Le maréchal Erwin Rommel à la Roche-Guyon,  Walkyrie
 

 

Erwin Rommel

Le Maréchal Erwin Rommel ( Generalfeldmarschall ) est un officier allemand de haut-rang, personnage mythique en Allemagne et très respecté par ses adversaires pour ses qualités militaires. Si il a servi la cause Nazi dans ses débuts, il est bon de rappeler qu'il n'a jamais été condamné ou jugé par contumace pour crime de guerre contre l'humanité. C'est en 1941 qu'il va faire ses premières armes en Libye notamment. Il sera alors surnommé le Renard du Désert, pour sa capacité de résistance , sa stratégie et sa ruse. Il est un des rares officier a avoir su et pu résister à des ordres d'Hitler. Reconnu unanimement pour son patriotisme et sa loyauté envers ses hommes, il a été l'un des acteurs secondaires des opérations  Walkyrie malgré son désaccord  sur l'action utilisée. Cet article est là  par rapport à son action au Château de la Roche-Guyon. 

[CB]

Voir aussi. Château de la Roche Guyon où se trouvait le quartier général.

 

Historique
  Sources : divers, dont les plaquettes d'informations  et un petit  livre vendu au Château. histoire du Vésinet

 


•    Qui est Rommel ?

Il naît en 1891 à Heidenheim, une petite ville du Wurtemberg, proche d'Ulm. Il s’imposa dès la première guerre mondiale comme un excellent officier. C'est en tant que cadet en 1910 qu'il rentre au 6e Bataillon du 124e Régiment d’Infanterie, à Weingarten, et il reçoit en 1912 son brevet de Lieutenant. Décoré de l'Ordre du Mérite, il devient après la guerre professeur à l’école de guerre de Potsdam, puis est nommé Directeur de l’Ecole de Guerre de Wiener-Neustadt. Il écrivit pendant cette période un ouvrage réputé : "Infanterie greift an" ("L’infanterie attaque").Hitler le nomma en 1938 chef d'Etat-Major à son Quartier Général.

Malgré une jeunesse ‘hitlérienne’, Rommel prit assez vite ces distances avec les Nazis et en devint plus tard un farouche ‘résistant’. Par ailleurs il n’a jamais été impliqué dans des crimes de guerres, Rommel était avant tout un soldat et un adroit tacticien surnommé par les Anglais le ‘renard du désert’ pour ses victoires rapides avec l’Afrika Korp en Afrique du Nord dans les déserts libyen et tunisien. Erwin Rommel fait partie de ces légendes et cela au même titre que les généraux français, américains ou anglais, il n’était juste pas dans le même camp. C’est pour cette raison d’ailleurs que je lui consacre un chapitre.

 

Force Française Libre luttant ,commandé par Koenig avec un rapport de force de 1 contre 10,  à Bir-Kakeim contre le Maréchal Rommel et les forces Italo-Allemandes. Cette bataille décisive va permettre de ralentir l'avancée de Rommel et aux Britanniques de battre l'Afrika-Korp à la bataille d'El-Halamein. ( source : wikipedia )

Alors qu’il devient le commandant en 1944 du Groupe d'Armées B situé en Normandie, Rommel choisit la Roche-Guyon. Pour diverses raisons, dont son emplacement stratégique à mi chemin, enfin presque, entre Paris et la Normandie et la proximité du QG à Saint Germain en Laye avec le maréchal Von Rundests, commandant suprême des armées allemandes à l’Ouest.

Rommel déplore le sort fait au peuple allemand et ne comprend pas l’attitude d’Hitler dans ce fanatisme destructeur. Il comprend assez vite que l’Allemagne court à sa perte. En réalité Rommel n’aime pas plus Hitler que le Nazisme, sûrement par patriotisme et par conviction. Rommel est avant tout un patriote. Il attache toute son importance à cela, et c’est probablement l’une des raisons pour lesquelles il suivit Hitler dans sa démarche.


C’est donc au château de la Roche Guyon qu’il va travailler au complot contre Hitler. Malgré son dégoût face à Hitler, il ne voulut pas participer à un attentat, par peur d’une guerre civile. Encore une fois Rommel voit loin et surtout recherche l’intérêt du pays et du peuple. L’attentat manqué du 20 juillet 1944 contre Hitler (sauvé par la table épaisse lors de la réunion) devait en cas de réussite permettre à Rommel de sauvegarder la nation, Erwin étant le seul probablement capable d’éviter une guerre civile.

•   

La vie à la Roche Guyon sous Rommel

 

Aussi étonnant que cela puisse paraître, la vie à la Roche Guyon est assez calme. Rommel impose son style : pas de salut Nazi et pas représailles lourdes contre le village, malgré il est vrai plus de 1500 soldats pour 500 habitants, ce qui confère à ce village le statut de ‘ village le plus occupé de la France occupée’. Il prit ses appartements dans le château dans l’actuel pavillon de la Duchesse d’Endeville, entourés de tapisserie. Plusieurs bâtiments furent cependant réquisitionner, le ‘beauversant’ et l’actuel maison d’enfants.

