Hôtel de Sens à Paris

Vestige de l'architecture médiévale civile à Paris, l’Hôtel de Sens a été construit de 1475 à 1519 sur l’ordre de Tristan de Salazar, archevêque de Sens. Il a remplacé  l'hôtel d'Hestoménil ancien lieu de résidence notamment des rois de France.  Puissants seigneurs proches des rois de France, les archevêques de Sens gardèrent l'usage de ce magnifique pied à terre parisien jusqu'en 1622, date de la  création de l'archevêché autonome de Paris. La Reine Margot, dont le page Saint-Julien fut tué à côté de l'hôtel le 5 avril 1606, comme d'autres personnages célèbres, y séjournèrent. Aujourd'hui l'Hôtel de Sens abrite la Bibliothèque Forney. Les cardinaux tels que Duprat, Louis de Bourbon et de Lorraine, Pellevé ( frappé d'apoplexie lors de l'entrée d'Henri IV à Paris ) et Renaud de Béarn notamment. Avec l'hôtel de Cluny, aujourd'hui un musée, il est le plus important logis gothique subsistant à Paris.

Jusqu’à la Révolution, l'Hôtel fut loué à des particuliers. Il est vendu comme bien national à la Révolution, il fut mutilé durant tout le 19ème siècle par  ses propriétaires successifs, jusqu'à devenir un modeste bâtiment industriel une entreprise de roulage, une blanchisserie, une fabrique de conserves alimentaires,  confiturerie Saint James, un dépôt de verrerie... 

Classé au titre des monuments historiques dès 1862, il est acheté par la Ville de Paris en 1911. Il est alors très délabré. Les travaux de restauration décidés par la municipalité commencent en 1929 et s'achèvent en 1961, date du transfert de la bibliothèque Forney dans ses murs. Du fait du très mauvais état du bâtiment, beaucoup d'éléments ont dû être reconstitués

 Hotel de Sens

 

Historique & Histoire 
source : source sur place ( affiche ), documentation diverses, Magasin Pittoresque


L’HOTEL DE SENS

 

 

C’est Tristan de Salazar, archevêque de cette ville (1474-1518) qui fait détruire l'hôtel d'Hestoménil abandonné par les rois au profit du palais du Louvre et des châteaux de la Loire pour reconstruire à sa place entre 1475 et 1519 l’actuel bâtiment.

Il servit par la suite d'habitation à plusieurs prélats illustres, tels que :

Antoine Du Prat, archevêque de Sens, chancelier et premier ministre sous François Ier qui avait également à sa disposition l'hôtel d'Hercule et de nombreuses résidences secondaires comme le Château de Nantouillet ;
Louis de Bourbon-Vendôme, prince de la famille royale ;
Louis de Guise, cardinal de Lorraine ;
Jean Bertrandi, Garde des sceaux de France du 22 mai 1551 au 10 juillet 1559 ;
Nicolas de Pellevé, qui y mourut ;
Jacques Davy du Perron ;
Jean Davy du Perron.


Ce n’est pas la première fois qu’il nous arrive de parler ici de l'hôtel de Sens. Dans un article antérieur consacré aux « Études d’archi lecture en France , le Magasin Pittoresque (I) l’avait déjà signalé à l’intérêt de ses lecteurs; un dessin, inséré dans le texte, représentait la façade primitive reconstituée d’après une estampe conservée à la Bibliothèque Nationale.

