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Le Manoir de Launay, situé à Villebernier, remonte au XIVe siècle pour ses parties les plus anciennes, et fut remanié au XVe siècle par René d’Anjou qu'il qualifiait de "manoir de bon repos". Initialement conçu comme un château à vocation défensive, il fut transformé en une résidence de plaisance dotée d’un confort remarquable pour l’époque. Chaque étage était pourvu de latrines, certaines équipées de conduites d’évacuation, à l’instar du donjon de Vincennes, et la plupart des pièces étaient ornées de cheminées.
Le manoir propose une exposition présente une collection remarquable de 1000 outils anciens, tous datant d’avant l’ère industrielle, témoignant d'une qualité rarement égalée en France. Cette collection couvre les outils liés au travail de la pierre, du fer et du bois, et occupe aujourd’hui une grande partie des espaces accessibles au public du Manoir. Elle a été patiemment rassemblée dans l’esprit de Paul Feller, grâce au dévouement de Raymond Huard, fondateur de l’association et disparu en 2017.
Le manoir appartient aujourd'hui à Bernard di Marzio, ancien pilote de chasse sur la Base aérienne 133 Nancy-Ochey sur Mirage IIIE et pilote d'essai.
Après avoir séjourné de nombreuses années dans son royaume de Naples (1435-1443), René d’Anjou, communément appelé le « Bon Roi René », duc d’Anjou, acquit le manoir de Launay en 1444. Ce domaine devint alors pour lui et son épouse, Isabelle de Lorraine, une résidence privilégiée. La demeure fut agrandie et embellie à de nombreuses reprises, élevant Launay au rang de résidence prestigieuse. Une transformation à l'intention semblable à celle opérée par Charles V qui, bien qu’ayant fait édifier le château de Vincennes, préférait résider au château de Beauté (aujourd’hui Nogent-sur-Marne).
L'agrandissement du manoir de Launay intervint en 1452 grâce à l'acquisition de la terre du Palis, achetée à Aimeri de Souvigné, écuyer, pour la somme de huit cents royaux d’or. Par la suite, cette propriété fut cédée à Jeanne de Laval, à qui ce don fut confirmé par testament de René d’Anjou.
Les maisons de Launay et du Palis, tombées en ruine, furent restaurées en 1453 et 1459, bien que les devis des travaux entrepris à cette époque soient désormais perdus. Toutefois, le premier édifice conserve encore quelques vestiges de cette période.
Louis XI reprit la conciergerie et la capitainerie du manoir, qu’il octroya en 1481 à Jean Ousche de Hatine, en reconnaissance de ses loyaux services. On raconte que Louis XIV exempte le manoir du logement des troupes militaires en mémoire du « Bon Roi René ».
Redevenu propriété privée après la mort de Louis XII en 1515, le manoir de Launay fut classé au titre des Monuments Historiques en 1966.
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Informations
- Adresse : Launay, 49400 Villebernier
- Maps : Carte
- Téléphone : 060725605
- Email :
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Heures d'Ouvertures, Tarifs & Visites en 2024 ( à titre indicatif, information valable lors de la mise en ligne de l'article, ne pas hésiter à vérifier sur le site officiel ou les contacter quand l'information est disponible, avant tout déplacement ) :
Visite du Manoir de Launay :
Pour les créneaux horaires de visite appeler le 06 07 25 60 55
Toute l'année pour les groupes sur Rendez-Vous
il se visite lors des journées du patrimoine ou sur RDV, voir le site officiel : https://www.manoirdelaunay.com/

Portrait du roi René par Nicolas Froment, détail du Diptyque des Matheron (1474), Paris, musée du Louvre.
L'architecture de Launay témoigne de la transition entre le Moyen Âge et la Renaissance. Ses douves et ses tourelles, initialement conçues pour la défense, sont désormais ornementales, reflétant l'évolution des mœurs et de l'art de vivre. René d'Anjou, grand amateur d’art et humaniste, introduit à Launay un véritable esprit de la Renaissance, influencé par son séjour en Italie. La vie au manoir, marquée par le raffinement esthétique et l’amour de la nature, rompt avec la rigueur des cours médiévales.
Les éléments architecturaux du manoir, comme la chapelle, la salle des Seigneurs, la galerie, les chambres de retrait, le colombier, la cuisine, ainsi que la cour d’Honneur et la basse cour à colonnades de style péristyle, ont préservé leur authenticité, offrant un témoignage vivant de l’architecture des XIVe et XVe siècles. La disposition harmonieuse de ces espaces reflète à la fois les influences médiévales et renaissantes, faisant de Launay un exemple exceptionnel du patrimoine architectural de l’époque.
René d'Anjou y poursuivit également son œuvre littéraire et artistique, entouré d’artistes et de penseurs de son temps, consolidant ainsi la réputation du manoir de Launay comme un véritable foyer de la culture renaissante en France.

