Jean II "le Bon" 

Portrait ( détail ) de Jean II le Bon, il était alors simplement duc de Normandie. Cette peinture fut réalisée probablement avant 1350, il est aujourd'hui considéré comme le premier portrait individualisé d'un roi de France. Actuellement  la peinture est au musée du Louvre. Sur la droite le gisant de Jean II le bon dans la basilique de Saint-Denis ( détail )

Jean II, dit Jean le Bon, ce qui signifie « le brave », vaillant au combat (2), est né le 26 avril 1319 au Château du Gué de Maulny du Mans , il meurt en captivité  à Londres le 8 avril 1364. Il est le fils du roi Philippe VI et de son épouse Jeanne de Bourgogne. Il fut roi de France de 1350 à 1364, c'est le second souverain issu de la maison capétienne de Valois. Son corps fut ramené de Londres par son fils, Charles V, et c'est ce dernier qui se chargea de faire édifier un monument par André de Beauneveu de Valenciennes en 1364. Charles V fit faire également celui de Philippe VI la même année par le même artiste.

 Jean II le Bon, il était le fils aîné de Philippe VI de Valois et de Jeanne de Bourgogne. À l'origine, il était duc de Normandie. Actif et influent dans le gouvernement de Philippe VI, il a joué un rôle clé dans les négociations qui ont conduit à la cession du Dauphiné. Il a pris la succession de son père le 22 août 1350.

Jean II était un homme instruit, bien qu'avec une intelligence moyenne. Il était volontaire, mais également marqué par l'inquiétude et la suspicion. Il pouvait faire preuve de réflexion, mais aussi de réactions brutales. On le surnommait "Le Bon" en raison de ses vertus de parfait chevalier : il menait une vie fastueuse, était généreux et se montrait courageux sur le champ de bataille. Il était soucieux de gagner le soutien de l'élite de la chevalerie, ce qui l'a conduit à créer en 1351 l'Ordre de l'Étoile, en imitant l'Ordre de la Jarretière créé par Édouard III en 1348, conformément aux anciennes légendes de la Table ronde.

En 1332, Jean II s'est marié avec Bonne de Luxembourg, la fille du roi de Bohême, Jean de Luxembourg. Ils ont eu quatre fils : les futurs Charles V, Louis d'Anjou, Jean de Berry et Phi-

Après la mort de sa première femme, Philippe de Bourgogne, en 1349, Jean II le Bon contracta un second mariage l'année suivante avec la comtesse Jeanne. Elle était la fille et l'héritière de Guillaume XII d'Auvergne et veuve de Philippe de Bourgogne, le fils du duc Eudes IV.

Cependant, Jean II se mit à dos une partie de la noblesse en faisant exécuter sommairement le connétable Raoul de Brienne pour des raisons obscures, telles que des allégations de trahison, d'amour coupable envers la reine ou de jalousie envers le nouveau favori, Charles d'Espagne. Cette décision fut prise sans considération pour les alliances de la maison de Brienne. De plus, Jean II fit une autre erreur politique en accordant le comté d'Angoulême à Charles d'Espagne, bien que son cousin et gendre, le roi de Navarre Charles le Mauvais, ait des droits sur ce territoire par le biais de sa mère, Jeanne de Navarre. La paix ne fut rétablie qu'en avril 1354, moyennant la cession de nouvelles seigneuries normandes à Charles le Mauvais, qui était déjà comte d'Évreux par héritage de son père.

Cependant, Jean le Bon se retrouva confronté à une coalition formée par les Anglais et le roi de Navarre en 1355. Craignant un complot qui aurait pu impliquer le futur Charles V, le roi prit à nouveau des mesures radicales en arrêtant le roi de Navarre et ses partisans lors d'un déjeuner à Rouen le 5 avril 1356, alors qu'ils se trouvaient dans son duché de Normandie. Jean d'Harcourt fut exécuté dans le cadre de cette affaire. Parallèlement, le roi fit face à un mouvement réformiste lors des États généraux de 1351, 1355 et 1356, qui s'opposa à sa politique financière et monétaire.