Son existence est ignorée d’un grand nombre de Parisiens; beaucoup ne connaissent pas la rue de l'Hôtel-de-Ville, si noire, tortueuse, an annihilé par le voisinage des quais. Il faut presque une nécessité ou le caprice fureteur d’un artiste pour s’y engager et la suivre dans ses détours. Les maisons, que l’exiguïté de la chaussée fait paraître prodigieusement hautes y ont des entrées mystérieuses de bouges; les ruisseaux sont bourbeux et stagnants, et quand, par les voies transversales, on aperçoit la Seine et la silhouette de l'Île-Saint-Louis, on a des velléités d’évasion. Mais voici qu’au dernier coude se dresse une tourelle accolée à un mur en pignon, dont les lignes caractéristiques évoquent le moyen âge; vite les masures adjacentes sont oubliées ; la construction s’ennoblit, une voussure ogivale se dessine un peu plus loin ; la curiosité fait place à la surprise lors qu’au tournant de la rue on découvre la façade de l’Hôtel de Sens.
I/œil est charmé d’emblée par cette architecture aux lignes harmonieuses et souples Leur caractère imprévu saisit tout d’abord: nulle symétrie dans l’ordonnance des massis et des ouvertures ; ici une fenêtre, la le tympan d’une porte, plus bas une autre fenêtre. . Mais ces inégalités se pondèrent avec une rare justesse, et, comme devant une belle esquisse de peintre, le sentiment de l’artiste se délecte en des taches bien équilibrées, de même le goût de l’architecte se trouve admirablement impressionne par celle virtuosité de caprice où les proportions concourent a une harmonie aussi achevée.


La conservation du monument est un titre de plus à l’intérêt qu’il suscite; elle est encore très satisfaisante à l’extérieur, et, quand on aura rendu à la porte principale les armoiries des archevêques de Sens que l’enseigne d’une verrerie remplace aujourd'hui, réparé quelques détails d’ornements, rétabli quelques feuillages à la base des tourelles, restitué aux pinacles leurs couronnements, l’Hôtel aura recouvre sa physionomie d'autrefois. A l'intérieur, la scène change. L’intéressante voussure du porche s’aperçoit encore. Malheureusement il est difficile de retrouver l’ancienne cour et les bâtiments latéraux, au milieu de l’encombrement des caisses, des ballots, à travers les constructions légères d’une immense véranda. Une cheminée remplace la petite chapelle en saillie qui faisait face à l’entrée. Non loin de là, à grand peine, le donjon* se devine à sa porte surmontée d'une ogive décapitée, blanchie à la chaux. La naissance de l’escalier en spirale est assez curieuse : par là ont passé bien des hommes aux noms retentissants. Mais ces marches n ont pas été meurtries par les sandales des prélats... Certes l’industrie est une grande et saine chose, nous n’en disconvenons pas; seulement, pour peu qu'on ait le culte de l’art et de l’histoire, on s’agace vite de cet envahissement commercial, l’œil s'énerve d’être constamment intercepté par un hall vitré; on voudrait pouvoir mesurer la hauteur de la tour, embrasser l’ensemble intérieur du monument. Il y a dans une salle du rez-de-chaussée une gigantesque cheminée restaurée par la muni licence du propriétaire ; on la soupçonne derrière un amoncellement (le bocaux de toutes foi mes et de toutes couleurs.

Il faut monter au premier étage pour voir enfin le donjon et les mansardes profiler sur le ciel leurs silhouettes ouvragées; une vieille estampe, conservée à la Bibliothèque nationale, donne une juste idée de l’ancienne ordonnance des bâtiments. Sur ce dessin, l'Hôtel de Sens apparaît comme un spécimen remarquable du style ogival appliqué aux constructions civiles.

La date (le son élévation (1507) concorde avec la fin du moyen âge; il en est l'une des dernières oeuvres; immédiatement après, la Renaissance commence.

De son histoire on ferait un volume. Elle est féconde en grands noms et anecdotes. La mitre, l’épée, l’échelle de soie y ont joué leur rôle tour à tour et pendant près de deux siècles.

C’est une splendeur ininterrompue de pompe sacerdotale, de fêtes quasi-royales jusqu’aux bals et festins de la reine Margot.

Les archevêques de Sens, métropolitains des évêques de Paris, occupèrent longtemps le premier rang du clergé en France; ils étaient les hôtes assidus de la capitale. Ils su contentèrent d’abord de domaines sans attributions spéciales.