Chapelle castrale du manoir de Launay, elle a très peu évoluée depuis le XVe siècle.
Administration et prospérité locale :
René d’Anjou transforme ses territoires en véritables foyers de prospérité. Après la mort de sa première épouse, Isabelle de Lorraine, en 1453, il doit renoncer au duché de Lorraine. Il se remarie en 1454 avec Jeanne de Laval, et s’établit à Saumur, puis à Aix-en-Provence. Sous sa direction, des villes comme Angers, Saumur, Aix-en-Provence, Avignon et Tarascon connaissent un essor notable. René s'entoure de conseillers compétents, tels que son chambellan Fouquet d’Agoult et son secrétaire Guillaume de Rémerville, qui l’aident dans la gestion de ses affaires.
Passion pour les arts et la nature :
René d'Anjou, grand amateur de nature, multiplie les jardins, ménageries et résidences de plaisance. En Anjou, il transforme les abords de la Loire en véritables paradis botaniques, introduisant des espèces méditerranéennes comme la rose de Provins, l’abricotier, le micocoulier, ou encore le raisin muscat. Il acclimate également l’aubriétia et l’œillet provençal dans ses résidences, notamment au château des Ponts-de-Cé et au pavillon de chasse de Baugé. En 1450, à son château d'Angers, il innove en créant des jardins d'agrément influencés par ceux de Florence, marqués par des essences méditerranéennes et une ménagerie comprenant des animaux exotiques comme des autruches.
Architecture et fêtes somptueuses :
René commande à des architectes italiens le réaménagement du manoir de Launay à Villebernier, où il organise en 1446 le légendaire tournoi de la « Joyeuse Garde », considéré comme l'un des plus grands du siècle. Il embellit ses résidences, notamment les jardins du château de Baugé, agrémentés d'oiseaux exotiques et d’un labyrinthe, ainsi que le château des Ponts-de-Cé, doté de jardins fleuris et d'une petite maison de plaisir.
Œuvres littéraires et artistiques :
René Ier fait partie des princes passionnés par les livres. Lui-même est l'auteur de plusieurs œuvres littéraires, parmi lesquelles on trouve : le Traité des tournois (1445-1450), le Mortifiement de vaine plaisance (1455) et le Livre du Cœur d’amour épris (1457). Les ouvrages de ce prince sont magnifiquement enluminés par Barthélemy d'Eyck (mort vers 1472).
Le Traité des tournois décrit le déroulement d'un tournoi médiéval.

Tournoi imaginaire entre le duc de Bretagne et le duc de Bourbon. source : gallica.bnf.fr
De nombreuses pages enluminées illustrent chaque étape de cette compétition chevaleresque, où les chevaliers arborent des tenues ornées de blasons. En juin 1449, René Ier organise à Tarascon le Pas d’armes de la bergère, un tournoi rassemblant plusieurs chevaliers, amis du prince. Louis de Beauvau, sénéchal de René Ier, relate cet événement dans un ouvrage également enluminé par Barthélemy d'Eyck.
Pendant longtemps, on a considéré ce manuscrit comme la suite directe des tournois organisés par la cour d'Anjou à Nancy, Saumur, au château de Razilly et à Tarascon entre 1445 et 1450. Toutefois, plusieurs éléments suggèrent de repousser la date de sa rédaction. En effet, le texte fait à plusieurs reprises référence à un autre traité de tournoi, *Le Traité des anciens et nouveaux tournois* d'Antoine de La Sale, rédigé en 1459, et qui fait l'objet de plusieurs critiques dans le manuscrit. De plus, les illustrations comportent des emblèmes de Bourbon, notamment les deux chiens blancs, disparus dans les années 1420 et réintroduits par Jean II de Bourbon en 1457. Enfin, l'analyse du filigrane du papier indique qu'il remonte probablement aux années 1450-1460, période durant laquelle il était utilisé à Angers.
D'après Marc-Édouard Gautier, le manuscrit aurait ainsi été rédigé au début du séjour du roi René en Anjou, entre 1462 et 1469. Un inventaire des biens du château d'Angers, réalisé en 1471-1472, mentionne d'ailleurs un « cahier de papier en grand volume, où se trouve le commencement d’un tournoi », qui pourrait correspondre à ce manuscrit ou à une copie partielle.
Par la suite, le manuscrit appartient à Marie de Luxembourg (1462-1546). Il passe ensuite entre les mains de Louis Nicolas Fouquet, comte de Vaux et fils de Nicolas Fouquet, jusqu’à son décès en 1705, puis à Louis François de Bourbon-Conti, et enfin au bibliophile Louis-César de La Baume Le Blanc de La Vallière. Ce dernier le vend en 1766 à Louis XV, et l'ouvrage intègre ainsi la bibliothèque royale.