Jean II Le Bon Roi de France

 Jean II Le Bon Roi de France, Musée du Louvre. Attribué à Girard d'Orléans, mais parfois attribué aussi à Jean Coste ou Matteo Giaovennetti selon Jean Favier.

 

Le portrait présenté ici, où il est représenté sans couronne, pourrait laisser penser qu'il a été réalisé avant son accession au trône en 1350. Cependant, la présence de l'inscription en caractères gothiques au-dessus de lui, portant la mention "JEHAN ROY DE FRANCE", semble remettre en question cette hypothèse. Il est possible que le peintre ait fait partie de l'entourage du duc de Normandie lors de sa visite auprès du pape en 1349. Il est également envisageable que le peintre ait été affilié à la cour avignonnaise du pape Clément VI, qui avait attiré de nombreux artistes italiens à sa cour.

Selon Jean Desternes, le peintre en question pourrait être Girard d'Orléans, qui aurait réalisé ce tableau pendant la période de captivité du roi à Londres.

Ce tableau a appartenu à partir de la fin du XVIIe siècle au collectionneur Roger de Gaignières, dont la collection a intégré la Bibliothèque Royale en 1716. Actuellement, il est la propriété du Département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France (BnF) et est en dépôt au musée du Louvre depuis 1925.

Personnalité

Jean le Bon, roi de France, était connu pour sa santé fragile. Il était peu enclin aux activités physiques, pratiquant rarement la joute, mais montrant un intérêt pour la chasse. Sa personnalité était empreinte de sensibilité, et il laissait souvent libre cours à ses émotions, parfois même jusqu'à la violence, ce qui lui valait quelques désaccords diplomatiques. Il avait une affection pour les livres et soutenait les peintres et les musiciens.

Son image de roi chevalier était le résultat de ses actions héroïques lors de la bataille de Poitiers, de la création de l'ordre de l'Étoile, et de sa représentation sur la pièce de monnaie appelée le franc, où il apparaissait en armure, à cheval, brandissant une épée. Le règne de Jean le Bon était marqué, tout comme celui de son père, par la contestation de Charles de Navarre et d'Édouard III, qui ne reconnaissaient pas la légitimité des Valois sur le trône de France. Par conséquent, les actions de Jean le Bon étaient guidées par la nécessité politique de prouver la légitimité de sa couronne.

Dès son plus jeune âge, alors qu'il était duc de Normandie à l'âge de 13 ans, il dut faire face aux forces de ceux qui, attirés par l'influence économique anglaise ou en faveur du parti réformateur, perturbaient les villes et la noblesse. Évoluant au milieu d'intrigues et de trahisons, il était naturellement méfiant et gouvernait en secret, s'entourant d'un cercle très restreint de conseillers. C'est également pour cette raison que les premiers Valois cherchaient à donner une apparence fastueuse aux cérémonies, conforme à la vision médiévale de la noblesse. Cependant, les temps évoluaient, et les contribuables regardaient d'un mauvais œil ces dépenses somptuaires.

 

Jeunesse et formation (1319-1332)

Jean de Valois est né au Château de Gué-de-Maulny près du Mans le 26 avril 1319. Il était le fils aîné de Philippe de Valois (1293-1350), qui était lui-même le fils de Charles de Valois (1270-1325), le frère de Philippe le Bel (1268-1314) et le cousin des derniers Capétiens, Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel. Sa mère était la première épouse de Philippe de Valois, Jeanne de Bourgogne (1293-1349), fille du duc de Bourgogne Robert II. Jean fut baptisé le 30 avril 1319 à la cathédrale Saint-Julien du Mans.

Héritier présomptif du trône de France

Son père, Philippe VI, monta sur le trône de France en 1328. Cette accession découla d'une décision prise par la haute noblesse française après la mort des trois fils de Philippe le Bel, à savoir Louis X le Hutin en 1316, Philippe V le Long en 1322, et Charles IV en 1328. Ils décidèrent de refuser la couronne à la fille de Philippe le Bel, Isabelle de France, épouse du roi d'Angleterre Édouard II et mère du roi Édouard III, afin d'éviter que la couronne de France n'échoie à un prince étranger. Ils attribuèrent donc la couronne au cousin (aîné) le plus proche du dernier roi, Philippe de Valois. Par la suite, cette exclusion des filles de la succession fut justifiée par le recours à la "loi salique", la loi des Francs saliens, la tribu de Clovis.

