Jouy le Châtel

 

Jouy le Chatel

 

Jouy-le-Châtel est une petite commune de Seine-et-Marne. Elle possède encore aujourd'hui deux châteaux, celui du fief de Vigneau ( à partir du XIIIe ) et celui du fief du Petit-Paris beaucoup plus récent ( XVIIe ). La commune possède encore quelques rares vestiges de ses fortifications, mais le Château primitif a complètement disparu.  Jouy le Châtel est probablement occupé dès le Néolithique comme l'atteste de nombreuses fouilles. L'ancienne via Agrippa à l'ouest reliait Lyon à Boulogne-sur-Mer en passant par Châteaubleau et Chailly-en-Brie. Au cours des années 1980-1990, des fouilles ont mis au jour les fondations d'une "mansio" (gîte d'étape) au lieu-dit Chauffour sur le territoire de Pécy. Elle est était située sur la route des foires de Champagne entre Provins et Lagny en passant par Crécy-la-Chapelle.

Il faut noter aussi l'Abbaye de Jouy, qui ne se situe pas dans la commune mais à quelques Km, qui jouissait d'une certaine importance en Champagne. Elle fut ondée en 1124 par Thibaut II comte de Champagne et garda une certaine aisance puisqu'elle avait une dépendance jusqu'à Paris dont le nom d'une rue est issue. Elle fut démantelé à la Révolution et il ne reste que quelques ruines.

 Jouy avait le privilège de justice, elle avait notamment son propre tribunal et sa prison.

 

 

Historique & Histoire 
source : source sur place, documentation diverses, voir bas de page

 

Cctte localité relevait de l’archevêché de Meaux qui en fit don à son chapitre.

Elle remonte au moins au XIe siècle puisqu’on y signale un combat, en l’an 1030, entre le comte de Champagne Odon (Eudes) et l’empereur d’Allemagne Conrad qui avait mis le siège devant le château-fort de Jouy, siège que l’endurance des habitants l’obligèrent à lever. Il reste encore des vestiges des anciens remparts et des anciens fossés. L’enceinte comptait une tour de Gannes, comme à Grez, attribuée par la légende au traître Ganne-lon qui fit massacrer Roland dans la vallée de Roncevaux. Nous avons noté, dans notre « Histoire du Loiret », ce fait que Beaume-la-Rolanda revendiquait l’honneur d’avoir été fondé par ce neveu de Charlemagne.


La terre et seigneurie de Jouy avaient été réunies â la couronne. Le roi Philippe-le-Bel en disposa, en 1320, en faveur de sa troisième fille, Marguerite de France, qu’il maria à Louis II de Nevers, fils du comte Robert de Flandre, de sorte qu’elle put se glorifier des titres de comtesse d’Artois, de Flandre et de Bourgogne. Après avoir perdu son mari à la bataille de Crécy (1346), elle se fit bâtir un tombeau dans l’église abbatiale de Saint-Denis et donna, par testament (1363), sa terre de Jouy-le-Châtel aux abbés de ce monastère, lesquels la conservèrent jusqu’en 1664.

Parmi les abbés eommendataires qui furent seigneurs de Jouy, il faut citer Louis de Lorraine, duc de Guise (1594), Mazarin, ministre (1660), le cardinal de Retz. C’est celui-ci qui vendit, 1664, la seigneurie de Jouy. Il la céda à Pierre Durand, seigneur de Villegagnon et au sieur de la Durandière, seigneur du Petit-Paris. Ce dernier passait bientôt la moitié de sa part à messire Alexandre de Boullène, marquis de Vigneau, de sorte que les trois acquéreurs se dirent seigneurs de Jouy-le-Châtel (1667) qui ne fut jamais châtellenie.

Les abbés de Saint-Denis étaient aussi archevêques de Reims. Ils continuèrent de diriger au spirituel Jouy-le-Chatel, exigeant l’hommage de la part des seigneurs nouveaux; mais cette prétention souleva une question de droit féodal. Les abbés de Saint-Denis tenaient la seigneurie de la comtesse de Flandre qui avait rendu l'hommage au roi, à cause de sa grosse tour de Provins. Le procureur du roi provoqua la solution de ce problème de la mouvance en faisant saisir féodalemenl la terre de Jouy et le Parlement trancha le différend en condamnant les acquéreurs aux frais du procès. La terre de Jouy resta finalement aux seigneurs de Villegagnon dont elle suivit la destinée.

