La cathédrale d'Auxerre fut édifiée sur une période allant de 1215 à 1550, sans cependant être totalement finalisée puisque l'une des tours ne fut jamais terminée. Jeanne d'Arc - Histoire & Parcours vint prier vers le 19 février 1429 alors que la ville est tenue par les Anglo-Bourguignons.


 

 

Histoire et Chronologie de la cathédrale d'Auxerre

 

Dès le IVe siècle est fait mention d'un premier évêque : Valerianus. Il devait donc probablement exister une première église.

Ve siècle, une nouvelle cathédrale est construire sur l'emplacement de celle qui existe aujourd'hui. C'est Saint-Amâtre qui fit probablement fait faire les travaux entre 386 et 418. En 418 c'est un nouvel évêque, Saint-Germain, qui terminera son espicopat en 448 en Italie en défendant les armoricains révoltés contre l'empereur Valentinien III . Il fut inhumé à Auxerre à l'emplacement de l'ancienne Abbaye de Saint-Germain d'Auxerre. Saint-Patrick, apôtre Irlandais, fut formé à Auxerre par Saint-Germain.

VIIe, l'évêque Desiderius dit Saint Didier d'Auxerre,  ajouta à son église une Abside décorée d'une mosaïque à fond d'or proche de celle de Syagrius à Autun.

IXe,   une troisième église fut érigée sous l’épiscopat d’Hérifried entre 887et 909.

Xe, elle ne durera pas longtemps puisque l'église brûle totalement vers 950.

XIe siècle, après un nouvel incendie qui ravagea en grande partie Auxerre vers 1023, l'église est reconstruite dans un style roman entre 1023 et 1035 par l'évêque Hugues de Chalon, ce sont les cryptes de la cathédrale d'aujourd'hui. Elle est consacrée en 1057.
 

XIIIe, édification de la cathédrale actuelle par un nouveau choeur à partir de 1215, par l'évêque Guillaume de Seignelay. La plus grande partie du choeur est finalisée en 1235 sous Henri de Villeneuve.

 

1250, déambulatoire reçoit ses premiers vitraux. Débute également la façade occidentale ainsi que la nef mais avec une certaine lenteur.

En 1260, la façade Ouest débute.

Dès la fin du XIIIe, le choeur doit être renforcé.

XIVe, édification du croisillon Sud du transept , le tympan du portail consacré à Saint-Étienne est terminé vers 1320.

La nef romane est détruite pour la remplacer alors par une nef gothique entre 1320-1350.

Pendant 10 ans, entre 1345 et 1355, réalisation des chapelles latérales des bas-côtés de la nef.
 

1359, le 10 mars, Auxerre est prise par les Anglais de Robert Knolles, la ville est mise à sac.

 

C'est donc entre 1390 et 1410 que les vitraux de la nef sont installés. Les portes de la façade occidentale sont mises en place par le charpentier Odon Gauthier.

Le croisillon Nord du transept et des tours n'avaient pas commencé, ralentis par la guerre de Cent Ans. En 1415, construction du bras nord du transept, son portail de ce croisillon est consacré aux saints de l'église d'Auxerre, principalement à Saint-Germain, Saint-Pélerin et Saint-Amâtre. Néanmoins les travaux sont terminés 60 ans plus tard.

 

Jeanne d'Arc passe par Auxerre vers le 19 février 1429. Elle viendra prier dans la cathédrale comme elle le dit elle même le 22 février 1431, lors de son procès : "Je gagnai Saint-Urbain où je pris gîte à l’abbaye. Sur ma route, je rencontrai Auxerre et y entendis la messe à la cathédrale".

Elle est accompagnée de Jean de Metz, de Bertrand de Poulangy, d'un archer Richard et de Colet de Vienne messager du roi, et peut-être de deux serviteurs. C'est Julien Colet de Vienne qui semble le plus intéressant dans cette situation.

Elle indique par ailleurs être passée dans l'Abbaye de Saint-Urbain, Église Saint-Étienne, Jeanne d'Arc. On peut être surpris de ce passage, probablement de nuit, à Auxerre alors entièrement contrôlé par les Anglo-Bourguignons, mais c'était aussi le cas de Saint-Urbain alors Abbaye bourguignonne. À la différence que l'abbé Arnoult d'Aunoy alors à Saint-Urbain était un proche parent de Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs et bailli de Chaumont, du côté maternel.

Comment donc expliquer ce passage à Auxerre ? Quelques éléments de réponses.

En dehors du fait qu'Auxerre était une ville sur l'un des chemins le plus court menant de Jeanne d'Arc à Vaucouleurs, Porte de France au Château de Chinon, on peut penser que Jean Colet de Vienne, dont on sait peu de chose, devait surement avoir des contacts dans la ville. On peut trouver un nombre important de Vienne en Bourgogne, dont Jean de Vienne, amiral de France de Charles V, ainsi que Guillaume IV de Vienne au service principalement du duc de Bourgogne.  Colet de Vienne fait-il parti d'une branche familiale de Jean de Vienne ou de Guillaume IV de Vienne ? difficile à dire si il existe un lien de parenté.

On retrouve  par exemple Guillaume IV de Vienne à Auxerre en 1432 participant à la conférence d'Auxerre, il fut d'ailleurs le premier chevalier de la Toison d'Or du duc de Bourgogne en 1429.

