Château des Comtes du Perche

 

 Le Château de Nogent-le-Rotrou est devenu le château des Comtes du Perche, anciennement appelé aussi château Saint-Jean. Il est situé dans la région Centre-Val de Loire, dans la capitale du Perche, il permettait notamment de surveiller 5 vallées, mais aussi les routes entre la Cathédrale de Chartres,  Le Mans, Château de Châteaudun et Thiron. Le donjon actuel édifié au début du XIe siècle est un bel exemple de donjon de type Normands très en vogue dans la région à cette époque. Son châtelet d'entrée, quoique modifié, reste impressionnant. Il est situé sur un lieu stratégique à un carrefour entre l'Île de France, la Normandie et le Maine.

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Classé monument historique et acheté par la ville de Nogent-le-Rotrou, le Château Saint-Jean  abrite  un musée municipal permanent sur l'histoire et les traditions locales comprenant de nombreux objets utilisés  au XIXe et au début du XXe siècle.

 

 

Voir aussi


 

Historique
source : source sur place, site officiel, .

 
Le château de Nogent-le-Rotrou est né de deux événements importants au Xe siècle, la création du duché de Normandie par le traité de Saint-Clair sur Epte en 911, qui avait pour but initialement de créer un duché suffisamment puissant pour résister aux attaques des Vikings, et les invasions Normandes en 931.

En effet après la création du duché de Normandie, les Normands tentent d'agrandir leurs territoires ce qui amène les Normands jusqu'au Perche, Nogent-le-Rotrou devient alors une cité royale aux frontières du Royaume de France.

Pour permettre la défense du Perche, Thibault dit « le tricheur », comte de Chartres et vassal du roi de France Charles III dit « le Simple » nomme Rotroldus qui est un de ses chevaliers fidèles. Il devient le premier seigneur connu de Nogent-le-Rotrou d'où la ville tire son nom.

Rotrou Ier, ou Rotrlodus Ier, fait édifier probablement un premier château en bois sur un ancien emplacement  d'un autre plus ancien qui fut détruit par les Danois, même si cela reste pour l'instant pure projection historique. L'emplacement de l'hypothétique château n'était pas cependant sur l'actuel.

1020 ou 1040, Geoffroy III le fils de Rotrou Ier fait édifier le donjon actuel, fondateur de l'Abbaye de Saint-Denis située entre l'Huisne et le château, il est possible cependant que ça soit Rotrou II en 1040 qui le fit construire.

 

Donjon du Château de Nogent-le-Rotrou

 

Donjon de Nogent-le-Rotrou

Le donjon carré est édifié sur une motte artificielle, dont la terre des fossés a permis sa surélévation . On est dans une construction typique de l'époque avec des renforts de contreforts qui disparaissent quelques décennies plus tard avec l'évolution des constructions.

Cette construction en pierre démontre la puissance de la seigneurie, mais aussi l'intérêt stratégique du lieu nécessitant une édification d'un château en pierre. Avec 22 m de longueur sur 16m de largeur  sur une hauteur de 30m à 34m, il est à l'époque un donjon très imposant dont les constructions en pierre sont encore assez rares ou en cours d'élévations. Les murs du donjon ont une épaisseur de 3.5 mètres à la base, sans compter les contreforts, et de 3 mètres en hauteur. Initialement un deuxième bâtiment était collé au donjon, aujourd'hui disparu, peut-être dans une forme proche des donjons de Loches avec son « petit donjon ».

Le sommet du donjon se fermait par une toiture en bois, peut-être plate, avec probablement des hourds comme à au château de Loches par exemple. À la même époque on peut retrouver des constructions similaires comme celui d'Ivry la Bataille, du château d'Arques la Bataille, du château de Langeais, donjon de Montbazon et le  donjon de Beaugency par exemple.

À l'ouest il est protégé par les défenses naturelles, et  à l'est un fossé sec de plusieurs mètres de profondeur forme une demi-lune de protection. Le donjon est scindé en deux par un mur de refend au premier étage et au rez-de-chaussée, caractéristique que l'on retrouve par exemple du rez-de-chaussée du donjon de Loches. L'entrée principale se trouvait initialement au premier étage, aujourd'hui condamnée. Les étages étaient les lieux d'habitations du seigneur et de sa famille, avec des évolutions constantes, pour améliorer le confort il est rajouté des baies géminées à lancettes en arc légèrement brisé et tympan percé d'un oculus losangé ainsi que des cheminées.

1031, première apparition du château sur une chartre de fondation de l'Abbaye de Saint-Denis.

À la fin du XIIe, des contreforts sont rajoutés sur les angles du donjon pour le renforcer, mais aussi éviter les angles morts. Une nouvelle enceinte quasi circulaire est rajoutée, comprenant sept tours cylindriques. Une chapelle est édifiée en 1122 la chapelle Saint-Étienne, au XIIe, mais détruite pendant la guerre de Cent Ans en 1428.

1079, les seigneurs prennent le titre comte du Perche.

1099, Rotrou III meurt pendant les croisades au siège de Jérusalem, c'est seulement en 1100 , soit un an plus tard, que Geoffroy IV apprend la mort de son père.

