.
- vers le 28 mai 1430 à début Août 1430 : Prison de Jeanne d'Arc à Beaulieu les Fontaines, première tentative d'évasion.
- vers le 22 juin 1430 : prison épiscopale de la Cathédrale de Noyon ( légende locale très incertaine)
- de Juillet 1430 jusqu'à fin octobre 1430 : Deuxième tentative d'évasion , Château de Beaurevoir, Jeanne d'Arc
- une nuit, date vers fin octobre 1430 : Château de Bapaume ( légende locale )
- le 9 décembre 1430 : Ferme de Drugy, Château à Saint-Riquier, Jeanne d'Arc y fut emprisonnée.
- le 20 décembre 1430 : Saint Valery sur Somme, son château, son histoire et Jeanne d'Arc
- Dans la nuit du 22 ou 23 décembre 1430 : Château d'Arques la Bataille ( incertain )
- Dans la nuit du 22 ou 23 décembre 1430 : Bosc le Hard ( légende locale )
- 24 ou 25 décembre 1430 au 30 mai 1431 : Tour Jeanne d'Arc à Rouen reste un témoin important même si elle n'y fut pas emprisonnée mais interrogée.
- 30 mai 1431 : Jeanne d'Arc sur le bûcher à Rouen, 30 mai 1431 sur la place du vieux Marché.
NB : Légence Locale : il s'agit d'une légende, qui n'est cependant pas corroboré par une preuve matérielle historique suffisante voir nulle dans certains cas, seul le récit ,parfois vague, de la population locale a perduré en général. Cependant ça ne préjuge pas que c'est impossible, mais simplement incertain car non prouvé.
Tour des Champs à Rouen, dernière prison de Jeanne d'Arc

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6 janvier 1412, La date de Naissance de Jeanne d'Arc et son âge

Article connexe. Jeanne d'Arc
- I - 6 Janvier 1412
- II - Quels sont les témoignages , au XVe, sur l'âge de Jeanne d'Arc
- III - La lettre de Boulainvilliers
- IV - Jeanne la Pucelle
La question revient souvent : la date du 6 janvier 1412 est-elle vraiment la date de naissance de Jeanne d'Arc ? Sur quels éléments crédibles ou non ?
Il faut d'abord préciser qu'il n'y a aucun acte religieux ou civil qui puisse confirmer la date de naissance couramment utilisée aujourd'hui. Seule une lettre écrite par Perceval de Boulainvilliers, Chambellan du roi, sert aujourd'hui de référence historique et je vais d'ailleurs m'y attarder plus longuement par la suite.
Les raisons de cette date incertaine :
Ce manque de documents contemporains à sa naissance peut s'expliquer pour plusieurs raisons :
Il n'existait pas, ou presque pas, de registre d'acte civil ou religieux qui est communément appelé aujourd'hui « extrait de naissance ». Il faut rappeler que c'est seulement sous François Ier, en 1539 avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts, qu'il y a eu obligation d'inscrire les baptêmes et les actes de décès appelés alors « sépulture ». L'acte écrit de mariage n'est venu qu'en 1579 avec l'ordonnance de Blois, en effet à l'époque de Jeannette seule la présence de témoins et d'un curé ayant le pouvoir de sacrement suffisait alors pour établir un mariage religieusement légal.
Cependant il existe des registres qui selon les paroisses, les archevêchés et autres juridictions religieuses pouvaient alors retranscrire certains actes dont les baptêmes. Il faut dire que la nécessité d'avoir un acte écrit de baptême n'était pas forcément nécessaire puisque la majorité des enfants nés étaient forcément chrétiens et catholiques. La question religieuse ne se posait guère, elle s'est surtout révélée nécessaire pendant les guerres de religions et pendant une forte croissance démographique avec des moyens de communications plus avancés et plus sûrs, rendant les populations légèrement moins sédentaires, nécessitant de facto une meilleure identification des personnes.
Dans le cas où Jeanne d'Arc aurait eu un document écrit religieux d'un acte de baptême, il n'en existe en tout cas aucune trace de nos jours. Tout simplement parce qu'il n'existait pas ou parce qu'il a été détruit dans les différents pillages de Domremy par les Bourguignons principalement. Il n'y avait alors aucune obligation, en cas d'écrit, d'en faire un double. C'est seulement à l'ordonnance de « Saint Germain en Laye » appelé aussi « Code Louis » en 1667 qu'il fut institué mais réellement pratiqué surtout à partir du début su XVIIIe siècle. Sachant que Domremy a quasiment totalement brûlé et a été ravagée à plusieurs reprises pendant l'enfance de Jeanne, il n'est pas difficile de penser que même si son curé, Jean Minet, a enregistré son baptême, l'acte a sûrement été détruit.