Le nouveau roi, Philippe VI, devait établir la légitimité de la nouvelle dynastie. En 1328, Jean, âgé de neuf ans, était le seul fils vivant de Philippe VI (un autre fils, Philippe, naquit un peu plus tard en 1336).

En 1332, naquit un fils de la fille de Louis X, Jeanne II de Navarre (1312-1349), Charles (1332-1387), qui, si l'on admettait les filles à la succession de France, serait mieux placé qu'Édouard III.

Philippe VI décida donc de marier son fils âgé de treize ans afin de forger une alliance matrimoniale aussi prestigieuse que possible et de lui accorder un apanage, la Normandie. Il envisagea un temps de le marier à Aliénor, sœur du roi d'Angleterre.

philippe VI Jean II le Bon Basilique de Saint Denis

 

Influence française dans le Saint-Empire

Depuis le règne de Louis IX, les villes et seigneurs du Saint-Empire, proches du royaume de France, avaient recours à la justice royale pour régler certains litiges. Par exemple, le bailli de Mâcon intervenait à Lyon pour résoudre des différends, tout comme le sénéchal de Beaucaire intervenait à Viviers ou à Valence.

De plus, de nombreux seigneurs, comme le connétable de Brienne, possédaient des terres à la fois dans le royaume de France et dans l'Empire. Les rois de France étendaient leur influence en attirant la noblesse de ces régions à leur cour, en leur accordant des subsides, et en menant une politique matrimoniale habile. Par exemple, les comtes de Savoie prêtaient hommage au roi de France en échange de pensions.

Alliance de Philippe VI avec Jean de Luxembourg

Parmi les princes du Saint-Empire, Jean de Luxembourg (1296-1346), roi de Bohême et fils de l'empereur Henri VII, était un habitué de la cour de France. Sa sœur Marie (1305-1324) avait été l'épouse du roi Charles IV le Bel. Son fils Venceslas (Charles) (1316-1378) deviendrait plus tard l'empereur Charles IV. Jean de Luxembourg était l'un des princes les plus puissants de l'époque, et le chroniqueur Pierre de Zittau écrivait à son sujet que "sans le roi de Bohême, personne ne peut réaliser ses projets. Ce que Jean patronne réussit. Ce qu'il ne veut pas est voué à l'échec."

Philippe VI l'invita à Fontainebleau et lui proposa un traité d'alliance scellé par un mariage. Le roi de Bohême, qui avait des ambitions en Lombardie et avait besoin du soutien diplomatique français, accepta. Les clauses militaires du traité de Fontainebleau stipulaient que :

  • En cas de guerre, le roi de Bohême se joindrait à l'armée du roi de France avec quatre cents hommes d'armes si le conflit se déroulait en Champagne ou dans l'Amiénois, et trois cents hommes s'il était plus éloigné.
  • La couronne de Lombardie ne serait pas contestée au roi de Bohême s'il parvenait à la conquérir.
  • Si le roi de Bohême pouvait revendiquer le royaume d'Arles, il reviendrait à la France.
  • Le traité entérinait le statu quo concernant les avancées françaises en terre d'Empire.

Pour le mariage de son fils, le roi de France avait le choix entre deux filles du roi de Bohême (qui avait déjà une fille aînée mariée, Marguerite, 1313-1341) : Bonne (1315-1349) et Anne (1323-1338). Il choisit Bonne car elle était en âge de procréer. La dot fut fixée à cent vingt mille florins.

Le mariage de Jean de Valois avec Bonne de Luxembourg eut lieu en juillet 1332, en l'église Notre-Dame de Melun, en présence de six mille invités. Deux mois plus tard, Jean de Normandie fut adoubé chevalier à la cathédrale Notre-Dame de Paris, devant une assistance prestigieuse réunissant les rois de Bohême et de Navarre (Philippe III) ainsi que les ducs de Bourgogne, de Lorraine et de Brabant.