Ils utilisèrent les Boves (formes de grottes dans les roches de craie) existantes ou en créant certaines. Permettant d’y apporter un certain confort dans un maximum de sécurité : cinéma, salon, etc les Allemands étaient bien installés, protégés par d’épais murs anti déflagrations qui existent encore aujourd’hui.


Rommel utilisa le salon de la duchesse d’Enville pour y travailler régulièrement et dormit dans la chambre de la princesse Zénaïde. Quant à la famille Rochefoucault, ils vivaient à l’étage supérieur. Il semble que Rommel apporta le soin de ne rien transformer ou abîmer, Rommel respectait les lieux. Lors de ses déplacements en ville, il n’y avait pas de croix gammée sur la Mairie, pas d’ordre de déserter les rues, Rommel s’y trouvait presque naturellement sans protection particulière. Pour peu, Rommel se fondait au paysage et à son environnement. On est loin de certains généraux allemands qui pour certains devenaient de vrais tyrans ou destructeurs à la manière de certains seigneurs du Moyen Age, jetant sur la population effroi et crainte.

•    Les Bunkers
 

Pendant cette période, Rommel fit construire les actuels Bunkers à même la roche, en catimini et dans un secret presque total : les travaux se faisaient la nuit pour finir à l’aube. Construits par des travailleurs polonais, elles servaient principalement de soute à munition et de protection en cas d’attaque des soldats, personne n’y vivait régulièrement.

•    Rommel et les ‘intrigues’

Sa méfiance envers Hitler et son irréalisme militaire prend de l’ampleur et son état d’esprit change rapidement, il écrivit un livre intitulé ‘ la guerre sans haine ‘ qui reflète de son changement. La Roche Guyon va voir défiler un nombre important de généraux et de personnes faisant partie de la résistance allemande contre les Nazis. On peut noter la présence régulière du lieutenant-colonel Von Hofacker, le général Ludwick Beck. Le 15 avril le général Hans Speidel est nommé chef d’état major du QG de Rommel, anti nazi notoire il travailla avec Rommel et permit une rencontre secrète avec le maréchal Von Stulpnagel, commandant en chef de la France. Ils parvinrent à établir un accord secret pour ‘mettre fin à la guerre et renverser le régime Nazi’, mais le moyen d’y parvenir diverge : Rommel s’opposant toujours à un attentat, par peur d’une guerre civile qui mettrait en péril la nation et également de transformer Hitler comme martyr.

Il semble assez net que l’armée allemande pour une grande partie, commence à comprendre en haut lieu que la défaite est presque certaine, Rommel en est en tout cas convaincu. Le rôle de Rommel lors du coup d’Etat était soit devenir le chef de la Wehrmacht soit même de devenir chef d’Etat. Il semble qu’aux yeux de la résistance allemande, le maréchal Rommel était le plus apte à diriger et surtout possédait une aura non négligeable au sein de la population et de l’armée. Selon Ernst Jünger, il était le ‘ seul homme assez fort pour faire face simultanément à la guerre et à la guerre civile ’.


Début Juin, le plan était prêt sous l’égide d’un traité de paix écrit par Ernst Jünger, der Friede ‘la paix’ Le traité prévoyait une armistice avec les alliés, une condamnation du Nazisme, l’abolition de la dictature mais la continuité du combat à l’Est. Il semble que Rommel et les généraux prévoyaient même un combat avec les alliés contre le communisme. Cela peut paraître irréaliste aujourd’hui, mais personne ne sait aujourd’hui ce qu’il serait advenu si l’Allemagne par surprise avait signé l’armistice. Les alliés se méfiaient beaucoup de Staline et du ‘péril bolchévique’.


Pendant cette période Rommel n’eut de cesse de prévenir Hitler d’une défaite imminente des armées allemandes et donna sa ‘dernière chance’ avant de passer à l’action pour le projet Walkyrie. Mais le temps presse ….

•   Le plus long jour

Rommel n’était pas dupe, dés le départ il ne croyait pas à un débarquement en Provence mais à l’Ouest en Normandie. Le Maréchal chargé d’inspecter le mur de l’Atlantique n’est pas enthousiasmé, il fit faire des modifications nécessaires mais il semble lui manquer des hommes et les équipements nécessaires. Pour lui les premières 24 heures d’un débarquement seraient décisives, il dira à son chef de camp : « croyez moi, Lang, les premières 24 heures de l’invasion seront décisives… le sort de l’Allemagne en dépendra… pour les alliés, comme pour nous, ce sera le plus long jour. »

•    Overlod

Le QG de la Roche Guyon, lors de la veille du 5 juin, est bien calme. Rommel en permission est auprès de sa famille, pour fêter l’un des jours les plus importants : l’anniversaire de sa femme le 6 juin …. Le temps est mauvais à l’ouest et personne ne croit à une invasion imminente, en effet le mauvais temps fait rage depuis quelques jours. Les alliés sont cependant informés par leur service météorologique d’une accalmie brève mais suffisante le 6 juin 1944…Eisenhower ordonne le débarquement.


