Fortifications et Remparts, Histoire de Salé

 

 

Les fortifications de la ville de Salé, au Maroc, sont méconnues des touristes en général, peut-être parce que la ville est plus "populaire", donc à la réputation d'insécurité qui lui colle depuis le XVIIe siècle, alors  que sa sœur jumelle,  Rabat, qui est une capitale administrative bénéficie d'un aura diplomatique avec un patrimoine plus important et une présence française en terme d'architecture lors du Concordat. Pourtant le patrimoine de Salé est assez intéressant, car les fortifications restantes sont bien plus évoluées et perfectionnées que celle de Rabat qui ressemble plus à une enceinte de ville, exceptées Chellah et les Oudayas.

Les courtines sont assez basiques, sans mâchicoulis par exemple, et ne représentent pas un intérêt militaire majeur. Les créneaux sont dans un style de fortifications andalouses et arabes.  Certaines portes de Salé sont par contre assez avancées avec notamment un système de sas qui permettait de filtrer les personnes voulant rentrer, mais là pas de pont-levis, de barbacane ou autre.

Si on compare les fortifications, à époque égale, à celles de leurs homologues européennes, notamment françaises, on est clairement sur des fortifications plus simplifiées à l'architecture imposante mais rustique. C'est d'autant plus étonnant que certaines forteresses françaises  se sont parfois largement inspirées, tout en les améliorants nettement, des architectures militaires venues directement des Croisades et des constructions du Moyen-Orient. La question se pose donc, s'agit-il d'un problème de moyen ? estimait-il que les fortifications suffisaient ? ou simplement que les architectes sur place n'avaient pas les compétences pour faire mieux ?

Cependant derrière leur apparente, et réelle, simplicité, il n'en demeure pas moins qu'elles sont de qualités, imposantes et relativement efficaces, puisque la ville tiendra un siège de 4 ans en 1660. Elles ont permis de protéger la population ainsi que les pirates jusqu'au XIXe siècle, date à laquelle l'armée française intervint en 1851 au bombardement de Salé afin de punir la ville d'un pillage contre un navire marchand.

L'ensemble des fortifications s'étend sur 4.3 km.

 

Historique
source : source sur place, documentation diverses, wikipédia

 

Les grandes dates 

1250, Salé est devenue une importante base  stratégique et commercial et la principale porte du littoral de l'Azghar, la région du Maroc du nord où s'étend l'influence des Beni Merin, depuis sa conquête par le Sultan Abu Bakr Ben Abdelhaq. La Reconquista des Espagnols ont reconquis quasiment toute l'Andalousie et s'approche du royaume de Grenade et les musulmans sont obligés de reculer, d'où l'importance des villes Salé ou Tanger qui sont utilisées comme point d’appui.

1260, septembre, siège de Salé. La veille de Aïd al-Fitr  trente-sept navires de guerre castillans envoyés par le roi espagnol ,commandé par Alphonse X de Castille, se trouvaient devant les côtes Salétines qui étaient vierges de toute fortifications majeures. La surprise fut telle que les guerriers Castillans débarquèrent et exécutèrent une grande partie de la population qui n'opposèrent presque aucune résistance, alors en préparatifs pour la fête.  Les femmes, enfants et vieillards furent encerclés à la Grande Mosquée. Trois mille d'entre eux seront capturés et emmenés  à Séville. Salé est restée pendant deux semaines dans les mains des Castillans, avant que le sultan mérinide Yacoub ben Abdelhaq ne reconquiert la ville en massacrant lui aussi tous les Espagnols sur place.

XIIIe siècle, la prise surprise de la  ville va contraindre le Sultan de construire une fortification plus importante, dont une grande partie des remparts actuels.

 

Borj Ejroukni (bastion d’Angle), appelé aussi Borj El-Kebir (Grande tour) ou encore Skala Jdida (Nouvelle Skala),

Borj Ejroukni (bastion d’Angle), appelé aussi Borj El-Kebir (Grande tour) ou encore Skala Jdida (Nouvelle Skala), est un bastion fortifié de forme semi-circulaire  sur deux niveaux. Il est édifié par le sultan Abderrahmane ben Hicham en 1853, en réaction au bombardement de la ville par une escadre française en 1851 . À son achèvement, il est équipé de 17 canons. En 1990, on y tourne une scène des Mille et Une Nuits.

