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Guillaume des Roches

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Catégorie : Personnages Historiques
Création : 2 Juillet 2025
Mis à jour : 2 Juillet 2025
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Guillaume des Roches ( né vers 1155-1160 – 15 juillet 1222)

Guillaume des Roches  fut l’une des grandes figures politiques, militaires et administratives du royaume de France à la charnière des XIIe et XIIIe siècles. Seigneur de Longué-Jumelles, de Château-du-Loir, de Mayet puis de Sablé par mariage, il devint sénéchal héréditaire de l’Anjou, du Maine et de la Touraine. Fidèle successivement à Henri II, Richard Cœur de Lion puis au jeune Arthur de Bretagne, il joua un rôle central dans les luttes de succession opposant les Plantagenêt et Philippe Auguste. Naviguant entre diplomatie, guerre et administration, il fut tour à tour médiateur, stratège et bâtisseur. Sa rupture définitive avec Jean sans Terre, après l’assassinat d’Arthur, fit de lui un allié déterminant de la couronne capétienne. Vainqueur à la Roche-aux-Moines, artisan de la reconquête angevine et acteur clé de la croisade contre les Albigeois, Guillaume des Roches incarne le modèle du grand féodal au service du roi de France, mêlant ambition personnelle, fidélité fluctuante et sens aigu du pouvoir territorial.

guillaume des roches en priere

 Guillaume des Roches avec son blasonnement inspiré d'enleminure du XVe et traité en IA. Cette image n'a donc qu'un seul but d'illustration et ne reflète pas la réalité.


Origines familiales

Guillaume descend de la famille des seigneurs des Roches, implantée à La Rochecorbon depuis le Xe siècle, et issue d’une branche cadette de ce lignage. Ses biens principaux se trouvent dans le Maine, près de Château-du-Loir, comme en témoigne le micro-toponyme « Bois-Corbon », lié à une forêt lui appartenant. Le manoir du Houx, où il fonde son premier prieuré, se situe à Jupilles. Son aïeul, Herbert, pourrait être fils d’Hardouin des Roches, cité en 1040 au cartulaire de Vendôme. Son père est Baudouin, et sa mère, selon la chronique de Parcé, serait Alice de Châtellerault.

Au service des Plantagenêt : Henri II et Richard Cœur de Lion

On ignore tout de son enfance, mais il est probable que Guillaume ait reçu une formation militaire dès son jeune âge et soit entré au service du roi Henri II Plantagenêt vers 1170-1180. En 1189, il fait partie du dernier carré d’Henri II, replié dans le Maine selon « L’Histoire de Guillaume le Maréchal ». Sous Richard Cœur de Lion, il confirme ses talents militaires et politiques, au point d’être choisi parmi les quatre délégués pour négocier avec Philippe Auguste, lors de la libération du roi en juillet 1193.

Mariages et accession au rang de grand baron

 

Vers 1187-1189, certaines sources évoquent un premier mariage avec une nommée Philippe, fille d’Hilaire, mentionnée uniquement dans un acte de donation à l’abbaye de la Boissière. Toutefois, cette union est probablement une confusion avec un homonyme, comme l’a démontré le marquis de Brisay. En effet, cette autre Philippe épousa un Guillaume des Roches, vassal de Montsoreau, qui mourut avant 1217 et ne peut être identifié au futur sénéchal d'Anjou, lequel vécut jusqu’en 1222 et était dès 1198 marié à Marguerite de Sablé.

C’est vers 1190 que Guillaume épouse Marguerite de Sablé, fille et héritière de Robert IV de Sablé, alors Grand Maître de l’ordre du Temple. Ce mariage propulse Guillaume parmi les plus grands barons d’Anjou et du Maine. Il reçoit en dot les fiefs de Sablé, La Suze, Louplande (dans le Maine), ainsi que Briollay, Brion, Genneteil et Précigné (en Anjou), sans oublier Agon, en Normandie près de Coutances, hérité probablement des Mayenne-Dinan, ancêtres maternels de Marguerite.

Cette alliance semble avoir été facilitée par Richard Cœur de Lion, peu avant son départ en croisade. Il est à noter qu’à l’époque du mariage (1189 ou 1190), Marguerite n’était pas encore l’héritière présomptive. Son frère, Geoffroy de Cornillé, était vivant et devait le rester encore une dizaine d’années. L’abbé Angot avance l’hypothèse que Geoffroy était peut-être infirme ou incapable, car, à l’exception d’un rôle à la réception de l’abbé d’Évron en 1190, il ne semble impliqué dans aucun acte public, en dehors de quelques donations aux abbayes jusqu’à sa mort, survenue le 8 août 1200.

