Château de Sucy en Brie
 

 

Le Château de Sucy-en-Brie, ou château Lambert et château de Berc, est un édifice construit au XVIIe par Nicolas Lambert, qui fut le frère de l'édificateur de l'Hôtel Lambert dans l'île de la Cité à Paris.

Il faillit disparaître par l'action du maire de Sucy-en-Brie, Albert Pleuvry, maire de droite et ancien industriel, qui tenta d'exproprier les propriétaires de l'époque  vers 1955. En excellent état, il fut racheté par la Caisse des Dépôts et Consignations en 1956, dirigé par François Bloch-Lainé,  dans le but d'une opération immobilière. Pendant la construction de 21 immeubles dans le parc, le château fut totalement abandonné, peut-être volontairement, puis pillé et vandalisé avant que Jean-Marie Poirier le nouveau maire décide à le faire racheter en 1969.

Malgré qu'il fut endommagé par l'abandon coupable de la Caisse des Dépôts et Consignations, il garde encore quelques cheminées et des peintures probablement réalisées par Charles Lebrun, ce dernier est connu pour ses réalisations au Château de Vaux le Vicomte et de Versailles en particulier.

Historique
  source : source sur place, site officiel, wikipédia, Société Historique et Archéologique de Sucy-en-Brie " le château de Sucy et son histoire" 1984

 

Avant le château

Les terres de Sucy en Brie, à l'emplacement de l'actuel château et les alentours, appartenaient à plusieurs fiefs, jusqu'au XIVe siècle relevant alors à l'Abbaye de Saint-Maur.

Le 18 avril 1344, par acte notarié des notaires Dufranc et Macé, Robert Dufresnoy et sa femme Agnès, vendent le domaine à Jacques La Vache. Il est constitué d'une maison, cour, pressoir, grange, d'un colombier,  d'une étable et de jardins.

1366, Jeanne du Châtel, veuve de Jacques La Vache, revend à Jean Day la maison et ses dépendances. On remarquera, sans lien apparent, que Jean Day a le même nom que Jacques Day, plus connu sous le nom aujourd'hui de Jacques d'Arc.

À la fin du XIVe siècle plusieurs terres sont rachetées par Robert Cordellier de Giresme, premier écuyer du corps du roi. Ce terres seront rassemblées en un seul fief qui prendra le nom de fief Larcher au XVe siècle après son acquisition par Simon Larcher le 18 décembre 1499.

Jeanne Larcher qui hérite du fief se marie avec Jean le Cirier, seigneur du Plessis-sur-Auteuil. Leur fils, François le Cirier, hérite du domaine et tente délimiter ses terres. Il entre en négociation avec des habitants de Sucy qui passent sur ses terres pour y puiser de l'eau à la Fontaine du Breuil.

Il fait agrandir le domaine et le transforme en seigneuries, puis achète également le fief de Pacy à Jean Guillemain.

Jeanne Jacquet la veuve de François le Cirier échange la moitié du domaine à son beau-frère Guillaume le Cirier.

La seigneurie après être passée dans le giron familiale par héritage,  Marguerite Le Cirier, femme de Henry Le Comte, la vend à Jean-Baptiste Lambert le 28 octobre 1640 pour la somme de 3000 livres , il achète aussi le domaine de Thorigny en 1641. Jean-Baptiste Lambert, aidé de son oncle Jean Guillemeau, conseiller et secrétaire du roi, il va considérablement s'enrichir en devenant Commis de l'Épargne sous la tutelle du surintendant des finances , Claude Bullion.

Il fait construire 14 hôtels particuliers sur l'Île Saint-Louis. L'hôtel particulier qui porte son nom  dont la façade, la rotonde et le jardin sont parmi les plus remarquables de Paris, a été bâti en 1640 par Louis Le Vau. Les peintres Charles Le Brun et Eustache Le Sueur  y travaillèrent cinq ans. On doit à Le Brun une Galerie d’Hercule qui préfigure la galerie des Glaces de Versailles.

À la mort de Jean-Baptiste Lambert, il lègue sa fortune estimée à 4 800 000 livres à son frère Nicolas Lambert.
 

Construction du château de Sucy-en-Brie

Ce dernier va construire le château actuel de Sucy-en-Brie. En 1661 après l'arrestation à Nantes, par d'Artagnan, de Nicolas Fouquet surintendant des finances, il est également condamné  à donner 1 000 000 de livres en 1665. On notera qu'ils ont le même peintre Charles Lebrun que Nicolas Fouquet va faire travailler au château de Vaux-le-Vicomte.

Un plafond qu'aurait réalisé Charles Lebrun, ou éventuellement un de ses élèves. Mais la relation de proximité entre Nicolas Lambert et Nicolas Fouquet permet de penser que Charles Lebrun en est le réalisateur.


Le château est vendu le 24 janvier  1718 à son oncle Nicolas Lambert de Vermont, président des requêtes au Parlement puis prévôt des marchands de la Cité. Celui-ci qui vit à l'hôtel Lambert dans l'Île de la Cité, vend le château de Sucy-en-Brie et son domaine à Jean-François-Christophe La Live le 17 juin 1719.