 

 

1610, les derniers musulmans ont quitté l'Espagne, plusieurs milliers se réfugient dans l'actuelle ville de Rabat ( anciennement Salé le Neuf ) et Salé . Elle deviendra alors une des capitales, au même titre qu'Alger, de la piraterie et de l'esclavage. source

1624, unis aux pirates d'Alger, ils allèrent jusqu'à donner la chasse aux pêcheurs de Terre-Neuve. En 1627, ils effectuèrent un raid contre la ville de Reykjavik, en Islande.

1632, 30 juin,  a lieu le terrible sac de Baltimore par des pirates barbaresques de la régence d'Alger et de la République de Salé. La ville est déserté pendant des siècles.

Il existait une véritable spécialisation entre les pirates d'Alger et ceux de Salé. Fort de leur nombre et de leur antériorité, les pirates algériens se réservaient en pratique la course en « mer du Levant » (la Méditerranée), les corsaires de Salé se réservant la « mer du Ponant », c'est-à-dire l'océan Atlantique, avec le détroit de Gibraltar pour frontière.

1630, nouvelle bataille de Salé, qui oppose les Andalous de Salé-le-Neuf ( Rabat aujourd'hui ), aux Hornacheros de la Kasbah aidés des Maures de Salé-le-Vieux ( actuelle Salé ). Ce conflit commence lorsque les Andalous, supportant mal la domination des Hornacheros, s'attaquent à eux et tentent de s'emparer de la Kasbah. Les Maures de Salé-le-Vieux prennent partis pour la Kasbah. La bataille prend fin et une paix n'est conclue par un accord que sous la pression de l'ambassadeur d'Angleterre Harrison, en mai 1630, qui permet de répartir les pouvoirs entre les différentes communautés de la République du Bouregreg.

1660, début du siège de Salé par l'armée du raïs Khadir Ghaïlan, aux Dilaïtes contrôlant la République du Bouregreg. 

1664, fin du siège , elle se solde par la prise de la République du Bouregreg, par Khadir Ghaïlan.

 

Plan de Salé ( à gauche ) et de Rabat ( à droite ) en 1680. ( source : gallica.bnf.fr )

 

1785, construction du Borj Sidi Ben Achir, dit le "Bastion des Larmes" ( Bordj ad-Domou‘a ) car en face d'un cimetière, fut édifié par le sultan alaouite Sidi Mohamed Ben Abd Allah. C'est un fort semi-circulaire qui s'avance dans la mer, d'une hauteur de près de 9 m, et de 8 m de largeur avec un parapet dont lequel s'ouvre une série de meurtrières dirigées vers l'embouchure du fleuve.

1851, la ville de Salé est bombardée par la marine militaire française, après le pillage d'un bateau français. Ce bombardement court et vif, à l'issue incertaine, est la base d'une imposition par la force de la France envers le Maroc qui soutiens activement la Régence d'Alger, qui fut au mains de l'Empire Ottoman jusqu'à l'invasion du nord de ce qu'on appelle aujourd’hui  l'Algérie.

1912, Concordat français. Depuis 1902, la pénétration économique et militaire européenne s’est intensifiée (la France occupe dès 1907 Casablanca et les plaines occidentales du Maroc), au point que le sultan Moulay Abd al-Hafid est contraint de signer en 1912 le traité de protectorat que constitue la convention de Fès. Le traité institut, à partir du 30 mars 1912 le régime du protectorat français. En octobre de la même année, le sous-protectorat espagnol est mis en place sur le Nord du Maroc et inclut également les territoires sahariens de Tarfaya et du Río de Oro. Salé deviendra alors un port à utilisation commerciale, Rabat sert de logement pour les officiers de l'armée française, ainsi que l'administration du Sultan et de la France, et le camp Rigot est installé sur les bords du fleuve à l'extérieur de la vieille ville.

1956, 2 mars,  fin du protectorat instauré sur le sultanat du Maroc en 1912. Elle fait suite à la conférence d'Aix-les-Bains du 22 août 1955 à l'initiative du président du Conseil Edgar Faure et de son ministre des Affaires étrangères Antoine Pinay.

Salé restera une ville relativement populaire et peuplée mais à l'influence réduite, tandis que Rabat deviendra la capitale du Royaume du Maroc. 

 

 

Photographies

Recherche sur le site