Dès avant 1195, voire avant, Guillaume des Roches administre et gère les domaines de sa femme. La dot de sa belle-sœur Philippe, limitée à 60 livres de rente, montre l’importance de la fortune concentrée entre les mains de Marguerite et de Guillaume.

En 1197, Guillaume renouvelle le douaire de Marguerite à Briollay, lui garantissant un droit sur tous ses biens présents et futurs. Ce geste atteste de l’importance de la fortune que Marguerite lui avait apportée, bien avant qu’il ne devienne sénéchal.

Notons également qu’avant son mariage, Guillaume avait déjà fondé un prieuré de Marmoutier dans le manoir familial du Houx, à Jupilles. Cette première fondation remonte à environ 1187. À l’époque, Guillaume ne mentionne que ses parents et ses frères dans ses intentions, aucune allusion n’est faite à une épouse, ce qui confirme qu’il n’était alors ni marié à Philippe, ni à Marguerite.

 

Sénéchal et baron du roi de France

En mai-juin 1199, Guillaume est nommé sénéchal héréditaire d'Anjou et du Maine par Arthur de Bretagne, proclamé comte d’Anjou, du Maine et de Touraine avec le soutien de Philippe Auguste. Jean sans Terre, roi d’Angleterre, ratifie cette nomination entre décembre 1199 et juin 1200, avant la rupture d’août 1202. Il lui confère en plus la charge de sénéchal de Touraine.

En novembre 1203, Philippe Auguste confirme Guillaume dans ses fonctions de sénéchal et le nomme gouverneur et vicomte d'Angers (ou d'Anjou) en 1204.


Au service d'Arthur de Bretagne

Guillaume des Roches rejoint le jeune Arthur de Bretagne à la tête d'un contingent breton, ce qui laisse supposer qu’il exerçait déjà une fonction importante en Bretagne sous le règne de Richard Cœur de Lion. Il suit Arthur au Mans et reçoit, dès mai-juin 1199, le titre de sénéchal d'Anjou et du Maine, ainsi que la seigneurie de Mayet et la forêt de Bercé. Cette nomination souligne à la fois l’importance de son soutien militaire et la valeur de ses conseils stratégiques.

En octobre 1199, Guillaume commande les troupes d’Arthur — il est alors désigné comme princeps exercitus Arthuri — lorsqu'elles rejoignent l'armée de Philippe Auguste au Mans. Cependant, la destruction de Ballon par les troupes françaises l’amène à exprimer ouvertement son désaccord au roi de France, lui reprochant d’avoir ravagé les terres de son pupille Arthur. Constatant l’irritation du souverain, Guillaume se décide à œuvrer pour la réconciliation entre Arthur et son oncle, le roi Jean sans Terre. Cette médiation était sans doute déjà amorcée lors du camp d’Auvers-le-Hamon, près de Sablé.

La réconciliation se concrétise : dès le 26 décembre 1199, Guillaume réapparaît dans les actes royaux de Jean sans Terre avec son titre de sénéchal. Il obtient notamment du roi la création d’une foire à Angers et gagne les faveurs de la reine-mère Aliénor d’Aquitaine, qui, à cette époque, réalise plusieurs fondations pieuses à Fontevraud en mémoire de son fils Richard.

Le 24 juin 1200, Jean sans Terre confirme officiellement à Chinon la charge de sénéchal d'Anjou, du Maine et même de Touraine à Guillaume des Roches. Quelques mois plus tard, le 3 septembre, le roi est reçu par Guillaume dans son château de La Suze. Durant cette période, Guillaume bénéficie de la confiance du souverain et se voit confier plusieurs missions importantes : il intervient auprès du chapitre d'Angers lors de l’élection de Guillaume de Beaumont à l’évêché (élection qui n’aboutira pas immédiatement), puis, en 1201, il est envoyé en mission conjointe avec le sénéchal de Poitou pour délivrer des lettres de sauvegarde aux sujets désireux de se rendre en Angleterre.

Le 3 novembre 1201, Guillaume est mandaté auprès de la garnison de Moncontour. En janvier 1202, toujours actif au service royal, il négocie à Rome, en accord avec Raoul de Beaumont, un emprunt au nom de Jean sans Terre afin de soutenir la candidature du roi pour l'élection épiscopale d'Angers.

La rupture avec Jean sans Terre

Pendant ce temps, Arthur, sous l’influence de sa mère, la duchesse Constance, reste à la cour de France. Refusant de faire hommage à Jean sans Terre malgré les injonctions de celui-ci, le jeune prince est sommé de venir à la cour anglaise. Jean exige en outre des otages de la part de ses soutiens les plus proches : Maurice III de Craon, Juhel de Mayenne, Guy de Laval, Guillaume des Roches lui-même, l’évêque du Mans et le vicomte de Beaumont (29 mars 1202), au cas où Arthur ferait défection.