 

Duc de Normandie (à partir de 1332) et la Normandie dans les années 1330

En 1332, Jean le Bon, qui deviendra plus tard roi de France, reçoit le duché de Normandie en apanage. À cette époque, la Normandie jouit d'une autonomie substantielle grâce à la Charte aux Normands de 1315, confirmée en 1339 par Philippe VI. Cependant, Jean constate que de nombreux nobles normands sont attirés par l'Angleterre, principalement en raison des liens économiques et territoriaux existants entre la Normandie et l'Angleterre depuis 1204. La noblesse normande craint que le choix de soutenir l'un ou l'autre souverain n'entraîne la confiscation de leurs terres. Par conséquent, ils forment des clans solidaires pour maintenir leur position et obtenir des chartes garantissant l'autonomie normande.

L'un de ces clans était dirigé par les Tancarville, tandis que l'autre était dirigé par les Harcourt. Le conflit entre ces deux factions avait déjà duré plusieurs générations. La rivalité entre eux s'est ravivée lorsque les Tancarville ont empêché le mariage prévu entre Jeanne Bacon, une riche héritière du fief du Molay, et Geoffroy d'Harcourt. Le roi de France, soucieux de prévenir un conflit majeur en Normandie, a ordonné à ses baillis de Bayeux et du Cotentin d'empêcher cette guerre.

Cependant, Geoffroy d'Harcourt, soutenu par une partie de la noblesse normande, a déclenché une rébellion en 1343. Il souhaitait devenir duc de Normandie pour préserver l'autonomie garantie par les chartes normandes. Le roi a réagi en confisquant les biens de Geoffroy et en occupant son château de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Geoffroy a trouvé refuge dans ses terres du duché de Brabant.

La rébellion s'est intensifiée lorsque des compagnons de Geoffroy, notamment Guillaume Bacon, sire de Blay, Jean de la Roche Tesson et Richard de Percy, ont été accusés de complot et décapités à Paris en 1344. Leurs têtes ont été exposées à Saint-Lô.

Geoffroy d'Harcourt s'est finalement rallié à Édouard III, roi d'Angleterre, en 1345, après avoir appris que les Flamands avaient reconnu Édouard III comme roi de France légitime. Il est devenu l'un des chefs de l'expédition anglaise en Normandie, ce qui a conduit à la bataille de Crécy en 1346, une victoire anglaise majeure. Cependant, après la mort de son frère aîné du côté français lors de la bataille, Geoffroy a mis fin à son allégeance envers les Anglais.

Par la suite, Geoffroy d'Harcourt a été pardonné par le roi de France, qui lui a restitué ses biens. Il a même été nommé capitaine souverain de Rouen et de Caen.

Jean de Valois, quant à lui, a renforcé son autorité sur la Normandie en s'alliant avec les Tancarville, qui représentaient le clan loyaliste favorable au roi. Le mariage de Jeanne, l'héritière du comté de Tancarville, avec le vicomte Jean de Melun a consolidé cette alliance. Godefroy de Harcourt, défenseur historique des libertés normandes, s'est rapproché de Charles de Navarre, champion des réformateurs, renforçant ainsi l'opposition.

Cette période de troubles en Normandie s'est finalement apaisée en 1356, permettant à la région de retrouver une certaine stabilité.

jean II dit le bon saint denis basilique gisant

Les années 1347 à 1350 marquent une période de transition significative pour Jean le Bon, le duc de Normandie, et pour le royaume de France.

En août 1347, suite à la chute de Calais le 3 août, Philippe VI, âgé de 53 ans et ayant subi des revers militaires, cède à la pression de la cour. C'est à ce moment que le duc de Normandie, Jean le Bon, prend les rênes du pouvoir. Ses alliés, notamment les membres de la bourgeoisie d'affaires et les Melun, qui ont été réhabilités après la purge suivant la bataille de Crécy, occupent des postes importants dans l'administration et au conseil du roi.

En 1349, malgré les revers contre l'Angleterre, la France s'agrandit vers l'est avec l'achat du Dauphiné de Viennois. Jean le Bon joue un rôle actif dans ces négociations, et son fils aîné, Charles, devient le premier dauphin de France, inaugurant ainsi une tradition.

