Donjon Royal de Moret sur Loing

 

Situé dans le centre historique de Moret-sur-Loing dans l'ancien comté du Gâtinais,  il fut édifié entre 1128 et 1160 par Louis VI le Gros ou Louis VII. Plusieurs rois vont y séjourner, Louis VI, Philippe-Auguste, Saint-Louis, Charles VII, Philippe IV et Henri IV, ce dernier aura même une de ses maîtresses ,Jacqueline de Bueil, comtesse de Moret qui va y résider.

Il est un des rares donjons carrés de cette époque, XIIe, à subsister en île-de-France dans cet état, d'une manière général c'est aussi l'un des éléments défensifs de ce roi à subsister en France. Il était entouré d'une enceinte de fortification qui rejoignait le Loing, mais aujourd'hui disparu.

 

donjon royal moret sur loing

 

 

Historique & Histoire 

 

850, première mention écrite de Moret lors d'un synode, réunion ecclésiastiques.

1068, l'ancien comté du Gâtinais est réuni au domaine royal.

1112, le castrum de Moret est inféodé aux comtes vicomtes du Gâtinais.

1081, Philippe Ier achète Moret au duc de Bourgogne, de ce fait Moret est à la frontière avec  la Bourgogne. Elle devient de facto une ville stratégique puis qu'elle est située également sur un des passages importants entre le duché de Bourgogne et le royaume de France.

1126, occupation militaire par Louis VI du castrum de Moret.

 

Construction de la Grosse Tour de Moret

donjon moret sur loing sommet

 

1128, début possible de la construction du donjon de Moret par Louis VI, construit sur une période probable entre 1128 et 1154. Elle est appelée la "Grosse Tour", comme il est d'usage à l'époque. Le donjon de Grez-sur-Loing, à quelques km, fut construit également sur un plan similaire à la même époque. Louis VI est mort en 1137, il n'est pas impossible que la construction du donjon soit apparu sous Louis VII.

1154, persécuté par le comte de Nevers, les moines de Vézelay se réfugient dans l'église de Pont-Loup.

1166, début de la fondation de la collégiale Notre-Dame.

1180, Philippe-Auguste renforce le Château et les remparts de Moret initiés par Louis VII. Début de la construction de l'église Notre-Dame.

1226, Blanche de Castille réside dans le donjon au cours de l'année.

1285 - 1314, sous Philippe-le-Bel, la grosse tour est utilisée comme prison royale pour des hôtes d'exceptions.

Pendant la guerre de Cent-Ans, selon Christian Corvisier, (2) le Château n'eut très peu d'évolution défensive, les douze couleuvrines étaient initialement pour la ville et non pour le donjon.

1420, Isabeau de Bavière livre Moret aux Anglais, alliés des Bourguignons.

1430, Charles VII, fils d'Isabeau de Bavière, reprend la ville.

Moret sous Louis XI est vendu à Antoine de Chabannes

Cette vente se fait sous le principe de "l'engagement", c'est à dire qu'il est vendu afin de renflouer les caisses du royaume mais il est permis au royaume de racheter la seigneurie(2). Dans les faits, le seigneur à la jouissance du domaine, donc des revenus générés par exemple, mais il ne peut le revendre, le donner ou le léguer sans l'accord du roi qui peut le racheter à n'importe quel moment au prix fixé initialement. On peut  comparer  "l'Engagement" aujourd'hui à la "Concessions" des autoroutes sur une période donnée, en clair l'autoroute appartient à l'état mais la jouissance sont pour les sociétés d'autoroutes, néanmoins l'état peut racheter cette jouissance avant la fin de la période de concession selon les termes du contrat.

C'est l'édit de Moulins de 1566 qui est complété par l'ordonnance de Blois en 1579 qui fixe les règles de gestion du domaine royal et faire disparaître la clause d'inaltérabilité du serment du sacre, néanmoins  l'édit de Moulins, dans l'Allier, a prévu deux exceptions à l'inaltérabilité :

Le roi peut constituer des apanages puisqu'ils sont soumis à la réserve des droits régaliens et reviennent à la Couronne en l'absence d'héritier mâle en ligne directe,
L'engagement d'un bien de la Couronne parce que l'engagiste n'en a que la jouissance. Le roi a la possibilité perpétuelle de reprendre le bien engagé à tout moment en remboursant l'acquéreur de son prix.

 

1526, François Ier réside régulièrement dans les alentours, notamment à Thomery au château des Pressoirs du Roi afin d'y voir sa favorite, la duchesse d'Etampes. C'est dans cette période qu'est construit l'hôtel de style Renaissance dont il reste aujourd'hui la galerie.

1576, Henri III érige Moret en comté, celui-ci sera intégré dans le domaine de Catherine de Médicis, elle y viendra quelques fois. La châtellenie est intégrée au douaire de la Reine-Mère, Catherine de Médicis qui l'engage rapidement à Pierre de Mansfeld, gouverneur du Luxembourg, pour une somme estimée de 36 000 livre tournois.