Lorsque Arthur entame, en 1202, sa campagne pour reconquérir le Poitou — expédition qui conduira à sa capture lors du siège de Mirebeau — Guillaume des Roches met en garde Jean : s’il ne libérait pas Arthur et les autres prisonniers, il romprerait avec lui. Jean reste sourd à cet avertissement. Fidèle à sa parole, Guillaume se sépare du roi d’Angleterre et se rapproche de Philippe Auguste. Il refuse d’obéir à Jean qui lui ordonne de restituer les places fortes dont il avait la garde (18 août 1202) et qui le démet officiellement de sa charge de sénéchal (24 août).

L’ennemi déclaré de Jean sans Terre

Dans cette vidéo est évoqué la mort du Duc de Bretagne et les conséquences.

 

Dès lors, Guillaume des Roches devient l’un des ennemis les plus déterminés de Jean sans Terre, surtout après l’assassinat tragique d’Arthur de Bretagne (probablement en avril ou fin 1203). Il commence par conspirer avec les seigneurs bretons, puis prend les armes aux côtés des principaux seigneurs du Maine ayant rallié Philippe Auguste : Maurice III de Craon et Juhel de Mayenne.

Pendant que Jean sans Terre occupe le château de La Suze (appartenant à Guillaume) de septembre 1202 à avril 1203, le sénéchal déchu prépare sa revanche. Le lundi de Pâques, le 7 avril 1203, Guillaume des Roches entre en Anjou, reprend Beaufort et Saumur dans le courant d’avril, puis Châteauneuf en août. En octobre 1203, il lance un assaut victorieux sur la ville d'Angers.

Le 1er novembre 1203, Philippe Auguste lui restitue officiellement la charge de sénéchal d’Anjou. Guillaume lui prête hommage dès août 1204, à Poitiers ou à Angers.

Peu après, il cède à la reine Bérengère de Navarre, comtesse douairière du Maine et veuve de Richard Cœur de Lion, la sénéchaussée de la ville du Mans. En contrepartie, Guillaume reçoit le douaire de la princesse à Château-du-Loir, transaction validée par Philippe Auguste en septembre 1204. La même année, le roi lui concède aussi Châteauneuf-sur-Sarthe.


La bataille de la Roche-aux-Moines (1214)

En juillet 1214, à la tête de 4000 hommes, Guillaume contraint Jean sans Terre à lever le siège de la Roche-aux-Moines, place forte qu’il gouverne. Cet épisode se déroule quelques semaines avant la victoire décisive de Bouvines. Guillaume est alors un fidèle du roi de France, contrairement à de nombreux seigneurs angevins et manceaux.


Rôle de sénéchal et carrière administrative

Guillaume incarne le sénéchal par excellence : il garde les châteaux, préside des cours de justice à Angers, au Mans et à Tours, scelle des actes, intervient dans les conflits féodaux et ecclésiastiques, et administre les finances royales locales. Il participe également à la politique matrimoniale du royaume, notamment lors de l’affaire de l’héritière de Laval en 1211.

Son rang le place au-dessus du maréchal de France, à égalité avec les comtes et parfois même au-dessus des pairs de France en fonction.

Guillaume fut un sénéchal influent, son rang étant supérieur à celui de maréchal, équivalent à celui des comtes, voire supérieur aux pairs de France en certaines occasions. Ses revenus incluaient 50 livres par prévôté des trois provinces, un tiers des amendes et exploitations, ainsi que la garde des châteaux.

Il scelle des actes, rend des jugements au Mans, à Angers et à Tours, protège l'abbaye de la Couture (1211), traite avec Guillaume de Sillé (1210), et intervient dans de nombreuses affaires locales, notamment à Laval en 1211.

En 1213, il statue sur la juridiction d’Outillé. En 1218, il est caution pour Élisabeth d’Amboise auprès de Bérengère, comtesse de Troyes. Il a plusieurs lieutenants, dont Hamelin de Rorte à Ballon.

Pour contrôler la Loire, il fait bâtir La Roche-aux-Moines à Savennières.


Fondations religieuses et dernières années

Guillaume fonde plusieurs abbayes et prieurés : le Houx (avant 1187), la Boissière (avant 1190), le Perray-Neuf en 1209 (en transfert depuis Bois-Renou), et surtout Bonlieu en 1219, fondation cistercienne destinée à sa famille.