Comment connaître la date exacte de sa naissance autrement ?
Il aurait fallu un témoignage des parents, des frères, ou toute personne contemporaine de Jeanne et évidemment d'elle-même, mais actuellement il n'y a aucune trace, à ma connaissance, d'un témoignage direct quelconque de la famille de Jeanne. Au mieux nous avons quelques témoignages d'un âge incertain qui varie selon les témoins, mais qui aujourd'hui semble accréditer qu'elle ait eu moins de 20 ans à la date de son exécution. Il faut rappeler aussi que Jeanne lorsqu'elle se présentait, elle s'identifiait de la manière suivante " Jeanne la Pucelle", qui veut dire en latin ou en vieux français "Jeanne la jeune fille" et non pas comme utilisé depuis le XIXe comme "Jeanne la vierge", ce qui acrédite le fait qu'elle était bien jeune et non pas une jeune femme, car le terme de Puella ( Pucelle ) est utilisé à l'époque pour parler des filles qui ont moins de 18 ans en général.
L'âge à l'époque n'est pas aussi important qu'aujourd'hui
L'âge à l'époque des personnes, à part de nobles ou de la royauté, n'avait guère d'importance et il était commun de ne pas connaître ni sa date de naissance précise et son âge même à quelques années près.
Un exemple flagrant est celui du procès de réhabilitation de Jeanne, les témoins se donnent des âges souvent inexacts :
Guillaume Manchon alors greffier du procès de condamnation : 58 ans puis 57 ans ( L10 )
Le dominicain Martin Ladvenu : 55 puis 52
Isembard de la Pierre : se rajoute 5 ans
Pierre Cusquel : s'enlève 5 ans ..
Le Comte de Dunois, le 22 avril 1456 , se donne un âge de 51 ans alors qu'il en a environ 54.
Jeanne dans le procès ne fait pas souvent allusion à son âge, en tout cas pas plus qu'il est nécessaire, il est d'ailleurs très probable qu'elle n'en connaisse pas la date avec précision. Cette situation est corroborée par la suite lorsqu'elle n'arrive pas à donner un âge bien précis lors du procès de Rouen par l'évêque de Beauvais, de plus il lui arrive d'avoir des doutes notamment sur l'âge de départ de chez ses parents, preuve s'il en est que rien n'est bien acté, même s'il n'y aucune contradiction de sa part, simplement des imprécisions qui n'avaient pas lors des faits une importance majeure. Si aujourd'hui on apporte une attention grandissante à l'anniversaire comme une date importante, l'époque de Jeanne a une mentalité totalement différente pour ce qui concerne la population en général.
Un autre élément aurait pu nous aider, c'est le procès matrimonial de Jeanne à Toul. Mais ce document, qui a disparu, ne reflétait probablement rien de bien particulier à ce sujet et encore moins son âge de majorité. L'âge de la majorité n'était pas défini comment on peut le connaître aujourd'hui dans nos institutions, au mieux l'âge de majorité fictive était défini par l'Eglise selon la possibilité, ou non, d'une femme de se marier. Textuellement l'âge de mariage religieux est défini à la puberté, c'est-à-dire à 12 ans environ ; même si en réalité à son époque les mariages étaient tout de même souvent plus tardifs, vers 16-19 ans en moyenne. Un âge moyen par ailleurs qui entre parfaitement dans le cadre des « fiançailles » de Jeannette.
Au procès à Rouen, elle répond déjà aux questions sur son âge et son lieu de naissance
Pourquoi devrait-elle mentir si on en croit les complotistes ? aucune raison particulière, d'autant que Pierre Cauchon ,et son assemblée, ont le compte rendu du procès de Poitiers et ils ont fait une enquête à Domremy et les alentours.