Peu à peu ils se fortifièrent, leur fortune grandit avec leur crédit et, lorsque, vers 1500, Tristan de Salazar fit sortir de terre. Le caractère de l’Hôtel de Sens est, pour ainsi dire, mixte, et l’on peut facilement trouver à cet archevêché des allures de citadelle. En regardant au-dessus de la porte charretière, on voit, cachée dans le renflement de l’ogive, une meurtrière destinée sans aucun doute à tenir en respect les visites importunes ; à mi-hauteur du donjon, on reconnaît une échauguette surmontée de créneaux : de ce poste d’observation, l’œil exerce d’un veilleur pouvait sans peine scruter les alentours et prévenir Je danger des surprises.

Les tourelles sur les rues ont certaines ouvertures fort exiguës pour un visage, mais qu’une arquebuse remplirait à son aise. Tout cela a été déguisé par l’artiste avec les artifices d'une architecture charmante; on y sent une prudence, un souci de précautions bien en rapport avec les éventualités que pouvait présenter une époque aussi mouvementée que le règne des derniers Valois.

Tristan de Salazar et ses successeurs eurent souvent maille à partir avec plus d’une force année; leurs rapports avec la royauté, qu'ils prissent parti pour ou contre elle, ne se tinrent pas toujours dans les limites courtoises d'un baise-main cl d'une oraison, un heaume de chevalier couronne fièrement le cœur de leur blason, le chapeau pourpré aux entrelacs soyeux ne vient qu’après, et les occasions ne sont pas rares où 1 améthyste de leur anneau se raya aux ciselures du pommeau de leur épée.


Bourbon-Vendôme, Louis de Guise et le carde des sceaux Bertrandi, successeurs de Tristan de Salazar, l'Hôtel atteignit à un degré d’éclat qui marqua son apogée.
Avec Pellevé, il fournit plusieurs fois un asile sûr a la Sainte Ligue, jusqu'au jour où Henri IV entrant dans Paris, le cardinal mourut de saisissement.

Quelques années se passent. L’archevêque Regnaud de Beaune, vient reprendre la résidence favorite de scs prédécesseurs.

Nous sommes en 1605. — Marguerite de Valois qu’un exil de vingt ans retenait captive au Château d’Usson, forteresse bâtie par Louis XI, au fond de l'Auvergne, obtient la permission de rentrer à Paris. La physionomie de la capitale a bien changé depuis son départ; Henri IV est remarié. Elle-même n’cst plus cette radieuse ligure de jeunesse et de beauté, la perle de la couronne de France chantée par les poètes. Les ambassadeurs polonais dont elle a tant charmé les yeux et le3 oreilles, seraient fort étonnés devant cette énorme femme au visage  couperosé, couvert de fard et dont le corps boursouflé ne rappelle en rien celui des dresses. Elle a 53 ans : mais son cœur est toujours jeune. Un essaim de pages lui fait cortège; elle raffole de bals, do mascarades, et le fameux vertugadin, reliquaire singulier du cœur embaumé de ses amants repose toujours sur sa vaste personne.

L'hospitalité de Regnaud de Reaune s'ouvre toute grande à la reine de Navarre et l'hôtel devient, pendant un an. un séjour de plaisirs et de galanterie.

C'est le dernier reflet de cette cour des Valois, dont Marguerite est restée la personnification la plus séduisante. Chez elle, les manières, les discours, les costumes, tout est plus raffiné qu’au Louvre, où l'entourage du nouveau prince est encore un peu fruste. Elle joue au Mécène, recevant poètes, écrivains, artistes, qu'elle a toujours protégés. Celui qui sera saint Vincent de Paul est son secrétaire.