Jean François Christophe La Live est le fils de Christophe La Live, la famille est anoblie du fait de l'achat d'un office de secrétaire du roi en 1704.

Les trois fils de Jean François lui succédèrent comme propriétaires du château. Le dernier, Gaston François La Live de Prunoy, vend le château à César Ginoux, le 17 novembre 1780 pour 250 000 livres.

César Ginoux, écuyer, conseiller, secrétaire du Roi Louis XVI.  Il paye en plusieurs fois la somme jusqu'en avril 1788. En 1793, par sécurité il se défait temporairement du domaine seigneurial en le vendant fictivement à dame Schisler qui lui rendit par une revente en 1795. Cette vente fictive permit probablement à César Ginoux d'éviter la guillotine et la préservation du château d'acte de destruction. En 1806 il devient maire de Sucy-en-Brie jusqu'en 1838. Marié à Jeanne Charpin, sans héritier, c'est Marie Ginoux, sa nièce, qui hérite du domaine. Elle est marié à son cousin Gabriel-Raymond Ginoux qui fut maire de Sucy-en-Brie jusqu'à sa mort en 1850.

Philibert Ginoux ,frère de Gabriel-Raymond, hérite du château. Il épouse Jeanne Defermon, fille de Jacques Defermon, comte d'Empire et politicien.

1870, la guerre force les habitants à quitter Sucy-en-Brie et le conseil municipal se trouve alors à Paris au 6 rue Béranger. Le château est pillé, par les Prussiens, Wurtembergeois, Poméraniens et Bavarois qui se succèdent par milliers dans la ville.

Le château reste dans la famille Ginoux jusqu'en 1892, date à laquelle une famille Écossaise s'y installe : Les Meux. C'est Lady Meux, Louisa Caroline Brudenelle Bruce qui en fit l'acquisition, mais elle décède en 1894, c'est le fils de cette dernière Henry Bruce Meux qui en hérite. Il vit au Royaume-Uni et il n'est pas certain qu'il soit venu un jour au château, il meurt en 1900.

Lady Bruce Meux, née Valery Susie Langdon, femme de Henry Bruce Meux hérite du château. Dépensière et mondaine, elle dépensa sans compter la fortune des Meux. Néanmoins elle vint au château plusieurs fois et meurt à Londres en 1910.

Sans descendant, elle lègue le château à l'amiral de la Royal Navy, Hedworth Lambton, qui fut un ami proche de Lady Bruce. Le testament stipulait cependant qu'il change son nom en Meux, il devint alors Hedworth Meux. Il vendit le château et d'autres terres écossaise en 1912. Le château de Sucy-en-Brie est vendu à la famille de Berc qui seront les derniers propriétaires privés.

Le nouveau propriétaire, Jean Bes de Berc, participa à la Bataille de Verdun en 1916 en tant que commandant. Il revint de la guerre gradé Colonel. Il meurt en 1945.

1941, le château est inscrit au titre supplémentaire des Monuments Historiques, sans être classé.

 

 


 

Abandon du château par la Caisse des Dépôts et Consignation et du maire Albert Pleuvry.

En 1955, le maire de l'époque, de droite, Albert Pleuvry, industriel, décide de faire construire des immeubles d'habitations dans le parc du château, de gré ou de force puisqu'il menace la famille d'expropriation par la loi du 6 Août 1953.

Germaine de Berc , femme du feu Jean Bes de Berc,  et ses enfants tentent une conciliation pour éviter l'expropriation. Par un accord tripartite, entre le maire Albert Pleuvry, la propriétaire et les Caisse des Dépôts et Consignation, il fut vendu  à cette dernière dirigée alors par François Bloch-Lainé  1952 à 1967.

Le château et son parc étaient alors dans un état impeccable selon Jean-Pierre Babelon de la Société Historique de l'Histoire de Paris et Germaine de Berc espérait que cette vente protégerait le château.

C'est donc 21 immeubles qui seront construits dans le parc , cité appelée ironiquement "Cité Verte".

Complètement abandonné  malgré les promesses faites de sa préservation, le château est pillé, vandalisé sans que jamais la Caisse des Dépôts et Consignation, dirigé par François Bloch-Lainé, n'entreprenne quoique ce soit, peut-être gardait-il l'espoir qu'il puisse le détruire pour construire d'autres logements ? Heureusement pour le château ce dernier est  écarté brutalement par Valéry Giscard d'Estaing pour des raisons politiques en 1967.

Quoiqu'il en soit le scandale éclate et la S.C.I.C.D.C, qui gère la construction d'immeuble, est attaquée par des nombreux articles de journaux dans ce sens, mais aucune réaction de l'état  et de la Caisse des Dépôts et Consignation pour sauvegarder le château.

C'est le maire de l'époque, Jean-Marie Poirier qui réussi à faire acheter par la commune le château le 23 septembre 1969, il va entreprendre un plan d'action pour restaurer le château et le préserver.

1975, il est classé Monument Historique. Il bénéficie alors de plusieurs millions de subventions de l'état et de la ville de Sucy-en-Brie.


 

Photographies
 

 

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