Conclusion sur la date du 12 janvier 1412
La date fournie par Perceval de Boulainvilliers est difficile à appréhender, son approche dans la lettre surtout au début peut paraître surprenante, d'autant qu'il ne précise pas l'année mais se contente de donner le jour en relatant des faits que l'on peut qualifier d'imaginaires ou infondés. Pourtant la suite de la lettre, qui concerne en partie la Bataille de Patay, semble confirmer une réelle précision des événements dont il a pu faire partie ou à partir de témoignages. Mais ces éléments à la fois précis dans certaines parties de la lettre et d'autres bien plus incertains, ne peuvent pas permettre de crédibiliser l'ensemble de cette lettre.
De plus aucun témoignage écrit pourrait concorder avec le sien. Sur la date de naissance à l'heure d'aujourd'hui, il est bien le seul à le préciser Sur d'autres points de sa lettre, certains éléments semblent confirmer ses dires et d'autres non, il est difficilement concevable qu'elle connaisse sa date de naissance mais pas son année, l'inverse est par contre plus réaliste.
Avec certitude on sait qu'elle avait entre 16 et 18 ans lors de son arrivée à Chinon
L'âge de Jeanne selon les témoins est toujours, sauf une exception mais qui peut être largement mis en doute, entre 16 ans et 18 ans pour la rencontre avec Charles VII. Jeanne lors de son procès donne un âge d'environ 19 ans en 1431 sans pouvoir le préciser totalement, cette imprécision peut s'expliquer par le fait qu'elle ne connaît pas sa date exacte de naissance, ce qui peut rendre improbable le jour de naissance proposé par Perceval de Boulainvilliers, en effet comment expliquer qu'elle ne la connaisse pas alors que lui si ?
On peut donc penser qu'elle est née entre 1411 et 1413.
Les industriels du mensonge évoquent des âges aberrants sans aucun fondement autre que leur imagination déviante.
Certains journalistes ou romanciers cherchent à lui donner un âge plus avancé, en trouvant une multitude de faits inexacts, cherchant des témoignages plus ou moins valables, voire transformant des textes à leur façon, cherchant uniquement ce qui pourrait étayer leur théorie tout en discréditant tout le reste, bien souvent en omettant les autres faits et témoignages afin de faire profiter les plus candides d'entre nous de leurs lumières abjectes.
La réalité est que clairement les témoins visuels entrent en totale contradiction avec le seul témoignage d'un âge supérieur à 20 ans, qui sorti de son contexte peut rendre éventuellement probable la théorie fumeuse d'un âge plus avancé, mais pris dans son contexte -en prenant l'ensemble des faits historiques et des témoignages visuels- la rende peu crédible, voir risible.
Mais une industrie du mensonge rapporte toujours et entre dans les débats journalistiques dont seul la polémique semble leur faire crédit, peu importe que ça soit vrai ou faux, le plus important est de vivre de la polémique.
La théorie du complot international d'une légende fabriquée
Bien sûr on peut se demander pourquoi les historiens ou la version dite « officielle », dit souvent d'une telle manière qui laisse sous-entendre qu'il s'agit d'un complot international depuis 600 ans, ont tenu à garder cette date.
Pour une raison simple, il en fallait une et quitte à ce qu'elle soit fausse, elle repose au moins sur un témoignage de son vivant, même si évidemment il est sujet à controverse. Ce n'est pas le seul document dans l'histoire de France qui est sujet à discussion.
L'appât du gain, souvent orchestré par des journalistes en mal de sensation et de visibilité afin de vendre aux plus crédules, permettent à certains de dire tout et n'importe quoi.
Il fallait une date, celle du 6 janvier 1412 fut la plus proche de la vérité historique
De plus cette date ne remet absolument pas en cause la vie de Jeanne et son histoire, s'il y a bien sur quelques mystères à son sujet, ils restent à mon avis largement mineur pour la plupart par rapport à sa vie. Savoir son âge au jour près, ne changerait rien ou presque.
L'essentiel est le symbole utilisé qui perdure encore aujourd'hui et la volonté de prolonger sa mémoire avec le plus d'objectivité possible, ce que certains journalistes, voire d'historiens, ont perdu.
- Détails
- Catégorie : Jeanne d'Arc
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Crépy en Valois est intimement lié à Jeanne d'Arc, principalement à cause du témoignage de Dunois au procès de réhabilitation, mais aussi parce que c'est la dernière ville dans laquelle elle va organiser la lutte contre les Anglais et vivre librement avant sa capture à Compiègne le 23 mai 1430.
