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Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Naissance le 2 février 1754 à Paris dans une famille de haute noblesse. Ses parents occupent des charges importantes à la Cour de Louis XV. Il est atteint d'un pied-bot, d'origine congénitale (le syndrome de Marfan).
Privé de son droit de primogéniture en raison de son handicap par ses parents, il est préparé à la prêtrise plutôt qu'à une carrière militaire. Il est ordonné prêtre et devient rapidement agent général du clergé.
En 1788, il est nommé évêque d'Autun et élu député du clergé aux États généraux, où il devient membre du comité de constitution de l'Assemblée nationale.
En 1789, il propose de séculariser les biens du clergé, rédige l'article 6 de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, lance le système métrique et présente le premier rapport sur l'école publique.
De 1792 à 1796, il est diplomate à Londres, revient en France, repart et s'exile aux États-Unis en 1794.
En 1797, il devient ministre des Relations extérieures du Directoire.
De 1799 à 1806, il prend part au coup d'État du 18 Brumaire. Il est ministre des Relations extérieures sous le Consulat, puis l'Empire. Il est nommé grand chambellan de Napoléon et devient prince de Bénévent.
En 1803, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord a acheté le domaine de Valençay sans même l'avoir vu, selon les dires de la duchesse de Dino, nièce de Talleyrand. Cela aurait été sur l'ordre de Bonaparte, alors Premier Consul, que son ministre des Relations extérieures aurait acquis cette "belle terre". L'empereur Napoléon l'a beaucoup aidé à la financer et a donné pour mission à Talleyrand de "recevoir brillamment" les étrangers notables et les ambassadeurs des souverains qu'il appréciait. L'invitation à Valençay était également un moyen de rehausser l'image du régime. Talleyrand, qui était un expert en matière de civilités, de divertissements et de raffinement de l'Ancien Régime, avait déjà démontré ses talents dans ce domaine au sein de son ambassade parisienne.
Le château actuel a été construit sur le site d'un ancien château fort qui avait été détruit. La grande salle de garde située sous la Cour d'honneur avec ses belles voûtes en berceau brisé est le seul vestige qui reste. La construction du Château de Valençay a commencé au début du XVIe siècle par Louis d'Estampes et Marie Hurault, son épouse fortunée. En 1540, leur fils Jacques a poursuivi la construction en se référant à Chambord. Il a ajouté le dôme en forme de cloche sur la tour, construit le grand pavillon d'entrée ou donjon, et a continué avec la galerie italienne à arcades.
Dans les années 1640, Dominique d'Estampes a fait construire l'aile ouest, où se trouvent aujourd'hui les appartements visités. L'ajout d'une aile de communs et d'une galerie à arcades ont fermé la cour. Monsieur de Villemorien, devenu propriétaire en 1765, les a fait abattre pour dégager la vue et a entrepris des travaux importants. Il a édifié une tour qui établit une symétrie avec celle du XVIe siècle et a ajouté une nouvelle façade côté cour avec une galerie en rez-de-chaussée. La toiture a été aménagée "à la Mansart". Endetté, son fils a vendu le domaine et Talleyrand l'a acheté pour la somme de 1 600 000 francs. En 2020, le Château de Valençay a été utilisé comme lieu de tournage pour l'émission "Secrets d'Histoire" de France 2 pour l'épisode sur Talleyrand, le diable boiteux présenté par Stéphane Bern.
De 1807 à 1814, les rapports avec Napoléon se dégradent et il abandonne son portefeuille. Il devient conseiller de Louis XVIII, président du gouvernement provisoire, met en place la Charte constitutionnelle et est nommé ministre des Affaires étrangères.
De 1814 à 1815, il négocie pour la France au Congrès de Vienne.
En 1815, il est président du conseil sous la seconde Restauration. Louis XVIII le « démissionne ».
En 1816, Talleyrand écrivit que Valençay, avec la femme qu'il aimait, deviendrait l'un des plus beaux endroits où l'on puisse vivre. Avec l'aide de la duchesse de Dino, Dorothée, qui était l'épouse d'Edmond, le neveu de Charles-Maurice, Talleyrand a réalisé cette vision. Bien qu'il y ait eu trente-neuf ans de différence d'âge entre eux et qu'il ait été l'amant de sa mère, lors du Congrès de Vienne où elle représentait l'ambassade de son oncle, l'amour a triomphé de tout. Quelques mois après leur retour en France, cette femme cultivée, reconnue pour son « esprit supérieur » par plusieurs de ses contemporains, est devenue sa compagne, son amie la plus chère et sa conseillère dans de nombreux domaines, y compris diplomatiques. Malgré quelques passions charnelles, elle est restée à ses côtés jusqu'à la mort de Talleyrand, l'homme qu'elle a le mieux compris et protégé.