Il participe également à la croisade contre les Albigeois en 1209 et de nouveau en 1218-1219.


Fin de vie et mort

Guillaume meurt le 15 juillet 1222, jour de son anniversaire, et est enterré dans l’abbatiale de Bonlieu, auprès de ses deux épouses ou de ses deux filles selon certaines sources. Sa tombe, détruite à la Révolution, était entourée de monuments funéraires dédiés aux membres de sa famille.


Postérité et descendance

De son mariage avec Marguerite de Sablé, il laisse :

  • Robert, mort jeune.

  • Jeanne des Roches, épouse d’Amaury Ier de Craon, qui hérite de Sablé et de nombreuses seigneuries.

  • Clémence des Roches, épouse de Thibault de Blois, puis de Geoffroy VI de Châteaudun.

Ces alliances feront de leurs descendants les maîtres de plusieurs grandes baronnies du royaume.


Marguerite de Sablé

Marguerite survit à son mari et poursuit ses œuvres pieuses. Son dernier acte connu date de juin 1238. Selon certaines sources, elle serait décédée en 1246. Son cœur repose à Bonlieu, aux côtés de son époux.


Sigillographie

Les sceaux de Guillaume des Roches présentent un écu à la bande vivrée ou fuselée chargé d’un lambel à cinq pendants. La légende varie entre « Sigillum Guillelmi de Rupibus » et « Willelmi ». Son contre-sceau figure une tête bandée incisée sur pierre antique. Le sceau de Marguerite de Sablé la représente tenant un oiseau, avec au revers un écu à l’aigle contournée, héritage de son père Robert IV de Sablé.

Garde Suisse des Rois de France

Détails
Catégorie : Personnages Historiques
Création : 9 Novembre 2022
Mis à jour : 15 Novembre 2022
Clics : 3063

 

Les Gardes et Militaires Suisses des Rois de France 

devise : Ea est fiducia gentis (« telle est la fidélité de cette Nation »).

 

 

La Garde Suisse est l'unité militaire des mercenaires Suisses employés par des souverains, Roi de France ( Cent-Suisses depuis 1471 ) et le Pape ( Garde Pontificale depuis 1506 ) principalement, avec notamment des droits et dérogations fiscales. On retrouve des troupes Suisses néanmoins dans de nombreuses cours européennes, par exemple en Autriche, en Savoie ou à Naples, du XVe au XIXe siècle.

Il faut faire une distinction entre la Garde Suisse ( Cent-Suisse et Garde Pontificale ) et les mercenaires Suisses et soldats de régiments : la première unité étaient principalement contractuelle dans la durée avec pour objectif de protéger le roi de France et le Pape, tandis que la seconde unité étaient des troupes combattantes souvent  ponctuelles selon les besoins des pays, néanmoins la France aura pendant plusieurs siècles des régiments dédiées et qui ne sont pas des mercenaires car affectées en permanence avec une solde, surtout au XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle.

Aujourd'hui lorsqu'on parle de Garde Suisse on fait souvent référence aux gardes du Vatican, seule unité officielle encore en place, mais la plus forte implication, de par leur nombre et intégration dans les unités combattantes, dans le temps des Gardes Suisses et soldats suisses fut dans le royaume de France, où les Suisses auront un impact non négligeable dans certaines batailles (Guerres de Religions en particulier et en Italie).

Les Cent-Suisses, avec la Garde Pontificale, sont aujourd'hui les plus connues. Les Cent-Suisses est une compagnie d'infanterie d'élite. Elle est instituée en 1471 par Louis XII. Cette compagnie comprenait environ cent hommes, tous de nationalité suisse. Lorsque les armes changèrent, elle fut divisée en piquiers et mousquetaires, mais ils étaient représentés en tenue avec la hallebarde.

Louis de Menthon en est le premier commandant en 1496, avec le titre de capitaine surintendant. Il faisait partie de la maison militaire du roi. Le corps est supprimé en 1792 par l'Assemblée nationale, rétabli en 1814 par Louis XVIII et subsiste jusqu'en 1830.

On trouvait encore des Cent-Suisses en Toscane, en Autriche (1745), ou en Brandebourg (1696-1713). La Garde suisse pontificale, créée en 1506, fait partie de cette tradition et est la seule encore subsistante en tant qu'unité officielle et d'active, elle est constituée comme les Cent-Suisses du roi de France d'une centaine d'unité.

 

 

Etendard des Gardes Suisses en France, à ses débuts :

L'étendard était bleu et divisé en quatre quartiers. Les quartiers 1 et 4 portaient des L couronnés, le sceptre et le bâton de justice croisés et liés par un ruban rouge ; les quartiers 2 et 3 portaient dans la mer argentée un rocher doré furieusement battu par les quatre vents.