Echauguette du château
Le Mortifiement de vaine plaisance est un dialogue mystique dans lequel l’âme du roi, orientée vers Dieu, s’oppose à son cœur, attiré par les plaisirs profanes. Ce texte reflète la spiritualité de René Ier, typique de la dévotion moderne du XVe siècle, préfigurant les réformes religieuses du XVIe siècle. Cet ouvrage est actuellement en Russie, à Saint-Pétersbourg, sauvé de la destruction pendant la Révolution Française, par des russes soucieux de conserver ces ouvrages.
Enfin, le Livre du Cœur d’amour épris symbolise les sentiments amoureux du roi : le cœur du souverain, capturé par Désir, se transforme en chevalier et affronte de nombreuses épreuves pour conquérir sa dame. Ce récit s’inspire des grandes épopées chevaleresques, notamment du Roman de la rose. source : BnF - Éditions multimédias
Tournoi de Chevalerie, l‘Emprise du château de Joyeuse-Garde, organisé par le Roi René en avril 1446 à Launay à Villebernier
« Peu de temps après, le roi de Sicille entreprit des joustes, lesquelles il tint proche de Saulmur, au devant d'un chasteau de bois qu'il fit construire dans une belle plaine, lequel il fit peindre par dehors et par dedans, et le meubla de très riches tapisseries; et à l'imitation des anciens romans, le nomma le chasteau de la Joyeuse-Garde, où, durant l'espace de quarante jours, luy et la reine Isabelle, et madame Yolande sa fille, et quantité d'autres dames et damoiselles, et notamment la belle et jeune Jeanne de Laval, pour laquelle secrètement il fit et dressa cette emprise, avec un grand nombre de grands seigneurs, et particulièrement ceux qui devoient estre de la troupe des Tenans, demeurèrent en grande joye et magnifique feste, attendant tous ceux qui, pour acquérir de l'honneur, voulurent venir jouster contre le roy, chef de l'emprise, et contre ceux qu'il avoit choisis pour combattre à son costé.
La reine, les dames et les seigneurs, qui estoient venus pour voir ces nobles faits d'armes, furent festinez dans le chasteau, et puis placez dans des eschaffaux, parez très richement, vis-à-vis du lieu où les joustes se faisoient.
La sortie du roy de son chasteau artificiel se fit dans cet ordre :
Deux estafiers turcs, habillez à leur mode, avec de longues vestes et des turbans de damas incarnat et blanc, menoient chacun un véritable lyon , attaché avec une grosse chaîne d'argent..
Après suivoient les tambours et les fifres du roy à cheval, et en suitte les trompettes, tous richement vestus de la livrée et de la devise du roy, de damas incarnat et blanc.
Après marchoient à cheval deux roys d'armes, tenans leurs livres ou cartulaires d'honneur et de noblesse en leurs mains, pour y descrire et exalter les nobles faits d'armes et les valeureux combats, qui se feroient au lieu où les lices estoient dressées.
Puis marchoient sur de très beaux chevaux, les houssures desquels estoient très richement ornées d'armoiries en broderie, les quatre juges du camp : à sçavoir deux anciens et sages chevaliers, et deux escuycrs bien expérimentez en toute sorte de combats.
L'un estoit seigneur de Cussé, L'autre seigneur de Martigné , Antoine de La Salle, aussi Hardouyn Fresneau.
En suitte venoit un nain veslu à la turque, sur un beau cheval richement caparaçonné, portant l'escu de la devise que le roy René avoit choisie en cette occasion.
Il estoit de gueules, semé de pensées au naturel, comme estoient aussi les cottes d'armes , les bannières, les chamfrains et les houssures, et caparaçons des chevaux des chevaliers, et des escuyers du roy etde tous les Tenans.
Après le nain, marchoit une très belle dame superbement vestue, menant et conduisant le cheval du roy René par une escharpe attachée à la bride; ce prince portant sa lance sur la cuisse, et l'escu de la devise au bras senestre, tout le cheval couvert d'un caparaçon de la même devise, traînant à terre.
Cette dame estoit destinée à mener tous les Tenans, chacun à son tour, lorsqu'il seroit nécessaire de jouster contre les Assaillans qui se présenteroient à l'emprise, et qui viendroient toucher l'escu pendant au perron avec le bout de leurs lances.
Le roy estoit suivi de monseigneur Ferry de Lorraine, du sire Louis de Beauvau et de son frère, du comte Guy de Laval, de Geoffroy de Saint-Belin, de Lénoncourt, de Guerry, de Crespin, de Cossé, du Begue, du Plessis et de plusieurs autres gentils et vaillans chevaliers, dont nous dirons les noms selon l'ordre qu'ils joustèrent avec celuy des Assaillans, qui s'esprouvèrent en ce noble exercice.
En cet ordre, ils arrivèrent au lieu où estoient dressées les lices, proche desquelles on avoit fait tendre un très grand et très riche pavillon, à la porte duquel s'assit le nain, vestu à la turque, sur un riche oreiller, ou carreau de velour cramoisi, frangé et houppé d'or, les jambes passées l'une sur l'autre en sautoir, ayant esté mis là pour remarquer tout ce qui se passeroit.
L'eschaffaut des quatre juges et des deux roys, ou héraults d'armes, et ceux des dames y estoient aussi dressez, et ornez de tapisseries, de tapis et d'oreillers, afin que tout le monde fust à son aise.
Et tout proche estoit un perron, fait en forme de colonne cannelée de marbre, à laquelle estoit appendu l'escu de la devise, et auquel ceux d'entre les Assaillans, qui voulaient jouster contre les Tenans, estoient obligez de toucher avec le bout de leurs lances. Au pied de cette colonne estoient attachez les deux lyons avec des chaînes d'argent bien fortes, un de chaque côté.
Auprès avoit de ce perron , De chascun costé un Iyon, Un nain dedans un pavillon, Qui l'escu là pendu gardoit.
Dans le même chauffaut que les juges diseurs se tenoient trois officiers d'armes , Guillaume, Bernard et Sablé, pour écrire tous les faits dignes de mémoire.
Témoignage relatant le tournoi de chevalerie l‘Emprise du château de Joyeuse-Garde, organisé par le Roi René en avril 1446 à Launay près de Villebernier
NOMS DES TENANS ( des défenseurs )
Ferry, monsieur de Lorraine, portant le casque couronné, et pour cimier un aigle esployé d'argent, avec le double volet de gueules, et l'escu et la houssure de son cheval, selon la devise du roy, comme eurent de même tous les Tenans.
Le seigneur de Beauvau portoit pour cimier une hure de sanglier, avec le volet à double pointe de gueules, houppé de mesme, avec le bourlet de gueules d'argent et d'azur, le caparaçon du cheval de gueules semé de pensées.
Le seigneur Jean Cossé (Cossa), italien, portoit le bourlet de gueules et d'azur, le volet houppé à dou hie pointe de gueules, et deux grandes cornes, l'une d'or et l'autre d'argent pour son cimier, pannachées de diverses plumes et de deux crampons, ou fers de cheval d'azur, entrelassez l'un dans l'autre, pendant entre les cornes.