Le musée de l'archerie, qui est dans l'ancien château de Crépy en Valois, possède une importante collection d'arcs du monde entier ( Japon, etc ) . Egalement , depuis quelques temps, le dernier étage est consacré à l'art religieux dans le Valois, ce qui pour ma part m'a davantage intéressé que l'archerie à quelques exceptions près.
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Informations
- Adresse : Musée de l'archerie et du Valois - Rue Gustave Chopinet - 60800 Crépy-en-Valois , Office du Tourisme - 82 Rue nationale, 60800 Crépy-en-Valois
- Google Maps : Carte
- Téléphone : Musée de l'Archerie : 03 44 59 21 97 - Office du Tourisme : 03.44.59.03.97
- Email : Musée de l'archerie :
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Tous les jours sauf le mardi de 14h à 18h. Le musée est ouvert du dernier week-end de mars au 11 novembre. Fermé le 1er mai.
Le centre de documentation du musée est accessible uniquement sur rendez-vous.
Je ne vais pas m'attarder sur l'histoire et l'architecture du château, car Jean Mesqui a déjà fait un fabuleux travail qui est disponible ici : http://www.mesqui.net/Articles_fortif/pdf/crepy-en-valois.pdf
Château de Crépy en Valois & Jeanne d’Arc
Le premier Passage
Après le sacre de Charles VII à Reims le 17 juillet 1429, les troupes royales accompagnées de Jeanne d’ Arc s’arrêtent à Crépy-en-Valois le 11 août 1429.
Elle passe devant la collégiale de Saint-Thomas et rentre dans la ville par la porte de Paon, accompagnée de Jean de Dunois et de ses compagnons, dont Pierre d’Arc.

L’accueil fait à Jeanne d’Arc et au Roi est festif et chaleureux, au point que lors du procès de réhabilitation, Jean de Dunois fera une déposition sur ce sujet, à savoir :
« Après le sacre, quand le roi vint, à la Ferté et à Crespy en Valois, le peuple accourait au-devant de lui, transporté de joie et criant: « Noël ! » La Pucelle chevauchait alors entre l’archevêque de Reims et moi. Elle se prit à dire : « Voici un bon peuple. Je n’en ai pas vu nulle part ailleurs qui montra tant de joie de l’arrivée d’un si noble roi. Et plût à Dieu que je fusse assez heureuse, quand je finirai mes jours, pour être inhumée sur cette terre »
À ces mots l’archevêque lui dit: «O Jeanne, en quel lieu avez-vous espoir de mourir? » Où il plaira à Dieu, dit-elle. Je ne suis sûre ni du temps ni du lieu; et je n’en sais pas plus que vous. Mais je voudrais bien qu’il plût à Dieu, mon Créateur, que maintenant je me retirasse, laissant là mes armes, et que j’allasse servir mon père et ma mère eu gardant leurs brebis avec ma sœur (**)et mes frères qui seraient grandement joyeux de me voir. »(4)et (1)
Le 7 août, à Montereau Fault Yonne, le Duc de Bedford envoie une lettre à Charles VII, traitant notamment Jeanne d’Arc de la manière suivante : « d’une femme désordonnée et diffamée, étant en habit d’homme et de gouvernement dissolu ». Mais le plus important dans cette lettre est que le Duc de Bedford, alors Régent du royaume de France au profit des Anglais, propose au Roi de France soit une négociation , soit une lutte militaire pour déterminer qui est le vrai Roi de France. Il fait également, en insistant particulièrement dessus, référence à Dieu qui les a conduit à la victoire.
J’ai trouvé, mais c’est une vision personnelle, qu’il y a une volonté de montrer à Charles VII que Dieu est du côté anglais. Cette remarque ne vaut pas sur la lettre qu’enverra le Duc à son roi en mai 1434, il se montre par ailleurs beaucoup plus inquiet sur la suite des hostilités.
Charles VII reçoit cette lettre à Crépy alors que le Duc se trouve dans les alentours de Mitry-Mory en Seine-et-Marne, à quelques Km de Paris et 40 km environ de route ( soit environ un peu plus d’une journée de cheval et/ou 9 à 10 lieues ) de Crépy en Valois.
Le dernier passage de Jeanne d’Arc est plus dramatique
Jeanne d’Arc est au château de Sully-sur-Loire, château de Georges Ier de La Trémoille ">Trémoille , alors conseiller du roi, plus ou moins assignée à résidence, même si le terme n’est peut-être pas le plus adéquat, car elle a une totale liberté de mouvement. Il n’est pas impossible par ailleurs que ce dernier ait joué un rôle sur la capture qui va suivre, car il entre en contradiction totale avec les aspirations de Jeanne d’Arc, il est particulièrement connu pour être versatile, proche des Bourguignons et peu fiable dans ses relations avec le roi.