De 1830 à 1834, il est nommé ambassadeur à Londres par le roi Louis-Philippe. Il participe à la création de la Belgique et signe le traité d'alliance entre l'Espagne, le Portugal, l'Angleterre et la France. Talleyrand est une figure importante de l'histoire de la France et de l'Europe, doté d'une grande sagesse et d'une incroyable capacité d'anticipation. Sa remarquable clairvoyance lui permet de protéger ses intérêts lors de sa participation à neuf des onze gouvernements successifs qui ont eu lieu au cours de sa vie. Cependant, cela ne suffit pas à convaincre les dirigeants politiques de son époque. Talleyrand avait également un merveilleux sens de l'humour, comme en témoigne cette citation : « J'ai en moi quelque chose d'inexplicable. J'ai l'impression d'apporter la malchance aux gouvernements qui m'ignorent ». En regardant l'histoire, cette blague est devenue un moment de clarté.
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Jean-Baptiste Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau
Major General Comte Jean de Rochambeau
Le maréchal Jean-Baptiste Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau ( né le 1er juillet 1725 à Vendôme et mort en son château de Rochambeau à Thoré La Rochette le 10 mai 1807 ) . Envoyé par Louis XVI pour aider les troupes américaines, avec 6000 à 7000 hommes environ, il a servi comme commandant en chef de la Français Force expéditionnaire qui s’embarqua de France afin d’aider l’armée continentale américaine à combattre contre les forces britanniques. Aujourd'hui beaucoup moins connu que Lafayette il joua néanmoins un rôle primordial dans l'accession à l'indépendance américaine.

Statue de Rochambeau à Vendôme, la même se trouve à Wahsington en face de la Maison Blanche in Lafayette Park, Washington, D.C.
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Débarqué à Newport, il rejoignit Washington et contribua à la prise de Yorktown. Les campagnes en Europe et en Amérique Jean-Baptiste Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau, naquit à Vendôme, où son père était gouverneur. Destiné initialement comme ecclésiastique, il est le deuxième enfant de ses parents, l'ainé étant à l'époque destiné à l'armée, il étudia au collège des jésuites de Blois.
1742, après la mort de son grand frère, il entra dans la carrière militaire d’abord comme cornette à l'âge de 17 ans.
1746, il devint aide de camp du duc d’Orléans, puis du comte de Clermont. Il joua un grand rôle dans la prise de Namur et fut nommé en 1747 colonel du régiment de la Marche infanterie. Blessé deux fois à Lawfeld, il se fil remarquer au siège de Maastricht. Après l’expédition de Minorque en 1756, il reçut la croix de Saint-Louis.
Il fit la campagne d’Allemagne en 1757-1758, fut nommé en 1759 colonel du régiment d’Auvergne infanterie et se distingua en 1760 à la bataille de Clostercamps.
Il fut nommé maréchal de camp en 1761. En 1769, en qualité d’inspecteur, il conseilla les autres généraux. donc le duc d’Aiguillon.

Portrait de Rochambeau, XIXe.
Révolution Américaine
Les anglais imposant une pression fiscale importante sur les colons, ce qui fut d'abord une révolte fiscale devint vers 1775 une révolte tout court.
1777, Benjamin Franklin se rendit en France, le ministre Vergennes trouva notamment qu'aider les colons pourrait être permettre de reprendre la revanche sur les anglais après la guerre de Sept Ans.
1780, après la déclaration de guerre de la France et l'Espagne contre l'Angleterre, Rochambeau est nommé commandant des forces terrestres dans le cadre du code du projet nommé Expédition Particulière. Il reçut le grade de lieutenant-général à la tête de quelque 7 000 soldats Français et fut envoyé rejoindre l’armée continentale sous George Washington pendant la guerre d’indépendance américaine. Axel von Fersen, ami de la reine Marie-Antoinette, a servi comme aide de camp et interprète. La petite taille de la force à sa disposition le rendait d’abord réticent à diriger l’expédition, ce qui le conduisit à rester relativement inactif pendant un an après son arrivée à Yorktown. Il est notamment accompagné par son fils, Donatien Marie r5xdeph de Rochambeau ( 1750 - 1813 ).