Le seigneur du Bec-Crespin, le volet doublé de gueules, le bourlet d'or et de gueules, et pour cimier le col et la teste d'une grue aistée de synople.
Le frère du seigneur de Beauvau armé et tymbré comme son frère.
NOMS DES ASSAILLANS.( des attaquants )
Le comte de Tancarville avoit le casque couronné, l'escu , la houssure et le volet eschiquetez d'argent et de sable, et une queue de paon pour cimier, accompagné de quatre escuyers qui luy portoient ses lances.
Le seigneur de Guéressez portoit un volet de gueules, le bourlet d'argent, et pour cimier un double esventail, ou vol d'argent, et un lyon de gueules assis au milieu.
Le seigneur du Bueil, armé et houssé tout de noir, le volet de mesme; pour cimier nn croissant d'or et un double col et teste de cygne d'argent, et deux anges de mesme tenant ledit col, aislez ou enplumez de gueules.
Le seigneur de Mery, armé et caparaçonné en bandes d'argent et de gueules, le bourlet d'or et de synople, le volet de gueules, et pour cimier deux sauvages, tenant au milieu d'eux un Cupidon par les mains.
Le seigneur de Brion, armé et caparaçonné de tané, tymbre ou cimier, une teste d'ours emmuselée, le bourlet d'or et d'azur et le volet de synople.
Ceux-ci joustèrent les uns contre les autres le jeudy; mais le vendredy, le roy, par un sentiment de dévotion, fit cesser la jouste
Et pour ce , le roy commanda ,
Pour honneur de la Passion ,
De jouster et fist cession
De débat, et partout le manda.
Le jour d'après voici ceux qui joustèrent :
Ces deux icy finirent les joustes, personne ne s'étant présenté contre les Tenans.
Le gentil comte de Tonnère,
Humblement les dames requerre,
Pour achever l'appointement de la très amoureuse guerre ,
Où l'on ne peut qu'amour acquien
Ny perdre seigneurie ny terre,
Fors un ruby ou diamant.
Ce jour fut l'accomplissement
Du Pas, aussi l'achèvement.
Les vaincus à la jouste, tant du costé des Tenans comme de celuy des Assaillans, estoient obligez de donner un diamant, un ruby ou un cheval, le plus souvent pour estre donné à leurs maistresses.
Le poète anonyme dit qu'il y eut cinquante-quatre diamans et trente-six rubis donnés aux dames par les vaincus.
Car pour les deux principaux prix, ils furent délivrés selon l'ordonnance des juges, le dextrier très exellent à Florigny, et un fermaillet, ou boëte d'or couverte de riches diamans et de très beaux rubis, à Ferry de Lorraine.
Un fermaillet d'or tout marcis (massif),
Semé de diamans et rubis ,
Vallant mille francs de monnoye ;
Et certes si plus je disoye ,
Suis certain que n'en mentiroye.
Je le vis quant par là passoye.
Voicy la manière et la cérémonie, selon lesquelles lesdits prix furent délivrez aux deux vainqueurs par la belle damoiselle très richement parée, qui mena, comme nous avons dit, le roy René par une escharpe attachée à la bride de son cheval, et tous les autres chevaliers tenans.
Les bons juges eurent entente,
Et respondirent de leur tente;
Que avant qu'elle fust absente
Ils donneroient leur jugement.
A part et tout secrètement
Conclurent en leur parlement
Que le roy d'armes publieroit
L'arrest par leur commandement.
Le roy d'armes parle ainsi à la pucelle, après que les juges eurent consulté a qui les prix appartenoient:
Haute et puissante damoiselle,
Digne d'honneur, noble pucelle,
Je scay bien que vous estes celle
Commise pour reguerdonner (récompenser).
De ce que demandes nouvelle ,
Qui le prix doibt avoir de telle
Honorée et riche querelle,
Qu'on doibt de lauriers couronner ,
Messeigneurs, sans droit destourner ,
Ont sur ce voulu ordonner,
Et vraye sentance donner
Selon leur droite opinion,
Sans tomber en division. »
Alors la noble pucelle parla devant Je roy, la reine et tous les princes et princesses, seigneurs, chevaliers, dames et damoiselles, qui estoient assemblez à l'entour, attendant en grand silence ce qu'elle diroit, et à qui elle adjugeroit le prix.
« Pour ce que le roy m'a commis
A cet office, et soubmis
Les juges , lesquels ont promis
Sur ce juger en loyauté ;
De par eux je déclare et dis ,
Selon leur propos et advis
Donner du destrier le prix
A Florigny , qui a esté
Entre les estrangiers doupté (redouté),
Comme les juges ont relaté.
S'il est en ville , ou cité,
Que de par vous on le luy maine.
Du fermaillet en vérité ,
Aussi ont dit d'authorité
Que sus tous en soit hérité
Ferry, monsieur de Lorraine. »
Lors la damoiselle manda
Le nain, et tantost demanda
Aussi ès héraults, commanda
Qu'on fist de trouver diligence,
Florigny. ne retarda,
Car il estoit en la présence.
A la damoiselle s'avance
Le chevalier plein desçavance (savoir vivre),
Humblement lui fait révérence ;
Elle en grant honneur le baisa ;
Puis lui dit d'humble contenance :
Chevalier, par votre vaillance,
Ce prix aurez par redevance.
Très humblement la mercia.
Ferry monsieur fut là présent ;
Et la damoiselle plaisante
Luy dit : « Monsieur, ce présent,
De par les dames vous présente ,
D'un fermaillet d'or reluisant ;
Reconnaissance vous faisant
Isabeau, la reine présente,
Haute princesse excellente,
Madame Yolant non exempte.
Toutes de volonté plaisante
Remercions vostre valeur,
Voyez les là toutes en leur tente,
Qui de vous aymer ont couleur.
Après toutes ces choses ainsi heureusement achevées sans aucune querelle, le roy René, la reine et toute cette belle et noble assemblée s'en retournèrent à Saumur, en très magnifique ordre, sa suitte estant plus grande, que lorsqu'il vint au lieu de la jouste; car tous les Assaillans, meslez joyeusement avec les Tenans , y accompagnèrent le roy, qui les festina et traitta plusieurs jours splendidement ; que si les chevaliers avoient fait paroistrè leur valeur et leur adresse dans ce noble Pardon d'armes, les dames et damoiselles firent aussi esclater leur beauté et leur gentillesse dans le bal que la reine donna fort souvent, où les chevaliers qui n'avaient paru qu'armez durant les joustes, feurent veus habillez le plus richement qu'il leur fut possible , taschant tous à l'envy de paroistre aussi agréables devant leurs muistresses , comme ils avoient fait tout leur pouvoir de leur temoigner leur courage et leur valeur dans le combat.
Nous avons cru devoir reproduire presque on entier la curieuse analyse de Wulson de La Cotombière, extraite du Vray théâtre d'honneur et de chevalerie.
Elle remplace en partie le manuscrit original, et nous a conservé, d'après ses miniatures armoiriées, le nom de tous les chevaliers, tenants ou assaillants.
L'élite de la noblesse de France avait répondu à l'appel de René. Elle aimait à entourer de ses hommages le bon roi de Sicile, et le regardait avec raison comme son guide et son modèle.
Société des lettres sciences et arts du Saumurois