Les quatre quartiers étaient délimités par une bande blanche en forme de croix, sur laquelle on lisait : Ea est fiducia gentis.

 

 

 

 

1453, sous Charles VII, constitution d'une première alliance Franco-Suisse, traité signé à Montils-lès-Tours. Ils seront présents notamment contre les Bourguignons, ce qui va les asseoir dans une réputation de guerriers.  Sous Charles VII la protection du roi se fait principalement par les Gardes Ecossais, mise en place dès 1422 dans le cadre de la Auld Alliance, dans lequel le roi de France garde une entière confiance jamais démentie jusqu'à la mort d'Henri II dans un tournoi.

Dès les premières années les Suisses sont des mercenaires payés par le roi de France pour combattre notamment en Italie et contre les Bourguignons, en Bourgogne et Picardie essentiellement, mais aussi plus surprenant en Bretagne.

Guerres de Bourgogne : Les troupes Suisses, dans le cadre des guerres de Bourgogne, dans se retrouve notamment contre Charles le Téméraire dans les batailles de Grandson le 2 mars 1476, Morat (1476) et enfin Nancy (1477), où Charles, duc de Bourgogne, lui-même a également perdu la vie.

1477, Louis XI fit appel temporairement aux Suisses en 1477, par une convention signée avec les treize cantons helvétiques. Par la suite, il voulut en conserver un certain nombre pour la garde ordinaire de sa personne. (2)

Cent Suisses Garde Suisse 1481 par Montigny Claude Antoine

Garde Suisse en 1481, représentation erronée puisqu'on peut voir une collerette, ou fraise, qui apparait en France sous cette forme plutôt au milieu et à la fin du XVIe siècle. Néanmoins on reconnait les couleurs et la hallebarde typique des Garde Suisses. Hallebarde que l'on retrouve encore sur les Gardes Suisses au Vatican. Vue extraite de l'ouvrage de Claude-Antoine Littret de Montigny : Uniformes militaires, où se trouvent gravés en taille-douce les uniformes de la Maison militaire du Roi, publié en 1772.

1481, sous Louis XI, création des Cent-Suisses est une compagnie d'infanterie d'élite composée de mercenaires suisses. Cette unité militaire est instituée par Louis XI et portait alors la hallebarde. À l'origine, cette compagnie comprenait cent hommes, tous de nationalité suisse, sélectionnés pour leur grande taille. Lorsque les armes de l'époque évoluèrent, avec notamment l'apparition des armes à feu, ses membres furent divisés entre piquiers et arquebusiers. (2) Louis XI, accorde aux militaires suisses en France des privilèges, notamment fiscaux.

1484, 8000 suisses sont appelés pour la Guerre de Bretagne (1487-1491) étant congédiés seulement en 1490. Un autre contingent de 8000 hommes participe à la Bataille de St Aubin du Cormier considérée par les nationalistes bretons comme la fin de l’indépendance du duché de Bretagne qui étaient de puissants seigneurs. Ce dernier contingent est licencié en 1488. (5)

 1491 et 1492 deux contingents de respectivement 8 et 4000 hommes sont levés mais sont congédiés en fin d’année. (5)

Lorsque les mercenaires suisses apprennent que le roi Charles VIII prépare une expédition contre Naples, ils se font recrutés en masse. À la fin de l'année 1494, ils sont présents par milliers à Rome, de passage, avec l'armée française qui occupera Naples au mois de février suivant. En 1495, le roi a sa vie sauvée grâce à la fermeté inébranlable de ses fantassins suisses. Charles VIII a l'ambition d'avoir une garde nombreuse, mais malgré leurs beaux habillements et leurs enseignes peintes à l’or fin, les Cent-Suisses sont surtout là pour gagner les batailles. Ils sont hallebardiers, archers, arbalétriers, se servent de mousquetons et montent, protègent le roi et la famille royale.

1494, 8000 suisses participent à l’Expédition d’Italie se distinguant notamment à la Bataille de Fournoue (6 juillet 1495).

1495, 10000 valaisans et grisons sont envoyés en renfort en Italie. Ils sont congédiés en fin d’année sauf une compagnie conservée pour la garde du roi de France .(5)les Cent-Suisse deviennent la compagnie des Cent hommes de guerre suisses de la Garde.

1496, 4000 suisses 1000 valaisans et 1000 grisons sont envoyés à Naples. Ils sont licenciés à la fin du mois d’octobre.

