Tour César à Provins

 

Tour de César, visite, patrimoine de Provins

 

La "Tour César" de la citée médiévale de Provins est datée du milieu du XIIe siècle, son nom provient d'une légende selon laquelle Jules César serait passé à Provins, légende aujourd'hui qui n'a aucun élément historique permettant de le confirmer. Elle fut appelée très longemps la "Grosse Tour", comme très souvent au moyen-âge lorsqu'on parle d'une tour massive ( Bourges et d'autres villes avaient leur "grosse tour" ). 

En termes d'architecture militaire médiévale il n'y a pas d'équivalence, c'est donc une construction à priori unique. Si la construction est militaire, que l'on peut qualifier de donjon car point central de la défense de la ville, en tant que tout de défense et de guet, elle avait aussi un but politique de montrer la puissance économique et judiciaire du comte de Champagne, en effet les cachots ont été installés dès son origine dans la tour. Lors de sa construction les toits n'étaient pas présents, ils ont été installés qu'au XVIe siècle. Le comte de Champagne n'y vivait pas, néanmoins la grande salle fut probablement accessoirement  comme Salle de Justice, comme il était  coutumes de le faire à l'époque, on jugeait les personnes dans une pièce souvent proche des cachots.

 Elle est classée au titre des monuments historiques depuis 1846 et elle se visite.

 

 

Historique & Histoire 
source : source sur place, documentation diverses,

 

Intérieur  de la tour

Salle des Gardes

Salle Haute ou Salle des Gardes

On entre aujourd'hui au Ier étage qui était en réalité la  Salle Haute, qui fut probablement en partie la Salle des Gardes,, salle avec voûte formée de quatre arcades ogivales, appuyées sur quatre larges corbeaux saillants à une hauteur de 4,50 m, en dessous ce trouve le cellier. La salle des gardes est l'axe centrale de communication vers la chambre du Gouverneur ( avec cheminée ), la Salle Basse , les chemins de ronde et les prisons accessibles par des escaliers très étroit intégré dans l'épaisseur des murs.

 

 

Chronologie

Salle Basse ou Cellier

Salle Basse ou Cellier qui permettait d'y mettre des vivres et autres afin de tenir un siège

1137, première mention d'une tour dans une charte de Thibault II délimitant par cette tour les foires de Champagne, néanmoins il ne s'agirait pas de la tour actuelle et les premières fortications connues de Provins remontent au IXe siècle.

1150-1175, Henri Ier dit Le Libéral ou Le Large,  né en décembre 1127 à Vitry-en-Perthois et mort le 16 mars 1181 à Troyes, est comte de Champagne et de Brie de 1152 à 1181, fait construire le donjon actuel. Il a deux  frères,  Thibaud de Blois qui fait construire le donjon actuel du Château de Châteaudun tandis que leur frère Etienne de Sancerre fait construire le donjon de Châtillon-Coligny dans le Loiret, chacun faisant construire une construction relativement différente. Elle possède dès le départ de cachots et prisons

1226-1236, Thibaut IV, dit le Chansonnier, fait construire l'enceinte médiévale autour de la ville , longue de 3800m. Elle permet notamment de protéger la ville et ses foires de Champagne ainsi que l'industrie drapière. Il renforce aussi la ville haute d'une fortification longue d'un km, c'est à cette époque l'une des villes les mieux fortifiées d'Europe. De retour des croisades en 1239, il aurait rapporté la Rose de Damas par son chevalier Robert de Brie ( probablement du Château de Brie Comte Robert ) qui permettra à la ville de devenir la capitale de la Rose en Europe.

1279, le maire de Provins qui souhaitait rajouter une heure de travail en plus, se fait massacrer par les ouvriers de Provins en colère. En réalité cela cache aussi le fait que Provins commence à perdre son intérêt économique par des pertes de marché, les foires se développant partout en Europe et faisant concurrence à la ville.

1284, la Champagne est rattachée au Royaume de France par le mariage de Jeanne de France, dernière héritière des comtes de Champagne, avec le futur Philippe IV dit Le Bel.

XIVe siècle, fin des foires de Champagne à Provins.


Guerre de Cent-Ans

la ville est prise par les anglais à plusieurs reprises de 1417 à 1432.

1429, le 3 août présence de Jeanne d'Arc et de Charles VII à Provins.

