Le palais archiépiscopal de Rouen est un édifice gothique construit à partir du XIIIe siècle, jouxtant la cathédrale Notre-Dame de Rouen, en Seine-Maritime. Il s’agit du seul archevêché de France à avoir conservé sa fonction et à former un ensemble architectural uni avec la cathédrale.

Au fil des siècles, le palais a connu de nombreux agrandissements et restaurations, avec d’importantes interventions de Guillaume de Flavacourt au XIIIe siècle, de Louis II de Luxembourg et de Guillaume d'Estouteville à la fin du Moyen Âge, puis de Georges Ier d’Amboise à la Renaissance. La salle des États, un des lieux majeurs du bâtiment, est célèbre pour avoir accueilli la dernière séance du tribunal condamnant Jeanne d’Arc en 1431 ainsi que son procès de réhabilitation en 1456.

Le palais fut également remodelé au XVIIIe siècle : les façades gothiques ont cédé la place à des éléments classiques, et plusieurs espaces ont été modernisés. Transformé en résidence militaire et administrative à la Révolution, il retrouve sa fonction archiépiscopale au XIXe siècle. Depuis 2015, le site abrite l’Historial Jeanne d’Arc, permettant au public de découvrir ce lieu exceptionnel, chargé d’histoire, où se mêlent patrimoine religieux, judiciaire et artistique.

Histoire du Palais

Le tout premier manoir épiscopal de Rouen se trouvait originellement au sud de la nef de la cathédrale. Toutefois, durant les invasions normandes et la naissance du duché, l’archevêché se déplaça au nord-est, au chevet de la cathédrale. Installé entre le chœur et la rue Saint-Romain, le palais fut progressivement agrandi vers l’est, jusqu’à englober les vestiges des remparts du IVe siècle. Sous l’impulsion de Guillaume Bonne-Âme, l’archevêché fut reconstruit, et quelques parties de cette époque subsistent encore au niveau de la cour de la Maîtrise Saint-Évode.

Au XIIIe siècle, Guillaume de Flavacourt édifia un nouveau palais archiépiscopal de style gothique, contemporain de la cathédrale. Il y construisit notamment une tour de guet et une vaste salle, dont le pignon demeure aujourd’hui. Cette salle fut le théâtre de la dernière séance du tribunal ayant condamné Jeanne d’Arc en 1431, ainsi que du procès de réhabilitation en 1456. Le logement des archevêques longeait la cour des Libraires, avant d’être restauré et agrandi sous Louis II de Luxembourg.

Avec l’arrivée de Guillaume d’Estouteville, l’ancienne résidence fut détruite puis entièrement reconstruite. Dès 1462, les cuisines du rez-de-chaussée furent achevées ; l’année suivante, la construction s’étendit à une salle d’audience et d’apparat au premier étage, désormais connue sous le nom de « salle des États ». L’ensemble des travaux, parachevés en 1464 avec la réalisation de l’escalier à vis, coûtèrent 400 000 livres.

Georges Ier d’Amboise poursuivit ces transformations à son arrivée en 1495, embellissant le palais jusqu’en 1507 pour près de deux millions de livres. Il fit édifier le bâtiment actuel destiné à la « cour d’Église », abritant conciergerie et prisons au rez-de-chaussée, bureaux au premier niveau et salle d’audience au deuxième. Le manoir d’Estouteville fut doublé sur ses proportions initiales, une nouvelle vis d’escaliers créée, tandis que surgissaient les pavillons Saint-Romain au nord-est et Notre-Dame au sud-est, rapidement coiffés de toitures. Entre 1501 et 1502, Guillaume Cornehaut, le jardinier, conçut un jardin orné de statues et de fontaines, entouré jadis de galeries vitrées.

En 1650, la salle des États accueillit l’assemblée des notables sous la présidence de Louis XIV. Au XVIIIe siècle, Claude-Maur d’Aubigné fit reconstruire la chapelle épiscopale, tandis que l’archevêque de Saulx-Tavannes démolit la grande salle du XIVe siècle pour la remplacer par une bibliothèque, enrichie de la collection du futur évêque d’Évreux. Le portail d’entrée fut reconstruit en 1742, et durant le siècle, les façades du palais prirent une allure plus homogène grâce à l’alternance de baies classiques et de fenêtres en trompe-l’œil.

Durant la Révolution, le palais servit tour à tour de grenier à blé, de logement pour l’armée, puis de siège municipal. Il retrouva sa fonction première en 1802, mais la loi de séparation de 1905 força l’archevêque à quitter les lieux. Ceux-ci restèrent vacants jusqu’à la Première Guerre mondiale, lors de laquelle ils furent réquisitionnés par l’État-Major. En 1920, l’archevêque du Bois de Villerabel reprit les lieux en location, et obtint leur restitution grâce à son prédécesseur devenu archevêque de Paris. Enfin, une vaste restauration fut entreprise à la fin des années 1990.

Aujourd’hui, ce palais se distingue en étant le seul en France à avoir conservé sa fonction épiscopale et à former avec la cathédrale un ensemble unique. Depuis 2015, l’Historial Jeanne d’Arc offre au public l’opportunité de découvrir les coulisses et les secrets du palais épiscopal.