Elle apprend, par les habitants, que Compiègne est assiégée et la ville demande l’aide du Roi et de Jeanne. Après avoir rencontré le roi à Sully qu’elle quitte promptement, elle arrive à Compiègne le 13 mai 1429 avec une escorte de 500 hommes environ, elle revient sur Crépy en Valois pour chercher et organiser des renforts.
Il est possible, sans certitude cependant, qu’elle ait habité cet Hôtel d'Orléans. En effet le palais féodal n’était pas dans un état suffisant semble-t-il pour y habiter. Cet hôtel comportait le blason des Orléanais, donc du roi, ce qui semble suffisant pour identifier l’hôtel où elle fut logée, mais probablement uniquement à son deuxième passage.
Hôtel Orléans à Crépy en Valois, il a été construit vers le milieu du XVe siècle, il n'est pas donc sûr et évident qu'il soit bien l'hôtel où elle fut logée. La légende locale l'attribue cependant, sans élément probant ou pièce justitificative, d'autant qu' elle logeait dans des "hôtels"" et "maisons" voir des "appartements" proches du roi, comme à Chinon dans le Donjon. Je n'ai pas vu de texte relatant qu'elle était logée avec le roi ce qui conduirait alors au raisonnement suivant : elle n'aurait donc pu être logée dans cet hôtel si le roi y vivait, en tout cas lors du retour de Reims, d'autant qu'il était accompagné d'une troupe importante de gens qui logeaient dans ses appartements ( services, gardes, intendances, conseiller, familles etc ). Il se peut par contre qu'elle y soit logée à son retour dans la ville, puisque le roi était dans la Loire à ce moment là, mais aucun élément de l'époque ne permet de l'attribuer, seule la légende locale y fait mention, source devant laquelle il faut en général rester très prudent. Le palais royal , ducal et comtal, à quelques centaines de mètres de l'hôtel, ne semblait pas occupé, car inhabitable à cette époque.
Pour autant c'est bien une cheminée monumentale, aujourd'hui disparue, qui accrèdite la thèse d'un hôtel appartenant au roi de France par un manteau en fleur de lys et un blason aux armes royales. Cette partie, démontée en 1873, se trouve aujourd'hui en Franche-Comté dans le Doubs, au château de Cléron. L'Hôtel a été probablement construit par Charles d'Orléans ou par sa femme Marie de Clèves.
On remarque les mâchicoulis et la façade du XVe, même si on ne peut être certain que l’actuelle façade soit celle de son époque. En effet les Anglais attaquèrent la ville ( les dates divergent à ce niveau : soit en juillet 1431 ou en mars 1433 ) de Crépy en Valois et massacrèrent les habitants ( viols et meurtres ), qui ont résisté tant bien que mal à la déferlante anglaise menée par le Comte anglais Hutington. La ville fut également brûlée en grande partie. Alors que la ville comptait 8000 habitants environ, il n’en resta que 200 : ils ont été soit tués ou ont réussi à fuir.(4)
Alertée des positions anglos-bourguignonnes, elle repart quelques jours plus tard sur Compiègne accompagnée de Pierre d’Arc et du Capitaine Barthélémy Barrette, qui paraissait pour ce dernier, très fébrile à l’idée d’attaquer les Bourguignons alors très nombreux, elle lui répondit : « Par mon Martin ( en référence à Saint-Martin ? ou son baton ? ), nous sommes bien assez ; j’irai voir mes bons amis de Compiègne » ( procès ) .
Elle part de Crécy en Valois vers le 22 mai dans la nuit, vers minuit (2) pour éviter une embuscade, le trajet est périlleux bien que la ville soit à seulement 24 km de route environ ( excepté d’éventuels détours ), sachant que la position ennemie n’était pas totalement définie. Au point d’ailleurs qu’il n’est pas impossible qu’elle ait fait un détour, puisqu’elle rentre par la porte de « Pierrefonds », la porte de la ville de Compiègne la plus extrême des positions bourguignonnes et à la lisière de la forêt.