La ville est prise dans la nuit du jeudi au vendredi 3 octobre 1432 par trahison, en effet certains habitants auraient lancé une échelle de corde au dessus de la Porte au Pain ( détruite et située initialement dans la partie basse de la ville à quelques dizaines de mètres la gare actuelles de Provins ).

Le capitaine Anglais de la place, Thomas Guérard, va renforcer le donjon par la construction d'une "pâté" à la base de la tour, pour cela il va taxer les habitants déjà ruinés par tant de guerres. Dans l'impossibilité de financer le renforcement, la ville emprunte à Saint Quiriace et Saint-Pierre la somme manquante en livrant notamment l'argenterie.(1)

 


 

1554, la tour n'était pas encore couverte, elle le fut cette année-là.

1689, elle va servir de beffroi après l'effondrement de la tour-clocher de l'église Saint-Quiriace, les cloches étant installer dans la tour César.

1793 et 1798, destruction de cinq cloches pour les faires fondres dans le cas de l'effort de guerre. 

(1) notice et dissertation sur provins - 1809

 


Tour Provins

Vues de Provins , dessinées et lithographiées, en 1822, par plusieurs artistes, avec un texte par M. D.

Auteur : Du Sommerard, Alexandre (1779-1842). Auteur du texte

Partie sur la Grosse Tour :

La hauteur de la Grosse Tour, dans son état actuel, est d'environ cent quarante pieds. On peut évaluer son pourtour à cent soixante et dix ou cent quatre-vingts pieds. L'épaisseur des murs, qui varie à raison de leur élévation, à partir du sol, est de douze ou quinze pieds. On y a découvert, il y a peu d'années, un très-beau puits, dont on ignorait l'existence.

La forme extérieure est un carré, dont chaque angle est remplacé par une tourelle réunie à la base, se détachant à une certaine hauteur, en forme de guérite, et rejoignant plus haut la Grosse Tour par une espèce d'arcboutant.

Il y a dans l'intérieur, indépendamment de plusieurs petits caveaux et cachots pris dans l'épaisseur des murailles et des tourelles, une petite chambre à cheminée, fort claire, au premier étage, et trois grandes salles, de trente pieds de diamètre sur trente-huit ou quarante pieds délévation chacune. Ces salles communiquent entre elles par deux escaliers intérieurs, qui aboutissent sur un trottoir régnant au pourtour, et garni de parapets. La salle du rez-de-chaussée, dans laquelle on n'entrait pas du dehors avant qu'on y pratiquât une brèche à coups de marteau, est très-sombre ; celle du premier étage, où est l'horloge, contient une vaste cheminée, dont le tuyau se perd dans le mur ; et dans la troisième, qui est au-dessus, se trouve suspendue, sur d'énormes charpentes, la seule cloche des six existant dans cette tour au moment de notre régénération politique, qui ait résisté aux valeureuses attaques des exécuteurs des hautes oeuvres de la Convention.

Par deux assauts successifs qu'on pourrait comparer, ce qu'on fit sans doute alors, à ceux que les Anglais subirent également à deux reprises, dans cette même tour, de la part de l'intrépide commandeur de Giresme, ces braves, insatiables de gloire et de... profit, non contens d'avoir brisé quatre de ces cloches au mois d'octobre 1793, revinrent à la charge le 13 mars 1798, et, immolant la cinquième aux mânes de leur général, le révérend père Chabot, jettèrent par les fenêtres, sauf à en suivre la trace, les débris de cet aveugle instrument du fanatisme.

La cloche actuelle, qui sert principalement à sonner le réveil des ouvriers et le couvre-feu, fonction dont elle s'acquitte très – exactement, grâce au concours de la brave mère Mathieu, porte l'inscription suivante, écrite en lettres gothiques :

Mille et quingentis ac undenis simul annis Virginis a partu ; nunc Quiriaca vocor. Astra petat sonitus, moestis solatia prestet, Erias sordes arceat, oro, meus,

M. Pasques l'a ainsi traduite librement :

En l'an quinze cent onze ayant été fondue, De Quiriace on me donna le nom ; Je règne dans les airs, et chasse de la nue Diable, tonnerre et grêle par mon son.