En septembre 1349, Bonne de Luxembourg, l'épouse de Jean le Bon, décède de la peste. Pour des raisons politiques, le roi souhaite que son héritier, Charles, s'allie avec Jeanne d'Auvergne, héritière du duché et du comté de Bourgogne, ainsi que du comté d'Artois. Jean le Bon épouse donc Jeanne d'Auvergne en février 1350.

En 1350, Jean le Bon est sacré roi de France à la cathédrale de Reims, avec pour emblème l'aigle, en suivant la tradition. Cette période voit également la formation d'une faction autour du roi de Navarre, Charles le Mauvais, qui revendique le trône de France et rallie les mécontents du règne de Philippe VI, notamment la noblesse normande et les marchands du nord-ouest du royaume.

Le 19 novembre 1350, le comte de Guînes, Raoul II de Brienne, est exécuté pour des raisons demeurées secrètes, mais il aurait été impliqué dans des négociations avec l'Angleterre. Cette exécution suscite des rumeurs et des réactions favorables au roi de Navarre, renforçant ainsi la faction qui le soutient.

Premières mesures Ordonnance sur les métiers de Paris (janvier 1351) La peste noire diminue la main-d'œuvre et la production agricole. Le roi bloque les prix et les salaires en janvier 1351 pour éviter une hausse. Il interdit aussi la mendicité, car elle aggrave la pénurie de main-d'œuvre, recrutant ainsi des vagabonds parmi les mercenaires démobilisés des grandes compagnies.

L'ordonnance permet à tous de devenir artisans à Paris, brisant le système des corporations qui fixent les autorisations et les prix. Cela limite l'inflation à court terme, mais à moyen terme, les prix se régulent en fonction de l'offre et de la demande, comme en Angleterre après une ordonnance similaire.

Elle interdit aux ouvriers de fréquenter les tavernes les jours ouvrables et de quitter leur employeur pour un meilleur salaire.

En 1367, une nouvelle ordonnance oblige les chômeurs à réparer les fossés, sous peine de fouet, et criminalise les vagabonds.

Règlement pour les gens de guerre (avril 1351) Pour restaurer l'armée après la défaite à Crécy, le roi augmente les soldes des soldats en avril 1351. Chaque combattant doit rejoindre une compagnie sous un capitaine, et les chevaux sont marqués pour éviter la fraude. Les soldes sont versées à l'issue de la montre, garantissant le paiement correct des combattants.

Cette ordonnance crée une armée royale disciplinée en remplacement des troupes seigneuriales. Les barons et les vassaux sont intégrés dans des compagnies, rendant les capitaines responsables de leurs troupes.

Suspension de la dette du roi (septembre 1351) Jean le Bon suspend la dette royale de septembre 1351 à septembre 1352 pour constituer un trésor de guerre en cas de conflit. Cette mesure, bien accueillie, met en lumière la nécessité de réformer l'impôt.

Création de l'ordre de l'Étoile (novembre 1351) En réponse à l'ordre de la Jarretière créé par Édouard III, Jean le Bon crée l'ordre de l'Étoile en novembre 1351. Le mérite personnel prime sur la naissance et la fortune pour l'admission. Les membres reçoivent une solde, ce qui est crucial en période de crise féodale. Les règles visent à promouvoir la discipline militaire et l'honneur.

Conflit avec Charles II de Navarre Charles le Mauvais prétend au trône de France en tant que petit-fils de Louis X et revendique des fiefs en France. Il souhaite également participer au conseil du roi, mais cela lui est refusé.

Les partisans de Jean le Bon, dont la famille de Melun, la famille de Tancarville, et la famille d'Artois, soutiennent le roi. Charles de la Cerda, favori du roi, est également un soutien essentiel.

Le conflit s'envenime avec des prises de territoires et des intrigues. En 1354, Charles de la Cerda est assassiné, provoquant une crise majeure.

Des traités sont signés pour mettre fin au conflit, mais la situation reste tendue.