Elle est accompagnée alors de Pierre d’Arc, Jean Pasquerel, un page qui porte sa bannière, Poton le Bourguignon (*), Barthélemy Barrette et d’hommes d’armes ( Archers, arbalétriers principalement ). On sait également qu’elle avait une tunique dorée à l’or et de couleur vermeil (3), elle montait un demi-coursier gris pommelé et tenait une épée prise à un Bourguignon (2).
Lors d’une sortie le 23 mai, elle est capturée par les Bourguignons, mais c'est une autre histoire…
La Collégiale de Saint-Thomas
Fondée en 1182 par Philippe d'Alsace et sa femme Elisabeth Comtesse de Vermandois et dame de Valois, édifiée en dehors des fortifications de la ville. Elle est dédiée à Thomas Becket , archevêque de Canterbery, assassiné par Henri II roi d'Angleterre en 1170, en l'honneur de son passage à Crépy en Valois.
Cette position extérieure servira aux Anglais pour prendre Crépy en Valois ( en 1431 ou 1433 ) en utilisant la tour du clocher pour surplomber les murailles de la ville. Elle fut détruite par ces derniers pour éviter une réutilisation par les Français lors d'un siège éventuel. Le clocher est donc fin XVe même si son apparence fait plutôt penser à une tour clocher du XII ou XIIIe.
Le tympan du porche d'entrée contient une des rares inscriptions d'origine révolutionnaire, phrase attribuée à Robespierre :

"Le peuple françois, reconnait l'être suprême et l'immortalité de l'âme"
Après la Révolution, elle est vendue et transformée en carrière de pierre, la tour clocher fut sauvée par Monsieur de De la Hante en 1803.
Les Ursulines

En 1620, Louis XIII donne le château à une congrégation des demoiselles de Crépy, dans le but d'instruire les jeunes filles de la ville sans distinction sociale. Elle resta en place jusqu'en 1791, date à laquelle l'ensemble est revendu. Il ne reste plus que le portail d'entrée style Louis XIII, l'ensemble des autres éléments a été entièrement détruit. Propriété privée, elle ne se visite pas.
Maison de la Rose

Ne pas se fier à l'entrée un peu austère.
Bel exemple d'architecture du XVIe dans un style italien, construit en 1537 par Laurent de Boves, receveur des domaines du Valois. Ses éléments intéressants, non visibles sur les photos, est sa tourelle d'angle polygonale abritant un escalier de vis en pierre ( on peut voir ce style ici dans une autre propriété privée mais visible de l'extérieur ) des pierres sculptées et des toits avec faîtages décorés de motifs allégoriques et animaliers.
Elle est construite sur plusieurs caves en plusieurs niveaux, d'époque XIVe avec des voûtes de croisés d'ogives ou creusées à même la roche. Cette maison exceptionnelle est inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 2001. Elle ne se visite qu'avec l'Office du Tourisme, il faut se renseigner pour de plus amples indications. C'est une propriété privée.
Le Musée de l'Archerie
Il est composé de plusieurs salles entièrement dédiée à l'arc.
Brigandine du XVe

Soleret en côte de maille, cuissot pour protéger les cuisses, grève pièce en fer couvrant le bas de la jambe du genou jusqu'au pied .

A l'étage supérieur, une belle exposition d'art chrétien de la région :
Saint-Sébastien

Saint-Fiacre, du XVIe

(*) Je m'interroge sur sa présence, en effet selon le livre de Jean-Marie Tomasini, il devient le capitaine de Crépy en Valois pendant la présence anglaise, mais il peut ( toujours selon l’auteur ) s’agir aussi d’une autre personne : le Bâtard de Thian. Un mystère plane donc sur ce personnage. Cependant les trahisons, les changements de camps selon les intérêts de chacun est quelque chose de très courant à l’époque.
(**) J’ai surligné le texte sur « ma sœur » car à ma connaissance aujourd’hui, sa seule sœur dont on est sûr de l'existence, Catherine, est bien morte avant son départ de Vaucouleurs et il ne semble pas qu’elle ait une autre sœur ( quelques doutes subsistent ), ce qui laisse supposer que le témoignage en question n’est pas forcément très précis et qu’il y a toujours lieu d’être particulièrement vigilant. Cependant elle semble en tout cas vouloir revenir chez elle, mais que le « roi du ciel » l’en empêche, c’est cependant une étonnante constante dans ce qu’elle dit depuis son départ de Vaucouleurs.
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