Il s'est élevé de grands débats à Provins au sujet de l'inscription suivante, qu'on suppose avoir été celle de la cloche qui, placée dans le clocher de Saint-Pierre, avait autrefois la même fonction que celle-ci, et qui fut brisée par les ordres du comte Edmon, comme ayant servi à sonner le tocsin lors de la révolte de 1279.

Je m'appelle Guillemette De mette Je suis faite, Pour la guette, Et sonner la retraite De Gentico.

Mais ce mot de Gentico, cher au peuple provinois, et qui sonne a ses oreilles, à peu près comme agendicum, ayant servi de preuves à quelques interprétateurs en faveur de l'origine romaine de Provins, nous nous abstiendrons, pour ne pas remuer des cendres encore chaudes, d'entamer aucune dissertation sur les énormes conséquences qu'on pourrait tirer de cette tradition.

Le tertre muré, qui paraît servir de base ou de socle à cette tour, est ce qu'on nomme le Pâté aux Anglais, construit par eux en 1432, comme nous l'avons dit plus haut, avec l'argent des habitans de Provins.

Le mur qui entoure ce tertre, quoique d'une construction postérieure de bon nombre de siècles à celle de la tour, n'a pas la même solidité ; il se crevasse de toutes parts, par l'effet de l'infiltration des eaux.

Deux tourelles en ruines qu'on aperçoit à la gauche de la Grosse Tour ; et dont l'une, de forme carrée, se nomme le Pinacle, ou Tour aux Anglais, et l'autre, de forme ronde, la Tour du Luxembourg, faisaient partie du premier palais des Comtes, devenu l'Hôtel-de-Ville, lorsque Thibault IV construisit le nouveau palais sur l'emplacement occupé aujourd'hui par le collège.

Le petit bâtiment carré, qui se trouve au bas de la côte, attenant le mur de prolongement qui aboutit de la ville haute à la porte de Paris, était autrefois la maison du bourreau que, par un sentiment de convenance assez remarquable, la ville logeait hors de son sein. Une fontaine abondante, qui existe aujourd'hui, en forme de lavoir, au milieu des arbres qu'on remarque dans le bas, s'appelle encore la Fontaine du Bourreau.

Il y avait, en outre, à peu près dans le rayon de la Vue que nous décrivons, deux autres constructions assez remarquables, qui ne présentent plus aucun aspect qu'on ait pu reproduire dans cette Vue.

L'une, située au haut du petit mur dont nous avons parlé, était une tour de belle forme, diversement désignée sous le nom de Tour de Cannes, sans doute du nom d'un de ses anciens gouverneurs ; de Tour à signaux, comme ayant servi à la transmission des nouvelles, au moyen de grands feux qu'on allumait sur son sommet, ce qui formait un télégraphe nocturne bien lumineux, sans doute, mais aussi bien concis dans ses expressions ; et de Tour des Maréchaux, parce qu'elle servait de résidence au maréchal de Champagne lors de son séjour à Provins. Cette tour, dont on n'aperçoit plus que la base, fut démolie en 1720, par ordre du régent, pour l'exécution d un plan qui est resté en projet.

L'autre construction, nommée la Porte Hadois (ou Houdois), joignait presque la grosse tour au petit mur dont il est question. Sa démolition remonte au moins à 1666, puisqu'en cette année on employa les matériaux de celte porte à la construction de l'arche de la porte du Buat.

De l'autre côté du pavé, derrière le spectateur, commencent les belles promenades qui enveloppent la ville basse ; et, venant ensuite rejoindre les boulevards de la ville haute, contribuent à décrire autour de Provins, un cercle de plus d'une lieue d'étendue, magnifiquement boisé, et de chaque point duquel l'oeil découvre des aspects pittoresques très-variés.

 

Titre : Vues de Provins , dessinées et lithographiées, en 1822, par plusieurs artistes, avec un texte par M. D.

Auteur : Du Sommerard, Alexandre (1779-1842). Auteur du texte

Éditeur : A Paris, chez Gide, libraire, rue Saint-Marc-Feydeau, n° 20 ; et a Provins, chez Lebeau, imprimeur de S. A. R. Monsieur. 1822

Date d'édition : 1822

Sujet : Provins (Seine-et-Marne)

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 4 fasc. en 1 vol. : pl. gravées ; gr. in-4

Droits : domaine public

Identifiant : ark:/12148/bpt6k10401293

Source : Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, FOL-H-2055

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb303884446

 

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