On peut remarquer la cheminée et le coussiège témoignant d'une volonté de confort.
sources : site officiel, Société des lettres sciences et arts du Saumurois, gallica.bnf.fr
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Manoir dit de la Reine de Sicile

La Maison, ou château ou manoir, de la Reine de Sicile a connu une transformation importante à partir du XVIe siècle, passant d'un simple fortin à une résidence de plaisance pour la noblesse locale. Les propriétaires successifs ont apporté des modifications et des embellissements à la maison, en ajoutant notamment des décors architecturaux et sculpturaux. Ce bâtiment pourrait avoir été la dernière demeure de Yolande d'Aragon même si les sources à ce sujet manquent encore de précisions.
C'est à partir de la fin du XVIIe siècle que la maison est acquise par la famille de la Châtaigneraie, qui la transforme en un véritable château de plaisance. Des travaux d'agrandissement sont entrepris, avec notamment la construction d'une aile supplémentaire au sud de la cour intérieure. Les façades sont embellies avec des motifs décoratifs, des sculptures et des fenêtres à meneaux.
La salle des Gardes est transformée en une grande salle de réception, ornée de boiseries sculptées et de peintures murales. Le décor de la maison est caractéristique du style baroque, avec des motifs de volutes, de coquilles et de mascarons.
Au XVIIIe siècle, la Maison de la Reine de Sicile est acquise par la famille d'Albon, qui la conserve jusqu'à la Révolution française. Après la Révolution, la maison est saisie comme bien national et vendue à plusieurs propriétaires successifs, qui la transforment en une propriété viticole.
Au XXe siècle, la Maison de la Reine de Sicile est acquise par la ville de Saumur, qui entreprend une restauration minutieuse de la maison, afin de lui redonner son aspect d'origine. Aujourd'hui, la Maison de la Reine de Sicile est un monument historique ouvert au public, témoignage de l'histoire et de l'architecture de la ville de Saumur.
Il reste néanmoins un bel édifice.
Voir aussi
Château de Saumur - Abbaye de Saint-Florent - Eglise Saint-Barthelemy - Musée des Blindés - Manoir de la Reine de Sicile
Informations Touristique :
L'intérieur ne semble pas avoir un intérêt majeur tant les transformations sont importantes. Le manoir est cependant bien visible de l'extérieur et garde un aspect médiéval romantique malgré ses diverses transformations. La Fondation Anako va réaliser plusieurs expositions dès 2023, voir le programme ici : https://fondation-anako.org/ethno-musee-pratique/
69 Rue Waldeck Rousseau, 49400 Saumur
Téléphone : 02 41 40 20 60
Histoire
Situé sur la Grande Rue des Ponts, dans l'ancien îlot Sancier, qui était séparé de l'île d'Offard par le bras du Moulin Pendu, ce grand logis est un endroit charmant. Toutefois, reconstituer son histoire scientifiquement n'est pas chose aisée. Déjà, ses appellations sont diverses : "Maison de la Reine de Sicile", "Château de la Reine Cécile", "Tour de la Reine Blanche", "Palais de l'île d'Or". Les légendes abondent. Jean-Baptiste Coulon ("Époques saumuroises") en fait le cœur d'une république insulaire autonome, la "République Faronelle", sortie de son imagination fertile... Quelques "historiens" du début du XXe siècle, tels que les colonels Savette et Picard, ont donné un historique catégorique en se basant sur des documents précis. J'ai passé de longues semaines à vérifier ces sources et j'ai constaté avec rage qu'elles n'apportent rien. Cependant, je n'ai pas trouvé beaucoup d'éléments solides pour les remplacer. Cette présentation repose surtout sur des constats archéologiques et avance prudemment des hypothèses.
Un fortin surveillant les ponts
Lorsque les Anglais sont devenus menaçants sur le flanc nord de la ville à la fin du XIVe-début du XVe siècle, la vieille bastille et quelques autres portes surveillant les ponts ont été renforcées. La cour intérieure, resserrée autour de son puits, les murs, massifs à leur base et renforcés par des contreforts plats, l'absence d'ouvertures basses, tout cela confirme que ce logis est avant tout un ouvrage défensif. Son accès se faisait par le flanc nord, au fond de l'impasse appelée "Petite rue Censier", à l'opposé de l'entrée actuelle.
Extrait du plan de Prieur-Duperray vers 1750
Cette maison forte appartenait à un système défensif formant verrou en avant de la boire du Moulin Pendu. Lorsqu'on examine le plan dressé par Prieur-Duperray vers 1750 et orienté vers le sud, on peut reconnaître, au-dessous du bras du Moulin Pendu et à droite, la Maison de la Reine de Sicile, son enclos, ses tourelles et son énorme contrefort. De l'autre côté de la rue, apparaît un bâtiment similaire, également en avancée sur la rue. Derrière la façade actuellement numérotée 76, se trouvent les substructions et la vis de pierre d'un ancien logis remontant vraisemblablement au XVe siècle. On est tenté de mettre ce bâtiment en relation avec le logis d'en face.
Yolande d'Aragon