Il a atterri à Newport, Rhode Island le 10 Juillet, mais a été maintenu là inactif pendant un an en raison de sa réticence à abandonner la flotte Française bloquée par les Britanniques dans la baie de Narragansett. Le College in the Colony of Rhode Island and Providence Plantations (maintenant connu sous le nom de Brown University) a servi de site de campement pour uen partie des troupes de Rochambeau, et l’édifice du Collège a été converti en un hôpital militaire, maintenant connu sous le nom University Hall.
Juillet 1781, la force quitte rhode island et traverse le Connecticut pour rejoindre Washington sur la rivière Hudson à Mount Kisco, New York. La ferme Odell a servi de quartier général à Rochambeau du 6 juillet au 18 août 1781.

Bataille de Yorktown par Auguste Couder
Reddition de Lord Cornwallis par John Trumbull, représentant Cornwallis se rendant à Yorktown aux troupes Français du général Rochambeau (à gauche) et des troupes américaines de Washington (à droite); huile sur toile, 1820. Source wikipedia, retravaillée par montjoye.net.
Washington et Rochambeau ont ensuite marché leurs forces combinées au siège de Yorktown et à la bataille du Chesapeake. Le 22 septembre, ils se associent aux troupes du marquis de Lafayette et forcent lord Cornwallis à se rendre le 19 octobre. Le Congrès de la Confédération présenta à Rochambeau deux canons tirés aux Britanniques en reconnaissance de son service. Il les retourna à Vendôme, et ils furent réquisitionnés en 1792.
La capitulation du commandant anglais Cornwallis, le 19 octobre 1781, contribua à l'indépendance américaine. A son retour il était en tenu militaire américaine, après avoir été fait général par Washington, ce qui déplut le roi. Néanmoins Rochambeau reçut en 1783 le cordon bleu de Louis XVI et fut nommé gouverneur de Picardie et d’Artois.

Pendant la Révolution Française, sauvé de justesse par une charette trop chargée !
Député à la seconde Assemblée des notables en 1788, il fut mis en 1790 à la tête de l’armée du Nord.
1791, il reçut le bâton de maréchal, mais il fut en désaccord avec Dumouriez qui préconisait une offensive contre l'Allemagne et ne put éviter la défaite de Quiévrain en avril 1792.
Il démissionna en juin et se retira sur ses terres de Vendôme. Il est arrêté sous la Terreur, il évita de peu la guillotine, en effet lors de son transfert vers la guillotinne, la charette était trop chargée, le bourreau l'écarte et lui dit :" retire-toi, vieux maréchal, ton tour viendra plus tard."
Mais l'affreux Robespierre étant guillotinné, il fut libéré.

Rochambeau passa les dernières années de sa vie au château Rochambeau à Thoré-la-Rochette.
Nommé en 1802 grand officier de la Légion d’honneur, il fut présenté en 1803 au Premier Consul, futur Napoléon Ier, et reçut une pension de maréchal. Ses Mémoires furent éditées en 1809.

Mausolée de la famille Rochambeau à Thoré-la-Rochette où fut inhumé le maréchal Rochambeau. Cimetery of Thoré la Rochette, resting place of marshal Rochambeau.
Le président Theodore Roosevelt a dévoilé une statue de Rochambeau par Ferdinand Hamar comme un cadeau de la France aux États-Unis le 24 mai 1902, debout à Lafayette Square, Washington, D.C.. La cérémonie a été l’occasion d’une grande démonstration d’amitié entre les deux nations. La France était représentée par l’ambassadeur Jules Cambon,l’amiral Fournier et le général Henri Brugère,ainsi qu’un détachement de marins et de marines du cuirassé Gaulois. Des représentants des familles Lafayette et Rochambeau étaient également présents. Une fête Rochambeau a eu lieu simultanément à Paris. En 1934, A. Kingsley Macomber a fait don d’une statue du général Rochambeau à la ville de Newport, Rhode Island. La sculpture est une réplique d’une statue à Paris.
