Arc-doubleau, Arc-ogive et Arc-formeret.

L'arc-doubleau est l'arc qui, s'étendant d'une pile à l'autre dans les édifices voûtés, forme une sorte de nervure saillante sous les berceaux ou sépare deux voûtes d'arêtes. Dans le but d'identifier les différents arcs qui composent une voûte d'arête, nous présentons ici le plan d'une telle voûte.

Prenons les murs EF et GH comme référence. Les arcs AB et CD sont les arcs-doubleaux, AD et CB représentent les arcs-ogives, et AC et BD sont les arcs-formerets. Les voûtes étaient initialement conçues en berceau jusqu'au début du XIIe siècle. À cette époque, les arcs-doubleaux se composaient généralement d'un ou deux rangs de claveaux, souvent dépourvus de moulures ou d'ornements. Parfois, les arcs-doubleaux présentaient une section en forme de demi-cylindre, comme on peut le voir dans la crypte de l'église Saint-Eutrope de Saintes.

Les voûtes des nefs de la cathédrale d'Autun, des églises de Beaune et de Saulieu, datant de la première moitié du XIIe siècle, étaient voûtées en berceau ogival. Les arcs-doubleaux étaient alors composés de deux rangs de claveaux, le second étant orné de moulures ou de boudins sur ses arêtes. En revanche, la nef de l'église de Vézelay, antérieure à cette période, présentait des arcs-doubleaux en plein cintre, avec des voûtes en arête mais sans arcs-ogives.

Dans les édifices civils du XIIe siècle, les arcs-doubleaux étaient généralement simples, parfois chanfreinés uniquement sur leurs arêtes. C'est vers la fin du XIIe siècle que les arcs-doubleaux ont commencé à se composer d'un groupe de tores séparés par des gorges, comme on peut le voir à la cathédrale de Paris, dans les églises de Saint-Julien-le-Pauvre, de Saint-Étienne de Caen, de Bayeux, et autres.

Cependant, à cette époque, les arcs-doubleaux étaient minces, étroits, et se composaient d'un seul rang de claveaux, ne présentant guère plus de saillie ou d'épaisseur que les arcs-ogives. Vers le milieu du XIIIe siècle, les arcs-doubleaux ont gagné deux, voire trois rangs de claveaux, ce qui les a rendus beaucoup plus solides que les arcs-ogives, qui ne se composent jamais que d'un seul rang de claveaux. Les profils de ces arcs ont évolué en suivant les tendances observées précédemment dans les archivoltes des nefs.

Au XVe siècle, les tores, avec ou sans arêtes saillantes, ont été abandonnés au profit de formes prismatiques et anguleuses, dotées de larges gorges. Les arcs-doubleaux et les arcs-ogives se sont détachés des voûtes, leurs profils saillants dépassant la largeur de l'extrados. Cette modification était nécessaire en raison de la méthode de construction des remplissages des voûtes, qui nécessitait des saillies pour soutenir les courbes en bois utilisées pour les rangs de moellons constituant ces remplissages. Il est important de noter que les arcs-ogives, les arcs-doubleaux et les formerets ne se sont jamais reliés aux moellons des remplissages, mais ont simplement soutenu leur retombée, comme des cintres en bois, ce qui était essentiel en raison de la nature de la construction de ces types de voûtes.

Au XVe siècle, les arcs-doubleaux, les arcs-ogives et les archivoltes ont commencé à pénétrer les piliers qui les soutenaient, éliminant ainsi les chapiteaux. Parfois, les profils de ces arcs se sont prolongés sur les piliers jusqu'aux bases, passant ainsi de la ligne verticale à la courbe sans transition. Ces pénétrations ont été réalisées avec une grande expertise et une compréhension parfaite des principes de construction.

Les arcs-formerets étaient encastrés dans les murs et se profilaient comme des demi-arcs ogivaux ou doubleaux. Ils ne présentaient que la saillie nécessaire pour supporter les remplissages des voûtes. À partir du XIIIe siècle, ils ont parfois traversé l'épaisseur du mur pour former des arcs de décharge et des archivoltes à l'extérieur, au-dessus des meneaux des fenêtres. Les églises de Bourgogne construites au XIIIe siècle présentaient une particularité, avec des formerets indépendants des murs, portant les voûtes et la charpente des combles.

Pendant l'époque romane et gothique, notamment en Normandie, les arcs-doubleaux et les arcs-ogives étaient parfois ornés de motifs tels que dents de scie, pointes de diamant, et bâtons rompus. Cependant, ces ornements ont disparu à partir du XIIIe siècle, laissant place à des moulures, à quelques exceptions près.

Au XVIe siècle, des ornements ont fait leur retour sur les arcs-doubleaux, les arcs-ogives et les formerets, mais ces décorations étaient souvent surdimensionnées, ce qui a été critiqué pour alourdir les voûtes et les rendre moins élégantes.