Il est très probable que sa présence en tant que messager du roi Charles VII pour traverser la région ne doit rien au hasard, par sa parfaite connaissance de la région dont il était probablement natif et de ses relations peut-être familiale. On peut penser aussi que si il est choisi comme messager du roi, il y a une certaine confiance envers sa personne.

On ne sait pas cependant si ils ont dormi dans Auxerre ou si ce fut uniquement une simple étape. Mais si on se réfère au témoignage de Jean de Metz qui expliquait que le trajet en territoire Bourguignon se faisait de nuit : " Nous voyageâmes la nuit, de peur des Anglais et des Bourguignons qui étaient maîtres du pays. " , on peut douter d'un passage nocturne dans la ville. Passer dans Auxerre, une ville sous domination anglo-bourguignonne dans une cité relativement fortifiée, en pleine guerre de Cent Ans,  ne devait pas se faire aisément la nuit.

On remarque qu'elle parle de "messe" et non de Vêpres ou de Mâtines. Une journée religieuse se décomposait de cette manière :

Minuit : Matines
Laudes ( avant le lever du soleil )
Prime ( à l'aube )
Tierce ( milieu de matinée )
Sexte (midi )
None ( milieu de l'après-midi )
Vêpres ( juste avant le coucher du soleil )
 Complies ( après le coucher du soleil ) ( source  )

Lors du procès, Jeanne faisait régulièrement les différences notamment sur les Vêpres, les messes du soir et celles de la journée. On peut donc éliminer les Vêpres et les messes du soir, elle fut probablement à la messe dans la journée sachant qu'elle se levait tôt et que selon Jean de Metz "Nous chevauchâmes sans cesse, l’espace de douze jours." ils ne devaient surement pas s'attarder.

Il est fort probable qu'ils ont donc logé dans la ville pour dormir de jour et repartir bien avant la tombée de la nuit, ce qui serait moins suspect qu'un groupe de cinq personnes venant de nuit et repartant l'autre nuit. D'autant que les voyages de nuit dans ces régions sont très dangereux, entre brigands et  écorcheurs, les dangers sont nombreux.

En tout cas si Jeanne et sa troupe sont passées par Auxerre, c'est qu'ils avaient l'assurance d'y passer sans encombre, même si Jeanne pouvait être téméraire. Sinon comment expliquer les voyages de nuit pour éviter les Anglais et Bourguignons et passer dans une ville importante anglo-bourguignonne...et de prier dans une cathédrale à la vu et au su de tous ?

La cathédrale Saint-Étienne n'était pas terminée  sauf le choeur, c'est donc probablement dans ce lieu qu'elle pria.

En effet la nef ne fut terminée avec ses voûtes qu'en 1500 et c'est à cette période que la tour Nord commence à être édifiée. La tour nord est terminée en 1547-1543, sans que celle du Sud fût construite comme l'était le plan initial. En 1550, on posa la verrière du bras sud du transept (oculus central représentant Dieu le Père et  lancettes consacrées à l'histoire de Moïse), ainsi que la verrière de la façade occidentale. Les deux verrières sont l'œuvre du maître verrier Guillaume Cornouaille.


 

 

La cathédrale est donc terminée dans son ensemble en 1550.

 

1567, Auxerre est occupée par les huguenots ( protestants ). La cathédrale est saccagée ( vitraux, sculptures et mobilier ).  C'est Louis de Blosset, Jean de La Borde et François Marraffin, qui mirent la ville à sac.

1573, l'évêque Jacques Amyot fit entreprendre la restauration de la cathédrale, dont celle des verrières du chœur. Les travaux durèrent jusqu'en 1580.

1764, le jubé Renaissance , sous François Ier de Dinteville, fut détruit et remplacé par les grilles de chœur, œuvre du ferronnier parisien Dhumier avec des portes dues à Sébastien-Antoine Slodtz sur des dessins de Claude-Nicolas Ledoux.
 

Révolution Française

 

1794, la cathédrale est transformée en Temple de la Raison. On démonta stalles et grilles pour installer dans le chœur un théâtre en gradins destinés aux cérémonies républicaines. Des chefs-d'œuvre d'orfèvrerie furent envoyés à la fonte. La  statue de saint Étienne agonisant, situé près du maître-autel, œuvre de Louis-Claude Vassé, échappa à la destruction, car on en fit alors un Marat agonisant dans son bain. Les vitraux furent menacés de destruction, notamment pour utiliser le plomb, mais comme leur remplacement par du verre blanc eût coûté trop cher, elle ne furent pas détruites. La crypte servit de cave au préfet du département qui occupait les locaux de l'évêché tout proche.

1840, Prosper Mérimée fait inscrire la cathédrale dans les Monuments Historiques.

1844 à 1848, Eugène Viollet-le-Duc restaure la crypte. Il y effectue des travaux de consolidation des piles, de restitution des baies d’origine, de dallage du sol.

1866, démarre une grande campagne de restauration de la cathédrale gothique, sous la direction de l'architecte Piéplu. Les vitraux sont restaurés ou complétés de 1866 à 1880 par les verriers Véssières frères, puis à nouveau en 1925-1930 par David.
Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, une dizaine de boulets de canon prussiens sont tirés sur la cathédrale. La  verrière droite du chevet de la chapelle axiale, datant de la première moitié du XIIIe siècle, est détruite.

Dès 2001, une campagne de restauration générale de la cathédrale commence et se prolonge encore.


 

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