Les Allemands sont pris par surprise, Rommel revient précipitamment à la Roche Guyon. Lors d’une dernière tentative pour convaincre Hitler d’un repli stratégique refusé par celui-ci, Rommel, le 13 juin, indique aux généraux qu’il donne son accord pour l’opération ‘Walkyrie’.

•    Rommel suicidé de force
 
Mais le 17 juillet lors de son retour de Normandie vers la Roche Guyon, Rommel est gravement blessé à 16 heures près de Sainte Foy en Normandie par une attaque de deux avions anglais pilotés par le français Jacques Remlinger et le Néo Zélandais Bruce Oliver. Le chauffeur est tué et Rommel est dans le coma.

Il est évacué dans un hôpital de campagne à Bernay. Après être sorti du coma il est envoyé dans l’hôpital du Vésinet ( source ) près de Saint-Germain-en-Laye ayant appris entre-temps avec stupeur l’échec de l’attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler dans l'opération Walkyrie (voir le film "Walkyrie" tant décrié à cause de la présence de Tom Cruise ; Rommel n'y est cependant pas fait mention ) et aussi le film Rommel and the Plot Against Hitler)

Rommel demande à revenir en Allemagne et il s’y trouva le 8 août pour se rapprocher de sa famille, mais il se rendit bien vite compte qu’il n’était plus dans les faveurs d’Hitler qui fait une chasse sans merci contre les conspirateurs. Il alla en convalescence à Herllingen près d’Ulm. Il y apprit l’arrestation de Speidel le 7 septembre 1994 pour lequel il prit sa défense en vain.

Rommel Blessé à l'hôpital du Vésinet
 
Photo : Rommel au Vésinet (source : Histoire du Vésinet )
Hitler le soupçonne de plus en plus de haute trahison. Deux généraux, Burgdof et Maisel vinrent à son chevet. Hitler lui propose deux solutions :

- soit Rommel se suicide et l'on fait passer sa mort pour un décès à la suite de blessures.
- soit il se présente devant le Tribunal du Peuple devant lequel il sera jugé et exécuté en tant que traître.

Alors que son fils est présent il lui dira : « je viens d’avertir ta mère que je serais mort d’ici un quart d’heure (…). Toutefois, vu les services que j’ai rendu en Afrique, on m’accorde la grâce de mourir par le poison (…). Si j’accepte , contrairement à la règle, on n’entreprendra rien contre mes proches. De même, ils laisseront en paix les membres de mon état-major »
Rommel meurt en seulement 5 secondes après avoir absorbé l'arsenic. "A midi, mon père a reçu deux généraux. Environ trois quarts d'heure après, je rencontrai mon père qui sortait tout juste de la chambre de ma mère. il me dit alors... que Hitler lui avait laissé le choix entre prendre du poison ou être traduit devant un tribunal populaire", explique Manfred Rommel dans cette lettre ( voir en bas ). "Adolf Hitler lui avait aussi fait savoir que s'il se suicidait, rien n'arriverait à sa famille."

Manfred, son fils, revint quelques minutes après, et trouva son père mort sur son lit d’hôpital avec sur son visage une « expression de mépris ».

Manfred dira de son père dans le recueil des notes de Erwin Rommel intitulé ‘la guerre sans haine’ : « Toutes les vertus secondaires comme le courage, la discipline, la fidélité, l'endurance n'ont un effet positif qu'aussi longtemps qu'elles servent une cause positive. Si une cause positive devient négative, les vertus secondaires deviennent problématiques. Pendant le règne d'Hitler, les soldats allemands ont dû en faire l'amère expérience. »

Une lettre du fils de Rommel, en Anglais, évoquant la mort de son père a été retrouvée, elle a été écrite le 27 avril 1945, elle venait des archives de la Seconde Guerre mondiale à l'occasion d'une vente aux enchères. Ces archives appartenaient au capitaine Noel Chavasse l'officier adjoint de Sir Bernard Montgomery, commandant de l'armée britannique.   

Lettre : La lettre de Manfred Rommel, écrite en anglais et datée du 27 avril 1945, a émergé d'un flot d'archives de la Seconde Guerre mondiale à l'occasion d'une vente aux enchères, cette lettre appartenait aux archives du capitaine Noel Chavasse l'officier adjoint de Sir Bernard Montgomery, commandant de l'armée britannique.  source