 

Le Château de Vigneau

 

Le fief du Vigneau, pourvu d’un château-fort, appartenait, lors de la cession de Jouy à l’abbaye de Saint-Denis en 1363, à inessire Jean Cousture, écuyer. Ses descendants le gardèrent jusqu’en 1414. Il passa ensuite, successivement, à Pierre du Coulombier; à Régnault de Giresme, bailli de  Meaux, frère du commandeur de Provins ; Oudin de Pisseleu, parent de la duchesse d’ Étampes,  favorite de François Ier; à Robert Abraham; à Pierre de la Ferrière; à Pierre Chevallier. Ce dernier laissa en 1580 ses biens indivis entre son fils, Pierre, futur évêque de Senlis, et sa fille, Madeleine qui épousa, en T586, Guy Arbaleste, seigneur des Bordes, de la branche cadette des vicomtes de Melun. Ce furent leurs enfants qui héritèrent de Vigneau que Charles Arbaleste vendit, en 1598, à Jean de Tambonneau, conseiller du roi. Ce dernier fit ériger la terre en baronnie et la laissa â son fils, Antoine, lieutenant-général des armées qui devint marquis de Vigneau.

En 1664, il céda son marquisat à un de ses parents, Alexandre de Boullône, qui mourut, en 1694, lieutenant des gardes du corps du roi, maréchal de camp et gouverneur de Mézières. Il laissait quatre enfants et des dettes considérables. L’un de ses fils fut tué devant Almnnza en 1706, un autre, l’abbé Pierre de Vigneau renonça à la succession (1713). La marquise, née Marie Violle, ruinée, dut recourir par la suite, au roi pour vivre. La terre de Vigneau avait été achetée par messire François-Vincent Durand de Villegagnon. File revint au marquis d’Ossun, seigneur du Petit-Paris en 1778. F.n 1790, elle passait à la famille de Réghat.

 

 

Le Fief du Petit-Paris.

 

L’histoire du Petit-Paris se résume surtout dans celle des Navinault de la Durandière, les frères Urbain et Antoine, qui possédaient, par héritage, le quart de la seigneurie de Beugnon-en-Brie dont les trois autres quarts appartenaient au marquis de Culant, seigneur de la Brosse. En tant que co-seigneurs de Beuvron, les frères de la Durandière rendaient hommage aux seigneurs de Jouy, c’est-h-dire aux abbés de Saint-Denis. Vers 1620, ils se rapprochèrent de Jouy en faisant l’acquisition de la seigneurie du Petit-Paris. Urbain de Navinault, seigneur de la Durandière et de Saint-Maurice, conseiller du roi, maître d’hôtel de la reine, qui perdit, vers 1630, son frère Antoine, mourut lui-même vers 1655. Il laissait deux fils dont l’un, Louis-Auguste, lui succéda et resta resta finalement seul propriétaire du Petit-Paris.

1664, acheta la moitié de la terre de Jouy dont il céda le quart au seigneur de Vigneau en 1667. Il achevait alors la construction du nouveau château clu Petit-Paris sur l'emplacement de l'ancienne maison bourgeoise et en isolait la chapelle gothique qui servait d'église aux habitants du village. Lorsqu'il mourut, en 1728, son fils, prénommé comme lui, lui succéda. Après avoir embelli la propriété d'une allée cle maronniers, il la vendit, en 1765, au marquis d'Ossun. Celui-ci l'avait achetée pour son fils, le comte Charles-Hyacinthe, qu'il mariait, selon ses goûts ambitieux, à une riche héritière, à Geneviève de Gramont, d'une dés plus anciennes familles historiques de France, mais le jeune comte s'en désintéressa et la revendit, 18.000 livres, en 1766, à Charles Delaleu qui la cédait, à son tour, en 1777, à Pierre-Louis Thierry, valet de chambre clu roi. A la mort de son père, l'année suivante, le. comte d'Ossun la racheta. Il héritait d'ailleurs des litres et des fonctions du marquis qui avait été grand d'Espagne et ambassadeur à Madrid. Il était aussi seigneur de Vigneau et de Villegagnon. Malgré sa situation exceptionnelle et sa fortune considérable, à demi-ruiné, il dut revendre le PetitParis,- en 1787, à Pierre de Réghat, commissaire des guerres. A sa mort, en 1790, ses biens restants s'étant vendus, Pierre de Réghat annexa Vigneau au Petit-Paris. 11 laissa, en 1795, Vigneau à son fils, Polycarpe-Pierre-Casimir de Réghat-Quincy, et le Petit-Paris à sa veuve, née Marie Jaunes. Elle s'éteignit en 1826. En 1839, son n^s Polycarpe, qui lui avait succédé, s'éteignait à "son tour après avoir marié sa fille Théodora à M. de Neuillv d'Eberstein à qui il laissait le domaine du Petit-Paris tandis qu'il assignait à son fils, Henri, celui de Vigneau. M. d'Eberstein songea tout de suite, en entrant: en possession du Petit-Paris, à s'en débarrasser. U fit abattre les arbres dû parc et vendit la propriété en 1851 sans même se préoccuper des archives du château. Les papiers en furent vendus par la domesticité, au poids. Lin maire, cle Pécy en eut clans son lot. 11 eut l'intelligence cle les examiner et de les conserver. M. de Silvestre, qui en eut connaissance, en fit usage dans ses « Recherches historiques sur la Brie ». C'est ainsi que nous est parvenue l'histoire clu domaine du Petti-Paris qui fut acheté, à cette vente cle 1851, par le père du propriétaire actuel, M. le capitaine retraité Damas.