1100 – 1144, Rotrou III dit « le Grand » fait six fois le voyage en terre sainte pour guerroyer contre les musulmans, lors de ses retours il participe avec le duc de Normandie, et roi d'Angleterre, aux diverses actions militaires dans la région. En récompense il devient en 1113 seigneur de Bellême après sa victoire contre Robert le Diable.

1144-1191, Rotrou IV meurt devant les murs de Saint-Jean-d'Acre en Palestine.

1204, Philippe-Auguste prend la Normandie à Jean sans Terre  et le comte du Perche n'est plus zone  frontalière.

1217, Thomas comte du Perche est tué à la bataille de Lincoln le 20 mai, qualifié de « meilleur tounoyeur du monde » il fut tué par Guillaume Le Maréchal, Louis VIII fut attristé en disant qu'il en « ressentit la plus grande douleur ».

1226, le Perche entre dans le domaine royal.

Pendant la guerre de Cent Ans Le Perche est revendiqué par les Anglais

1359, le château est pris par les Anglais

1360, 24 octobre, le traité de Brétigny rend le château de Nogent-le-Rotrou ainsi que celui de Beaumont aux Français.

1424, la bataille de Verneuil remet Le Perche à nouveau aux Anglais, puis repris en 1427 par les Français.

1428, La Pallière, capitaine Gascon, résiste à la l'attaque par le comte de Salisbury. Le donjon est fortement endommagé puis incendié. Il est laissé à l'abandon.

1447, les Anglais quittent Le Perche après la prise de Verneuil le 9 juillet.

Après la guerre de Cent Ans les « demoiselles d'Armagnac » font reconstruire un logis, surélevées les tours avec des mâchicoulis décoratifs.

Puis la seigneurie passe à la famille des Bourbon-Condé, pendant les guerres de religion la tour de la Chaise est arasée pour être transformée en terrasse à canon.

1503, Charlotte et Marguerite d'Armagnac, filles du duc de Nemours, prennent le titre de " Dames de Nogent" alors l'héritage du château. Leur père fut décapité en 1477. Elles font faire construire un logis au dessus du passage voûté en berceau, ainsi que les marches vers le quartier de Pâty. Le château actuelle et son entrée sont de cette époque dans leur aspect.

Debut XVIe siècle, le château entre dans la famille des Bourbon-Condé, s'ensuit alors une vie fastueuse jusqu'en 1566.

1568, en pleine guerre de Religions, la tour de la Chaise est arrasée pour servir de terrasse à feu ( à canon ).

1624, le duc de Sully acquis le château et projette de le reconstruire totalement avec les goûts de l'époque, mais seul le petit pavillon style Louis XIII est en définitive construit.

1641, Sully est inhumé dans l'Hôtel-Dieu de Nogent.

1779, les Sully vendent la baronnie au comte d'Orsay qui est le dernier seigneur de Nogent-le-Rotrou.

Révolution Française, le château devient une maison d'Arrêt en 1801, la collégiale Saint-Jean est rasée en 1798.

Au cours du XIX et XX siècles, le château passe de propriétaire en propriétaire, Victor Hugo y passe en juin et il écrit à sa femme « Nous avons vu et visité à Nogent-le-Rotrou ce château qu'on voulait me vendre, il y a six à sept ans. Nanteuil en fait pour toi un croquis de souvenir pendant que je t'écris. L'extérieur du château est encore très beau et domine superbement un immense horizon de plaines ondulantes. L'intérieur n'est que délabrement ».

Enceinte médiévale de Nogent le Rotrou

1843, le château est acheté par Oillet des Murs qui fait de nombreuses restaurations, dont la plus importante est la « brèche des Anglais », mais ruiné il le revend à Jousset de Bellesme. Historien passionné et archéologue il continue les restaurations dont le crénelage du donjon en 1905 qui n'a cependant aucune valeur historique, mais semble s'inspirer des donjons anglais.


Après la Seconde Guerre mondiale , la ville achète le château et le restaure complètement en y installant un musée et une salle d'exposition. Les dernières restaurations dont celle du donjon datent de 2003.
 

Le château possède également de grandes salles pouvant accueillir régulièrement des expositions de peintures et de sculptures, mais surtout des expositions d'envergure sur des thèmes originaux aussi bien artistiques, historiques, ou ethnographiques.

Au rez-de-chaussée, sont exposées dans les anciennes cuisines comtales les œuvres des peintres et sculpteurs locaux du siècle dernier.Camille Gaté et Louis Moullin en particulier, pour ne citer que les plus célèbres. Au second étage sont présentés les éléments de la vie quotidienne du Perche, témoins de l'histoire économique de la Région ; on y trouve donc le mobilier et les objets d'usage courant, issus des ateliers artisanaux et des industries : céramique, verrerie, vannerie, boissellerie, fonderie, etc... Gravures, estampes, cartes anciennes font découvrir paysages et sites. Une place importante est désormais réservée au "cheval percheron", fleuron d'un élevage qui s'est répandu sur tous les continents ainsi que sur le jardin d'interprétation médiéval et Renaissance




 

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