Elle aime - naturellement — et l’élu est un jeune homme, Saint-Julien de Date, simple laquais dont elle a fait un seigneur. Les enchantements se succèdent au palais de Sens. Les devises et les emblèmes du nouvel aimé couvrent les tapisseries et les voussures.
Un jour en revenant du couvent des Célestins, Date est tué en carrosse, dans les bras de son amie, d'un coup de pistolet. Le meurtrier est un envieux, Louis de Vermont. Marguerite est inconsolable et jure de rester sans boire ni manger tant que justice ne sera pas faite. Henri IV ne la laisse pas longtemps à jeun ; le lendemain. Vermont est décapité sous les fenêtres de l'hôtel que la reine quitte pour n’y plus revenir.

Après Regnaud de Reaune, sous Davy du Perron et son frère Jean Davy du Perron, la demeure des archevêques (1e Sens reprend son caractère paisible et sacerdotal.

En 1622, l’archevêché de Paris est créé; nous assistons alors à un antagonisme qui rne dure pas moins de 40 ans, jusqu’au moment où l'autorité omnipotente de Louis XIV vient imposer silence... Et la décadence de l'hôtel commence.

Il devient le refuge de gens d’église assez obscurs. Il est loué à des parlementaires. Ses appartements sont délaissés peu à peu; les décorations somptueuses se dégradent, les meubles sc dispersent...

La Révolution arrive : il est vendu comme bien national.

Dès lors l'industrie s’en empare et l'occupe sans interruption jusqu’à nos jours.

Telle est, en peu de mots, l'histoire de cette demeure. Elle est. comme on le voit, riche en souvenirs.

 

Robert Hénard, Magasin Pittoresque du XIXe.

 

* Le magasin pittoresque appelle improprement la tour comme un donjon, néanmoins on n'est pas sur une construction purement militaire mais principalement civile.
 

 

Bibliothèque Forney

 

Bibliothèque Forney

 

Inaugurée en 1886, la bibliothèque porte le nom de l’industriel Samuel-Aimé Forney qui fit à la Ville de Paris un legs destiné à valoriser les métiers d’art. A l’origine installée rue Titon dans le quartier des artisans, ces derniers pouvaient venir y travailler et emprunter des livres et des modèles.

A la fois bibliothèque de conservation et de prêt, la bibliothèque Forney est aujourd’hui consacrée aux beaux-arts, aux arts décoratifs, aux arts graphiques et aux métiers d’art.

Elle se signale par la diversité des documents conservés : livres et revues, catalogues d’expositions et de musées, catalogue de vente publiques et de salons ... Elle rassemble une collection patrimoniale iconographique parmi les plus riches de France affiches publicitaires, papiers peints, échantillons de tissus, catalogues de maisons commerciales, cartes postales, dessins originaux, maquettes et archives de professionnels et une collection considérable de documents publicitaires.

Des expositions sont régulièrement organisées, consacrées à la mise en valeur de ces collections.

Travaux

Durant l’année 2016, la bibliothèque Forney a été fermée au public afin d'effectuer des travaux de grande ampleur pour accueillir sjes lecteurs et ses visiteurs dans de meilleures conditions. Ainsi, l’accessibilité de la bibliothèque est améliorée grâce à la création d'une zone de consultation documentaire aux personnes à mobilité réduite, accessible par rampe d accès et visiophone extérieur.

Suivant la politique définie par la Ville de Paris et la Direction des Affaires Culturelles, la bibliothèque Forney propose un projet d'action culturelle d’avenir, avec la création d’une salle équipée pour les conférences et la création d’un parcours de visite ouvert à tous, valorisant le patrimoine architectural et documentaire de la bibliothèque. it

Un véritable travail de scénographie intérieure permet de mettre en valeur les collections : une partie du mobilier a été redessiné, mélangeant design contemporain et pièces anciennes. La circulation des lecteurs et des visiteurs est modifiée en vue d’une fluidification des usagers; de nouveaux espaces d'accueil ont été créés.

Les zones réservées au personnel ont également été restructurées.

Enfin, pour valoriser au mieux ce patrimoine exceptionnel, la Ville a décidé d’éclairer extérieurement la bibliothèque, avec une mise en lumière de sa modénature, depuis la cour intérieure.

 

sources : Panneau affichage

 

 

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