Les États généraux de 1355 et 1356

Les États généraux de 1355 et 1356 se sont retrouvés face à la menace croissante des expéditions militaires anglaises, communément appelées les « chevauchées ». Cette période historique demeure relativement obscure et nécessite davantage d'informations pour une compréhension approfondie. Votre collaboration est sollicitée pour contribuer à combler ces lacunes. Voici un résumé des événements clés :

En 1355, le roi français, confronté au coût élevé de la création d'une armée régulière, décide de convoquer les États généraux le 8 mai, juste avant la fin de la trêve avec les Anglais. L'objectif est de simplifier la taxation pour la rendre plus efficace. Cependant, malgré ces efforts, les impôts ne sont pas collectés efficacement.

jean II le bon en priere

Jean II le Bon et son épouse, entourés de deux Saints : Saint-Louis à gauche et Saint-Denis à droite.

 

Les chevauchées du Prince Noir

Le roi rappelle Jean Poilevillain et Nicolas Braque, anciens responsables de la monnaie, qui avaient été emprisonnés sous le règne de Philippe VI. Ils sont respectivement nommés aux postes de Comptes et de Monnaies. Cela entraîne une nouvelle dévaluation de la monnaie, provoquant la diminution de la valeur réelle des rentes foncières et des loyers à montant fixe. Cette situation mécontente principalement la noblesse, l'Église et la bourgeoisie, provoquant ainsi de l'agitation et du mécontentement.

La première chevauchée du Prince Noir, le fils aîné du roi d'Angleterre, débute après l'échec des négociations d'Avignon en août 1355. Il pille les régions de Juillac, d'Armagnac et d'Astarac en Gascogne, perpétrant de nombreuses atrocités dans la région de Carcassonne. Face à cette menace, Jean le Bon convoque les États généraux à Paris en décembre 1355, dans l'objectif de lever une armée de 30 000 hommes. Étienne Marcel et ses alliés, représentants des villes, y jouent un rôle prépondérant.

Les États généraux sont préoccupés par la stabilité monétaire, craignant les dévaluations qui ont réduit la valeur de la monnaie royale de 82 % en un an. La noblesse et les commerçants ont besoin d'une monnaie stable. Par conséquent, ils acceptent la création d'une taxe sur les transactions commerciales en échange de la garantie d'une monnaie forte, sous la condition que les États généraux supervisent la collecte et l'utilisation de cette taxe.

Cependant, les impôts sont mal collectés, et la nouvelle monnaie continue de se dévaluer rapidement. En mars 1356, les États généraux se réunissent à nouveau et décident de taxer les revenus fonciers pour élargir la base d'imposition. Cela nécessite la mise en place d'une administration capable d'évaluer ces revenus.

Pendant ce temps, des tensions montent entre le dauphin Charles et son père, le roi Jean le Bon, notamment en raison des manœuvres diplomatiques anglaises et de la montée de l'influence française dans l'empire. Charles craint de perdre le Dauphiné et s'oppose à la façon dont son père gère la situation. Une rencontre entre Charles et l'empereur est prévue pour décembre 1355, mais le roi intervient en donnant à Charles le duché de Normandie pour apaiser ses craintes.

En avril 1356, l'affaire de Rouen a des conséquences majeures. Charles de Navarre est arrêté, et plusieurs personnes liées à l'assassinat de Charles de la Cerda sont exécutées. Cette action renforce la popularité de Charles de Navarre et conduit à une déclaration de guerre de la part de son frère Philippe. En juin de la même année, Philippe fait hommage à Édouard III d'Angleterre, marquant ainsi un tournant majeur dans le conflit.

Finalement, en juillet 1356, le Prince Noir, fils d'Édouard III, lance une chevauchée qui aboutira à la défaite de Jean le Bon à la bataille de Poitiers. Cette bataille aura d'importantes répercussions sur la guerre en cours.

Les Batailles

Chapitre 1: La Bataille de Poitiers (1356)

lieu bataille de poitiers 1356

Emplacement de la bataille de Poitiers.

 

En été 1356, le Prince Noir lance une nouvelle campagne de pillages en Guyenne, prenant Vierzon après avoir échoué devant Bourges. Les troupes anglaises, chargées de butin, se dirigent vers l'ouest pour regagner Bordeaux. Jean le Bon les poursuit avec une armée bien plus nombreuse. La bataille a lieu le 19 septembre 1356 près de Poitiers.