La Marine Français a donné son nom à la frégate Rochambeau. L’USS Rochambeau était un navire de transport qui a été servi dans la marine américaine pendant la Seconde Guerre mondiale. Le président Obama a signé le 30 mars 2009 la Loi omnibus sur la gestion des terres publiques avec une disposition visant à désigner la route révolutionnaire Washington-Rochambeau comme sentier historique national. Un pont porte le nom de Rochambeau dans le complexe de ponts connu sous le nom de pont de la 14e rue (rivière Potomac) reliant Washington D.C. à la Virginie. Un manoir sur le campus de l’Université Brown s’appelle Rochambeau House et abrite le département Français.
Tous les ans se déroule des cérémonies à Thoré La Rochette au château de Rochambeau en souvenir du Maréchal Rochambeau.
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Article connexe : liste des prisonniers de la Bastille. - Donjon de Vincennes

Jean Henry, dit Danry, ou Masers de Latude, né en 1725, était un garçon chirurgien dans les armées du roi. Arrivé à Paris en 1748, sans ressources, il imagine s'attirer les bonnes grâces de Mme de Pompadour : il lui envoit une prétendue boîte explosive afin de dénoncer lui-même un complot. Le lieutenant de police Berryer prend l'affaire au sérieux : Danry est arrêté le 1 er mai 1749 et jeté à la Bastille. Transféré au Donjon de Vincennes il s'en évade le 15 juin 1750.
Rattrapé, il est renvoyé à la Bastille , où il se montre un prisonnier très malcommode. On lui donne un compagnon, Allègre, avec lequel il s'évade dans la nuit du 25 au 26 frévrier 1756. Repris, il est mis au cachot. Il écrit beaucoup , notamment avec son sang, alternant plaintes et menaces. Transféré à nouveau au Donjon de Vincennes en 1764, il s'invente un nouveau nom, Masers de Lature, et s'échappe de nouveau en 1765, mais cette fois encore il est repris. Malesherbes, apitoyé, le considère comme fou et le fait envoyer à Charenton en 1775.
Libéré en 1777, il est ramené à Bicêtre pour vol. Profitant de l'esprit " sensible" de la fin du siècle, il émeut jusqu'à la reine Marie-Antoinette. Il trouve des protecteurs, et finit par être libéré en 1784.
Devenu farouche révolutionnaire en 1789, il entame une belle et brillante carrière de martyr. Sous la convention, il parvient même à obtenir des dommages et intérêts des héritiers de Mme de Pompadour. [iv]
source : Bibliothèque de l'Arsenal
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Homme au Masque de Fer

Les registres de la Bastille tenu par le Lieutenant du roi Du Junca de 1690 à 1705 sont les documents officiels qui permettent d'accréditer la thèse d'un homme masqué emprisonné pendant plusieurs décennies.
Aujourd'hui aucune thèse ne permet de s'assurer de son identification historiquement.
C'est le gouverneur Saint-Mars, le même qui a enfermé et surveillé Nicolas Fouquet à la prison de Pignerol ( d'où les confusions historiques) , qui fait inscrire dans les registres son arrivée le 18 septembre 1698 et sa mort le 19 novembre 1703 sous un faux nom comme il était d'usage à l'époque. Son corps est jeté dans une fosse commune, ce qui ne permettra pas son authentification ultérieure.
C'est Voltaire qui le premier va révéler cette histoire au public
Il transforme par ailleurs le masque de velours ( ou de cuir ) en masque avec ressort d'acier dans le but probablement de rendre encore plus tragique son livre " Le siècle de Louis XIV", livre évidemment très critique sur cette période, édité la première fois en 1751.
Livre consultable sur gallica.bnf.fr: Tome 1, Tome 2 et Tome 3
Le chevalier de Mouhy, en 1759 le Masque de fer (La Haye, 1759, 3 vol. in-12), dans son roman va transformer définitivement le masque de velours en "masque de fer".
On peut lire l'ouvrage ici : Masque de Fer
Articles connexes : liste des prisonniers de la Bastille. - château de Vaux le Vicomte
Plusieurs thèses, plus d'une quarantaine, sur la personnalité de l'homme dit au "masque de fer"
- 1759 : La Grange-Chancel pense que c'est le Duc de Beaufort
- 1768 : Sainte-Foix se prononce pour le Duc de Monmouth, fils naturel de Charles II
- 1769 : le père Griffet établit la mort d'un prisonnier en 1703 sous le nom de Marchialy. Il y a eu avec cette écriture une correspondance de fait avec le Comte de Marchioli, cependant il est mort 1694 .