1497, Création de l'unité d'élite : Cent-Suisses de la garde

1497, création par Charles VIII de la compagnie des Cent-Suisses de la garde (ou «Compagnie des Cent hommes de guerre suisses de la Garde»), première unité helvétique permanente, sorte d'unité de 'garde du corps' du roi, néanmoins il semble que la Garde Ecossaise reste prédominante dans la protection du roi, déjà par le nombre d'Ecossais. 

 

1499, 12000 suisses participent à la deuxième guerre d’Italie (1499-1500). En 1500 ce ne sont pas moins de 20000 suisses qui sont envoyés en Italie. 

1502, 4000 suisses combattent en Italie et en 1507 ce sont 10000 montagnards qui franchissent le col du Petit St-Bernard pour participer au siège de Gênes.

1509, 8000 suisses passent en Italie par le col du Saint-Gothard pour participer à la guerre contre Venise et à la bataille d’Agnadel. (5)

1515, Bataille de Marignan par François Ier, les cantons suisses sont battus par la France. 

1516, une Paix Perpétuelle est conclue à Fribourg.

"Pas d'argent, pas de Suisses"

 

1521, Alliance perpétuelle. Alliance qui sera régulièrement réactivée à travers des "capitulations" militaires entre les cantons helvétiques et le roi de France, c'est-à-dire des traités établissant des règles définies entre les deux parties, notamment des privilèges étendus en faveur des soldats suisses au service de la France.

Cela implique la suppression du droit du pillage (d'où l'adage « Pas d'argent, pas de Suisses », puisqu'ils ne subsistent désormais que grâce à leur solde) et la fin du mercenariat individuel.  4000 suisses servent au sein de l’armée d’Italie (ils sont licenciés l’année suivante). La même année 6000 autres suisses sont engagés en Picardie (ils sont également licenciés en 1522) (5).

 

garde suisse gaigniere 1586

Garde suisse en 1586 selon Gaignière ( source Gallica.bnf.fr )

 

1524, 13000 suisses et de 10000 grisons qui sont engagés en Italie. Ils sont licenciés en 1525.

1525, Lors de la bataille de Pavie (1525) les Cent-Suisses sont décimés et plus de 5000 mercenaires Suisses.

1527, 10000 suisses servent au sein de l’armée française au sein de trois corps d’armée, ces hommes n’étant licenciés qu’en 1536.

1536, ce sont onze bandes soit 6000 hommes qui opèrent en Picardie contre les armées espagnoles. De 1537 à 1539 on trouve 8000 suisses.

1538, la France lève 14000 suisses suivis en 1542 de 14000 autres sachant que 8000 sont envoyés dans le Roussillon et 6000 en Picardie.

1543, 7000 suisses sont envoyés en Picardie (congédiés en 1545) et la même année 7000 grisons vont combattre jusqu’en 1545 toujours en Picardie.  6000 suisses combattent à la Bataille de Cerisoles aux côtés de 5000 grisons. 

1545, 22000 hommes sont levés (une levée de 6000 hommes et une autre de 16000). 

1549, Le traité d’alliance fut renouvelé en 1549 avec Henri II ; 

garde suisse

Garde Suisse, probablement au milieu du XVIe siècle, peinture dans un hôtel particulier à Chinon. C'est à ma connaissance la seule représentation d'époque encore subsistante d'un Cent-Suisses du XVIe siècle, avec son ancienne tenue puisqu'elle sera modifiée au XVIe et surtout au XVIIe.

 

 

1551, Wilhelm Frölich, (parfois W. Frülich, Frôlich) ou Guillaume Froelich, dit Le César soleurois, né en 1492 à Zurich ou 1504-1505 2 et mort le 4 décembre 1562 à Paris « âgé de 70 ans » est un chef militaire suisse, il est nommé Colonel Général des Gardes Suisses : de 1551 à 1555, puis de 1556 à 1562 et en 1562 puis il meurt à la fin de l'année. Il aura servi sous les rois de France : François Ier, Henri II, François II et Charles IX.  

1562, mort du Colonel Général des Gardes Suisses.

1564, renouvellement du traité avec Charles IX : Dans le dernier traité, il y a un article relatif à la solde de bataille ou solde d’honneur. Il fut entendu qu’il serait payé aux Suisses, après une bataille rangée, un supplément de solde qui fut convenu. Outre ces traités généraux faits avec les ligues, il y eut des conventions particulières, qui portent dans l’histoire diplomatique le nom de capitulations et dont les plus importantes furent signées en 1553, en 1554. et en 1556.