 L'enjeu de la Bataille

La bataille de Poitiers dépasse le simple enjeu militaire. Il s'agit de restaurer l'honneur de la noblesse française, terni après la défaite de Crécy et son incapacité à protéger la population des pillages anglais, son rôle traditionnel dans la société féodale. Les troupes des villes sont renvoyées, laissant à la noblesse et au roi la tâche de prouver leur légitimité.

 La Bataille et les Circonstances

Avant le début de la bataille, le cardinal Hélie de Talleyrand-Périgord tente une médiation, obtenant une trêve de 24 heures. Les Anglais en profitent pour se retrancher, leur stratégie classique. Au matin, des mouvements anglais laissent penser qu'ils tentent de franchir le Miosson au gué de l'Omme pour évacuer leur butin. Deux commandants français interprètent différemment ces mouvements, entraînant une charge précipitée qui déclenche la bataille.

 La Capture de Jean le Bon

La charge des Français se solde par la défaite de l'avant-garde. Les deux armées s'engagent de façon désordonnée, accentuée par les pièges tendus par les Anglais. Une partie des troupes françaises perd confiance et se détourne du combat. Le roi, blessé à la tête, est fait prisonnier avec son fils Philippe le Hardi. Cette capture est un désastre pour la monarchie française.

 La Période de Captivité à Bordeaux (Septembre 1356-Avril 1357)

Jean le Bon et Philippe le Hardi sont d'abord prisonniers à Bordeaux, avec des honneurs. Édouard III demande leur transfert en Angleterre, mais la noblesse de Guyenne s'y oppose. Une trêve est conclue en mars 1357, et le roi et son fils sont finalement envoyés en Angleterre, où ils passeront trois ans dans différentes résidences, avec une liberté relative.

Captivité en Angleterre et Premier Trait é de Londres (Avril 1357-Janvier 1358)

La captivité de Jean le Bon en Angleterre est confortable. En France, Charles de Navarre gagne en influence en l'absence du roi. Jean le Bon veut accélérer les négociations pour sa libération et signe le premier traité de Londres en janvier 1358, permettant sa libération contre une rançon.

 L'Insurrection d'Étienne Marcel et la Grande Jacquerie

L'accord du premier traité de Londres provoque un tollé en France. Étienne Marcel déclenche une insurrection en février 1358. Il prend le contrôle de Paris, fait assassiner des chefs de troupes royales, puis est nommé régent. Cependant, la noblesse se révolte contre lui, et Charles de Navarre rallie le dauphin. La Grande Jacquerie éclate, permettant à Étienne Marcel de garder le contact avec les alliés.

 Deuxième Traité de Londres et Suites (Mars 1359)

En mars 1359, Édouard III augmente ses exigences, obtenant un second traité plus contraignant. Il exige davantage de territoires, une rançon plus élevée et obtient la souveraineté sur plusieurs régions. Les conditions sont lourdes et le traité est perçu comme honteux en France. Le dauphin convoque les états généraux pour s'y opposer.

 La Chevauchée d'Édouard III en France (1359-1360)

Édouard III débarque en France en 1359, visant Reims pour détrôner le dauphin. Cependant, il fait face à une tactique de la terre déserte menée par le dauphin Charles, évitant les batailles rangées. La chevauchée tourne au fiasco pour les Anglais, marquée par des massacres et une série de revers.

Le Traité de Brétigny

Après le refus du deuxième traité de Londres, Jean le Bon est transféré à la tour de Londres. Les négociations reprennent, menées par Guillaume II de Melun. Le traité de Brétigny est signé, libérant le roi en échange d'une rançon et cédant d'importantes terres à l'Angleterre. La rançon n'est que partiellement versée, mais le traité met fin à la captivité de Jean le Bon et instaure une trêve dans la guerre de Cent Ans.

 


 



sources : Église Abbatiale de Saint-Denis et ses Tombeaux, notice historique et archéologique, Paul Vitry et Gastron Brière - Tous les Rois de France par Jean-Charles Volkmann - Wikipédia - sources diverses - Tourisme 93, Nouaillé (2)

 

Photographies