Portrait totalement imaginaire de Yolande d'Aragon afin d'illustrer l'article.
Yolande d'Aragon, veuve de Louis II d'Anjou et titrée "Reine de Sicile", résidait souvent à Saumur, où elle mourut en 1442. Certains historiens lui attribuent la construction de ce logis et affirment qu'elle en faisait sa résidence habituelle, allant même jusqu'à avancer que Jeanne d'Arc lui rendit visite mais il s'agit principalement de supposition qui n'est documenté et encore moins sourcé. Lorsqu'elle résidait à Saumur, Yolande habitait plutôt au château de Saumur.
Seule une question mérite examen : la reine de Sicile aurait dicté son testament dans l'hôtel du sire de Tucé. Ces personnages influents auraient pu habiter ce logis, qui serait donc "la Maison où est morte la Reine de Sicile". Quelques éléments vont dans le sens de cette hypothèse, mais la famille de Tucé n'a pas conservé ce logis par la suite.
Dans la seconde moitié du XVe siècle, le manoir est réorienté et ouvert sur la Grande Rue des Ponts. À gauche, une carte postale des années 1910 présente la nouvelle façade avant les campagnes de restauration. Le logis est alors occupé par des gens misérables. Le rez-de-chaussée devient un café pendant quelque temps. La partie gauche est occupée par l'atelier d'un charron et il n'y a pas d'entrée du côté de la rue Montcel.

sources : résumé d'après les recherches et travaux de : https://saumur-jadis.pagesperso-orange.fr/lieux/maissici.htm
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Manoir Château de la Bouchardière
Le Manoir de la Bouchardière est un bâtiment historique situé en France, dans la commune de Saint-Cyr-en-Bourg, dans le département de Maine-et-Loire, en région Pays de la Loire. C'est un monument inscrit au titre des monuments historiques depuis 2005.
Le manoir est situé au croisement de deux anciennes routes, Saumur-Loudun et Montreuil-Fontevraud. Construit sur une légère pente, il offre une vue dégagée sur les alentours. Autrefois une maison forte, le bâtiment était en ruines au XXe siècle, caché au milieu des arbres.

L'histoire du manoir remonte à 1223, où le fief existe déjà et son seigneur est Pierre de Longué. Ce dernier a donné aux religieux de Louroux une rente d'un demi-muid de vin à prendre dans ses pressoirs de la Bouchardière. En 1302, Jehan de Brézé reçoit de son père, par testament, la terre de la Bouchardière et construit probablement le bâtiment actuel. Les éléments sculptés et la manière de construire placent l'époque de la construction à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle.
Le domaine reste dans la famille de Brézé ( voir le château de Brézé ) pendant trois siècles jusqu'en 1609, date de sa vente. À ce moment, le bâtiment est décrit comme en ruine et décadent. Au XXe siècle, il ne reste plus qu'un grand pan de mur qui constituait la face sud d'un puissant logis-tour. Ce mur contient encore un couloir de circulation et un escalier qui permettent de deviner les distributions médiévales.
Depuis 1965, le manoir a changé de propriétaires à plusieurs reprises. Il a appartenu à Monsieur Héron de 1965 à 1969, puis à Monsieur Dufoix en 1973. En 1998, la commune de Saint-Cyr-en-Bourg en a fait l'acquisition. Le manoir est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 25 avril 2005.
Au cours des années 2010, des tentatives de restitution de la Maison Forte de la Bouchardière ont été faites. La façade sud, que l'on découvre en premier, est remarquable par son architecture soignée agrémentée d'un décor sculpté assez abondant. Trois étages sont réparables : le rez-de-chaussée (communs et salle de stockage), le premier étage (grande salle d'apparat) et le deuxième étage (réservé à la vie privée du seigneur).
À l'origine, le logis présentait la forme d'une tour quadrangulaire d'environ 14 mètres de côté, dotée de contreforts rectangulaires surmontés de tourelles circulaires. Les souterrains ne sont pas visitables, mais un remarquable puits de lumière est visible à l'est de la tour. Il éclaire de vastes salles dont l'accès (bouché lors de l'effondrement de 2009) est un couloir situé sous le bâtiment.

En regardant sur la façade arrière on comprend que ce qu'il reste du manoir est en réalité assez ruiné.
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Informations Touristique :
Visible facilement, parking et table de pique-nique avec moustiques :) Vous risquez de passer sur des routes utilisées par l'armée, il faut évidemment bien faire attention à ne pas bifurqué dans des sentiers militaires où des exercices peuvent être menées. Vous pourrez parfois avoir la chance de voir des Rafales passer mais en général pas plus d'une fois par semaine.
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- Catégorie : Maine-et-Loire - 49
- Clics : 1466
Château de Targé