Portrait de Voltaire, par Maurice Quentin de la Tour après 1735.
- 1771 : Voltaire estime lui que le prisonnier est le frère de Louis XIV.
Louis XV dira à Madame de Pompadour, sans donner son nom, que c'est « un ministre d'un prince d'Italie »
1847 : Alexandre Dumas dans son roman "le Vicomte de Bragelonne", pense que c'est un jumeau de Louis XIV. Une thèse reprise dans le film très rocambolesque " Le masque de fer" de Randall Wallace en 1998 avec Léonardo Di Caprio.
En 1894, Funck-Bruntano, Bibliothécaire et Historien qui aura accès aux archives de la Bastille écrit dans son livre "L'Homme au masque de velours noir dit Le Masque de fer " qu'il s'agirait du Comte de Matthioli, agent du Duc de Mantoue qui aurait trahi la confiance de Louis XIV.
En 2003, Jean-Christian Petitfils, Historien reconnu, écrit dans son livre Le Masque de fer, entre histoire et légende, que le prisonnier serait : Eustache Danger ou Dauger. Arrêté fin juillet 1669, il aurait détenu le secret sur la conversion possible de Charles II Stuart au Catholicisme, étant probablement trop bavard il aurait été emprisonné par la suite. Devenant alors le Valet de Nicolas Fouquet à la prison de Pignerol. C'est Bénigne d'Auvergne de Saint-Mars qui aurait eu alors l'idée de lui mettre ce masque pour obtenir des faveures financières, vu qu'il ne recevait que 5 livres par mois pour l'entretenir, et créer alors une légende.
Une critique intéressante au sujet de ce livre : http://www.h-net.org/reviews/showrev.php?id=8218
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Article connexe : liste des prisonniers de la Bastille - Collégiale de Beaumont le Roger

Jean-Charles-Guillaume Le Prévôt de Beaumont, né à Beaumont-le-Roger le 24 novembre 1726 et mort à 97 ans dans la ville de Bernay le 22 décembre 1823 .
Il fait parti des prisonniers injustement emprisonné, qui par son histoire aura contribué au fil de l'histoire à apporter de l'eau au moulin des révolutionnaires lors des moments de terreurs.
Secrétaire du Clergé de France, il est emprisonné pendant 22 ans environ, dont un an à la Bastille et 15 ans au donjon de Vincennes, Il est libéré le 5 octobre 1789. Condamné pour avoir dénoncé , après la découverte de correspondances entre plusieurs personnalités, un pacte de famine concerté entre les ministres suivants : L'Averdy, Sartine, Boutin, Amelot, Lenoir, Vergennes.
Ce pacte était , alors que la famine était générale d'où son nom, d'entreposer le blé acheté à bas prix pendant les bonnes périodes dans le but de le raréfier et d'en faire augmenter artificiellement le tarif pendant les périodes de disette.
Ces pactes existaient peut être déjà sous Louis XIV, ils pourraient être en partie responsables des famines de : 1693, 1694, 1718, 1720, 1725, 1740, 1750, 1760, 1767 & 1768.
Son arrestation et son emprisonnement, va jouer par la suite après la révolution et sa libération sur le sentiment général sur le rôle de la Monarchie couvrant les pires méfaits de ministres. On ne peut accuser, Louis XIV, Louis XV ou Louis XVI d'y avoir participé, ce n'était franchement pas dans leur intérêt surtout au vu de la situation déjà très tendue. Cette situation cependant a laissé et fait planer le doute sur une conspiration à l'échelle nationale pour s'enrichir sur le dos du peuple, alors que ce dernier est déjà très mal en point. Cette histoire est utilisée par les révolutionnaire pour faire guillotiner les ministres concernés.
Clément Charles François de Laverdy, marquis de Gambais, le principal accusé dans la conspiration est guillotiné pendant la révolution pour avoir contribué à l'établissement d'un pacte de famine. Cependant L'averdy et Choiseul ont très probablement suivi une partie des recommandations des Physiocrates, l'ancêtre du libéralisme ou de l'économie de marché, en supprimant tout entrave au commerce des grains, mais cette nouvelle méthode va s'avérer désastreuse en 1768, Clément Charles François de Laverdy est relevé de ses fonctions bien avant d'être guillotiné.