1567, Charles IX créé un régiment de gardes suisses, appelé par les rois successifs en fonction des besoins. Les Cent-Suisses comptaient 127 hommes, faisaient le service du palais avec les gardes du corps et gardaient plus spécialement les portes des appartements royaux. Ils jouissaient des mêmes droits que les Français et étaient exempts du droit d’aubaine et de la taille, ainsi que leurs veuves et leurs enfants. (2) La reine Catherine de Médicis obtint des cantons la levée de 6 000 hommes qui prirent le nom de « Gardes suisses du roi ». 

1569, présence du "roi des Suisses" LouisPfyffer d'Altishofen, à Chinon :  Le 25 septembre Pfyffer, écrivait de Chinon : « Que Dieu et sa sainte mère Marie fassent cette grâce à notre jeune prince et à nous, que nous puissions en finir d’une fois, car cette guerre coûte cher à bien des pauvres gens de toutes nations, et il y a dans ce pays de tels gémissemens et une telle misère que cela fait mal au cœur. » Ce même jour, le duc d’Anjou passait la Vienne avec son armée et se mettait en marche sur Loudun. Les Suisses partaient en tête avec l’artillerie et six mille hommes de pied ; la cavalerie suivit le lendemain. Coligny avait fait mine de prendre la direction de Châtellerault, puis se retournant brusquement, il arriva le 30 septembre de bonne heure à Saint-Clair, près de Moncontour avec six mille cavaliers français et allemands et douze mille hommes de pied. Il commandait lui-même l’avant-garde, Ludovic de Nassau était avec la bataille.(5) 

1571, création en France du poste de «Colonel général des Suisses et Grisons», qui fait le joint entre le gouvernement et les Suisses, sans les commander pour autant.

1579, les Cent-Suisses servirent de modèle à la création en 1579 d'une unité comparable au service de la Savoie puis du royaume de Piémont-Sardaigne, dissoute en 1798.

1595, Ils obéissaient à un capitaine-colonel, dont la charge était une des plus considérables de la Cour.

1616, création du régiment permanent des Gardes Suisses par la régente Marie de Médicis, mère de Louis XIII, qui officieront comme 'gardes extérieurs des palais'.

1709, Bataille de Malpaquet, en Espagne. Des Suisses, servant à la fois dans les rangs français et dans ceux de la coalition (Empire, Prusse, Grande-Bretagne, Pays-Bas), s'entretuent : 8000 d'entre eux sont massacrés.

1760, Les régiments suisses d'infanterie regroupent 12'888 Suisses en 1760, contre 2'324 dans le régiment d'élite des Gardes. source

Effectif des troupes suisses, en France, en 1789 :  13 776 hommes

• Compagnie des Cent Suisses 100 hommes
• Régiment des gardes suisses (4 bataillons) 2 115 hommes
• Régiment bernois d’Ernst 1 051 hommes
• Régiment de Salis-Samade 1 051 hommes
• Régiment de Sonnenberg 1 051 hommes
• Régiment de Castella 1 051 hommes
• Régiment de Vigier 1 051 hommes
• Régiment de Châteauvieux 1 051 hommes
• Régiment de Diesbach 1 051 hommes
• Régiment valaisan de Courten 1 051 hommes
• Régiment grison de salis-Marschlins 1 051 hommes
• Régiment zurichois de Sterner 1 051 hommes
• Régiment de Reinach (Prince-évêque de Bâles) 1 051 hommes

 

1789 -1790, Quelques troupes suisses sont en partie touchées par la vague révolutionnaire. Les débuts de la Révolution exposèrent le régiment à une propagande politique qui le conduisit à la mutinerie, le 2e bataillon, en août 1789, ainsi à Nancy, trois cents soldats du régiment de Châteauvieux se mutinent.

1791, un décret supprime tous les régiments étrangers, sauf les suisses.

12 juin 1792, Suppression de la Compagnie des Cent Suisses.

garde suisse tuileries

Massacre des Tuileries, source

10 août 1792,   À la suite des événements de la journée du 10 août 1792, les gardes suisses se défendent contre l'attaque du palais des Tuileries par les sections parisiennes et les fédérés républicains encadrés par les Jacobins. Des centaines de Gardes Suisses trouvent la mort, Louis XVI est emprisonné à la Tour du Temple avec la Reine Marie-Antoinette et leurs deux enfants, ainsi que sa sœur cadette la princesse Elisabeth. Il perd son titre de roi des Français le 21 septembre 1792 à la suite de l'abolition de la royauté. Notamment accusé de haute trahison, Louis XVI est condamné à mort à la majorité lors du vote final sur la peine, débutant le 16 janvier 1793 pour s'achever le 17 janvier 1793, après trente-sept heures de débat.  Le licenciement des soldats restants (20 août) va de pair avec la chute de Louis XVI et l'abolition de la monarchie.