Les châteaux.

A la Révolution, les châteaux de Vigneau et du Petit-Paris subirent quelques mutilations. En 1795, ils fuient occupés par la garde civique. Leur propriétaire, Pierre de Réghat, n’était pas riche. .Ses domaines lui rapportaient au plus 5.000 livres de revenus. Son fils Polycarpe, faute de ressources, laissa tomber les châteaux en ruines. M. Planson, noUrrc à Jouv, acheta celles de Vigneau qu’en 1839 à la mort de son père Polycarpe, iienri de Réghat-Quincy racheta. Il se servit des matériaux pour édifier un château modern-styie que sa veuve et ses enfants gardèrent jusque vers 1863.

Eglise de Jouy le Châtel


L’Eglise, qui remonte au XIIe siècle, est un vaisseau à trois nefs sans transept. Les trois absides sont sur le même rang. La primitive église était dans le collatéral sud. Lors de la fondation d’un prieuré, en 1392, la porte d’entrée de ce collatéral sud fut bouchée et le collatéral nord fut prolongé pour l’installation d’une chapelle. On sépara ce bas-côté du chœur par une balustrade et on déplaça le clocher qui le surmontait. On distingue encore l’ancien portail roman et les bases romanes des piliers circulaires que l’on édifia quand, au XVe siècle on refit les nefs, comme l’indiquent nettement les dosserets ramifiés du latéral nord. Le choeur, voûté en pierre, ne fut retouché qu’avec la restauration générale qui eut Heu en 1723. On accomoda alors l’ancien style du XV au goût de la Renaissance du XVIe ainsi qu'en témoignent les pendentifs. On a pavé le milieu de la nef, plus tard, côte chœur, en carrés de marbre de toutes nuances formant mosaïque et provenant de l’abbaye de Jouy-le-Châtel.

Une balustrade an chêne ferme les trois chœurs à hauteur d’homme. Elle est divisée en bandes lombardes, c’est-à-dire verticales, alternant avec de petites bandes bordées de fines sculptures; mais elle est amputée de sa partie supérieure qui formait une galerie ajourée et qu’on dit avoir été transportée à l’église de Saint-Ayoul de Provins où nous ne les avons pas remarquées.

A noter un lutrin en bois de chêne massif, à base hexagonale, dont cinq faces sont sculatées de sujets religieux avec arcs accolés du XVe; et dont le fût présente trois faces également sculptées de sujets religieux; « un cierge pascal, aussi et chêne massif, couvert de décorations de la Renaissance, et dont le pied est orné de têtes de clous avec sculptures corinthiennes fouillées ; une crédence sutttachée de guirlandes Louis XV ; une statue en pierre de la Vierge à la Chaire (Renaissance) et une autre, encore en pierre, de saint Aubin, niitré, jxvnr siècle); une grande verrière au chœur; quelques pierres tombales aux inscriptions indéchiffrables de seigneurs disparus des anciens liefs locaux de Vigneau ou du Petit-Paris et de l’ancienne seigneurie de Villegagnon.

Extérieurement, l’église est flanquée de deux tourelles : l’une, d’un côté, accotant le clocher, est octogonale et renferme l'escalier; la seconde, située à l’autre extrénvté et coiffée d’une poivrière, est percée d’anciennes meurtrières.

Il y avait sur le territoire de Jouy-le-Chalel deux chapelles à la collation de l'évêque de Meaux : celle du château de Vigneau et celle du Petit-Paris. Cette dernière, qui remonte au XIIIe siècle, existait toujours au début du XXe siècle.


Jouy-le-Châtel est aujourd'hui dans le canton de Nangis, Après la Révolution française, Jouy-le-Châtel devint, dans la première division de la France, le chef-lieu d'un canton de 14 communes. Celui-ci est démantelé l'An IX et Jouy est rattaché au canton de Nangis. Le canton de Nangis fait partie de l’arrondissement de Provins, le plus étendu mais le second moins peuplé et le moins dense du département.

Jouy-le-Châtel fait partie depuis 2010 de la communauté de communes du Provinois qui regroupe quarante communes adhérentes au 1er juillet 2014.

 

Histoire générale illustrée des départements.... , Seine-et-Marne : histoire des communes, guerres, seigneuries, anciens monuments, églises, châteaux... / Maurice Pignard-Péguet - 1911 
 
 
 
 
 
 

 

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