Pour autant le prévôt n'est pas libéré. Il faut dire qu'Antoine de Sartine est nommée en 1774 secrétaire d'état à la Marine, qu'Antoine-Jean Amelot est intendant des Finances également en 1774, Charles Gravier de Vergennes est lui nommé ,toujours en 1774, Secrétaire d'État des Affaires étrangères... dans ses conditions la requête du Prévot avait peu de chance d'aboutir .
Lettre émouvante et idéaliste du prévôt de Beaumont à Chrétien-Guillaume de Lamoignon Malesherbes ( alors secrétaire d'état de la Maison du Roi ), huit ans après son incarcération. Elle a été écrite probablement au Donjon de Vincennes en 1775 qui était accompagnée d'une lettre d'accusation particulièrement grave ( contre les ministres ) à l'attention de Louis XVI. L'ensemble de l'écrit a été édité dans les "mémoires historiques et authentiques sur LA BASTILLE" dans le troisième tome. Une édition faite en 1789 à partir , selon l'éditeur, de documents de la forteresse rangé par époque depuis 1475 à 1789 [v]. Si elle a été retrouvée dans les archives de la Bastille en 1789, on peut imaginer qu'elle ne fut jamais transmise .
Sire,
Vos ministres, depuis huit ans, m'ont mis en pénitence pour leur crime, pour l'avoir découvert, et de peur que je ne le découvre ( il parle ici de le révéler ) . Quoique je ne doute pas, SIRE, qu'il n'est jamais permis de le taire, quand il s'agit de sauver tout le monde, est cependant aussi désagréable que malheureux pour moi, qui suit le plus petit de vos sujets, d'être obligé , n'ayant point de haîne contre vos ministres, de les accuser, du fond d'un cachot, de causer seuls volontairement presque tous les maux de votre Monarchie. Le respect leur est dû, l'obéissance même; mais pour leur plaire, on ne doit pas inculper injustement la bonté de mon souverain des crimes de ses mauvais serviteurs. Il vaut mieux, dit Saint-Cyprien, découvrir les maux qu'on nous a faits, que de les cacher, sans espérances de remède; à quoi le Docteur Nicole ajoute que le mal qu'on couvre en le taisant est pire que celui qu'on découvre en parlant; car quiconque peut empêcher le mal en le dénonçant, et qui ne le fait pas , s'en rends responsable devant Dieu & devant les hommes, comme s'il l'avait commis.
Je ne pourrais donc taire des conjurations sans y participer, trahir par le silence, sans être traître, ni renoncer mon Dieu, mon Roi, ma Patrie, sans m'en déclarer l'ennemi. Ce n'est pas seulement l'exécution du mal projeté contre le Prince ou contre son état que l'on deviens criminel, disait M. Le comte de Brionne, occupant la même place que Monseigneur Amelot, sous la régence de la Reine, mère de Louis XIV; mais par le moindre effort, dans lequel on se montre capable de le concevoir et de le tenter.
Le plus grand ministre que la France peut citer, le généreux & vaillant Sully dit, au vingtième livre de ses Mémoires, qu'il n'y a eu que trop de ministres infidèles pour le malheur de l'état, que leur conduite est toujours équivoque par quelqu'en endroit; qu'il n'est pas rare d'en voir qui soient disgraciés par leur cupidité, leurs trahisons & leurs prévarications; qu'il n'est pas rare non plus qu'ils méritent ce traitement par des procédés reprochables.
La loi universelle de tous les états, aussi ancienne que les Etats mêmes, fondée sur la loi naturelle, qui fut renouvelée en 1477 par Louis XI, déclare bien positivement que celui d'entre tous les sujets de la Monarchie, qui aura connaissances d'une conjuration contre la personne du Roi ou contre l'Etat, & qui ne viendra pas pas la révéler, sera puni comme les auteurs mêmes du crime, & encourra les mêmes peines de la perte des biens, de l'honneur & de la vie.