«Le service de France est interrompu jusqu'en 1798. Son rétablissement est marqué par une dénaturation fondamentale, puisque, fruit de la contrainte politique, il devient obligation, conscription partielle déguisée. Cette dérive perdurera sous l'Empire.» (selon l'historien Philippe Henry)

1803, Une nouvelle capitulation est signée à Fribourg mettant à nouveau des régiments suisses au service de la France (en fait, des Suisses ont également combattu aux côtés de l'armée révolutionnaire).

1812, Lors de la campagne de Russie, menée par Napoléon, les Suisses perdent 9'000 hommes.

1815, Un décret impérial ordonne la dissolution des régiments suisses, suite au serment qu'ils ont prêté à Louis XVIII lors de la première restauration.

1816, Une dernière capitulation est signée, pour quatre régiments de ligne et deux régiments de la Garde, soit un effectif théorique de 14'000 hommes.

1830, Trois cents Suisses se font tuer lors de la révolution de Juillet, en défendant les Tuileries et le Louvre. Dès août, les autorités suisses rappellent tous les régiments.

1831, Les troupes étrangères en France sont remplacées par la Légion étrangère.

 

Guillaume Taggener de Soleure qui fut lieutenant de la Garde, fit faire en 1576, la copie de la très vieille ordonnance des Cent-Suisses de la Garde-Française.

Les Cents doivent jurer :

1° De servir aussi longtemps que le roi les paie. Si l'un veut quitter le service, il doit obtenir l'autorisation de son capitaine, sinon il sera exécuté. De toute façon, il doit finir le mois.

2° De servir fidèlement Le roi, contre tout autre, excepté contre les Confédérés (les Compatriotes), et d'obéir au capitaine et au lieutenant.

3° Celui qui a mérité une punition la reçoit du capitaine, du lieutenant ou du Prévot royal.

4° Celui qui rompt la paix par parole (se dispute), est puni par le capitaine et le lieutenant ; celui qui la rompt par action est puni de mort.

5° Cet article rapporte les paroles qui rompent la paix (suivent des injures que M. de Mülinen n'a pas cru devoir reproduire).

6° Faire fidèle garde, nuit et jour, sous peine de mort.

7° Celui qui signale une négligence, ne peut être molesté, sous peine de renvoi.

8° Maintenir la paix et assurer la paix sous peine de mort.

9° Si dans le palais, un garde met la main sur un autre garde, il est puni de mort, s'il est gracié, il perd la main droite.

10° Défense de jouer au palais sans l'autorisation du capitaine ou du lieutenant.

11° Se contenter du logement indiqué par le fourrier.

12° Si un garde se conduit mal, il est réprimandé ; s'il ne se corrige pas, il est dénoncé au capitaine ou au lieutenant qui le punissent.

13° Les gardes qui se disputent entr'eux seront jugés selon leur mérite. L'ivresse n'est pas considérée comme circonstance atténuante.

14° Le garde qui refuse d'obéir au capitaine ou au lieutenant lorsqu'ils commandent d'arrêter un ou plusieurs de ses camarades est licencié.

15° Il est défendu d'entretenir des femmes [Note : Au palais probablement]. Celui qui se marie sans autorisation est licencié.

16° Il est défendu de jurer (au palais).

17° Celui qui se dispute au jeu, avec un français est licencié, à moins qu'il ne soit en cas de légitime défense.

18° Sans l'autorisation du capitaine, du lieutenant ou de leur remplaçant, nul ne peut rassembler la troupe, sous peine de licenciement.

(C. Rieger). (6)

 

 

 

Sources :  (1) Nouvelle République, (2) MINISTERE DE LA DEFENSE ETAT-MAJOR DE L’ARMEE DE TERRE SERVICE HISTORIQUE INVENTAIRE DES ARCHIVES DE LA GUERRE SOUS-SERIE XG
SUISSES AU SERVICE DE LA FRANCE XVIIe-XIXe SIECLES par Olivier AZZOLA, Stéphane BILLONNEAU et Jean-Charles MERCIER Maîtres ès-lettres, (3) wikipedia, (4)  Paul de Vallière, Le régiment des gardes suisses de France, LausanneParis, 1912, p. 76, (5) LES REGIMENS SUISSES DANS LES GUERRES DE RELIGION DU XVIe SIECLE  Ludwig Pfyffer uni seine Zeit, par A.-Ph. de Segesser ; Berne, 188, Swissinfo.ch (5) CLAUSUCHRONIA (6) info bretagne

 

 

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