Le château de Targé est un domaine viticole de renom dans la région de Saumur-Champigny, situé sur la côte de Parnay, près de la Loire. Son histoire remonte à l'époque de Louis XIV, lorsqu'il était utilisé comme repaire de chasse et qu'il a été offert à son secrétaire Phélypeaux de Pontchartrain. Ce dernier l'a ensuite donné en dot à sa fille lors de son mariage en 1655 avec r5xdeph Gigault de Targé-Parnay. Depuis cette époque, le domaine est resté dans la même famille.
Au fil des siècles, le château de Targé a appartenu à de nombreuses personnalités politiques importantes telles qu'Abel-François Villemain, écrivain et ministre, son gendre François Allain-Targé, député de Paris et ministre de Léon Gambetta, son autre gendre Charles Ferry, député et sénateur des Vosges (frère de Jules Ferry), Abel Ferry, fils de Charles et député mort pour la France, et enfin son dernier gendre Edgard Pisani, ministre sous de Gaulle.
Le château de Targé a connu de nombreuses transformations architecturales au fil des siècles. Il est devenu un château au XVIIIe siècle, lorsque deux tours ont été construites du côté de la Loire. À la fin du XIXe siècle, les deux dernières tours ont été rajoutées du côté des coteaux, lui donnant sa forme actuelle.
Aujourd'hui, le château de Targé est surtout connu pour son domaine viticole de vingt-quatre hectares, qui produit des vins rouges à base de cabernet franc (appellation Saumur-Champigny), des vins blancs à base de chenin blanc (Saumur) et des vins effervescents qui profitent d'élevages longs en caves troglodytes. En 2017, Édouard Pisani-Ferry a passé le flambeau à son fils Paul Pisani-Ferry pour la gestion du domaine, en mettant l'accent sur le développement de la biodiversité et la transition en agriculture biologique.
Le domaine viticole de Targé est aujourd'hui une référence dans la région de Saumur-Champigny.

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Informations Touristique :
Site officiel : https://chateaudetarge.fr/
- Chemin de Targé
49730 Parnay - 02 41 38 11 50
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Horaires d'ouverture : 10h - 12h30 et 14h - 18h
Tous les jours d'avril à oct. et fermé le dim. de nov. à mars
sources :
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- Catégorie : Maine-et-Loire - 49
- Clics : 4349
Le château de Baugé est un monument médiéval construit au XVème siècle pour le roi René d'Anjou, grand amateur de chasse. Il se trouve dans la cité de Baugé-en-Anjou, dans le Maine-et-Loire. Aujourd'hui, le château accueille un parcours-spectacle retraçant la vie du roi René. Les étages supérieurs présentent des thèmes historiques tels que la dynastie des ducs d'Anjou, la chevalerie, l'amour courtois, etc. Les combles ont été réaménagées en salle de spectacle pour un son et lumière qui raconte la vie du roi. Le château est édifié sur un éperon rocheux stratégique, construit à l'origine en 1007 par le comte d'Anjou Foulques III Nerra pour faire face aux attaques ennemies.
Malgré le nom de la bataille de Baugé, c'est à Vieil-Baugé que se déroula l'essentiel de la victoire Franco-Ecossaise.
L'escalier à vis sud-ouest, considéré comme l'un des plus imposants d'Anjou, se distingue par son fût central en forme de voûte "en palmier". Les nervures de cette voûte forment des compartiments qui renferment les symboles de l'Anjou et les armes d'Aragon.

Il a une riche histoire et a été construit au XVe siècle par Yolande d'Aragon, mère de René d'Anjou. Lors de la guerre de Cent Ans, qui se déroulait au XVe siècle, Yolande a préféré brûler son château plutôt que de le voir tomber aux mains des Anglais.
En 1454, à la fin de la guerre de Cent Ans, René Ier d'Anjou, premier du nom, a hérité des ruines du château de sa mère. Il y a fait construire un pavillon de chasse de dimensions d'un manoir seigneurial sur les plans de son architecte Guillaume Robin. Les travaux ont été achevés en 1465. Le pavillon de chasse présentait de grandes salles d'honneur destinées à accueillir les convives du roi René. Ces salles étaient desservies par un escalier de pierre, dont la colonne centrale était le point de départ d'une voûte en palmier unique en Anjou.
Après la mort du roi René en 1480, l'Anjou a été rattaché à la couronne par Louis XI et le château de Baugé a connu de nombreux personnages historiques qui ont délaissé ce lieu. Avec le temps, le château s'est délabré. Au XIXe siècle, une partie du château (aile orientale) a été affectée à la Gendarmerie et l'autre partie (aile occidentale) est devenue le siège de la Mairie. Au xxe siècle, le château a connu différents occupants, tels qu'une caserne de pompiers, une salle de justice, des salles municipales et a ouvert un premier musée en 1905.
Après la Seconde Guerre mondiale, les fenêtres à meneaux de la façade ont été restaurées sous la direction des Monuments historiques. Le château est construit de moellons de calcaire et de grès, recouvert d'un enduit au sable et à la chaux. Pour ses façades, ses toits, et plusieurs éléments intérieurs, le château de Baugé est classé au titre des monuments historiques depuis 1963.
Depuis 2011, la chambre privée du Roi René et son oratoire sont accessibles au public. Dans La Dame de Montsoreau, Alexandre Dumas a fait du château de Baugé le lieu d'emprisonnement.
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Informations
- Adresse : Place de l'Europe, 49150
Téléphone : 02 41 84 00 74
- Google Maps : Carte
- Téléphone :
- Email :
- Site : https://chateau-bauge.fr/
-
Heures d'Ouvertures, Tarifs & Visites en 2023 ( à titre indicatif, information valable lors de la mise en ligne de l'article, ne pas hésiter à vérifier sur le site officiel ou les contacter quand l'information est disponible, avant tout déplacement ) :
Historique & Histoire
Baugé a vu le jour au début du XIe siècle lorsque Foulques III Nerra, comte d'Anjou et guerrier redoutable, a fait construire une forteresse pour protéger l'est de son territoire. Malheureusement, il n'en reste plus aucune trace aujourd'hui car les derniers vestiges ont été détruits au XIXe siècle.
Entre le XIe et le XIVe siècle, un nouveau château a été construit à la place du château actuel, mais il a été incendié pendant la guerre de Cent Ans.
Les hôtes prestigieux
Les archives de Bauge rapportent le séjour à la citadelle de plusieurs rois. Jean sans Terre y a séjourné pendant quelques jours en 1200, moins d'un an après avoir obtenu la couronne d'Angleterre et ses dépendances françaises. La présence de Philippe Auguste, le roi qui combattait les Plantagenêts, est attestée en janvier 1202. Enfin, en 1302, le château a reçu la visite du roi de France, Philippe le Bel.
Le château actuel a été construit entre 1454 et 1465 sur les bases de son prédécesseur, sur ordre de René Ier d'Anjou (1409-1480). Il présente un style pré-Renaissance, alliant simplicité, élégance et charme.