1580, Pierre de Mansfeld rétrocède son engagement à Christophe de Thou, bailli de Melun et premier Président du Parlement de Paris, son fils Jacques-Auguste de Thou, juriste et historien célèbre, qui va conserver Moret jusqu'en 1594.(2)

1594, Henri IV rachète aliène plus biens de la couronne pour 200 000 écus et récupère la châtellenie de Moret pour l'engager à nouveau au plus offrant. (2) qui sera Maximilien de Béthune-Sully, surintendant des Finances.

Ce dernier va restaurer et apporter d'importantes modifications : terrasses, jardin, restauration du donjon, etc pour la somme de 14994 livres. (2)

1603,  Sully se désengage en vendant son engagement pour 85104 livres, il est probable qu'il a fait une importante plus-value puisqu'il intégre dans le prix 20936 livres de travaux, étant surintendant des finances, il aurait surprenant qu'il n'en fasse pas intelligement profit. La vente se fait en réalité qu'en 1604, suite au désistement du premier acheteur, au Château de Fontainebleau, par Jacqueline de Bueil, maîtresse d'Henri IV. Elle prendra donc le titre de Comtesse. (2)

Jacqueline de Bueil va apporter ,également pendant quarante cinq ans environ, d'importantes modifications et améliorations du château et de son domaine. Néanmoins entre 1631 et 1637, elle est disgrâciée temporairement, mais cela n'affectera pas l'ensemble.

1605, premier travaux, Robert Bernard, sieur du Sclas, est capitaine de la grosse tour et du comté de Moret, principalement sur les écuries et greniers des communs.

1612, Jean de Flamberge est chargé de restaurer différentes salles du château et " rélargir les croisées". Antoine Le Moyne est jardinier et vivait au "pavillon du château ".

1617, Jacqueline de Bueil, épouse René du Bec-Crespin, marquis de Vardes. Louis XIII accorde à la comtesse une pension de 14000 livres et des revenus sur les ocrtois de Moret ( Taxe qui était perçue à l'entrée d'une ville sur certaines denrées. L'octroi fut supprimé en 1948, certaines villes conservent encore les bâtiments, comme à Poissy ). 

1619-1620, construction par la comtesse d'un avant-corps.

1621Pierre Marchand, venu de Normandie, pour remettre en état les jardins du château, parterres et potager « tous lesquelz jardins il
sera tenu entretenir netz, comme les jardins de Fontaineblaue… ». (2 citation )

1622, Janvier, Claude Vivier, maître couvreur à Moret, reçoit la charge de la réfection des couvertures du château.

1638, Fondation du couvent Notre-Dame-des-Anges, connu aujourd'hui surtout pour son sucre d'Orge. 

1658, François-René du Bec, marquis de Vardes, succède à son père, René du Bec-Crespin. 

1664, le marquis de Vardes est exilé à Aigues-Mortes, pendant ce temps Louis XIV confisque la tour de Moret. Il fait enfermé Nicolas Fouquet quelques temps dans le donjon sous la surveillance de d'Artagnan.

1688, Marie-Elisabeth du Bec, hérite du domaine et épouse Louis de Rohan-Chabot.

1695, un édit royal permet le rachat du domaine, toujours sous le principe de l'Engagement. Le comté est revendu pour 64084 livres à Urbain Lefèvre de Caumartin, maîtres des Requêtes, intendant des finances, conseiller d'Etat, marquis de Saint-Ange. Il reste propriétaire jusqu'en 1720. Il était également propriétaire du château de Saint-Ange et/ou de Challeau. Il fait construire un corps de logis, édifice disparus aujourd'hui. Entre 1748 et la Révolution, le château est plus ou moins délaissés.

1796, 30 juin, un procès verbal donne un inventaire général du domaine devenu Bien National.

1803, après avoir été pillé pendant plusieurs années et mis à l'abandon, un incendie se propage au donjon. Le logis édifié par la famille Caumartin est détruit. 

1879, le 6 novembre, le donjon est acheté par Joanne Thirion. Le pavillon de la terrasse cependant revient à Emile Buffereau.

1882, le nouveau propriétaire confie à Pierre-Félix Julien, inspecteur des bâtiments civils et ancien élève d'Alexis Paccard et de Victor Louvet, restaure avec les goûts et usage de l'époque et transforme le donjon en habitation de plaisance. C'est lui qui fait intégré en 1883 au bâtiment la rosace de l'ancienne église paroissiale de Notre-Dame de Meulan ( dans les Yvelines ).

2006, l'atelier Louis Prieur est chargé de remettre en état le donjon.

 

 

 

 

 

sources : Guide Touristique de Moret sur Loing - (2) Christian Corvisier - Restauration du Patrimoine Seine et Marne ( archives ) et MORET-SUR-LOING, LE DONJON OU GROSSE TOUR par Christian Corvisier 

 

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