Si en conséquence de cette loi , qu'il ferait plus que jamais nécessaire de promulguer, & remettre en vigueur en France, où il y a tant de traîtres aujourd'hui, le célèbre président de Thou perdit la vie sur un échafaud, non pour avoir conjuré , il n'en était pas capable, mais seulement pour n'avoir pas dénoncé la conjuration de Cinq-Mars, son ami; Combien de fois serais-je coupable, si, indifférent aux maux de ma patrie, je n'osais par crainte , ou par lâcheté; par respect humain, ou par complaisance; par intérêt personnel, ou par connivence, informer mon souverain de l'entreprise de ses Ministres ! Certainement, s'il se pouvait qu'il y eût neuf millions de Ministres coupables au service de S. M., les onze millions de vos sujets, qui ne sont pas moins mes frères que Mes Seigneurs les Ministres, seraient à préférer.
Maintenant grâces à Dieu & louanges à mon Roi, me voilà déchargé, pour la seconde fois, de ce terrible fardeau, entre les mains de Monseigneur Amelot. Si vous est plus fidèle que Monseigneur de Malesherbes , & si je ne fuis pas encore délivré , j'ai du moins lieu de l'espérer de la justice de mon Roi, à qui j'aurai encore à dénoncer, aussitôt que je serai en liberté, d'autres consipirations étrangères à ses Ministres , dont je n'ai parlé à personne ( on voit ici qu'il essaye en désespérance de cause de trouver un arrangement sur sa libération en échange d'informations, en réalité cette phrase là ne peut que le desservir vu ce qu'il a écrit auparavant dans le sens qu'il n'a pas dénoncé une conspiration avant son arrestation pour une autre conspiration...monnayer des informations à son niveau était trop tard voir contre productive, qu'elle information aurait pu t'il révéler d'aussi importante 8 ans après son arrestation, c'est une manoeuvre désespéré d'un honnête homme ). Je sais où sont les preuves ; mais fut combien d'autres objets d'importance mon zèle & mon courage m'animeront à servir Votre Majesté aussi bien que l'état, sans aucun vue d'intérêt personnel, si je pouvais seulement obtenir la protection.
Veuille mon Souverain, remédiant à toutes choses, mais usant de la clémence ordinaire, pardonner à tous Mes Seigneurs ses ministres que j'ai été obligé d'accuser; & quand il lui en faudra un pour la guerre, n'en point choisir que le grand Maréchal de Broglie. Il y a longtemps que les voeux du public à cette place, que lui déférent les lumières, les vertus et son désintéressement. Certainement Votre Majesté ne sera jamais trahis par celui qui, après l'avoir déjà bien servie, est encore plus capable de servir à nouveau. Le vrai mérite ne s'offre pas, au lieu que l'ambition, l'amour-propre & l'incapacité n'intriguent souvent pour occuper tous les plus hauts rangs.
Veuillez aussi Monseigneur de Monseigneur de Malesherbes, pour faciliter, en un point de conséquence, l'exercice de son ministère, & de la charge de conscience , ne pas désapprouver, mais au contraire appuyer , auprès de Votre Majesté le projet ci-joint, par lequel elle pourrait tout d'un coup extirper des milliers d'abus qui règnent de tout temps dans les prisons d'état; quoiqu'elle le soit réservé , depuis deux ans, la connaissance des lettres de cachet, & qu'elle ait voulu par-là en arrêter l'abusive prostitution , M. de Sartine a bien trouvé les contrefaçons d'ordres, les transactions, les récelements ( recelles ) & les tyrannies. Mais ce projet, si Votre Majesté, daigne l'agréer, préviendra tous les abus & tous les maux.
Note personnelle : Je n'ai aucune idée de la véracité des propos du prévôt et je ne sais pas si les preuves éventuelles ont été utilisées lors des procès des ministres en question. Mais au vu du contexte historique, de la continuité des accusations malgré son lourd emprisonnement, il n'est pas impossible que ces ministres aient profité de la situation pour s'enrichir sur le dos du peuple. Il n'est pas certain cependant qu'ils aient réellement contribué à la famine , mais plutôt par opportuniste malsain, de s'enrichir profitant de la flambée des prix , ce qui vu leur position est tout aussi grave. De plus il parait difficilement concevable au vu de la position du prévôt qu'il ait pu accuser les ministres sans avoir de preuves suffisantes et crédibles. Au delà de la véracité de ses accusations, il en était en tout cas intimement convaincu, on peut qu'admirer le courage , la ténacité et l'honnêteté intellectuelle de Jean-Charles-Guillaume Le Prévôt de Beaumont , tout cela au péril de sa vie et de sa liberté alors que sa position était très enviable.