L'histoire du château de Baugé remonte à 1007, lorsque Foulques III Nerra, Comte d'Anjou, a commencé la construction d'une forteresse stratégique située à l'intersection de deux rivières, le Couasnon et l'Altrée, pour faire face aux menaces du Comte de Blois.
22mars 1421, Bataille de Baugé qui se déroule à Vieil-Baugé, à seulement 2km de Baugé.
En 1430, Yolande d'Aragon, la duchesse d'Anjou, s'intéresse à une citadelle abandonnée qui n'a pas été entretenue depuis longtemps et dont les fortifications sont en train de s'effondrer.
Elle ordonne la restauration des remparts, des logements et de l'église. Malheureusement, moins de six ans plus tard, le château primitif est ravagé par les flammes d'un incendie, probablement causé par les Anglais. Le roi René hérite en 1442 d'une ruine et décide de la reconstruire.
René d'Anjou

Portrait de René d'Anjou par Nicolas Froment, tiré d'un Diptype des Matheron vers 1475. Il avait été donné par René d'Anjou à son ami Jean Matheron, président à la cour des maitres rationaux de Provence, dont la devise, Ditat Servata Fides est écrit au revers. Portrait visible au musée du Louvre, acquis par le musée en 1891.
René, second fils de Louis II d'Anjou, roi de Sicile, a accumulé de nombreux titres et possessions grâce à des alliances et des héritages, mais il n'a pas réussi à les conserver. Élevé par son oncle suite à la mort de son père, il a obtenu le titre de duc de Bar en 1430, et son mariage en 1441 avec l'héritière du duc Charles II de Lorraine lui a apporté le duché de Lorraine en dot. Trois ans plus tard, suite à la mort de son frère aîné Louis III, René est devenu duc d'Anjou et comte de Provence. En 1438, Jeanne II de Naples l'a nommé comme héritier du trône de Naples et de Sicile. Cependant, il a perdu son royaume sicilien en 1442 et a abandonné la Lorraine à son fils en 1453. Finalement, le duché d'Anjou sera reuni par Louis XI à la couronne.
En 1442, René hérite de ce qui n'était plus qu'une ruine et décide de la transformer en une somptueuse demeure pour profiter de la forêt giboyeuse et se reposer.

Jeanne de Laval seconde épouse de René d'Anjou, elle décède en 1498.
Un grand projet est confié à l'architecte Guillaume Robin. En 1452, il est chargé de la mission délicate de donner au duc d'Anjou une résidence de plaisance sans aucune fonction défensive. En 1465, le corps principal de logis de Baugé s'étend sur 50 mètres de long et 11 mètres de large. La toiture élevée soutient de vastes combles, un étage à plafonds hauts et un rez-de-chaussée dédié aux salles d'apparat, avec des façades éclairées par des fenêtres à meneaux et animées par des tourelles à pans coupés. Au nord se trouve un pavillon massif réservé aux appartements privés, et au sud, deux tours d'escalier. L'escalier à vis sud-ouest monumental, enchâssé dans une tourelle octogonale, est utilisé comme escalier d'honneur et donne accès aux appartements.
En 1454, il confie la construction à son architecte, Guillaume Robin, et en 11 ans, le château est terminé en 1465. René y organise souvent des fêtes et y vient chasser.
En tant que grand amateur de chasse, le Roi René a bâti ce château pour en faire son relais de chasse. Séduit par la richesse de la forêt baugeoise, il aimait y séjourner pour se consacrer à ce loisir. En 1471, il y séjourne pour la dernière fois avant de partir pour Aix-en-Provence.
Après la mort du roi René en 1480, l'Anjou est rattaché à la couronne de Louis XI. La baronnie de Baugé et son château sont alors confiés à différents "engagistes", appartenant à des familles prestigieuses, telles que la famille d'Alençon, le Comte d'Enghien, la Comtesse de Soissons, Louise et Marie de Savoie-Carignan, la Duchesse de Luynes, le Duc de La Rochefoucault, le Duc d'Estissac, jusqu'à ce qu'ils soient placés sous le contrôle de "Monsieur", le frère du roi et futur Louis XVIII.
Le château est négligé au fil du temps car les gouverneurs successifs le délaissent et préfèrent résider ailleurs. En 1790, il est très délabré. En 1806, la gendarmerie à cheval s'y installe et une partie du château est cédée à la ville de Baugé. Des travaux de sauvegarde et de restauration sont entrepris en 1807, bien que des idées de destruction partielle du château aient été considérées en 1811. En 1832, les travaux reprennent et en 1836, la partie orientale est acquise par le Département, ce qui finance la restauration de l'aile occidentale entre 1838 et 1843. En 1901, le Département redonne la partie orientale à la ville, qui accueille désormais la justice de paix, la caserne des pompiers, le musée de Baugé et les salles de répétition de la musique municipale.
En 1946-1947, les fenêtres à meneaux de la façade sont restaurées sous la direction des Monuments historiques, suivies de travaux importants de restauration extérieure du monument à partir de 1960. En 1994, des fouilles complètes du sous-sol ont été effectuées. En 2002, tous les ajouts au cours des siècles ont été enlevés pour restaurer l'architecture primitive du château. En 2003, le parcours-spectacle a été ouvert au public, et en 2015, une étude archéologique a fourni des informations précieuses sur l'évolution du château au fil des siècles.

Gravure sur le château
sources : site internet, documentation sur place, edition atlas
